Je suis en retard sur la publication des tomes mais je continue petit à petit ma plongée dans l'univers celtique créé par
Jean-Philippe Jaworski grâce à sa saga Rois du Monde. Et si ce n'est pas une lecture légère car elle demande une certaine implication de la part du lecteur, c'est à nouveau un tome immersif qui nous propose un sacré bond dans le temps !
Troisième tome des Rois du Monde (plus précisément la 2ème branche de Chasse royale, c'est-à-dire le 2ème tome), ce volume est plus introspectif que le précédent. Peu de scènes de combats ici mais plutôt une plongée dans la vie passée de notre héros. Ainsi, grâce à des allers-retours dans les souvenirs de Bellovèse, le lecteur découvre un héros plus touchant car tout simplement plus humain.
Jusque là on avait pu rencontrer un Bel guerrier, violent lors des campagnes guerrières et surtout loyal à son Haut-Roi ; dans ce troisième tome c'est l'homme au quotidien, l'ami, le fils, le frère, le mari, l'amant ou encore le père que l'on croise. Bellovèse se dévoile petit à petit et je suis ravie de constater que
Jean-Philippe Jaworski garde encore bien des zones d'ombre à son sujet. Au bout de trois tomes, on pourrait croire qu'on sait tout du bonhomme et bien non, il continue à nous surprendre. Et même, chose incroyable, à nous émouvoir ! C'est un héros avec de nombreuses failles, qui semble ne pas toujours faire les bons choix (mais est-il vraiment maître de son destin ?). Et encore une fois, il est en (très) fâcheuse posture.
Fait prisonnier, alors que ses anciens alliés lui tournent le dos, Bellovèse est amené à Aballo où il doit recevoir le jugement de Prittuse, l'ancienne Haute-Reine. Il y retrouve sa mère Dannissa avec qui les relations sont plus que tendues, ainsi que la jeune Sacrila, une enfant surprenante mais je vous laisse la surprise de son identité. Ces trois femmes ont son destin entre leurs mains. L'ancienne sage, la mère (Dannissa, j'imagine que son nom est issu de Dana qui est la mère des Dieux pour les celtes irlandais) et la fille. Toutes les trois tissent le fil de sa vie comme elles filent la laine. Comme les Parques qui seraient installées sur l'île introuvable et imprenable d'Avallon… enfin, plutôt dans la ville mystérieuse d'Aballo. Trois, chiffre chargé en signification chez les celtes, se retrouve également dans la triade formée par les trois jeunes visages de Prittuse : une jeune femme blonde, une brune et une rousse.
Qu'elles soient reines, magiciennes, déesses, mères, filles, soeurs, femmes, amantes… les femmes sont au coeur de ce volume. Bellovèse n'est qu'un pion qu'elles savent utiliser, exactement comme elles l'ont décidé.
A noter qu'outre ces personnages féminins tous plus fascinants les uns que les autres, une autre figure crève l'écran (ou la page en l'occurrence) à mon goût : c'est l'étrange Mapillos. Ce géant défiguré au grand coeur qui semble sorti de nulle part est entouré de mystères. Son arrivée dans l'entourage de Bellovèse est surprenante – son destin semble intimement lié à Bel – et encore une fois, touchante. J'ai aimé son don très fort avec les animaux. du trio d'hommes très proches de notre héros, c'est définitivement lui que j'ai préféré.
Les deux autres – Drucco et Labrios – sont comme les deux faces d'une pièce. le premier est aussi féroce, bon combattant et peu digne de confiance que le second est un véritable pleutre sur le champ de bataille mais un homme sur lequel on peut compter au quotidien. Malgré tout, aucun des deux n'a réussi à gagner mon empathie et ma confiance. Je me méfie de l'un et de l'autre et j'ai l'impression qu'ils n'attireront que des problèmes.
Enfin, est-il encore besoin de préciser que, comme d'habitude avec
Jean-Philippe Jaworski, la plume est soignée et précise mais toujours fluide et immersive ? le voyage se fait donc au milieu de ces Bituriges, Eduens et autres celtes, entre rêve et réalité ; et on s'y croit ! Parce que l'auteur est certes un passionné d'histoire et d'archéologie qui se documente, mais surtout un excellent conteur, passeur d'histoires.
Ce n'est définitivement pas le tome des Rois du Monde qui proposera le plus de scènes d'actions mais l'introspection du héros qui remonte le cours de ses souvenirs est un procédé qui me plaît et fonctionne avec la lectrice que je suis. Parce que si j'aime les univers bien construits, j'aime encore plus quand les personnages qui y évoluent ont de l'épaisseur. C'est définitivement le cas de Bellovèse et de toutes celles et ceux qui gravitent autour de lui.
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