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Un tome 3 lu dans la foulée des deux précédents, pas de coupure, tout reste bien frais en mémoire, ce que je préfère.
Jaworski est définitivement surprenant, car si le tome 2 était remarquable par son action et son dynamisme, la suite est assez inattendue tant elle est introspective et mélancolique.
Rappelons nous que nous avions laissé Bellovèse seul face à l'armée qu'il était venu défier en cherchant une fin honorable, désespéré qu'il était de la mort de Sumarios son mentor.
Seulement voilà, après "même pas mort", le voilà "toujours pas mort", fait prisonnier et attendant le jugement qui décidera de son sort, il va avoir beaucoup de temps pour se retourner sur son passé...
Si vous aimez l'action alors ce tome risque de vous décevoir. Si par contre vous aimez les histoires qui prennent leur temps et vous offrent de la profondeur alors vous serez servi comme rarement.
Car Bellovèse, des souvenirs il en a à la pelle, vous saurez tout sur ses proches, son frère, ses ambactes, son mariage et bien d'autres choses encore.
Il n'est pas dans mes intentions d'en dire trop, ce récit est plus lent que le précédent c'est un fait, mais il nous offre le socle d'une sacrée intrigue, qui me rend impatient de lire la suite, car oui, ce n'est pas fini ;)
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C'est une lourde tâche que celle qui incombe au Grec venu réclamer l'hospitalité de Bellovèse car c'est à lui qu'il revient d'écouter le récit de la vie du grand héros afin d'empêcher que son nom ne sombre dans l'oubli. Après avoir évoqué la défaite de son père et ses conséquences pour sa famille ainsi qu'une partie de son enfance et ses premiers faits d'armes, Bellovèse entame ici sa seconde nuit de narration. Si la précédente levait le voile sur plusieurs années de l'existence du protagoniste, notre héros choisit cette fois de se focaliser sur seulement deux jours de sa vie. Mais deux jours ô combien éprouvants et déterminants pour la suite de son existence. Plusieurs années ont passé depuis sa réconciliation avec son oncle et la fin de son exil et on découvre un Bellovèse plus âgé, plus charismatique et surtout plus sage qu'auparavant. le voici désormais marié, père de deux filles et guerrier respecté ayant gagné sa place parmi les redoutables héros formants la garde rapprochée du haut-roi. Seulement la révolte commence à gronder au sein des royaumes celtes : les récoltes se font de moins en moins abondantes, des maladies frappent le bétail et beaucoup sont ceux qui blâment Ambigat pour cela. C'est au cours du banquet célébré à Autricon à l'occasion de l'arrivée de l'été que la situation va toutefois vraiment basculer tandis que les échos d'une guerre passée se font de nouveau entendre.

Bien qu'initialement prévu comme un deuxième tome à part entière, « Chasse royale » n'est au final qu'une première partie et se termine donc de manière assez abrupte. Jean-Philippe Jaworski réussit malgré tout son pari et nous offre un second opus à mon sens largement supérieur au premier car beaucoup plus épique. La colère, l'épuisement, la nervosité, l'excitation précédant le combat…, autant de sentiments émanant de ces guerriers livrant ici un combat désespéré et que l'auteur parvient à transmettre à son lecteur au moyen de scènes de combat d'une grande intensité. Les intrigues politiques occupent également une place plus importante dans le récit et on suit avec intérêt l'évolution des relations entretenues par tous ces hommes comptant parmi les plus redoutables et les plus influents du monde celte. La puissance du roman tient cela dit avant tout à l'ambiance dont il est imprégné. Que ce soit par le biais des décors, du comportement des personnages ou encore des précisions apportées concernant telles coutumes ou traditions, Jean-Philippe Jaworski parvient l'espace de trois cent pages à véritablement nous faire basculer dans le mode de pensée celte. L'existence de magie, d'esprits ou de divinités capables d'interférer dans la vie des mortels semble alors on ne peut plus naturelle et on ne doute pas une seule seconde avoir eu affaire au dieu Cernnunos ou au maître des forêts et non à des êtres ordinaires.

Une première partie alléchante mettant en scène un bref mais déterminant moment de la vie de Bellovèse qui se fait plus attachant et plus profond que dans le précédent opus. On attend maintenant avec beaucoup d'impatience de découvrir le sort que connaîtra le héros et surtout le camp pour lequel il choisira de combattre dans la terrible guerre qui s'annonce…
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CHERCHEZ LES FEMMES...

«Un héros tue ou est tué. Mais se rend-il ? Comment peut-il accepter le joug ? Comment concilier le roi d'aujourd'hui avec le captif d'hier ? J'ai tout fait pour étouffer ce souvenir. Dans leurs éloges, mes bardes font l'ellipse de cette période. Non qu'ils mentent par omission : ils ignorent ce qui m'est réellement arrivé.»

Cependant que nous, lecteurs, allons en savoir bien plus, de la bouche même de son principal protagoniste, au fil de cette magistrale confession nocturne que représente cette saga celte : Rois du monde !

Or ça, reprenons au point de départ...
L'avenir s'annonce des plus sombres pour notre héros, le turon Bellovèse, fils de Sacrovèse et frère aîné de l'indomptable Ségilos, et ce, dès les premiers pas dans la riche forêt de mots et d'histoires de cette Chasse royale - Rois du monde, deuxième branche II. Après avoir affronté à lui seul l'armée des Eduens dans un geste d'une force impressionnante, extra-ordinaire et désespérée - afin de permettre le fuite du Haut Roi, blessé -, c'est grâce à son propre frère et à quelques uns de ses nouveaux ennemis (lisez, vous comprendrez...) qu'il a la vie sauve. N'a-t-il pas contribué à la mort de leur hôte, le roi Orbiotalos dont l'épouse trouverait, en la personne de notre conteur, une victime expiatoire parfaite ? N'est-il pas, pour une large part, à la source de l'échec du complot mené contre le Haut Roi ? Les jours de Bellovèse semblent donc comptés, mais ce serait oublier la puissance de persuasion et l'influence majeure du Gutuater, cet étrange druide répondant au nom de Morigenos, assassin du précédent Grand Druide dont il a pris la place et qui fut déjà à l'origine de la précédente guerre dite des sangliers, et dont la silhouette ne semble pas totalement inconnue à notre guerrier. Lequel a semble-t-il décidé de permettre au jeune turon de survivre encore quelques temps.

Ainsi, le grand Bellovèse, celui qui est revenu vivant de l'île des Gallicènes, qui a affronté tant et tant de braves, qui a tué de ses propres mains neuf assaillants, se retrouve-t-il réduit à presque rien, quelque chose comme l'ombre d'un homme : un simple prisonnier en attente de son jugement. Et celui-ci tarde, et tarde encore. En premier lieu, parce qu'il n'aura pas lieu dans l'enceinte d'Autricon, ancienne capitale des Carnutes (actuelle Chartres), pas plus qu'à Bibracte dans les monts du Morvan, principal oppidum et capitale des Eduens, lieu de résidence du plus grand opposant au Haut-Roi Ambigat, le roi Articnos (son ex-beau frère : la Celtie est une immense famille qui aime à se déchirer violemment et les Atrides de la mythologie grecque n'ont qu'à bien se tenir !). Au fur et à mesure de son avancée, Bellovèse se perd en conjecture sur sa destination finale, autant qu'il se perd (se retrouve ? dans ses souvenirs. Et l'on découvre ainsi comment il rencontra, les uns après les autres et dans des circonstances passablement diverses, les trois hommes qui devinrent ses ambactes (terme à la définition contemporaine exacte mal établie mais que l'on pourrait traduire par écuyer, assistant militaire, esclave, servile ou client, on n'est sûr de rien dans l'état actuel des connaissances). Labrios, son porte pavois, d'abord. Un "étudiant" barde manqué, condamné à ne plus jamais chanter sous peine de briser son tabou, relégué à la mendicité, n'aimant pas se battre et même lâche à ses heures, ne se sentant véritablement à son aise que dans la compagnie des femmes et des enfants, mais au final assez bon compagnon. Drucco, ensuite, son porteur de lance. Un homme terrible, aux tendances facilement sanguinaires - par vice -, excellent guerrier, probablement fidèle à Bellovèse pour autant que son maître peut lui apporter des batailles et du sang, mais un être dont il nous est avoué qu'il est «pernicieux» en ce sens que cette haine violente de la vie (des autres) qu'il porte en lui, il parvient à la transmettre à qui l'entoure... Brogilos, enfin, son vacher. Brogilos aux mille qualificatifs possibles : énorme, grotesque, monstrueux, laid d'une laideur à faire tourner le lait dans le pie des vaches, d'une force colossale mais d'une gentillesse molle, aussi habile avec les animaux qu'il ne comprend et ne sais se faire comprendre des humains, attirant même leur désaprobation, leurs quolibets, leur haine parfois ; Brogilos venu de lui même - et de très loin - pour se mettre au service de Bellovèse parce qu'un rêve lui en a intimé l'impérieux devoir ! Brogilos qui sait passer «de l'autre côté» lorsqu'il dort. Brogilos que notre héros traîne, d'une certaine manière, comme un boulet tant il est contrefait, mais dont il ne sait pourtant se séparer, même lorsque sa vie en dépend (grand bien lui fasse, sans quoi nous n'aurions pas l'espoir d'une "troisième branche" très excitante). Brogilos auquel on s'attache malgré sa disgrâce, malgré ses verrues, ses lupus, son corps boursouflé, sa sidération permanente, son aboulie... Mais qui se fera une puissante et maléfique ennemie dans le cours de ce volume.

Jean-Philippe Jaworski sait soigner ses flash-backs. Dans une certaine mesure, on peut même ajouter qu'il les accumule dans ce volume au calme tout relatif, très peu belliciste et guerrier (surtout si l'on songe à l'épisode précédent), très tourné du côté des femmes, de la féminité. On apprendra ainsi dans quelles circonstances il se maria, comment il découvrit la paternité (ce qui nous vaut d'ailleurs quelques pages d'un grand bouillonnement poétique et dans lesquelles n'importe quel père aimant sera forcé de se reconnaître un peu), on découvrira - enfin - le nom de celle qui lui mérita de n'être presque pas salué et même carrément bousculé par son propre beau-père, dans la "première branche". On retrouvera aussi cette mère, ancienne reine et femme malheureuse pétrie de détestation pour son Haut Roi de frère ; personnalité au caractère fort et intransigeant qui a refusé tout contact avec ses fils depuis neuf années qu'ils ont trahi la mémoire de leur père en rejoignant le camp d'oncle Ambigat, son meurtrier. On rencontrera l'étrange et étonnante demi-soeur, Sacrila, que l'ancienne reine des Turons a eu du fruit tardif de ses amours avec le si regretté Sumarios, devenu en quelque sorte père par procuration et Mentor. Enfin, on croisera la doucereuse et terrible ancienne Haute-Reine, l'enchanteresse Prittuse, qui n'a de cesse de vouloir se venger d'avoir été conspuée par son ex-époux Ambigat, et qui semble mener la danse, sachant retenir les uns et les autres dans des rets aussi fins et invisibles qu'ils s'avèrent acérés. Prittuse, la magicienne, qui souhaite retenir à elle, sans contrainte apparente, son prisonnier pourtant poursuivi d'une triple infamie et dont le jugement sera aussi perfide que terrible. Prittuse la fileuse, femme déjà bien avancée dans l'âge, à l'apparence fragile et humble, qui tisse une toile dantesque afin d'assouvir sa soif incommensurable de vengeance et de pouvoir.

Infiniment moins belliciste et guerrier que le précédent opus, ce second volet de Chasse Royale fait la part belle aux souvenirs, à l'introspection, à la réflexion, à la magie, à l'onirisme et aux femmes. Il n'est pas, jusque dans le lieu où fini donc par se retrouver, toujours pieds et poings liés, notre fier prince celte, de références à la féminité doublée d'un mysticisme aussi trouble qu'envoûtant, que l'auteur évite. Ainsi nous retrouvons nous, contre toute attente, dans l'étrange cité d'Aballo, dont le nom actuel n'est pas sans rappeler celui d'une certaine île de légende : Avallon... de l'île aux femmes (où Bellovèse a semble-t-il rencontré les étranges Gallicènes) à cette ville de femmes, il n'y avait qu'une boucle, que le romancier a allègrement et pour notre plus grand plaisir, nouée. Ainsi, sans prétendre que cette source soit principale, il est tout à fait possible que Jean-Philippe Jaworski, dont les connaissances et la culture semblent particulièrement larges, solides et éclectiques, ait inséré un peu de ce qui deviendra, plusieurs centaines d'années plus tard, le fond culturel et imaginaire du fameux Cycle Arthurien, dont on sait qu'il a lui-même largement puisé dans des contes remontant à des origines celtes aujourd'hui avérées. Ainsi, notre enchanteresse Prittuse n'est-elle pas sans rappeler une certaine Morgane - femme terrible et de sang royal, aux pouvoirs étendus, certes souvent montrée comme mauvaise par la tradition, surtout depuis la chrétienté, mais dont les origines plus anciennes n'en font pas un être à la mauvaiseté aussi manichéennes qu'il peut sembler aujourd'hui. - Morgane, à l'instar de Prittuse est certes une femme puissante et de pouvoir, mais c'est d'abord une femme libre, intelligente, cultivée. de même, ce personnage équivoque de druide un peu décalé, passant de moment d'une grande sagesse à la plus élémentaire des gamineries en un rien de temps, métamorphe (on le dit capable de se transformer en sanglier), marié, semble-t-il, à une déesse qu'il a perdu, et ayant totalement perdu la raison plusieurs années durant à cause de cette même femme, ne se souvenant même pas de son véritable nom, ce Suobnos/Morigenos n'est pas sans rappeler, par bien des aspects, le célèbre enchanteur Merlin auquel, selon les versions, il arrive des aventures sensiblement identiques. Notre Bellovèse ne serait-il pas d'ailleurs, par certains aspects, une sorte d'avatar antique au grand Roi Arthur Pendragon ? Bien entendu, il ne s'agit surtout pas de lire ce cycle -et plus encore ce volume - à l'aune seulement de la légende arthurienne : ce serait tout à la fois trop facile et terriblement injuste. Mais il semble évident que Jean-Philippe Jaworski a su plonger avec ravissement et altitude - et nous emmener de même - dans toutes ces "branches" pour reprendre le mot, éclatées mais fondamentales, de notre littérature, de notre histoire et surtout de cette proto-histoire encore tellement mal connue, de notre fond commun de contes et de légendes , des coutumes ancestrales mais encore vivaces bien des siècles plus tard (les pages consacrées à l'art du filage, entremêlée d'un zeste excessivement fin, subtil, de magie, sont absolument sidérantes) sans doute plus souvent phantasmé que ce qu'il fut dans sa réalité crue. Il serait aussi injuste de ne pas mentionner ce texte en tout point incroyable qu'est La Razzia des vaches de Cooley, l'un des textes fondateurs de l'imaginaire irlandais et une des sources parmi les plus riches de renseignement sur l'ancien monde celte. Car, à l'instar de cette légende irlandaise, nos personnages de papier sont eux aussi de sacrés pilleurs des troupeaux des autres (presque un sport !), ils n'oublient jamais de trancher la tête de leurs victimes pour s'en approprier la force, les druides y sont plus présents que jamais et les dieux, s'ils existent, n'interviennent pas directement !

Tout l'art de Jean-Philippe Jaworski, dont on ne dira jamais assez combien cet homme est doué, est là : de nous faire croire à ce guerrier celte dont les os se sont mêlés à la terre depuis des lustres - pour autant que le Bellovèse mentionné par Tite-Live ait jamais eu d'existence autre que mythique -, de nous donner pour vraisemblables ces femmes incroyables, ces guerriers intrépides aux moeurs implacables, ces rencontres fortuites avec les pratiques occultes, les sortilèges, tout un monde d'illusions, de divinités tutélaires, d'animaux mystiques, de rêves plongeant dans une certaine réalité, sans qu'il soit besoin d'en faire plus qu'il n'en faut : le fantastique parait étonnamment crédible sous la plume du romancier, car il sait nous transporter sans coup férir jusqu'aux frontières délicates et tellement incertaines entre le rêve et l'envoûtement.

Bien que fort éloigné de ces fameux "page turner" si vilainement nommés dans un français plus que douteux (et souvent aussitôt oubliés que lus), c'est fébrilement qu'on suit les pérégrinations de notre héros, tant dans ses souvenirs que sur la longue route qui le sépare de la vérité sur son sort et sur lui-même. Car nul doute que ce passage - cette épreuve, presque de l'ordre du rite initiatique - imposé par cette Morgane (on peut aussi parfaitement penser à la Circé de l'Iliade, Bellovèse ayant par ailleurs de nombreux traits de l'incroyable Ulysse. Lorsqu'on affirme que les références de l'auteur sont innombrables...) antique qu'est Prittuse aura permis à notre roitelet en devenir d'avancer sur le dur chemin de sa destinée, laquelle s'annonce bien entendu ardente et magistrale. Ce troisième opus n'aura pas été de tout repos, à nous autres, pauvres lecteurs déjà en manque d'une suite, même si l'épreuve fut délicieuse - on retrouve ici la faconde et ce sens inouï du rythme et de la digression qui étaient déjà si présents dans le premier volume de ces Rois du Monde -, il nous faudra désormais attendre afin d'en apprendre un peu plus sur la trépidante destinée de Bellovèse, fils de Sacrovèse, prince Turon.
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Dès lors, tu dois te demander pourquoi je te parle à toi de ma captivité. Peut-être parce que tu es un étranger : cela me rend les choses moins difficiles. Sans doute parce qu'avec les ans, j'ai fini par acquérir un vernis de sagesse. On n'est pas seulement un héros les armes à la main. Pour forger une bonne lame, il faut la fondre et puis il faut la tremper. Cela la rend deux fois plus solide, parce que cela ajoute la souplesse à la dureté. Après le feu, il me faut donc raconter l'eau.

En effet, après le feu des batailles et la fin épique de Meute à Mort, voici Bellovèse prisonnier des traîtres au roi. Cette deuxième partie se révèle très instrospective. Enchaîné et affamé, Bellovèse va se souvenir de tous les événements qui l'ont conduit à prononcer son serment d'allégeance au roi et de tous les visages connus qui l'accompagnent depuis de nombreuses années. le lecteur va ainsi apprendre comment Bellovèse a rencontré ses frères d'armes, la forte relation quasi filiale qu'il entretenait avec son beau-père et enfin la mystérieuse identité de cette maîtresse à laquelle il pensait souvent dans le tome précédent.
Le talent de l'auteur, outre ses qualités de conteur, est de réussir à nous faire aimer un personnage qui, au fond, se révèle un parfait salopard, oscillant sans cesse entre ombre et lumière. Tour à tour courageux et lâche, doux et violent, compatissant et intransigeant, Bellovèse est assurément un héros atypique dont l'auteur brosse un portrait très humain.
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous offre une suite à Même pas Mort peut-être moins mystique mais qui se révèle beaucoup plus épique, intense et entrainante où les complots, les trahisons et les jeux de pouvoirs prennent la part avec les batailles. C'est percutant et fluide le tout, il est vrai, bien porté par le talent de conteur de Jean-Philippe Jaworski qui nous happe dès la première page pour ne plus nous lâcher. L'univers développé par l'auteur continue à prendre de l'ampleur, continuant à nous faire découvrir les Celtes et loin de certains clichés que ce soit à travers leurs us et leurs coutumes comme leurs façons de voir la vie et le pouvoir. Neuf ans ont passé, Béllovèse a bien changé, il est devenu plus mature et, pour moi, plus charismatique. Les personnages qui gravitent autour de lui possèdent tous leurs voies propres et sont captivants à découvrir. Alors après, quelques légères imperfections se font ressentir comme quelques petites longueurs ou encore le fait que ce second tome soit coupé en deux offre une conclusion un peu frustrantes, mais franchement rien de gênent. La plume de l'auteur se révèle toujours aussi dense, soignée, offrant un travail et un vocabulaire recherché et riche. J'attends maintenant la suite avec impatience.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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En prenant en main ce troisième opus de la série des Rois du monde, j'étais curieux puis lassé, tendu et enfin enthousiaste…

A la fin du deuxième livre, la bataille d'Autricon avait eu lieu, le haut roi Ambigat s'était enfui, Sumarios était mort et Bellovese s'était retourné contre l'armée emmenée par son frère et par son cousin Ambimagetos.
Au début de ce tome, Bellovese est fait prisonnier. de retour à Autricon, il attend son jugement. Il est alors emmené à Aballo pour être jugé par les trois reines…

J'ai été un peu perdu à lecture. Encore sous le coup de l'action et du rythme du tome précédent, je ne m'attendais pas à ce retournement de situation.
La suite se déroule à un rythme très lent et lassant (j'ai failli arrêter la lecture)
Dans un premier temps, nous suivons le transfert du prisonnier depuis Autricon jusqu'à Aballo. (Si on prend la source Wikipedia : Autricon = Chartres / Aballo = Avallon - pas la porte à côté …)
Le récit est entrecoupé de flash-back qui semblent alourdir le récit.
Puis l'intérêt revient à partir du moment où Bellovese retrouve sa mère.
A partir de là, je n'ai plus lâché le livre, content de m'être obligé de terminer ce que j'avais commencé.
La fin est un peu surprenante. Après nous avoir fait vivre une épopée dantesque, la conclusion me fait l'effet d'une échappatoire.

Je vous engage à vous lancer dans l'aventure.
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Revenu à Autricon pour couvrir la fuite du Haut Roi Ambigat, Bellovèse est fit prisonnier. Il ne doit la vie qu'à l'intercession de Segovèse.
Blessé, affaibli, c'est vers Aballo, le domaine de la reine-sorcière Prittuse qu'on le mène.
Ce voyage long, éprouvant pour Bellovèse que ses geôliers ne ménagent pas, va être l'occasion pour Bel de se retirer en lui-même, de se tourner vers ses souvenirs, d'affronter sa culpabilité et de nous conter sa rencontre avec Labrios son pleutre ambacte, avec Drucco le querelleur, avec Mapillos, son doux cocher contrefait mais aussi celle avec sa belle soeur Caturigia et bien sûr son épouse Senniola.
J'ai apprécié revenir sur ce passé dont nous ignorions tout, ayant bondi dans le tome précédent par-dessus les années de jeunesse de Bellovèse à la cour du Gué d'Avara pour nous retrouver directement à la veille des fêtes de l'été.
Parvenu à Aballo, devra affronter le jugement des trois reines. Les enchantements de Prittuse ne parviennent pas tout à fait à endormir sa méfiance mais il peut enfin se réconcilier avec sa mère et faire la connaissance de sa demi-soeur, l'effrontée et très savante Sacrila.
Quand, déclaré sacrilège, les trois reines exigent de lui un sacrifice pour sa purification, Bel ne peut agréer et prend le parti de s'enfuir.
Encore faut-il pouvoir déjouer la magie de Prittuse !!
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TAÏAUT ! TAÏAUT ! TAÏAUT !


Difficile de débuter ces quelques lignes consacrés au second opus du Cycle des Rois du Monde sans entamer, à pleine bouche, le cri de guerre des chasseurs à courre ! Et pour une courre, s'en est une sacrée, dans tous les sens de ce mot.

Le modus operandi utilisé par Jean-Philippe Jarowski est toujours le même : le Celte, fils de l'ancien roi des Turons, Bellovèse, devenu très âgé, conte sa vie au cours d'une seconde très longue nuit de palabre à un ami d'origine ionienne, marchand de son état venu demander l'hospitalité, mais dont nous ne savons que peu de choses par ailleurs. Quelques années - neuf pour être exact -ont passé depuis que notre Héros dû choisir entre la soumission à son oncle, l'assassin de son père, et Haut-Roi d'une bonne partie des mondes Celtes par le biais de ses "clientèles" (une notion romaine d'allégeance mais que les gaulois pratiquaient et qui correspond peu ou prou au lien de vassalité connu durant la période médiévale), ou de ronger son frein et rentrer dans le rang. Bellovèse choisi la seconde option, plus par réalisme pragmatique que par lâcheté : il a déjà bien assez prouvé que le courage, il connaissait. Il a pris femme - et même maîtresse, ce qui lui vaudra quelques soucis futurs avec beau-papa -, il a deux filles aimées, il est devenu au fil du temps l'un des héros reconnus et respectés de la cour de tonton Ambigat, et tout pourrait suivre son cours inéluctablement tranquille, n'était que nous sommes chez les Celtes, pas chez les bisounours...

Tout se passerait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si tout ne se cassait pas, insidieusement, inexorablement la figure : le souverain se vieillit, sa descendance est plus que compromise - les deux fils qu'il a eut de sa seconde femmes sont morts de maladie. Il n'a plus désormais que son premier fils, fruit de son mariage avec une première épouse répudiée, terriblement rancunière et... Un rien sorcière - une succession de mauvaises récoltes, les bêtes qui meurent d'être mal nourries, des pillards de plus en plus astucieux et entreprenants, des clients et autres roitelets qui commencent à voir leur lien de subordination à Ambigat d'un oeil de plus en plus sombre... Bref, en un mot comme en cent, tout fout le camp en Celtique !

Mais Ambigat n'est pas un sot. C'est même à peu près le contraire. Il sait pourquoi, par qui, comment l'orage pourrait éclater. Il sait, en bon chef certes terriblement autocrate mais définitivement roué qu'il lui faut accomplir quelque coup d'éclat afin de réaffirmer, définitivement, sa prépondérance. Et c'est ce qu'il se prépare à faire, en grande pompe, tandis que lui, ses héros, ses principaux soldures et son grand druide se rendent à Autricon, haut lieu du druidisme où se trouve un Nemeton aussi ancien qu'il est étrange, même pour nos vaillants celtes, le but étant d'y accomplir des sacrifices d'un genre particulier et pas si fréquent : des sacrifices humains, des guerriers pris en otage en plein combat. Et comme c'est à l'occasion de la fête de Beltaine célébrant le retour de l'été, ces sacrifices se feront par le feu !
La plupart des clients du Haut Roi - et leurs propres héros - seront aussi présent. Des amis avec lesquels on a déjà combattu, parfois aussi, d'anciens ennemis, un beau-père mal embouché, des brutes et des rusés, des courageux et des plus lâches, des nobles de haute lignée comme de simples guerriers. C'est le "Tout-Celte" qui se presse dans l'enceinte de l'oppidum. Ce dernier eut d'ailleurs une histoire récente - remontant à deux décennies. Une certaine "Guerre des Sangliers" - très forte pour tous ceux qui la vécurent, et qui fera l'objet d'un long mais passionnant monologue de la part d'un de ces petits rois - Articnos, roi des Éduens - passablement remonté contre la mauvaise fortune présente de la Celtique et de l'impéritie de son chef, monologue qu'il tient à Bellovèse, tandis qu'il était un ennemi, encore bien jeune, de son père.

Pendant ce temps-là se tient un festin durant lequel on sent la tension invariablement monter - mais l'auteur sait manier le suspense sans jamais se faire rattraper par des exemples désormais célèbres de repas royal se transformant en massacre. Comme dans Les Noces Pourpres de la fin du troisième volet du Trône de fer. C'eût été aussi indélicat que trop évident -. Il n'empêche que l'on comprend très vite, à voir les malheureux druides infoutus d'allumer le premier feu de la saison solaire, à voir un bûcher lointain éclairer les futurs éclats de l'aube nouvelle, que quelque chose de grave est sur le point de subvenir. Quelque chose d'irrémédiable et de mortel, d'inconcevable et de définitif.

La suite est de fer, de feu et de sang. Épique semble presque faible pour définir ce que Jarowski nous conte par la bouche de son héro gaulois. C'est grandiose, c'est incommensurable. Cela dépasse totalement nos manières de penser la vie, l'homme, le monde. Et l'on se laisse emporter totalement par ce long morceau de bravoure qui s'achève bien plus brutalement qu'il n'a débuté, découpage en plusieurs volumes - là où un seul, semble-t-il était originellement prévu - oblige. Moins de moment se situant entre rêve et magie, moins de place à la contemplation, au mystère aussi, car nous sommes sens cesse plongé au feu d'actions aux portées multiples. Et de ce fait, ce volume plaira certainement d'avantage que le précédent, plus réflexif, plus dense mais aussi plus lent, à un public habitué à une fantasy se développant plus classiquement, quoi qu'avec une immense maestria. Cependant, le moins que l'on puisse dire de cette "Chasse Royale", c'est qu'on en redemande, encore, encore et encore !

Plus que quelques longues semaines (mois ?) d'attente pour se faire à nouveau une plongée totale chez nos vibrants ancêtres !
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Bellovèse est dans de sales draps ! Après sa résistance héroïque à Autricon face aux guerriers ayant choisi de se rebeller contre le haut-roi, le voici tombé, seul, aux mains de ses ennemis. Et ils sont nombreux ! Qui, alors, aura le privilège de prononcer la sentence ? Articnos, le roi des Eduens dont il a sérieusement contrecarré les plans ? Ou le mystérieux gutuater, désormais promu au rang de grand druide ? Mais ne coure-t-il pas aussi tout simplement le risque de périr de la main même de l'un des héros dont il a tué de si nombreux frères une nuit plus tôt ? La situation du jeune guerrier n'est guère reluisante et ne manque pas de lui laisser un goût amer : après avoir réussi à s'extirper de sa condition d'otage et avoir gagné le respect de ses pairs par sa vaillance, le voici redevenu simple prisonnier, dépouillé de toute l'estime et de toutes les possessions qu'il avait pu acquérir jusqu'ici. Il en faut, de la force de caractère, pour garder la tête haute lors d'une épreuve pareille, car c'est bien « dans la défaite bien plus que dans la victoire qu'il convient de déployer de la grandeur pour demeurer fidèle à soi-même. » le récit de Bellovèse reprend donc exactement à l'endroit où on l'avait laissé il y a deux ans, presque comme si aucune interruption n'avait eu lieu ce qui peut, dans un premier temps, déstabiliser le lecteur. Initialement prévue comme une trilogie, « Rois du monde » a en effet du faire l'objet de plusieurs découpages de la part de l'auteur et de l'éditeur, le second tome (« Chasse royale ») se retrouvant scindé en trois tomes distincts dont la dernière partie devrait paraître l'année prochaine.

Une fois les wagons raccrochés, il faut admettre que l'on se remet assez rapidement dans le bain. Comme dans les précédents tomes, le roman est constitué de plusieurs récits enchevêtrés relatés par le vieux Bellovèse qui revient sur les moments clés de son parcours. Seulement il arrive fréquemment que la version plus jeune de lui-même doive à son tour revenir sur tel ou tel événement antérieur, ce qui permet à l'auteur de construire son récit de manière non chronologique et de naviguer entre plusieurs époques de la vie de son héros. Il n'en résulte toutefois aucune confusion pour le lecteur, tout juste une pointe de frustration dans le premier tiers du récit où les réminiscences du personnage paraissent peut-être un peu trop artificielles et où on se préoccupe davantage de connaître le sort qui sera réservé à Bellovèse après sa capture que les détails de son passé. On se laisse malgré tout vite captiver par le récit de sa rencontre avec ses plus proches compagnons ou celui de sa vie auprès de sa femme et ses filles, autant d'éléments qui permettent d'enfin combler une partie des trous de l'histoire du guerrier. Outre l'attrait pour l'intrigue, le plaisir que l'on prend à la lecture de cette deuxième partie tient également à deux choses : la plume de l'auteur et le caractère incroyablement immersif de son récit. Ceux qui ont déjà eu l'occasion de lire du Jean-Philippe Jaworski savent fort bien que l'auteur possède un style élégant, jamais lourd ou pompeux mais au contraire fluide, soigné et presque musical (pour avoir entendu l'auteur déclamer un passage du roman lors des dernières Imaginales, je peux vous dire que le texte envoie aussi bien à l'oral qu'à l'écrit !).

La qualité de l'écriture à elle seule ne suffit cependant pas à transporter le lecteur dans l'époque et l'univers dépeint. Non, pour cela, il faut aussi de la matière, des termes, des notions, des coutumes qui paraîtront dans un premier temps totalement étrangers au lecteur mais qui lui permettront, le temps de sa lecture, de se glisser lentement dans cette autre réalité. L'érudition dont fait preuve l'auteur pour faire revivre de manière la plus exacte possible l'époque dont il est question ici est indéniable et nous permet de mieux appréhender certains concepts clés comme le rapport des Celtes au sacré ou les hiérarchies qui prévalaient entre eux. Cette seconde partie nous en apprend également beaucoup sur la pratique du filage (sujet à propos duquel l'auteur aurait bénéficié des conseils d'une certaine Justine Niogret...), activité exclusivement réservée aux femmes. Et ce sont effectivement les femmes qui sont mises à l'honneur ici. Après avoir évoqué par le menu l'évolution et les détails de sa relation avec son cadet, son oncle ou encore les guerriers constituant ses plus proches compagnons, voici venu pour Bellovèse le temps de revenir sur ses rapports avec la gente féminine. Il y a d'abord Prittuse, la haute-reine répudiée à la réputation de magicienne à multiples facettes et qui tient entre ses mains le sort du jeune homme. Il y a aussi sa mère, qui n'a toujours pas digéré le ralliement de son fils à Ambigat. Et puis il y a Sacrila, sa jeune demi-soeur bien trop sagace pour son âge ; Caturigia, sa belle-soeur aussi froide que sublime ; et enfin sa femme et ses filles à qui il voue une affection sincère malgré le sévère coup porté à son mariage. Autant de personnalités fortes et plus ou moins bienveillantes qui toutes, d'une manière ou d'une autre, ont joué ou seront amenées à jouer un rôle dans le destin de notre héros.

Sans surprise Jean-Philippe Jaworski nous offre avec cette deuxième partie de « Chasse royale » un roman excellent qui séduit aussi bien par la qualité de sa narration que celle de ses personnages ou encore de sa reconstitution de la civilisation celte de l'époque. Reste maintenant à patienter pour découvrir la troisième et dernière partie de ce deuxième tome avant l'arrivée du troisième (et normalement dernier) volume de « Rois du monde » (« La grande jument »).
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce tome qui nous plonge à nouveau dans cet univers Celtes passionnant, mélange réussi de héros charismatiques, de jeux de pouvoir complexes et de magie. J'ai ainsi retrouvé avec plaisir les nouvelles aventures de Bellovèse qui se retrouve prisonnier et va devoir faire face à ses actes. L'ensemble est toujours aussi immersif, fluide et entrainant, avec un univers qui continue à se densifier au fil des pages et qui s'avère toujours aussi solide et entraînant, où les enjeux se dessinent avec de nouveaux personnages importants qui apparaissent. Mais surtout le gros point fort de ce roman c'est le travail sur les personnages qui se révèle dense et complexe, bien aidé par un rythme plus posé que le tome précédent. Bellovèse gagne ainsi encore un peu plus en intérêt, en profondeur et en densité, offrant un héros avec ses forces et ses faiblesses et qui se révèle attachant. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste tant l'auteur arrive à les rendre soignés et fascinants. Je regretterai par contre quelques longueurs ici ou là, même si rien de complètement dérangeant, mais aussi un découpage frustrant. En effet on sent bien qu'il s'agit d'une seconde partie d'un roman découpé en trois, ce qui est quand même un peu dommage, même si cela n'enlève en rien les qualités du récit et du talent de Jean-Philippe Jaworski de l'auteur à travers une plume soignée et poétique. Dans tous les cas j'attends la suite avec impatience.


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