Depuis le temps que ce tome attendait bien sagement sur mes étagères, et bien voilà c'est lu!
Et comme d'habitude, je ne suis pas déçu! Oui je dis ça à chaque tome de cette série mais ce n'est pas volé.
Tout d'abord je m'attarderai sur les graphismes de
Pierre Denis Goux. Son coup de crayon colle parfaitement au genre de cette bd, il illustre parfaitement l'atmosphère de la bd, et il donne aux nains toute leur force et leur prestance. Une puissance émane de ses traits donnant ainsi tout son sens à la farouche détermination qui caractérise les nains. Les couleurs assurées par
J Nanjan et
Bertrand Benoît rendent le tout magnifique. Les dégradations qui arrivent au dernier tiers de la bd soutiennent le récit comme pour mieux marquer l'horreur de la guerre, de la bataille qui s'annonce.
Côté scénario, force est de constater que
Nicolas Jarry reprend ici ce qu'il sait faire de mieux, et qui sans doute caractérise désormais son style particulier. le choix de narration en flashback nous permet de vivre de l'intérieur et ainsi découvrir et comprendre l'histoire de Torun. du coup, on se retrouve avec une ligne scénaristique identique aux récits d'autres nains, ne laissant finalement que peu de liberté quant à son développement. Mais encore une fois, force est constater que cela fonctionne et ça fonctionne bien, car
Nicolas Jarry sait remplir ses cases, et le vide ou le non sens sont proscrits. le choix narratif est un choix logique puisque Jarry nous parle encore une fois d'héritage et de famille, de descendance et même de lignée. Et cela se retrouve très logiquement dans le fait qu'il construit des liens avec d'autres personnages de la série, qu'ils appartiennent au même ordre ou pas ( c'est d'ailleurs sans doute l'un des éléments qui fait la force de cette série).
Ce sont des thèmes auxquels il semble attaché puisque ce n'est pas la première fois qu'il les traite dans cette bd. Ils en deviennent même le fer de lance au point d'en représenter la ligne directrice principale de la série et ce qui la caractérise. Si la détermination est le trait de caractère essentiel chez les nains, il n'est pas incohérent de remarquer l'importance qui est accordée à l'héritage, aux ancêtres au travers des 11 tomes que compte cette série.
Si Jarry insiste autant sur ces valeurs, c'est sans doute pour donner du crédit à toute une race, déclinée en 5 ordres, à la définir ( dans un univers de fantasy où la figure du nain a été des milliers de fois traitée, en bien ou en mal), et donc donner du sens à la série dans son ensemble. Mais c'est sans doute également de lui dont il nous parle un peu à travers tous ses personnages auquel il donne vie. N'oublions pas que Jarry est seul maître à bord, contrairement aux deux autres séries des Terres d'Arran, dont les scénarii sont assurés par une équipe.
Enfin je ferai un lien entre le récit et les graphismes. Je parlai plus haut du choix des couleurs à un moment de l'histoire où l'heure est venue de se battre. L'affrontement final, mis en parallèle avec les événements qui vont changer définitivement la vie du jeune Torun, est mis en valeur par ses teintes grises, sombres, où la couleur n'a plus sa place, comme pour mieux souligner l'horreur que représente la guerre. le tout est encore plus marquée par la météo, comme si la guerre ne pouvait se faire que sous une pluie harassante. La couleur revient à la fin, après l'orage, lorsque Torun semble enfin avoir trouvé sa voie, déchiré qu'il était jusque là entre les ordres du temple et de la forge, déchiré parce que coupé définitivement de son héritage.