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EAN : 9782226480347
176 pages
Albin Michel (06/09/2023)
3.44/5   56 notes
Résumé :
« Ce livre est mon secret, l'obscur le plus obscur de ma vie. »

Le 11 octobre 1993, Emmanuel Jardin met fin à ses jours. Trente ans plus tard, Alexandre, son frère, se confronte à son fantôme et à sa culpabilité de survivant.

Emmanuel, « le plus inclassable et dérangeant des Jardin », étourdissant de charme comme capable du pire, a laissé derrière lui un sentiment d'amertume et de honte. Un secret dont son frère cadet est le seul détent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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TRISTE ET MALAISANT A LA FOIS
Le dernier Alexandre Jardin est un pan de son intimité.
Il y raconte son frère, mort suicidé, il y a 30 ans... une blessure, une cicatrice toujours béante. Ce livre n'est pas un soulagement, c'est un exorcisme.

Alexandre jardin y raconte surtout sa famille dans ce quelle a de plus glauque. Des parents recomposés, accros au sexe, des mères abusives et tortionnaires, un père passif, un grand-père chef cab de Laval au temps des déportations, un oncle qui se suicide en révélant sa vraie nature.
Il y raconte ses frères, tout d'abord Emmanuel le disparu. le frère qu'il aimait tant malgré l'abus, le frère des 400 coups, celui qui aurait bien vu Mitterrand en marsupilami, et avec qui il a tué le vieux Milou par mégarde. Son frère trop vivant ou pas assez, son frère pas encore né. Celui qu'au delà des apparences la vie n'a pas épargné.
Il y fait un éloge aussi à son autre frère, Frédéric, le réalisateur. la droiture, les faits.
Ce roman, ou plutôt cette autobiographie, est très intime, parfois trop. En le lisant, on a parfois la sensation d'un voyeurisme cru. de n'être pas à la bonne place, de voir des choses qu'on ne devrait pas voir ou savoir... et qu'à la limite on s'en fout de savoir. Mais de ces choses crues, on devine le pourquoi... peut-être, car la question du pourquoi n'est pas abordée.

Reste l'absent, et c'est un bel hommage qu'Alexandre Jardin lui rend.
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Quelques jours après sa sortie, j'ai déjà lu ce livre d'Alexandre Jardin, ce qui n'est vraiment pas dans mes habitudes. Mais, il est vrai, que le Alexandre Jardin que l'auteur montre dans ses derniers livres (Les Magiciens, et ici dans Frères) me donne encore plus envie de le lire. Débarrassé de son ego et de ses masques, désireux d'introspecter sa vie d'homme et d'écrivain, il se dévoile aujourd'hui aux lecteurs comme jamais, et cela le rend ô combien sympathique et humain (son message, porté par l'amour pour les siens et puisé à l'encre de son coeur en devient universel).

Tout d'abord, je tiens ici à saluer son courage ! Il en faut une sacrée dose pour - alors qu'il est particulièrement connu et risque ainsi d'entacher son image - oser coucher sur le papier les non-dits qui ont parasité sa vie, à savoir la façon dont, se sentant coupable, il a occulté de sa vie ce demi-frère aimant et aimé qui a eu la malencontreuse idée de se suicider un 11 octobre 1993, mais aussi le souvenir d'une proximité relationnelle contre-nature.

Pour avoir encouragé et accompagné de nombreuses personnes dans l'écriture de leurs traumatismes passés, je sais aussi qu'il s'agit-là d'une démarche de catharsis libératrice tant pour lui que pour ses enfants et petits-enfants à venir (d'ailleurs le livre leur est dédicacé).
Laisser traces de ce qui fut et de ce qui est aujourd'hui, c'est une façon utile et sensible d'informer les générations qui suivent sur les dysfonctionnements familiaux, d'expliquer les raisons d'être de tels ou tels comportements, et de faire en sorte que le cycle de la reconduction s'interrompe. Mais c'est aussi une façon de montrer la force de l'amour fraternel et la nécessité de pardonner (et de se pardonner) pour avancer.

Donc, vous l'avez compris. Ce n'est pas un roman mais bien un récit autobiographique, épisode sensible dans le "roman" de la famille Jardin, famille dysfonctionnelle s'il en était et dont de nombreux livres ont déjà fait état (petit résumé succinct en début de livre).

Un récit intime, au plus près des faits et des ressentis. Mais aussi, parfois, un récit imaginé (cf. le chapitre qui s'apparente à un script de cinéma) tant s'avère nécessaire le besoin de donner corps à une réalité jusqu'alors occultée.

Dans chacune des trois parties (L'anti-moi ; Tellement moi
; Mon frère vivant) qui composent ce court livre de 164 pages, Alexandre Jardin construit son propos sous la forme d'une alternance entre des chapitres qui évoquent ce fameux 11 octobre 1993 qu'il a occulté de toutes ses forces et, en pendant, des événements de la vie de son frère, avec lui ou sans lui, qui tendent à lui rendre figure humaine, décrivant ainsi ses traits de caractère et ses défauts, ses amours, ses fulgurances lumineuses et ses talents hélas méconnus... et tout ce qui, selon lui, l'a conduit à ce geste définitif. Une date qui revient tel un mantra, qui martèle le propos de sa difficile réalité et qui témoigne de l'immense culpabilité dont l'auteur cherche à se libérer.

Dans les deux premières parties, Alexandre Jardin confronte l'image de son frère à son image et exprime tout son amour pour son frère disparu trop tôt dans des circonstances dramatiquement inéluctables. Il lui dresse, enfin, une "sépulture de papier" à la hauteur de son amour pour lui.

Dans la dernière partie, il introduit un troisième "personnage" réel : son deuxième frère Frédéric, celui qui, bien que plus jeune, l'a sauvé des penchants sombres des Jardin et aidé sur le chemin de la réconciliation avec lui-même. Ses mots, empreints d'humilité, de lucidité et de générosité sont également une déclaration d'amour pour cet alter-ego plus discret mais néanmoins très présent.

Lu en quelques heures, j'interprète ce livre comme un véritable hymne à l'amour pour ses frères. Mais aussi, comme une façon de pardonner à son frère décédé de l'avoir quitté si brusquement et, en reconnaissant des faits jusqu'alors inavoués, de lui (et de se) pardonner.

J'ai lu ce livre en quelques heures, mais pas toujours facilement, tant le poids des mots nécessitait parfois de relire telle ou telle phrase, tel ou tel paragraphe et de s'imprégner de ce qui est dit, mais aussi de ce qui ne l'est pas. Je n'ai pas voulu le lire trop rapidement d'une part pour bien en comprendre tout le propos, mais aussi pour profiter, au maximum, d'une écriture concise, d'une verve littéraire ô combien poétique, imagée et parfois originale (avec la présence de nombreux néologismes).

Pour avoir lu d'autres livres d'Alexandre Jardin, je vois une grande différence dans la forme de son écriture. Ailleurs, dans ses romans, c'est une écriture distanciée. Si les choses sont toujours très bien écrites, il n'y a pas d'implication sensible. Ici, dans ce récit intimiste, on ressent vraiment une écriture sensible qui sort des tripes, une implication personnelle... On entend presque le petit Alexandre, enfant. C'est très beau et très émouvant.

Les enfants d'Alexandre Jardin ont bien de la chance d'avoir un papa écrivain car il laissera à la postérité des mots magnifiques leur permettant de connaître et de comprendre leur famille (toute dysfonctionnelle qu'elle fut), d'avoir "une explication de texte" sur comment leur père a vécu au sein de cette famille (et en dehors d'elle) et de disposer d'outils précieux pour, à leur tour, se construire (en opposition ou en prolongation) et construire leur devenir.



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CONFESSIONS
Lorsqu'Alexandre apprend le suicide de son frère Emmanuel, son monde s'effondre.

L'image du visage de son frère suicidé reste inaccessible, impossible à convoquer.
Il prend le premier avion pour la nouvelle Calédonie.

Arrivé sur ces terres, Il se demande comment son frère peut avoir commis l'impensable face au lagon clair et autres splendeurs de ce paradis.

Puis il s'interroge sur les raisons qui l'ont poussé à commettre un tel acte et replonge dans le passé.

Pendant qu' Emmanuel est un poète inconnu, Alexandre brille par son talent récompensé de prix littéraires. le sort souligne l'injustice de leurs chemins. Emmanuel sombre, l'estime de soi déjà mutilé par les vindictes maternelles...

Entre rancoeur et complicité, ce roman révèle toute l'ambiguïté de ce lien fraternel et l'insoutenable fraternité meurtrie.

Ce roman écrit a coeur ouvert, sûrement le plus intimiste d'Alexandre Jardin, révèle un secret, retrace un drame décimant une vie.

Un roman magnifique écrit d'une plume brillante qui m'a touchée en plein coeur.
Un coup de coeur !
@doresixtine
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Alexandre Jardin écrivain est un auteur de romans échevelés, originaux qui vous mettent le plus souvent le coeur en capilotade. Il écrit aussi sur sa famille zébrée de fantaisies, de libertés de toutes sortes mais aussi de silences honteux qu'on enfouit au fond du fond des poches. Avec Frères, il ouvre son coeur blessé et son chagrin enfoui depuis trente, depuis que son frère, à l'ADN déjanté bien Jardin, a mis fin à ses jours. Culpabilité, chagrin, tristesse, absence douloureuse, larmes et souffrance encore très sensible sont toutes les émotions qu'on traverse au fil de ces pages émouvantes, poignantes et déchirantes. Il rend son amour pour ce frère si vivant dans l'encre de ces maux d'amour perdu qu'il nous vrille le coeur.
Un hommage vivant qu'on tient serré sur son coeur une fois refermé pour conserver ces souffles fraternels de vies brillantes et torturées.
A lire pour ne pas oublier d'aimer ceux qu'on aime.
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Dans ce récit aussi captivant que bouleversant, Alexandre Jardin raconte qui était son frère, Emmanuel.
Avec beaucoup de recul et d'authenticité, il nous offre généreusement le portrait de ce frère tant admiré, singulier et toujours en marge qui a choisi de renoncer à la vie.
Emmanuel était un homme libre, intempestif, incontrôlable qui débordait tout le temps dans le bien comme dans le mal.
C'est une fantôme qui poursuit l'auteur depuis 30 ans, avec son grand secret, derrière lequel se cache un frère qui a été aimé malgré ses excès dévastateurs.

J'ai été happée par la plume d'Alexandre Jardin. Elle est brillante et hypnotisante. Son don pour la métaphore est incroyable et toute la fragilité de l'homme, du frère, de leur histoire se ressent dans chaque ligne.

Les sujets sont intenses, l'auteur y parle d'inceste, de pardon, de honte, de culpabilité entre autres. Il livre un contenu si intime que l'on se sent privilégié de tant de confiance en tant que lecteur/lectrice.

Authenticité et humilité sont au coeur de cet ouvrage écrit par un auteur qui manie aussi bien le verbe que l'émotion!
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critiques presse (5)
OuestFrance
03 octobre 2023
Alexandre Jardin prend un virage où le drame prend le pas sur la fantaisie habituelle du romancier. Ce récit, gorgé d’amour, lève le voile sur un sentiment universel : la culpabilité après le suicide d’un proche
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LaPresse
18 septembre 2023
[Alexandre Jardin] nous offre une nouvelle incursion au cœur de l’imaginaire jardinesque en ajoutant une pierre de plus à l’univers familial débridé des Jardin.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
08 septembre 2023
Avec "Frères", l’écrivain français Alexandre Jardin lève le voile sur un événement bouleversant de sa vie.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Culturebox
07 septembre 2023
Un ouvrage aussi intime qu'intense, une sépulture de papier pour rendre vivant son frère disparu.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
05 septembre 2023
Le romancier ressuscite la figure de son demi-frère, qui s’est donné la mort en 1993.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Avec mon grand petit frère nous sommes parvenus à un dialogue aussi incroyable que lucide sur les nôtres. Toujours nous avons confronté nos points de vue effarés et maintenu ensemble le gouvernail de la raison dans l'odyssée folle du clan Jardin. Quand notre sœur Marie-Barbara fait le choix, face à son cancer, du "tout est psychologique, je vais miser sur mon seul chemin intérieur en refusant la chimio", nous en restons blêmes d'effroi, conscients qu'elle carbonise sciemment le délai fondamental d'intervention. (...)
Frédéric est ma prise de terre, alors que nous sommes tous deux des créateurs de mondes ! Nous comprenons aussi bien la fiction que l'univers des froids lucides. Et quand il m'est arrivé d'aller trop loin dans mes enthousiasmes jardinesques, il m'a ramené au sol avec des mots justes, inflexibles. Il est mon frère de vérité.
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En ce matin calédonien, la nouvelle colossale obstrue tout. (...) Abattu en plein vol, je découvre que la vie est une phrase interrompue. Comment métaboliser l'idée d'un suicide aussi violent, cette voie de fait sur un inconnu, soi-même ? La carabine en bouche, ça zigzague pas. Dans sa déroute mentale finale, Emmanuel s'est-il exfiltré vers sa lumière spirituelle par la grâce d'une cartouche ? A-t-il pleuré, eu peur, mon tendre frère ? Ah, les mots manquent parfois aux émotions trop vastes...
À l'autre bout du globe, mon cœur vient de recevoir sa balle.
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La noce est prévue. Ma mère propose d'organiser le déjeuner de mariage à Paris, chez nous rue Mesnil. Mi-heureux mi inquiet, je participe aux préparatifs et reçois le matin même de la noce, tôt, un coup de téléphone d'Emmanuel qui d'une voix frêle et guillerette m'annonce :
- Alexandre, je ne me marie plus.
- Pardon ?
- Je ne me marie plus.
Comment peut-il caler des épousailles pour l'éternité, puis tourner bride avant même le début du bal ?
- Que fait-on du déjeuner ? Il y a vingt plats qu'on a mitonnés..., une armée de desserts, deux cents bouteilles, du champ...
- Tu ne changes rien ! me déclare Emmanuel avec joie. Le déjeuner devient un repas de fiançailles. Je me fiance !
- Tu la quittes ou tu te fiances ?
- Je l'aime, je me fiance.
Ça ne lui gerce pas la glotte de dire des choses pareilles, de godiller avec frivolité dans les choses graves. Tout Emmanuel est là, dans cet alliage du lourd et du léger.
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Dieu était pour moi une énigme sur laquelle je glissais, un concentré de fadaises et de croyances pour mémères. Rien dans ce mot ne parlait à ma partie haute. En réalité, je vivais petitement sans le savoir. Me manquait la grande liberté de la foi simple, d'un accord allègre avec la source de vie.
Et puis j'ai rencontré une femme habitée par le sublime. Reconnaître sa femme-vie, c'est simple : c'est elle qui vous surdimensionne en tout. Elle vous remet naturellement à niveau, celui de la paix profonde.
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À table, nous ferons dresser trois couverts, dont un pour toi. Tu auras ta place, Emmanuel. Nous ferons servir un grand vin que tu aimais et je lirai un passage du Petit Prince. Peut-être évoquerons-nous papa. Puis j'irai tête nue en scooter, sans casque, faire le tour de Paris pour me ressouvenir que risquer sa vie est aussi une vertu, et que la prudence excessive est une anesthésie du cœur.
Ce soir-là, on sera des frères.
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Sur des temps scolaires, péri ou extra-scolaires, ces bénévoles formés interviennent une fois par semaine pour des moments de lecture-loisir.
Dans quelles structures ? Dans des écoles, crèches, bibliothèques, centres de loisirs et bien d'autres
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