AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 110 notes
5
12 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
3 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est un livre de bonne facture, ambitieux et imposant, qui revisite le thème du roman d'apprentissage dans le contexte de la France contemporaine. L'auteur a lu les grands écrivains du XIXème siècle, ne s'en cache pas, et inscrit son roman, avec un courage certain, dans cette prestigieuse filiation.

Son héros, Cyrille Bertrand, est un jeune poète putatif: c'est-à-dire que ce qui fait de lui un poète, ce n'est ni une oeuvre (inexistante), ni un statut social (incertain), ni même le temps (dérisoire) qu'il consacre à l'écriture, mais un rapport au monde, une forme d'incompréhension douloureuse et d'insatisfaction congénitale vis-à-vis des modèles de réussite que la société propose. Alors que ses glorieux prédécesseurs (Fabrice del Dongo, Eugène de Rastignac...) brillent par leur détermination, Cyrille se distingue au contraire par son absence de volonté et d'ambition, par son sentiment d'inadéquation, par son désir de ne plus être au monde.

Le roman navigue entre l'intime et le social, entre le sentimental et le politique, entre la poésie et l'essai. Cette dualité de forme et de contenu n'est pas si fréquente dans le roman moderne, et les efforts de l'auteur pour épouser plusieurs registres doivent être salués. Il me semble, cependant, que le versant intime de l'histoire, qui repose sur la description des états d'âme de Cyrille et de son inaltérable solitude, est bien plus réussi que celui qui concentre les observations de l'auteur sur notre société.

Dans la deuxième partie, le roman se transforme peu à peu en un pamphlet lourd et dépourvu d'esprit, qui prend pour cibles principales les champions de l'indignation morale, les intellectuels vains et moralisateurs, et les CSP+ arrogants et incultes. le pinceau que tient l'auteur pour brosser ses portraits semble avoir été emprunté à Valeurs actuelles ; il aurait fallu un instrument plus fin pour éviter que ces descriptions ne basculent dans une satire si hargneuse et grossière. C'est même un certain agacement qui nous gagne lorsque l'auteur dessine en creux sa vision de l'écrivain, être supérieur qui seul échappe à la décadence au milieu d'une foule d'igorants biberonnés à Netflix et obsédés par les sources faciles de divertissement.

Il faut espérer que le succès mérité de ce livre redonne un peu de foi à Patrice Jean quant aux aspirations intellectuelles et morales de ses contemporains. Il faut également espérer qu'il poursuive son impressionnante progression et nous gratifie au plus vite d'un nouvel ouvrage.
Commenter  J’apprécie          33
Gros livre assez déroutant, construit à la troisième personne de façon très narrative (avec il faut le lire quelques longueurs…), et dont la lecture est volontairement lente et l'écriture est soignée (voire précieuse). le propos est une critique assassine de notre société : la course à la notoriété sur internet, le renoncement à la fois aveugle et enthousiaste à toute velléité culturelle au profit de l'argent, du bling-bling, du politiquement correct, du « wokisme» et autres chimères promises par les réseaux sociaux. On suit un jeune héros durant une dizaine d'années, disons de la vingtaine à la trentaine, tout en nuances et ambiguïté. Il ambitionne d'être poète, mais en attendant traîne entre les rayons d'un Carrefour Market et le service contentieux d'un magasin de meubles. Il se laisse entraîner dans des groupes extrémistes pour des raisons qui n'ont pas grand-chose à voir avec l'engagement, mais louche sur le train de vie et l'entregent d'un camarade issu de la grande bourgeoisie… Il revendique le droit à la paresse et à l'exigence intellectuelle mais quitte un poste dans un musée pour une boite de production qui lui passe commande de scenarios pour une série télé à succès… En fait ce Cyrille est un peu comme nous, un peu tiraillé, un peu victime de ses contradictions… C'est sans doute pour cela qu'il ne nous est pas plus sympathique !
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (292) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}