Le visionnage du film de
Jane Campion au magnifique casting m'avait laissée perplexe tant il m'a été difficile de percer le caractère de l'héroïne centrale esquissée dans des décors somptueux.
Poussant ainsi à me plonger dans le roman d'
Henry James, qui l'a inspiré, et réputé comme son chef d'oeuvre.
L'héroïne, Isabel Archer, est une jeune femme américaine attirante, belle, intelligente et vive d'esprit, qui suscite l'admiration chez hommes de son milieu, la grande bourgeoisie. Orpheline, elle rêve d'aventures, de grands voyages. Qu'elle va pouvoir concrétiser, grâce à un héritage inattendu, qui lui assure une indépendance financière. On la suit des Etats Unis vers l'Angleterre, de Paris vers Rome, Florence….
C'est une femme libre : libérée des tabous de la vieille Europe, elle mène sa vie selon ses désirs.
C'est un roman d'apprentissage, avec un cheminement qui ne laisse pas indifférent les lectrices d'aujourd'hui. Elle n'échappera pas cependant au mariage. Avec la conspiration de ses amis proches. Malheureusement pour elle, son intelligence ne la garde pas d'un mauvais choix : elle fait l'erreur de bafouer l'amour d'honnêtes hommes pour celui d'un manipulateur véreux.
J'admire la finesse d'observation des figures féminines, la précision et souci des détails des lieux qui imprègnent les pages de ce très long roman. Une longueur, difficile à caser aujourd'hui mais qui s'explique par une publication originelle sous forme de feuilleton, comme cela était courant au 19 ième siècle.
Je viens de refermer le livre : je n'ai pas toutes les réponses à mes questions. J'aime les oeuvres qui travaillent l'esprit et qu'on garde en mémoire, au moins un certain temps, dans le raz de marée d'informations et de sollicitations de la vie moderne.
Dans ce «
portrait de femme », j'y vois un portrait d'homme en filigranes et c'est donc paradoxalement pour moi une rencontre avec un homme, son auteur, dont j'admire la grande lucidité et le sens de la psychologie.
Pour conclure, j'emprunte « ses »propres mots : « Il faut se préparer à déplaire dans la vie, souvent, à beaucoup de gens, et parfois, aussi à soi-même ».