Avant toute chose, il me faut remercier Babelio, La Boîte à Bulle, et Jeroe Janssen.
Babelio, qui m'a sélectionné pour le nouveau Masse Critique, et qui occasionne cette chronique, La Boîte à Bulle, pour m'avoir envoyé cet album, et pour y avoir adjoint une petite carte des plus courtoises, Jeroe Janssen, pour avoir dédicacé le dit album. Une belle surprise, inattendue, forcément, que j'apprécie vraiment.
Bakamé est un lièvre, coureur de jupons. Pour avoir emprunté la voiture de Mpyisi, il met celui-ci dans les ennuis jusqu'au cou, mais il n'en a que faire. Alors Mpyisi l'hyène va tout tenter pour se débarrasser du lièvre, et ira même jusqu'à traverser le pays pour trouver le mystérieux et terrible sorcier Bwana Kero.
Cet album est l'adaptation d'une fable africaine par deux auteurs belges, et blancs. C'est donc un joli tour de force, que de parvenir à nous faire ressentir pleinement l'Afrique. Graphiquement, d'abord, j'ai le sentiment, la sensation, d'un dessin adapté à ce continent. Ce que je dis n'est pas vérifié, pas scientifique, et se base sur un ressenti, car je ne connais pas de bd africaine, mais j'ai pourtant l'impression que ce style graphique là est à sa place. Cela demanderait confirmation, mais moi je l'ai trouvé extrêmement pertinent. le dessin des corps, par exemple, me fait beaucoup penser aux statues africaines qu'on peut voir à l'occasion en Europe. Peut-être n'est-ce que la vision d'un européen sur l'Afrique, mais pour un public européen, je trouve Jeroe Janssen tout à fait adapté. C'est dynamique, c'est coloré, bref, je suis convaincu. Ce n'est pas mon style préféré, mais je reconnais vraiment à cet auteur la justesse de son style.
L'Afrique, c'est par le scénario, aussi, qu'on la vit. Par les animaux choisis pour représenter certains personnages: l'hyène, la buffle... Cet anthropomorphisme me laisse toute fois une réticence. Je ne sais pas si les animaux choisis sont porteurs d'images particulières dans les différentes cultures africaines, et ainsi, je crains de rater (ou pas) des sous-entendus sur ces personnages. En France, le lièvre est plutôt un animal à l'image dynamique et positive, même si un peu vantard (merci
Molière). Qu'en est-il dans les systèmes de références dont est issu la fable mise en scène? Bref, il manque peut-être un brin de contexte, en éditorial. Mais je suis peut-être le seul à attendre cela. L'Afrique, c'est aussi le personnage de Bwana Kero, sorcier mélangeant catholicisme et animisme. Une bonne synthèse, à mon sens, des réflexions que nous devons avoir nous autres européens sur notre action passée sur ce continent. Nous y sommes arrivés prétentieux, méprisant, sûr de nos valeurs, sans chercher à comprendre les cultures que nous rencontrions, et qui pouvaient avoir des choses à nous apporter. Avec Bwana Kero, dans cet album, c'est aussi la magie, le mystère, et la menace.
C'est un point du scénario, justement, qui me déplait. Mpyisi est plutôt un sale type, mais il est la victime, tout de même, des actions de Bakamé. Il est la victime, aussi, de sa femme qui exige beaucoup de lui. Et pourtant, ils vont êtres les victimes au final de Bwana Kero, et le lapin s'en sortira bien (ainsi que le titre le laisse entendre). le paresseux, le cocufieur, l'irresponsable, s'en sort bien, et celui que je qualifierai d'homme du commun, Mpyisi, sort perdant de toute cette histoire. En guise de fable, je dois avouer que j'ai du mal à comprendre la morale.
Pieter van Oudheusden veut-il dire qu'il ne faut jamais trahir ses engagements, même avec une personne à la moralité douteuse? Veut-il dire au contraire qu'il ne faut jamais faire appel à un problème potentiel pour en résoudre un que l'on pourrait résoudre soi-même? Je ne sais pas, et si des membres de Babelio passent sur ce blog, en ayant lu cet ouvrage, je les invite à en débattre.
La revanche de Bakamé est un album indéniablement doté de qualité. Il n'a qu'un défaut pour moi, il ne m'a pas emporté. C'est tout à fait personnel, c'est du pur ressenti, et en restant objectif, il serait injuste de le descendre pour cela. Il y a matière à discussion, à réflexion, à découverte et enrichissement, mais l'histoire n'était pas pour moi. Tant pis, ce n'est pas grave, l'expérience aura été de toute façon très intéressante. A vous de tenter maintenant.
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