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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tiohtià:ke un titre étrange? Il s'agit simplement du nom de Montréal en langue mohawk, un lieu habité depuis bien longtemps par les membres des Premières Nations, mais dans lequel ils sont présents, mais semblent devenus invisibles.

Condamné pour meurtre à 18 ans, l'Innu Élie sort de prison dix ans plus tard. Il ne peut cependant pas retourner dans sa communauté de la Côte-Nord, car la conséquence d'un meurtre y est le bannissement. Il se réfugiera dans la grande ville anonyme de Montréal où il peinera à trouver sa place. Mais il fera des rencontres précieuses, comme des jumelles du Grand Nord, des habitants d'un campement de fortune et des bénévoles généreux qui deviendront des amis qui l'aideront à accepter le passé et à affronter l'avenir.

Un roman qui n'est pas une grande oeuvre littéraire, mais qui n'en est pas moins un livre essentiel, car il met ses lecteurs et lectrices en contact avec des membres de différentes communautés des Premières Nations devenus à Montréal des « itinérants », des « sans domicile ». Il lève aussi le voile sur les difficultés liées à la consommation d'alcool et de drogue, sur les problèmes sociaux et les conflits familiaux dans les communautés isolées et sur le peu d'intérêt accordé aux victimes lorsqu'elles sont pauvres et vivent dans la rue.

Un texte qui refuse cependant de s'apitoyer et de chercher des coupables. Il faut plutôt trouver des pistes pour survivre et définir son identité sans idéaliser « la vie d'avant ».
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Remonter le courant.

Livre après livre, Michel Jean n'en finit pas de réveiller (ou de révéler) au monde la mémoire de ses ancêtres Innus, premières nations du Québec bien avant que les Cartier, Champlain et autres Maisonneuve s'en approprient la découverte.

Avec Tiohtiá:ke, le sujet reste le même, mais l'angle varie. Dans les pas d'Elie Mestenapeo, jeune Innu sorti de prison pour échouer dans la communauté SDF de Montréal, c'est aux déracinés de Montréal qu'il s'intéresse.

« Et Montréal ? Tout ça n'existait pas pour eux. Il n'y avait que les lacs et les rivières, Nitassinan pour les Innus, Nitaskinan pour les Atikamekw, Eeyou Istchee pour les Cris. le monde était plus simple. »

Si leurs tribus d'origine diffèrent, leur invisibilisation contemporaine est identique : survivant comme ils le peuvent dans une ville qui ne veut pas les voir après les avoir autrefois forcés à se sédentariser, l'alcool, la drogue et la violence font leur quotidien.

« Avant, survivre, c'était un travail qui occupait les gens à temps plein. À partir de là, ils n'avaient plus grand chose à faire et ils ont commencé à boire pour passer le temps. »

Loin du roman ou de l'enquête pseudo-policière invraisemblable dans laquelle il s'égare un temps, Tiohtiá:ke est une succession de portraits, de témoignages et d'hommages de Michel Jean aux siens, qui ravivent la mémoire de l'injustice passée dont les stigmates sont toujours visibles aujourd'hui.

Comme dans un conte, l'auteur ouvre les voies d'une rédemption à qui tente de remonter le courant de ses origines. Elie, dont les bribes d'enfance remontent régulièrement, y trouvera le salut par un voyage initiatique dans le Grand Nord, territoire de ses ancêtres.

« Les Innus sont un peuple de rivière, les Inuit un peuple de mer, mais vous avez en commun cet endroit mythique (…) Tu as beaucoup à apprendre là-bas. »

Et nous, encore beaucoup à apprendre de Michel Jean.
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Ces derniers temps j'ai entendu et vu pas mal de bon avis sur l'auteur, j'ai donc décidé d'emprunter un de ses romans afin de me faire mon propre avis sur celui-ci.

Et dès les premières pages j'ai beaucoup apprécié la fluidité de la plume de celui-ci, nous sommes de suite embarqué dans le récit, cela est du également je pense au faible nombre de page du roman.

Nous suivons le personnage d'Elie qui se trouve à la rue dans la ville de Montréal, nous allons le suivre ainsi que les personnages que celui-ci côtoie, les jumelles, Mafia Doc, l'entraide qui existe entre ces personnages, mais aussi l'alcool et les autres type de trafic en tout genre.

J'ai aimé en découvrir plus sur les autochtones innus et j'ai du coup très envie de lire d'autres récits de l'auteur afin de compléter un peu mes lacunes sur ce sujet.

Une belle découverte, j'ai mis dans mon pense bête d'autres livres de l'auteur. Un récit différent que je garderai un petit moment en mémoire.
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« Comme tant d'autres, Geronimo avait perdu son chemin sans le réaliser. « C'est comme lorsque tu marches dans le bois et que tu fais pas attention, avait-il l'habitude de dire pour raconter comment il s'était retrouvé dans la rue. Tu prends le mauvais virage. Au début, les sentiers se ressemblent. Puis tu finis par comprendre que tu t'es perdu. Tu oses pas retourner, tu te dis que tu vas t'arranger, que ça doit aboutir quelque part, mais ça ne mène nulle part et tu te perds pour de bon. » (p. 113)

Élie Mestenapeo est originaire de Nutashkuan, une communauté autochtone innue située dans la région de la Basse-Côte-Nord. Il vient de passer dix ans au pénitencier de Port-Cartier pour le meurtre de son père, un homme alcoolique et violent. Ce crime lui ayant valu d'être banni de sa communauté, il prend l'autobus pour Montréal, dès sa sortie de prison, rejoignant ainsi la cohorte de ceux et celles qui l'ont précédé, en quête, quelque part, d'une vie meilleure. Rapidement, il va rencontrer des personnes bienveillantes qui vont le prendre sous leur aile, une communauté d'itinérant(e)s gravitant autour du square Cabot. Avec Tiohtiá:ke - nom mohawk désignant Montréal et qui se prononce « Djiodjiagué » -, Michel Jean aborde une réalité sociale encore peu représentée en littérature : l'itinérance autochtone. Si dans l'ensemble j'ai apprécié ma lecture de ce roman qui met en scène des personnages attachants marqués par les traumatismes transgénérationnels des pensionnats autochtones, j'ai eu de la difficulté à adhérer à la proposition de l'auteur, qui prend un peu trop, pour ce que j'en attendais, le parti des bons sentiments. Me restent néanmoins de beaux passages, notamment celui de la feuille, tourmentée par le vent... Je remercie NetGalley et les Éditions du Seuil pour l'envoi de ce roman.
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Dans ce roman Michel Jean nous fait découvrir la vie des autochtones, qui, hors de leur réserve sont souvent laisser pour compte et finissent alcoolique et sans abri. J'ai été ému par l'histoire d'Elie ce jeune indien qui dès la sortie de prison essaye de se reconstruire et d'aider les siens. Les chapitres sont courts et sans fioritures ce qui rend la lecture agréable et sans prise de tête.
Bien que les personnages soient attachants et l'histoire émouvante il m'a manqué un petit quelque chose pour en faire un coup de coeur.
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Tiohtiá:ke [Montréal] par Michel Jean, Éditions du Seuil

Au Canada, après 10 ans de prison pour avoir tué son père, Elie, un jeune innu, se retrouve à vivre à Montréal. Il intègre une sorte de camp de SDF , tous autochtones. Il y fera la connaissance de Mary et Tracy, des jumelles, Jimmy ainsi que Mafia Doc.... Tous et toutes ont été blessé(e)s par la vie...

Premier roman que je lis de Michel Jean mais certainement pas le dernier.

L'auteur, grâce à sa plume percutante, nous raconte avec une véracité étonnante la vie fracassée d'autochtones du Canada.
Les personnages de ce roman sont abîmés par l'alcool, la bagarre, la prostitution.... mais ils restent tous solidaires. L'espoir les fait tenir malgré les épreuves qu'ils traversent. Chaque protagoniste de ce roman est touchant et émouvant. Nous saurons à chaque fois ce qui les a amené dans les rues de Montréal.

L'auteur a réussi à ne pas décrire plus de violence qu'il est nécessaire. le lectorat saura l'imaginer, notamment s'il a déjà lu ou vu des documentaires sur ce que les colons ont fait endurer aux autochtones du Canada.

Un roman plein d'humanité que j'ai beaucoup apprécié malgré la légèreté de l'écriture et la violence non dite.

Un grand merci aux éditions du Seuil et à #NetGalleyFrance pour la découverte de ce roman.
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La médecin inuk et l'étudiant en droit innu vivent en couple à Djiodjiagué (Tiohtiá:ke), Montréal en langue mohawk. Elle n'a jamais connu les territoires ; il a vécu dans la grande plaine du Nord. Ils vont retourner ensemble aux racines des Premières Nations. Lisbeth et Élie vont tenter de concilier réussite sociale et portage de leur héritage autochtone.
De souche innue, Michel Jean, décrit la difficulté de la vie dans la métropole pour celles et ceux qui ont fui les réserves, espérant trouver l'eldorado dans la grande ville. Les migrants intérieurs se regroupent dans un village de tentes et d'abris de fortune au coeur de la cité. Il excelle à fustiger la spoliation ancienne et actuelle des nés natifs, devenus des itinérants à Montréal, réduits à mendier, à la chasse aux canettes consignées et à la soupe populaire, quand ils ne sont pas écrasés dans l'indifférence générale.
Le récit en mots simples progresse en courts chapitres ; l'écriture embellit lorsqu'elle se permet de belles échappées poétiques sur la beauté et la puissance de la nature, que ce soit l'arctique blanc ou les eaux torrentueuses du Saguenay. J'allais oublier la page magnifique sur l'envol d'une feuille entre les tours d'acier et de verre teinté.
Le dernier quart du livre est cousu de fil blanc. Ce n'est pas gênant, l'intention étant de semer une graine d'espoir chez les descendants de communautés ravagées, qui peinent à figurer dans le Canada moderne.
Michel Jean m'a donné envie d'écouter Rudy Caya et Vilain Pingouin, interprètes du spleen aurochtone. Et aussi de revoir des vues de Montréal, visitée au siècle dernier.








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y a des auteurs que l'on reconnaît dès les premières phrases. Et c'est le cas de Michel Jean. Une douceur, une simplicité dans le style, clair et tranquille, comme l'eau d'un lac. Sauf qu'ici, c'est la ville qui est au coeur du sujet. Tiohtia:ke que de ce côté de l'Atlantique nous connaissons sous le nom de Montréal.

Une grande ville qui abrite tant bien que mal ceux qui viennent de loin. Autochtones de toutes les premières nations se retrouvent dans les parcs. Se soutiennent. Tentent d'apprendre d'autres codes, dans une autre communauté. Élie est de ceux-là, un Innu passé par la case prison. Dix ans en cellule et un bannissement. Toute une vie à construire.

Michel Jean fait le choix de s'éloigner des grands espaces pour se focaliser sur les conséquences engendrées par des politiques successives sur les autochtones. L'alcool, la drogue, un total désoeuvrement et une perte de sens et d'identité. J'ai aimé ces personnages en marge et comme toujours, j'ai aimé en savoir plus sur un monde que je connais mal. L'auteur est journaliste, et il a cette grande faculté de transmission sans lourdeur. Je n'ai jamais le sentiment de lire un texte qui se voudrait didactique. Cependant, il m'a sûrement manqué un peu de "sale". J'aurais voulu que la part sombre d'Elie soit plus creusée, tout comme le volet "policier" qui pointe à un moment du texte. Pour autant, le fait que je tienne le rythme de cette lecture commune avec @manonlit_et_vadrouilleaussi et @point.a.laligne est la preuve (la seule qui vaille actuellement) que j'ai aimé cette lecture. Et que je vous recommande toujours autant de lire Michel Jean.
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J'aime beaucoup le style d'écriture de Michel Jean, paisible, fluide, sensible, rempli d'humanité. Il décrit la réalité de la vie des Autochtones du Québec de manière objective sans ressentiment ou animosité. Ses descriptions de la beauté des paysages me permettent presque de les voir et de les toucher.

Cette histoire touchante des autochtones qui viennent chercher refuge dans le grand Montréal et qui font face à la misère, au mépris, à l'itinérance, à la drogue et à l'alcool mais aussi à la solidarité, à l'amitié, à la résilience et à l'espoir.

Un roman touchant, bouleversant qui nous permet de mieux comprendre ces gens qui ont été déracinés de leur milieu de vie. Une autre route qui mène à la compassion.
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Le dernier livre de Michel Jean, à qui l'on doit l'incroyable Kukum, est à nouveau un tres beau roman.
Pour celui ci, l'auteur nous entraîne à la rencontre des indiens délaissés de Montréal, ceux de la rue, rongés par la misère et l'alcool.
Avec son écriture délicate, Michel Jean nous dépeins des personnages touchants, marqués par des histoires de vie difficiles et qui tentent de s'en remettre.
C'est surtout Elie, le personnage principal de l'histoire que nous suivrons à travers sa descente aux enfers et sa volonté ferme de s'en sortir.
Je recommande!
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