P.Jaenada revient ici sur un fait divers qui remonte à octobre 1941: le meurtre de 3 personnes, dans un château du Périgord. Suite à cela, le fils de la famille, - Henri, 24 ans - avait d'abord été mis en cause et emprisonné, en attendant un procès: aurait-il tué sauvagement, à coups de serpe, son père, sa tante, et la gouvernante? Ce procès le mettra hors de cause, il sera libéré, et jamais on ne retrouvera un coupable.
Ce jeune homme était Henri Girard, qui deviendra écrivain, et connaîtra ensuite, au début des années 1950, le succès, en publiant un roman marquant, sous le pseudonyme de
Georges Arnaud:
le Salaire de la peur.
Henri, jeune homme incontrôlable, détonnait dans sa famille bourgeoise, et avait tout du coupable idéal. Oisif, il avait toujours des besoins d'argent, en obtenait beaucoup de son père peut-être en cela trop faible, en avait soutiré à sa tante par des moyens trompeurs. de caractère difficile, il partait dans des colères marquantes. Et il amenait au château des femmes dont le tempérament n'était pas vraiment en ligne avec l'ordre bourgeois de la famille, ce qui n'était pas sans provoquer des conflits et des incidents bruyants, dont le voisinage et le personnel de maison profitaient....
P.Jaenada va explorer deux pistes, négligées à l'époque par les enquêteurs et la Justice: les jurés ont-ils été soudoyés, pour acquitter Henri? (l'auteur ne retiendra pas cette thèse). le fils des fermiers voisins, au milieu de ses mensonges et de ceux de ses parents, ne serait-il pas le coupable, sachant que l'argent de la famille Girard - dont il savait que des sommes en espèces se trouvaient ce jour-là dans les tiroirs - pouvait attirer la convoitise de ce bougre mal dégrossi? Là, l'auteur hésite. Et il nous démontre que la piste pouvait être sérieuse, et qu'elle a été négligée.
George Arnaud a continué de vivre, libre, mais de façon chaotique. Tous les acteurs de l'histoire, qui seraient aujourd'hui centenaires, sont morts.
Reste un mystère, qui, tel qu'il est présenté ici par Jaenada, nous captive effectivement, et continue de faire douter les amis encore vivants de
Georges Arnaud, et, certainement aussi, les descendants d'Henri Girard.