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TRISTE ET MALAISANT A LA FOIS
Le dernier Alexandre Jardin est un pan de son intimité.
Il y raconte son frère, mort suicidé, il y a 30 ans... une blessure, une cicatrice toujours béante. Ce livre n'est pas un soulagement, c'est un exorcisme.

Alexandre jardin y raconte surtout sa famille dans ce quelle a de plus glauque. Des parents recomposés, accros au sexe, des mères abusives et tortionnaires, un père passif, un grand-père chef cab de Laval au temps des déportations, un oncle qui se suicide en révélant sa vraie nature.
Il y raconte ses frères, tout d'abord Emmanuel le disparu. le frère qu'il aimait tant malgré l'abus, le frère des 400 coups, celui qui aurait bien vu Mitterrand en marsupilami, et avec qui il a tué le vieux Milou par mégarde. Son frère trop vivant ou pas assez, son frère pas encore né. Celui qu'au delà des apparences la vie n'a pas épargné.
Il y fait un éloge aussi à son autre frère, Frédéric, le réalisateur. la droiture, les faits.
Ce roman, ou plutôt cette autobiographie, est très intime, parfois trop. En le lisant, on a parfois la sensation d'un voyeurisme cru. de n'être pas à la bonne place, de voir des choses qu'on ne devrait pas voir ou savoir... et qu'à la limite on s'en fout de savoir. Mais de ces choses crues, on devine le pourquoi... peut-être, car la question du pourquoi n'est pas abordée.

Reste l'absent, et c'est un bel hommage qu'Alexandre Jardin lui rend.
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CONFESSIONS
Lorsqu'Alexandre apprend le suicide de son frère Emmanuel, son monde s'effondre.

L'image du visage de son frère suicidé reste inaccessible, impossible à convoquer.
Il prend le premier avion pour la nouvelle Calédonie.

Arrivé sur ces terres, Il se demande comment son frère peut avoir commis l'impensable face au lagon clair et autres splendeurs de ce paradis.

Puis il s'interroge sur les raisons qui l'ont poussé à commettre un tel acte et replonge dans le passé.

Pendant qu' Emmanuel est un poète inconnu, Alexandre brille par son talent récompensé de prix littéraires. le sort souligne l'injustice de leurs chemins. Emmanuel sombre, l'estime de soi déjà mutilé par les vindictes maternelles...

Entre rancoeur et complicité, ce roman révèle toute l'ambiguïté de ce lien fraternel et l'insoutenable fraternité meurtrie.

Ce roman écrit a coeur ouvert, sûrement le plus intimiste d'Alexandre Jardin, révèle un secret, retrace un drame décimant une vie.

Un roman magnifique écrit d'une plume brillante qui m'a touchée en plein coeur.
Un coup de coeur !
@doresixtine
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Quelques jours après sa sortie, j'ai déjà lu ce livre d'Alexandre Jardin, ce qui n'est vraiment pas dans mes habitudes. Mais, il est vrai, que le Alexandre Jardin que l'auteur montre dans ses derniers livres (Les Magiciens, et ici dans Frères) me donne encore plus envie de le lire. Débarrassé de son ego et de ses masques, désireux d'introspecter sa vie d'homme et d'écrivain, il se dévoile aujourd'hui aux lecteurs comme jamais, et cela le rend ô combien sympathique et humain (son message, porté par l'amour pour les siens et puisé à l'encre de son coeur en devient universel).

Tout d'abord, je tiens ici à saluer son courage ! Il en faut une sacrée dose pour - alors qu'il est particulièrement connu et risque ainsi d'entacher son image - oser coucher sur le papier les non-dits qui ont parasité sa vie, à savoir la façon dont, se sentant coupable, il a occulté de sa vie ce demi-frère aimant et aimé qui a eu la malencontreuse idée de se suicider un 11 octobre 1993, mais aussi le souvenir d'une proximité relationnelle contre-nature.

Pour avoir encouragé et accompagné de nombreuses personnes dans l'écriture de leurs traumatismes passés, je sais aussi qu'il s'agit-là d'une démarche de catharsis libératrice tant pour lui que pour ses enfants et petits-enfants à venir (d'ailleurs le livre leur est dédicacé).
Laisser traces de ce qui fut et de ce qui est aujourd'hui, c'est une façon utile et sensible d'informer les générations qui suivent sur les dysfonctionnements familiaux, d'expliquer les raisons d'être de tels ou tels comportements, et de faire en sorte que le cycle de la reconduction s'interrompe. Mais c'est aussi une façon de montrer la force de l'amour fraternel et la nécessité de pardonner (et de se pardonner) pour avancer.

Donc, vous l'avez compris. Ce n'est pas un roman mais bien un récit autobiographique, épisode sensible dans le "roman" de la famille Jardin, famille dysfonctionnelle s'il en était et dont de nombreux livres ont déjà fait état (petit résumé succinct en début de livre).

Un récit intime, au plus près des faits et des ressentis. Mais aussi, parfois, un récit imaginé (cf. le chapitre qui s'apparente à un script de cinéma) tant s'avère nécessaire le besoin de donner corps à une réalité jusqu'alors occultée.

Dans chacune des trois parties (L'anti-moi ; Tellement moi
; Mon frère vivant) qui composent ce court livre de 164 pages, Alexandre Jardin construit son propos sous la forme d'une alternance entre des chapitres qui évoquent ce fameux 11 octobre 1993 qu'il a occulté de toutes ses forces et, en pendant, des événements de la vie de son frère, avec lui ou sans lui, qui tendent à lui rendre figure humaine, décrivant ainsi ses traits de caractère et ses défauts, ses amours, ses fulgurances lumineuses et ses talents hélas méconnus... et tout ce qui, selon lui, l'a conduit à ce geste définitif. Une date qui revient tel un mantra, qui martèle le propos de sa difficile réalité et qui témoigne de l'immense culpabilité dont l'auteur cherche à se libérer.

Dans les deux premières parties, Alexandre Jardin confronte l'image de son frère à son image et exprime tout son amour pour son frère disparu trop tôt dans des circonstances dramatiquement inéluctables. Il lui dresse, enfin, une "sépulture de papier" à la hauteur de son amour pour lui.

Dans la dernière partie, il introduit un troisième "personnage" réel : son deuxième frère Frédéric, celui qui, bien que plus jeune, l'a sauvé des penchants sombres des Jardin et aidé sur le chemin de la réconciliation avec lui-même. Ses mots, empreints d'humilité, de lucidité et de générosité sont également une déclaration d'amour pour cet alter-ego plus discret mais néanmoins très présent.

Lu en quelques heures, j'interprète ce livre comme un véritable hymne à l'amour pour ses frères. Mais aussi, comme une façon de pardonner à son frère décédé de l'avoir quitté si brusquement et, en reconnaissant des faits jusqu'alors inavoués, de lui (et de se) pardonner.

J'ai lu ce livre en quelques heures, mais pas toujours facilement, tant le poids des mots nécessitait parfois de relire telle ou telle phrase, tel ou tel paragraphe et de s'imprégner de ce qui est dit, mais aussi de ce qui ne l'est pas. Je n'ai pas voulu le lire trop rapidement d'une part pour bien en comprendre tout le propos, mais aussi pour profiter, au maximum, d'une écriture concise, d'une verve littéraire ô combien poétique, imagée et parfois originale (avec la présence de nombreux néologismes).

Pour avoir lu d'autres livres d'Alexandre Jardin, je vois une grande différence dans la forme de son écriture. Ailleurs, dans ses romans, c'est une écriture distanciée. Si les choses sont toujours très bien écrites, il n'y a pas d'implication sensible. Ici, dans ce récit intimiste, on ressent vraiment une écriture sensible qui sort des tripes, une implication personnelle... On entend presque le petit Alexandre, enfant. C'est très beau et très émouvant.

Les enfants d'Alexandre Jardin ont bien de la chance d'avoir un papa écrivain car il laissera à la postérité des mots magnifiques leur permettant de connaître et de comprendre leur famille (toute dysfonctionnelle qu'elle fut), d'avoir "une explication de texte" sur comment leur père a vécu au sein de cette famille (et en dehors d'elle) et de disposer d'outils précieux pour, à leur tour, se construire (en opposition ou en prolongation) et construire leur devenir.



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Alexandre Jardin écrivain est un auteur de romans échevelés, originaux qui vous mettent le plus souvent le coeur en capilotade. Il écrit aussi sur sa famille zébrée de fantaisies, de libertés de toutes sortes mais aussi de silences honteux qu'on enfouit au fond du fond des poches. Avec Frères, il ouvre son coeur blessé et son chagrin enfoui depuis trente, depuis que son frère, à l'ADN déjanté bien Jardin, a mis fin à ses jours. Culpabilité, chagrin, tristesse, absence douloureuse, larmes et souffrance encore très sensible sont toutes les émotions qu'on traverse au fil de ces pages émouvantes, poignantes et déchirantes. Il rend son amour pour ce frère si vivant dans l'encre de ces maux d'amour perdu qu'il nous vrille le coeur.
Un hommage vivant qu'on tient serré sur son coeur une fois refermé pour conserver ces souffles fraternels de vies brillantes et torturées.
A lire pour ne pas oublier d'aimer ceux qu'on aime.
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Le témoignage de l'auteur est poignant et sa lecture, à la fois éprouvante et plaisante (dérangeante ?), tant Alexandre Jardin semble avoir tenu à conférer légèreté et humour (humour dont son frère Emmanuel n'était lui-même pas dépourvu) à sa plume... Mais, à l'évocation de ce demi-frère suicidé (l'irréparable sera commis par son frère sous les fenêtres de sa mère), l'émotion grandit. Car bloqué au 11 octobre 1993, l'auteur se trouve comme devant une gageure : comment faire progresser son témoignage, écrire, quand le temps et l'âme nostalgique se sont, eux, arrêtés ?
Triste, parfois tristement drôle (ou drôlement triste), fascinant pour qui aime tâcher de comprendre l'innommable, les choses singulières de la vie, le sens de celle-ci s'il en est un, ce qui nous traverse, nous lamine ou nous enchante, ce petit livre lucide est à lire ...
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Dans ce récit aussi captivant que bouleversant, Alexandre Jardin raconte qui était son frère, Emmanuel.
Avec beaucoup de recul et d'authenticité, il nous offre généreusement le portrait de ce frère tant admiré, singulier et toujours en marge qui a choisi de renoncer à la vie.
Emmanuel était un homme libre, intempestif, incontrôlable qui débordait tout le temps dans le bien comme dans le mal.
C'est une fantôme qui poursuit l'auteur depuis 30 ans, avec son grand secret, derrière lequel se cache un frère qui a été aimé malgré ses excès dévastateurs.

J'ai été happée par la plume d'Alexandre Jardin. Elle est brillante et hypnotisante. Son don pour la métaphore est incroyable et toute la fragilité de l'homme, du frère, de leur histoire se ressent dans chaque ligne.

Les sujets sont intenses, l'auteur y parle d'inceste, de pardon, de honte, de culpabilité entre autres. Il livre un contenu si intime que l'on se sent privilégié de tant de confiance en tant que lecteur/lectrice.

Authenticité et humilité sont au coeur de cet ouvrage écrit par un auteur qui manie aussi bien le verbe que l'émotion!
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Dans ce roman , Alexandre Jardin relate cet évenement qu'il a profondèment enfoui pendant près de trente ans : le suicide de son frère Emmanuel . Il raconte et décrit le personnage de son frère , fantasque , sans limite, , immature, qui se joue des codes de la société et pourtant un être attachant, touchant, tendre , écrasé par les sarcasmes de sa mère , « prédatrice, sacageuse, surviolente »
La culpabilité de l'auteur est le fil conducteur de ce texte : « Moi , j'ai raté l'essentiel : le protéger »

Ce roman relève tellement de l'intime , parfois malaisant et cruel qu'il est difficile d'en parler de peur de pénétrer trop avant dans cette relation qui les lie. Les mots que l'auteur emploie sont parfois de véritables coup de poing.
« Il s'agit de recenser l'horreur ; Et de m'attarder sur les vétilles de cet Hiroshima intime »
« L'anniversaire nauséeux de ma honte de n'avoir pas su dévier l'inconcevable, de n'avoir pas eu le coeur de le sauver »
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Après le Zèbre ou Fanfan, Alexandre Jardin s'est détourné peu à peu des fictions pour se “perdre” dans les méandres sulfureux des romans dédiés à sa “folle famille” , des romans qu'on peut qualifier d'autobiographiques si l'on se fie à la sincérité de l'auteur.

C'est ainsi qu'il décide de nous parler tour à tour, de son père avec le Zubial, puis de sa famille hors normes avec le Roman des Jardin, puis de son grand-père dans son roman à l'eau de Vichy intitulé Des gens très bien et enfin de sa mère Stéphane dans Ma mère avait raison. Et dans la famille Jardin, il manquait “le plus atypique et déconcertant des Jardin”, son frère Emmanuel.
Ce roman est un émouvant hommage à ce frère fantasque, libre, immature, qui osait tout, jusqu'à posséder la dernière compagne de feu leur père, ce frère qui lui avait avoué un jour comme une vérité incontestable, qu'il n'était jamais né. Comme si son passage sur terre, n'était qu'une ébauche du grand poète qu'il aurait pu devenir, s'il ne s'était pas suicidé un jour d'octobre 1993.

C'est le 11 octobre 1993 qu'Emmanuel décide de quitter cette terre à laquelle il n'était pas adapté, cette vie qui n'était pas la sienne, cet avenir dans lequel il ne se sentait pas impliqué. Il se tire une balle dans la bouche, dans le jardin face à la fenêtre de la chambre de sa mère,
Terrassé en apprenant le suicide de son demi-frère, accablé par une culpabilité étouffante; Alexandre Jardin va abandonner ce douloureux événement dans l'ombre de sa conscience.

Pendant 30 ans, il va être hanté par cette idée, cette culpabilité qui le ronge secrètement. Et puis, une rencontre, celle de sa dernière compagne va lui donner la force d'affronter ses démons

C'est un récit qui m'a profondément touchée, émue, fait réfléchir sur nos actes et leurs intentions, sur le rôle que nous avons dans la vie de ceux que nous aimons. Il rend ainsi hommage à son plus jeune frère, le bien né des Jardin, Frédéric Jardin à qui la vie sourit et dont il est si fier.

Un récit qui ne ressemble à aucun autre d'Alexandre Jardin, un roman écrit avec le coeur saignant, un aveu, un hymne à l'amour.

Lien : https://livresquedumot.blogs..
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11 octobre 1993. Une date perdue pour Alexandre Jardin, un jour qui n'existe plus pour lui pendant des années. le jour du suicide de son frère Emmanuel. C'est aujourd'hui, plus de 30 ans plus tard que l'auteur reviens avec émotion sur ce douloureux jours et tous les souvenirs qu'il lui vient de son frère. Souvenirs déchirants, attendrissants ou inquiétant, il écrit son frère. Sa soif de liberté, sa générosité mais aussi ses erreurs et ses peine.
Un très beau cercueil de papier, rendant hommage à la famille, après une plume envoûtante et poétique.
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Alexandre Jardin signe avec « Frères » un récit autobiographique tout autant sensible que puissant.
Dans ce monologue sublime, l'auteur raconte ce demi-frère pas comme les autres - Emmanuel Jardin - trente ans après son suicide. Cri d'amour émouvant, le livre brosse le portrait d'un looser flamboyant à la soif de vivre et aux bleus dans l'âme, broyé par les bagages du clan Jardin.

Pour Alexandre Jardin, l'écriture de ce livre n'a pas été sans peine : écrire sur une partie de sa vie exige un retour sur les ombres du passé pour celui qui a tenté d'oublier … de tout oublier.
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