Lune de sang : Les frères Fiorelli

Cathy James nous propose un roman intitulé "Lune de sang", un titre porteur de sens, dont le choix éveille la curiosité du lecteur, puisqu'il renferme une véritable clef explicative.
Publié en février 2023 aux Éditions Maïa, ce livre prolonge avec brio l'oeuvre de l'auteure.
Sa couverture, ode littérale à l'amour, est en parfaite adéquation avec le titre.
En lisant l'incipit, j'ai aussitôt pensé qu'il s'agissait d'une histoire dont le contenu allait me captiver.
Une intuition? Pas seulement...
Avec " Lune de sang ", j' ai été transportée dans un univers d' une grande intensité dramatique.
Ainsi qui est Tonino lequel reçoit une lettre dénonciatrice?
Qui sont Elvina, Rosana et Maria, ces femmes indispensables au déroulement de l' histoire...
Pourquoi Sérafino revient-il vers Tonino? Que va-t-il découvrir au fil des jours?
Que va-t-il advenir à ces héros que rien ne devait opposer?
Peut-on échapper à son destin?
Dans ce roman, les descriptions des personnages sont exemplaires, celles des lieux souvent très poétiques.
On y ressent le perfectionnisme de l' autrice qui s'attache à décrire ce qui lui paraît essentiel.
de ce fait, dans cette description perlée, le lexique approprié au contexte ravit le lecteur:
" le soleil déclinait derrière les pics déchiquetés de la montagne, éclaboussant la campagne de ses derniers rayons."
Au travers de ce livre, les thèmes abordés sont la culpabilité, la mémoire, le lien familial.
Ils surgissent au cours de l'histoire, à bon escient, de manière subtile.
Dépeints avec une grande acuité, ils nourrissent le texte sans jamais l'alourdir.
Cathy James sait alterner actions, dialogues, descriptions, créant ainsi des ruptures de rythme, lesquelles révèlent une qualité fondamentale chez une écrivaine.
Elle cerne avec justesse la vérité intérieure des êtres, les rendant vivants à jamais dans nos mémoires.
Elle possède une écriture fluide et habitée, déployant sa plume avec grâce, usant d' un style académique qui corrobore le contexte.
Ce roman, reflétant une extrême sensibilité , s'adresse à tous.
Don de soi, il se déroule tel un film, touchant nos coeurs en quête d'évasion.
On s'attache aux personnages dont la traversée peut nous renvoyer à la nôtre. Un mot, un ressenti, quelque chose...Si peu et parfois beaucoup pour ceux qui peuvent parfois vivre en intériorisant leurs émotions.
Merci à vous , Cathy James, d' écrire de si belles histoires.
Vous avez une voix singulière avec laquelle vous devez poursuivre votre cheminement.
Un roman à lire sans modération pour retrouver le goût d'une littérature où la phrase demeure le reflet d'une exceptionnelle recherche.
Véronique Villard
Rewriter
Romancière

Ce roman, inspiré de la vie de la famille de l'auteur, se déroule principalement en Italie, en 1953 avec des retours en arrière en 1948.
À cette époque, il y a beaucoup de chômage dans ce pays, le quotidien n'est pas simple. Les hommes doivent faire leur place, les femmes également. Personne n'est vraiment libre d'aimer, il faut tenir compte du milieu social, de mésalliances si les parents des mariés ont un contentieux (on n'épouse que quelqu'un de même « niveau » financier, culturel, …). Il est nécessaire d'avoir un « bon » travail, de plaire à tous et pas seulement à la future épouse, ce serait trop facile….
Dans ce récit, nous allons découvrir les trois frères Fiorelli et tous ceux et celles qui gravitent auteur d'eux, parents, amis, collègues, voisins. Ils n'appréhendent pas le monde de la même façon, les rivalités, les jalousies, sont présentes. Les mauvais choix entraînent l'un ou l'autre sur des chemins de traverse bien ardus. L'ambiance est parfois lourde, délétère, notamment quand l'un d'eux s'aperçoit que son frérot n'est pas franchement honnête. Comment en est-il arrivé là ? Et quelles solutions trouver pour s'extirper de cette situation délicate ?
Les relations humaines sont complexes et l'auteur le montre. Comme ça se passe en 1953, de surcroit en Italie, les gens sont encore attachés aux traditions, au « qu'en dira-t-on ». On vit un peu à l'ancienne, il faut faire « ses preuves », se faire accepter…. Les femmes sont attachantes dans leur timidité, leur volonté de s'en sortir, de garder leur mari sur le droit chemin.
Avec une écriture fluide et agréable, une plume précise pour évoquer ses personnages et leurs traits de caractère, Cathy James nous offre un récit prenant. Elle maîtrise parfaitement le contexte historique où elle a installé son histoire. Elle note quelques références intéressantes en bas de page et cela complète vraiment ce qu'on lit. J'ai appris beaucoup de choses, entre autres, sur l'accueil des italiens à la poterie de Dommartin. Cela m'a donné le souhait d'en savoir plus sur cet épisode. Quand on sait que c'est son passé familial qu'elle évoque, son texte prend d'autant plus « sens ». On comprend qu'elle a écouté les anciens, qu'elle s'est renseignée pour faire vivre cette période de la vie de ceux qui ont tracé la route avant elle. C'est sans doute pour cela que le texte est « vivant » et qu'on a presque l'impression de voir le « film » d'une destinée sous nos yeux.
J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce livre.

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