Philippe Jaenada a décidé de jouer au détective et de mener l'enquête sur le triple meurtre du château d'Escoire. C'était en 1941, le père et la tante d'Henri Girard ainsi qu'une domestique ont été assassinés, une nuit d'octobre, à coup de serpe. Henri Girard, le fils de la maison, a d'abord été accusé de parricide et de meurtre avant d'être acquitté après plusieurs mois passés en prison et un procès retentissant.
Pourquoi est-ce que l'auteur s'est intéressé à cette histoire? Parce qu'Henri Girard, tout le monde le connait sous le pseudonyme de
Georges Arnaud, l'auteur du Salaire de la Peur. Et parce que le petit-fils de celui-ci a demandé à
Philippe Jaenada de se pencher sur ce mystère familial car aujourd'hui, personne ne sait qui est vraiment l'auteur de cette boucherie.
L'auteur nous retrace dans la première partie de ce pavé de plus de 600 pages la vie d'Henri Girard/
Georges Arnaud et de sa famille. Ensuite, place à l'enquête, menée en partie sur le terrain, dans la région de Périgueux, au récit du procès et des plaidoiries, ainsi qu'aux réflexions et hypothèses.
Le style de
Philippe Jaenada peut en énerver certains. Parce qu'il digresse l'ami; il profite que la plume lui appartient pour parfois nous raconter sa vie, pour nous rappeler qu'il a déjà écrit au moins un livre avant celui là, pour nous dire que le pneu de sa Meriva se dégonfle sur l'autoroute, pour nous narrer ses petites mésaventures avec les périgourdins,... Et donc, pour certains, son roman enquête est imbuvable.
Pour ma part, je pense que ces interludes étaient soit salutaires pour le lecteur, telles quelques bouffées d'oxygène dans une ambiance oppressante et complexe; soit permettaient de mieux comprendre la suite du cheminement de la réflexion de l'auteur.
Et j'avoue que j'aime cette gymnastique intellectuelle que pratique Jaenada en retournant dans tous les sens les éléments mis à sa disposition pour tenter de conclure par l'absurde certaines hypothèses. Il finira par nous livrer une conclusion... personne ne saura jamais dire à quel point il a tort ou raison, mais ça tient la route.
La Serpe ne laissera donc personne indifférent, soit vous allez aimer, soit vous allez détester !