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sur 54 notes
Quel est le point commun entre la graine d'un arbre et une petite fille du Minnesota, issus de parents d'origine Norvégienne ?
A priori, aucun.
C'est pourtant le parallèle que nous propose Hope Jahren dans ce livre, en entremêlant habilement l'histoire d'un arbre, de l'éclosion de sa graine jusqu'à son déclin en passant par les différentes étapes de son developpement, plantule, jeune pousse puis arbre adulte prêt à se reproduire à son tour, et son propre parcours, de ses débuts difficiles d'enseignante chercheuse, jusqu'à la reconnaissance par ses pairs. le tout dans un exercice de vulgarisation scientifique très réussi.

Hope Jahren est la fille d'un professeur de Sciences du Minnesota. de son enfance elle retiendra les heures passées à jouer avec les drôles de machines de la salle de classe de son père. Mais sa véritable vocation nait dans le labo pharmaceutique d'un hôpital, où elle est embauchée pour un job étudiant.
Son doctorat en poche, elle se démène pour monter son premier labo. C'est le début d'une longue carrière d'enseignante chercheuse en géobiologie.
Accompagnée de Bill, son fidèle assistant et ami, elle parcourt le pays pour prélever des échantillons, cherche des financements, remplit des tubes à essais, enseigne à des étudiants plus ou moins réceptifs, plante des milliers de graines, écrit des articles, explose quelques béchers, gratte la banquise et passe le tout aux rayons X.

Hope Jahren est passionnée et sa curiosité insatiable est contagieuse : on prend plaisir à découvrir la vie d'un labo de sciences, son fonctionnement et ses enjeux. Les amateurs de géologie et de botanique seront comblés. Les curieux aussi, car des débuts difficiles (la recherche fondamentale est dure à faire financer) au manque de crédibilité dont souffre l'auteure dans ce milieu encore très sexiste, en passant par les coups durs, la maladie, la maternité, mais aussi la grande amitié qui lie nos deux biologistes et leurs aventures trépidantes en Irlande, Norvège, Hawaii, Atlanta, Baltimore ou en Floride, tout est raconté avec enthousiasme dans un style vif à l'humour piquant.

Un récit de sciences passionnant doublé d'un témoignage émouvant, sincère et très drôle, que j'ai beaucoup aprécié.

Un grand merci aux editions Quanto pour cette belle lecture.
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A peine fermé l'excellent Arbre-Monde qui a véritablement modifié mon regard sur les arbres, m'a été offerte opportunité, par une opération Masse-Critique ciblée, de recevoir Lab Girl, de Hope Jahren. Me voici donc à nouveau immergée dans une atmosphère chlorophyllienne de verdures encore peu explorées malgré le regard familier que nous leur jetons, avec cette impression que nous savons ce qu'est une graine, une feuille, une plante, un arbre. Ce que Hope Jahren déploie par ce récit-témoignage de plus de vingt ans de recherches qui constituent la raison d'être de sa vie surprend par sa valeur exemplaire. Didactique dans sa volonté de nous faire découvrir l'univers végétal dont elle explore la complexité, Hope Jahren donne à son récit une portée analogique en intercalant des chapitres sur son évolution personnelle. La patience de la graine, la persévérance de la pousse, aboutissent à cette scientifique accomplie animée par la sève de la géobiologie. Elle partage le fruit de son expérience avec humilité, lucidité et sensibilité. de sa vie dans des labos rafistolés où il faut être bricoleur, secrétaire, conférencier, jardinier, en plus de scientifique à la pointe des dernières découvertes, à une vie privée pour laquelle il reste peu de place, Hope Jahren nous raconte cette jungle hostile où elle sera confrontée à la misogynie, aux manques de ressources financières, à la solitude, aux attentes parfois déçues, aux heures à travailler jour et nuit sans compter. Sans obstination point de salut ! Ce qu'elle voulait être et qu'elle est aujourd'hui est le fruit d'une volonté tenace. Portée par la passion qu'elle transmet au lecteur, elle donne à voir un monde végétal moins figé qu'il n'y paraît, plus vivant. Je vois donc au moins trois raisons de vous inviter à lire Lab Girl : c'est le récit profondément humaniste du partage d'un savoir avec simplicité et sensibilité ; c'est aussi une leçon de vie qui montre que la persévérance permet parfois de réaliser ses projets ; enfin, c'est une invitation à respecter Dame Nature plus que jamais.
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J'avoue avoir été désarçonné en commençant la lecture de ce livre. Lorsque l'on aborde une autobiographie, on s'attend à un certain style de récit. En parcourant les premiers chapitres de Lab Girl on s'aperçoit très vite que le cheminement va être assez peu conforme aux canons du genre. J'ai été surpris aussi parce que lorsqu'il s'agit de la vie d'une scientifique éminente, on s'attend à un certain style de parcours. J'ai très vite compris aussi que cela n'allait pas être le cas. Biographie, certes, mais construite en interférant avec un autre récit, celui de la vie des plantes. Vie quotidienne et travaux de recherche en pleine osmose !
Marchant sur les traces de son père, dont la vie semble avoir eu pour cadre principal un laboratoire de recherche, Hope Jahren s'est jetée avec passion dans les études, ainsi que dans le travail qu'elle a dû accomplir pour les financer. Cela n'a pas été facile ; ne pas être issu d'une famille fortunée, ne pas bénéficier d'un important réseau de relations, être une femme de surcroît, autant de handicaps à franchir pour grimper l'échelle des responsabilités dans la recherche au pays de l'oncle Sam (et ailleurs !).
J'ai retrouvé un certain confort de lecture à partir du moment où j'ai compris quelle était la démarche choisie par l'auteure et j'ai été de plus en plus captivé, au fil des pages. Les faits que Hope Jahren, paléobiologiste, nous présentent concernant la vie des plantes m'ont vraiment passionné et ont complété fort heureusement le récit de l'ingénieur forestier Peter Wohlleben, « la vie secrète des arbres », que j'ai lu avec passion il y a quelques temps de cela. le parallèle entre ces deux ouvrages s'arrête là !
La dernière page tournée, il m'a fallu un certain temps de réflexion avant de tirer un bilan, somme toute largement positif, de cette lecture un peu déroutante. Ce qui m'a laissé une légère impression de malaise à la fin du livre, c'est que je me suis aperçu que je n'éprouvai qu'un attachement modéré pour les deux personnages centraux du récit. Leur vie est sans aucun doute passionnante et pleine de péripéties mais ne suscite guère d'empathie. Pourquoi ? J'ai du mal à le définir mais je pense que la relation entre Hope et Bill, cette amitié exemplaire que l'éditeur met en exergue en quatrième de couverture, je l'ai trouvée drôlement déséquilibrée. Par instant le comportement de Bill m'a fait penser à une forme de servilité, une relation maître-serviteur plus qu'à une amitié telle que je la conçois. L'arrivée de l'amoureux tant espéré a pondéré cette impression de malaise, en redonnant à l'héroïne un côté un peu plus humain. Pour ma part, je dois dire quand même que c'est plus le récit documentaire concernant les plantes qui m'a accroché que la partie humaine de l'histoire. Ce point de vue est cependant très personnel, et je vous invite à découvrir ce livre ne serait-ce que pour sa singularité. Hope Jahren est un personnage hors de commun.
Une dernière précision : j'ai reçu cet ouvrage après avoir été tiré au sort pour « masse critique » et je remercie Babelio et l'éditeur Quanto pour cette découverte enrichissante.

Deuxième point de vue, celui de ma compagne...
Babelio a offert à mon mari le livre de Hope Jahren, « Lab Girl », que je me suis empressée de lire.
Non, je n’ai pas l’intention de graver le nom de Bill sur des arbres, malgré l’insistance de l’auteur.
La souffrance d’un tiers le plus souvent réveille l’empathie mais ce n’est pas toujours le cas : par exemple quand la personne en souffrance est agressive, ou mutique, quand son comportement est en quelque sorte « répulsif ». Il repousse, non pas comme une chose dégoûtante, mais parce que les atomes crochus ne peuvent pas se mettre en place. L’enfermement, le repli d’une personne sur sa pathologie l’isole du monde réel.
J’ai vécu tout le livre « Lab Girl » comme un cri de souffrance. Celle-ci est parfois explicite, déjà dans la dédicace : « Tout ce que j’écris est dédié à ma mère ». Cette mère, Hope Jahren la cherche vainement autour d’elle, hésitant à faire endosser ce rôle à la gynécologue, ou à d’autres personnes qui ont traversé son existence.
La souffrance est plus ou moins explicite ici ou là, « La crise maniaque vous montre l’autre côté de la mort », jusqu’au moment où Hope, enceinte, se trouve privée des médicaments qui lui sont indispensables. Cette fois, c’est évident, les diagnostics sont posés : elle est bipolaire, maniaco-dépressive — j’ignore si ce sont deux mots sur la même chose, ou si elle souffre de plusieurs pathologies.
Sa grossesse est terrifiante, quand elle décrit l’intensité de sa dépression, agravée non seulement par l’absence de médicaments, mais encore par l’interdiction qui lui est faite de travailler, de retourner au labo qui pour elle « est comme une église (…) un refuge et un asile » (p 34).
Au sujet de la gynécologue : « J’en ai plus qu’assez de cette plaie qui ne se referme pas, de la façon dont mon cœur d’enfant confond toute marque de gentillesse de la part d’une femme avec un fil d’Ariane qui mènerait à l’amour bienveillant d’une mère ou l’approbation affectueuse d’une grand-mère. Je suis fatiguée de traîner cette douleur sourde d’orpheline, car si elle ne me surprend plus, elle m’apporte encore et toujours son lot de souffrances. » (p 310)
Cette souffrance, elle la considère comme un héritage : « J’imagine que mes ancêtres sont si bien parvenus à cacher leur folie pendant tant de générations que j’étais moi-même génétiquement programmée pour faire de même. » (p 311)
Or, la naissance de son enfant va sans doute faire basculer Hope Jarhen vers plus de normalité, ou de santé mentale. Même si l’amour qu’elle exprime est lourd de cet héritage : « Chaque baiser que je donne à mon enfant répare celui que j’aurais tant voulu recevoir — et c’est bien la seule chose capable d’accomplir cela. »
Voilà pour le côté sombre de cette femme lumineuse.
Voilà selon moi ce qui a dérangé mon mari aussi bien que moi-même dans notre lecture.
Je ne suis pas attirée par cette personne ni par son étrange amitié avec Bill, ami, mais peut-être aussi victime. Pourquoi le labo s’appelle-t-il Jahren, et non pas, par exemple, Jahren et Bill ?
Hope Jahren a fui le cursus littéraire qui pour elle consiste à s’asseoir et à discuter. Elle préfère le cursus scientifique pour « faire des choses ». Elle s’est lancée dans l’aventure de la façon la plus absolue, y investissant sa vie, ses nuits, ses journées, ses pensées… « Je sais que je ne cesserai jamais de construire et d’en vouloir plus. » (p 32) Elle ne fait rien à moitié.
Elle a une enfance riche et heureuse malgré le manque de marques d’affection. Elle insiste dès le début sur les relations mutiques… Son père ne lui adresse pas la parole, sa mère ne lui donne pas ce quelque chose d’indéfini qui lui manque. A cinq ans elle découvre qu’elle est « moins qu’un garçon », les héros de la famille st masculins. Elle joue comme une fille, mais le soir « tombe le masque » lorsqu’elle accompagne son père au labo.
Le labo devient très vite sa passion exclusive et obsessionnelle.
Cette vie d’ascèse qu’elle mène, ce n’est pas un renoncement à quoi que ce soit, elle ne cherche rien d’autre.
Même si, comme le lui dit un gardin de nuit : « Vous aurez beau aimer votre travail par-dessus tout, il ne vous le rendra jamais. »
Et voilà que Hope Jahren nous fait partager sa passion, en particulier pour les arbres. Le livre raconte en parallèle son existence et celle des arbres. Elle ne cesse de nous surprendre : « Rester nu et sans bouger à l’extérieur par un temps glacial pendant trois mois équivaut à une condamnation à mort pour la plupart des êtres vivants, sauf pour les nombreuses espèces d’arbres qui le font depuis au moins cent millions d’années. » (p 271) Elle décrit ensuite le lent processus appelé « endurcissement » qui permet à l’arbre de supporter l’hiver, et elle évoque la surfusion, ce phénomène spectaculaire qui permet à de l’eau de descendre jusqu’à -40°C sans geler !
Il faut lire ce livre magnifique, même s’il dérange. Curieusement, je lisais en même temps l’ouvrage d’un Amérindien qui fut victime de sévices variés lorsque, enfant, il a été mis en pension de force, à l’époque où l’on voulait « tuer le Sauvage » dans chaque petit Indien.
Cet homme, d’une immense sagesse, génère de la paix, de la sérénité.
L’agitation de l’étoile filante Hope Jahren et le calme de l’Amérindien sont pour moi riches d’enseignement.

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C'est avec un immense plaisir que j'ai découvert ce livre après avoir été sollicitée dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée. Un grand merci à Babelio et aux éditions Quanto.

C'est une femme scientifique contemporaine, et son roman, autobiographique : rien que ces données avaient éveillé ma curiosité. Son petit grain de folie a fait le reste ! Toute sa vie elle a semé des graines dans ses labos successifs. Mais pour arriver au niveau d'excellence et de reconnaissance où elle est parvenue aujourd'hui, dans le domaine de la géobiologie, Hope JAHREN a dû se battre et se débattre dans ce milieu plutôt misogyne.

Une femme doit-elle toujours déployer le double d'énergie qu'un homme à compétences égales ?

Nous allons partir à l'aventure avec elle, tout partager, son enfance, ses études, sa différence, ses postes d'enseignante et de chercheuse baroudeuse, sa précarité même. Une force de caractère et une résistance hors du commun, une santé pas toujours aussi bonne qu'il n'y parait. Mais surtout, son amitié hors norme avec Bill, un chercheur tout aussi passionné que dévoué, à la personnalité étrange, mais absolument fidèle. Quand une identique passion réunit deux amis, plus rien ne compte ! Mais la vie suit son cours, et les rencontres font le cours de la vie.

Ce roman est non seulement l'histoire de deux scientifiques, mais il est écrit avec un humour permanent, ce qui rend la lecture très agréable et les anecdotes savoureuses.

Tout l'intérêt réside bien sûr dans les informations captivantes et pointues qui sont livrées en alternance avec les récits de vie. Elles concernent les graines, les fleurs, les arbres surtout, leur communication, leur pérennité, etc. Des données qui complètent ce que l'on savait ou non, mais grâce auxquelles je ne regarderai jamais plus la nature de la même façon.


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Les scientifiques aiment peu se confier au profane, souvent parce qu'ils croient qu'on ne comprendra pas leur passion pour des choses qu'ils sont les seuls à croire importantes. Souvent aussi parce qu'ils ont du mal à s'exprimer dans une langue accessible à tous, ou croient tout simplement en être incapables. Hope Jahren, une scientifique américano-norvégienne de renom, spécialiste des forêts fossiles, parmi ses nombreuses thématiques de recherche, a osé franchir le pas. Son récit, écrit avec légèreté et une profonde sincérité, intéressera quiconque veut savoir de quoi est fait le quotidien d'un chercheur. Pas facile de faire sa place au soleil, surtout lorsqu' on veut coûte que coûte aller au bout de ses idées, au risque de braver la pensée dominante. Car penser que les plantes ont une conscience, par exemple, continue à heurter l'esprit commun, même si l'idée trace peu à peu son chemin au fil des plus découvertes les plus récentes. le courage, elle n'en manque pas, et elle a eu l'immense chance de rencontrer très tôt dans sa carrière un étudiant, doué et suffisamment original pour la comprendre, qui va tout lâcher pour elle et l'accompagnera de longues années dans ses multiples pérégrinations, pour le meilleur comme pour le pire. Et du pire, il y en a eu, tant cette femme fantasque, bipolaire de son propre aveu, et soignée pour ça, mais terriblement tenace et perspicace, n'hésite pas à braver les interdits pour faire avancer ses travaux de recherche. Au-delà du quotidien, qui peut être aussi banal que la recherche désespérée d'un tabouret pour s'asseoir, c'est tout un monde de connaissance qui s'ouvre à nous au fil de la lecture de cette confession qui n'a pas son pareil dans le monde littéraire d'aujourd'hui. Une réussite, qui on l'espère fera des petits…
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On comprend bien avec ce premier ouvrage de la géo biologiste Hope Jarhen qu'il y a d'un côté la scientifique, laquelle regarde les êtres vivants comme une mécanique savante et mystérieuse dont la vocation de chaque individu est de faire survivre l'espèce, et de l'autre la femme qui se dit pour elle-même qu'à cette mécanique déjà complexe, l'être humain, pour ce qui le concerne et favoriser le rapprochement entre gamètes mâle et femelle, doit y ajouter la confusion des sentiments. Alchimie encore plus complexe et génératrice de trop de peurs, de frustrations, d'inhibitions au regard de la simple satisfaction instinctive de se perpétuer. Hope Jarhen regrette de n'avoir reçu de la part de sa mère pour tout amour maternel qu'une froideur toute scandinave. De n'avoir aimé son fils que le jour de sa naissance et l'avoir insuffisamment désiré.

Elle s'est jetée à corps perdu dans sa passion pour la géo biologie et nous la fait partager en termes pas trop savants à nos yeux, précautionneuse de ne pas nous perdre au fil des pages. On reste confondu à pareille lecture de l'incroyable savoir que détient un petit nombre de personnes de la communauté scientifique au regard de la multitude ignorante. Avec pour conséquence le mépris du genre humain pour son environnement, que les quelques avisés comme Hope Jarhen ne parviennent pas à corriger.

Je ne sais pas si je regarderai les micocouliers de l'avenue du Prado à Marseille de la même façon désormais. Car s'il y a une chose que Hope Jarhen sait faire passer dans cet ouvrage, c'est sa passion pour ce monde végétal qui couvre la planète et que l'espèce humaine se plaît à détruire sans considérer combien il est nécessaire à sa propre survie.

Pour ceux qui seraient tentés de croire que les scientifiques américains sont gratifiés de budgets pléthoriques, Hope Jarhen nous convainc à l'évocation de ses combats que, dans ce domaine comme dans les autres, la manne financière ne comblera que celui qui apportera des résultats tangibles, monnayables. Là comme a ailleurs, il faut être "bankable" comme il se dit dans sa langue natale. La géo biologie n'étant pas à cette fin le domaine scientifique le plus propice, surtout lorsqu'on cherche à faire valoir que le vrai scientifique n'exécute pas les expériences qu'on lui dicte, mais développent les siennes propres et génère ainsi un savoir nouveau.

Un ouvrage qui par chapitre alternés nous relate la vie des plantes, celles des hommes qui les observent et cherchent à comprendre comment se réalise le miracle de la reproduction des êtres immobiles. Comment ils franchissements les saisons, supportent les rigueurs climatiques extrêmes. Un ouvrage qui fait comprendre par allusions, sans noircir le tableau mais avec conviction, pourquoi il faut protéger le monde végétal.

L'ouvrage d'une passion servie par des hommes et des femmes désintéressés dont la seule ambition est de mieux connaître le monde dans lequel ils vivent. "Rien ne pouvait entamer cette douce euphorie qu'il y avait à détenir un petit secret que l'univers m'avait confié, à moi seule. Je savais instinctivement que si j'étais digne d'un petit secret, je pourrais un jour être digne d'un grand."

Un ouvrage intimiste sur la vie de celles et ceux qui comme elles se consacrent à la science en gardant les pieds sur terre. L'histoire aussi d'une belle amitié avec son fidèle Bill qui a partagé tant de journées et de nuits de laboratoire penché sur des microscopes et autres spectromètres de masse sans se préoccuper de savoir si sa "patronne" aura les moyens de la payer à la fin du mois.

Je remercie Babelio et les éditions Quanto de m'avoir fait découvrir cette auteure et sa passion.
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Je remercie chaleureusement les Editions Quanto ainsi que la Masse critique et Babelio pour leur confiance !
Hope Jahren est géobiologiste, spécialiste de l'étude des arbres, du sol, des fleurs et des semences. Elle est la seule femme et l'une des quatre scientifiques à avoir obtenu les deux "Young Investigator Medals" en science de la Terre. "Lab Girl, Une histoire de science, d'arbres et d'amour" est son tout premier livre paru chez Quanto. Ce titre est merveilleusement bien choisi, car il s'agit ici avant tout du récit autobiographique d'une scientifique certes, mais c'est surtout le très beau portrait, sans tabou, d'une femme qui a dû se battre pour exister dans ce milieu d'homme. Si vous pensiez que la vie de scientifique aux Etats-Unis était une sinécure, à la lecture de "Lab Girl" vous changerez très certainement d'avis. L'obession du chercheur n'est pas seulement de trouver des réponses à ces questionnements intellectuels mais bien plutôt de s'évertuer à trouver les financements pour faire survivre son laboratoire. Elle raconte ainsi avec une grande franchise ses années de galère où sans presque aucun moyen financier, avec l'hostilité d'une partie de ses consoeurs qui trouvaient ses théories abracadabrantesques, elle a dû avec Bill, son fidèle acolyte, trouver la force de poursuivre sa lutte pour exister. le récit alterne les tranches de vie, des anecdotes fort intéressantes sur les arbres, les plantes et les problèmes très concrets d'une femme souffrant de bipolarité. Cette dernière thématique m'a beaucoup touché car il faut un sacré courage pour avouer ainsi sa maladie psychique et parler sans tabou de ces séjours en hôpital psychiatrique. J'ai trouvé le livre de Hope Jarhen courageux car elle y fait preuve d'une envie de lutter contre la maladie, contre les problèmes financiers de son laboratoire, contre certains de ses collègues masculins qui ne voyaient en elle qu'une femme pas à sa place dans ce milieu hyper masculinisé.. Elle a affronté un nombre incalculable d'épreuves. L'écriture est pleine de malice et d'humour, Hope Jarhen y croque des moments savoureux avec ses élèves. On rit, on est ému comme lorsqu'elle rencontre l'homme de sa vie, mais aussi son amitié indéfectible avec Bill, un drôle de luron à l'humour ravageur. le plus beau moment du livre est sans nulle doute le récit de l'accouchement de Hope Jarhen et l'irruption d'un petit garçon dans sa vie, fruit de son amour avec Clint. Maman comblée, femme amoureuse, épanouie à présent dans sa vie intime mais aussi professionnelle car elle enseigne en Norvège à l'université Oslo, elle est aujourd'hui reconnu comme étant l'une des plus grandes spécialistes des arbres et des végétaux. Son histoire est passionnante, sa franchise, son honnêteté, l'aspect très direct de son style d'écriture, son côté décalé, font de Hope Jahren une témoin précieuse car elle nous montre la réalité de la vie d'une chercheuse américaine, loin des clichés que l'ont peut avoir sur cette profession. Si vous aimez les portraits de femme engagée, si vous voulez en apprendre davantage sur les arbres et les végétaux qui nous entourent et que nous oublions parfois de contempler, alors je vous recommande chaudement ce livre "Lab Girl" édité chez Quanto.

Lien : https://thedude524.com/2019/..
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C'est à la faveur d'une Masse Critique privilégiée que j'ai fait connaissance avec ce livre, Lab Girl : Une histoire de science, d'arbres et d'amour et son auteure Hope Jahren, une scientifique amoureuse du monde végétal et dont la spécialité est plus précisément la paléobiologie, c'est à dire l'étude de l'évolution des végétaux au fil du temps.
C'est une rencontre improbable : rien ne me prédestinait jusqu'ici à franchir les portes d'un laboratoire de géobiologie et encore moins à aborder un ouvrage autobiographique traitant du sujet. Alors, poussons les portes du labo et regardons un peu du côté des paillasses et des spectromètres...
Lab Girl est le journal d'une enseignante-chercheure, de renommée internationale, qui s'est investie corps et âme dans sa discipline, donnant sens à une existence dédiée au végétal et qui par endroits côtoie l'art par son regard posé sur ce monde.
Hope Jahren nous décrit avec beaucoup de simplicité, d'humilité et parfois de drôlerie aussi, sa passion pour son métier de scientifique, son enfance dans le Minnesota dans une famille d'origine norvégienne aux relations froides où le père était déjà scientifique universitaire - pas besoin d'aller chercher plus loin sa vocation -, les espérances et les désillusions, les doutes, les joies, les jubilations... Et quelle jubilation lorsque l'isotope d'un chêne de Virginie vieux de plusieurs siècles vous livre enfin ses secrets !
Contrairement à ce que je pouvais craindre, ce livre n'est pas du tout ennuyeux. Hope Jahren apporte beaucoup de vulgarisation dans son propos. C'est un livre empli d'humanité. L'humour, l'autodérision, ne sont jamais loin, comme pour aider à chercher la légèreté et l'apesanteur parfois nécessaires après une blessure ou un échec, remonter à la lumière ténue des cimes.
La science qu'elle pratique s'appuie sur la curiosité. Elle part à chaque fois d'une observation, d'un questionnement, d'une hypothèse... Tout paraît si simple... Nous la suivons dans ses pérégrinations avec son fidèle et insolite compagnon de laboratoire, Bill, un brillant collaborateur mais totalement renfrogné, au travers des États-Unis, sillonnant l'Arkansas, la Louisiane, le Mississippi dans un vieux fourgon pourri, allant creuser des trous ici et là, mais se rendant aussi en Norvège, en Irlande...Elle nous livre la patience des grands espaces et la promesse du monde végétal une fois quittée la froideur des sous-sols universitaires. C'est parfois l'étonnement qui permet de transformer la pratique d'une discipline en véritable passion.
Au travers de ce journal qui aborde aussi des pans intimes de son existence, je suis venu à la rencontre d'une poésie des arbres et d'une femme qui les aimait par-dessus tout, à travers la passion de sa discipline. Le monde végétal offre par instants des vrais moments de grâce. Derrière la science, Hope Jahren nous invite à nous éprendre de la longue tresse d'un saule pleureur, se penchant sur le bord de la berge d'une rivière telle une fée sortie tout droit d'un conte de Grimm. Et aussi la chute des feuilles mortes qu'elle décrit comme "un ballet savamment orchestré"...
Mais elle nous décrit aussi une vérité moins belle et qu'on ne soupçonnerait peut-être pas. Parfois les laboratoires ressemblent à des trous à rats. Il faut se battre avec les restrictions budgétaires, pénalisantes autant pour la recherche que pour l'environnement.
Il lui faut se battre aussi dans un milieu terriblement macho où on lui fait comprendre parfois de manière totalement lâche, qu'une femme scientifique n'a peut-être pas tous les droits, peut-être pas toute sa place, surtout lorsqu'elle se retrouve enceinte. il lui faudra tout l'appui et l'amour de son mari Clint pour qu'elle tienne debout.
Parfois elle doute d'elle-même, en proie à des phases dépressives très longues. Hope Jahren nous avoue qu'elle est bipolaire. Et c'est alors un autre combat qu'elle livre, contre l'autre versant de sa personne lorsque des crises maniaco-dépressives la font chuter dans des nuits noires abyssales... Et puis il y a la guérison, la reconstruction. Toujours repartir vers des tiges, des écorces, l'odeur enivrante des eucalyptus...
Ce journal est le récit d'un combat.
Pour se relever des doutes et des fêlures, il y a la détermination d'une femme, mais aussi l'amitié indéfectible de son collègue Bill, compagnon de routes des labos et des canyons. Lui aussi semble porter des blessures au-delà de cette main droite dont le doigt a été sectionné lorsqu'il était enfant. Ils ressemblent presque à des frères jumeaux perdus dans leur monde à part, d'une loyauté sans faille l'un vers l'autre, se lançant des sarbacanes d'humour lorsque l'un des deux sent le sol vaciller sous ses pieds... L'un et l'autre s'aident à s'accepter comme ils sont.
Le monde du végétal est-il si différent de celui des laboratoires, - ou tout simplement de l'humanité, lorsqu'elle nous décrit l'étonnante capacité de survie d'une cactus en plein désert ou bien les guerres que se font certaines espèces végétales entre elles, mais aussi comment ne pas être touché par l'ingéniosité des lianes grimpantes pour aller chercher la lumière, ou bien encore ces arbres qui prennent soin les uns des autres, se protégeant contre les invasions des chenilles...?
En guise de conclusion, elle nous livre un propos interrogatif qui ne manquera pas, je l'espère, de venir chatouiller vos neurones mais aussi vos zygomatiques :
" Ce livre sur les plantes est une histoire sans fin pour chacun des faits connus que j'ai partagés avec vous. Il existe au moins deux mystères dont je ne connais pas la réponse. Les arbres adultes reconnaissent-ils leur propre descendance ? Y a-t-il une vie végétale sur d'autres planètes ? Les premières fleurs ont-elles fait éternuer les dinosaures ? Toutes ces questions devront attendre avant d'être résolues."
Je remercie les Éditions Quanto ainsi que Babelio pour ce merveilleux moment de lecture.
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Hope Jahren est une géobiologiste américaine, à la tête de son propre labo, elle est professeure à l'université d'Hawaï.

Ce qu'elle nous livre ici est un peu inclassable, autobiographie, témoignage, essai… L'éditeur en dit que “Lab Girl est une multitude. Il est le témoignage autobiographique, intime et passionné d'une femme qui s'est battue pour devenir ce qu'elle est, et parvenir à s'imposer dans un milieu dominé par les hommes. Il est une célébration du génie végétal, du sol et de la nature qui changera à jamais votre façon de voir le monde. Il est enfin le portrait sensible et émouvant d'une amitié indéfectible.”

Cette multitude donc, est construite en trois parties : “racines et feuille” ; “bois et noeuds” ; “fleurs et fruits”. Accompagnées d'un prologue et d'un épilogue.

Trois parties comme autant de phases de croissance d'une plante, apprend-on petit à petit à la lecture de Lab Girl. A l'intérieur d'une graine, chaque plante à l'état “placentaire” comporte une racine et deux cotylédons. Une racine pour s'ancrer, la première de ses tâches au moment “d'éclore”, et deux proto-feuilles, pour commencer la photosynthèse, commencer à grandir. Une fois prête, et si les conditions sont réunies, la jeune plante commence à pousser. Elle fait du bois et des branches qui tomberont souvent sous les assauts de son environnement. Mais qu'à cela ne tienne, elle se renforcera, formera des noeuds, et continuera sa croissance jusqu'au jour, où, enfin au soleil, enfin forte, elle fleurira pour la première fois et produira ses premiers fruits.

Une vie comme une métaphore végétale.

C'est comme cela que j'interprète (et je crois que c'est une lecture possible) les trois parties du témoignage de Hope Jahren. de son enfance auprès de parents trop silencieux, trop peu démonstratifs, mais qui lui ont donné le goût des sciences et de l'effort, à ses débuts de chercheuse. Où Hope Jahren se décrit elle-même comme très à la marge du monde scientifique académique. Peu intéressée par les parcours typiques, les allégeances, les querelles de chapelles, tout ce qui la motive c'est l'amitié indéfectible de Bill, collègue à la personnalité aussi tout aussi complexe que la sienne, et l'idée fixe depuis toujours de monter son propre labo, quitte à griller les étapes de la vie d'un chercheur. Puis, à force d'échecs, de remédiations, d'acharnement, de travail (en quantité astronomique) et d'intelligence (en quantité tout aussi astronomique à mon avis), de labos foireux en labos foireux, de situations précaires en catastrophes, Hope Jahren réussit à s'imposer, à faire sa place.

Lab Girl c'est l'histoire d'une vie, aussi complexe et incertaine que celle d'une graine. Et c'est l'histoire d'une réussite personnelle. C'est très chouette. C'est très drôle, vraiment, parfois complètement loufoque mais brillant tout du long.

J'ai vraiment beaucoup aimé. Merci à Babelio et aux éditions Quanto pour cette découverte !
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Hope Jahren nous raconte avec beaucoup de drôlerie, d'humilité sa vie," ses amis, ses amours, ses emmerdes " ( Charles Aznavour ).
Sa vie : une scientifique qui a débuté dans le labo de son père, puis pour payer ses études va faire des petits jobs ( coursière, préparatrice de poches intraveineuses... ) et qui après sa thèse en géobiologie va créer son propre labo ! Elle sera aidée de son "double" Bill, un brillant collaborateur qui va l'accompagner dans ses missions, au travers des US, de la Norvège, de l'Irlande.
Ses amours : sa passion pour la recherche, son mari Clint, ses chiens et finalement son fils !
Ses emmerdes: la difficulté d'obtenir des crédits pour financer ses travaux, sa bipolarité, sa dépression, ses allergies au sumac ( en autres ), son manque de confiance en elle et ses doutes !
Mais la plus belle plante : c'est elle qui égrène quelques unes de ses découvertes en biologie ( même si, j'avais déja été " initiée" par le livre de Peter Wohlleben sur le " secret des arbres")..elle est simple, naturelle, authentique et sa vie nous change de celles des "bios people" qui sont creuses et tapageuses , qui valorisent leurs " egos" démesurés !
Ce récit est aussi, la vie spartiate de ces "saltimbanques" qui, dans l'anonymat se déplacent en équipe pour creuser les sols, recueillir des échantillons par tous les temps, avec de faibles" moyens financiers pour mener à bien leurs investigations !
Il s'agit de la biographie d'une femme qui s'est battue pour se faire un nom dans un milieu fermé et principalement masculin..une chercheuse qui nous livre une hymne à la nature et à la préservation de notre environnement !
Je tiens à remercier Babelio pour l'envoi de ce livre et les éditions Quanto..
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