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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais très envie de lire ce roman et puis avec l'interview de Michel Jean sur Babelio c'est devenu une évidence. Partir à la rencontre des peuples autochtones, de leurs histoires, de Montréal et plus particulièrement du Square Cabot et de ses sans-abris. Ce sont les ombres de Montréal, ignorées des citadins.
Tiohtiá:ke c'est l'histoire d'Élie qui a purgé une peine de dix ans de prison pour le meurtre de son père et est banni à vie de sa tribu. Il a peur du monstre en lui et cache son secret, au gré de ses rencontres et avec un coup de pouce du destin nous découvrirons une belle personne.
Michel Jean raconte l'histoire de ces peuples du Canada, on leur a pris leur terre, leurs enfants, on a tué leurs chiens (ça je l'ignorais) pourtant ils sont toujours là, se reconstruisent, réapprennent leur mode de vie ancestral, font face à l'alcoolisme, aux piqueries et au racisme.
Dans Tiohtiá:ke, ils n'ont rien mais sont là les uns pour les autres, et c'est peut-être le plus important cette entraide.
C'est aussi un rapport à la nature omniprésent :
« du gris et du bleu. du roc et de l'eau. Entre les deux, là où le continent s'arrête, vivent six cents âmes dans un décor dantesque.
Démesurée, la nature déconcerte ceux qui viennent du sud. L'horizon prend de la distance, impose un silence à la fois beau et terrifiant. »
Et puis c'est l'écriture de Michel Jean empreinte de poésie, qui témoigne d'une dure réalité mais est porteuse d'espoir.
Merci aux éditions Seuil et à sa collection Voix Autochtones pour ce coup de coeur.
#Tiohtiá:ke # NetGalleyFrance
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Tiohtiá:ke (Montréal) de Michel Jean est l'histoire d'Élie Mestenapeo qui, après purgé dix ans de prison pour avoir tué son père et chassé par son clan, deviens par la force des choses un itinérant à Montréal. L'auteur nous parle de ces enfants qui, mal aimé, en manque de devenir, finir par se retrouver en itinérance dans les rues de Montréal. Une belle et triste histoire que l'auteur nous offre sur ces gens qui étaient ici avant nous. Quand on m'enseignait l'histoire du Canada au primaire, on nous parlait des Hurons, des Iroquois et des Récollets venus en Nouvelle France convertir ces peuplades que l'on disait sauvage. Peut-être que ces peuples étaient plus près de Dieu que nous ne le serons jamais. Avec ce roman, j'ai découvert qu'ici au Québec, une multitude de peuples longtemps ignoré par nos élites et que nous commençons cinq siècles plus tard à découvrir. Un bon roman et la fable du vent et de la feuille donne la mesure du talent de l'auteur. D'autres lectures de cet auteur vont suivre, soyez en sûr.
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Montréal, de nos jours. Elie sort de prison. Il vient d'y passer une décennie, c'est un homme brisé qui n'a plus de repère et que personne n'attend : c'est donc dans les rues de la ville qu'il vivra désormais. Dans cette infortune il croise d'autres personnes que la vie a malmenées et continue de briser lentement. Comme lui, beaucoup de ces personnes échouées dans les parcs, les squats et les trottoirs de Montréal sont des Autochtones.

Au fil des pages de ce court roman, Michel Jean lance des upper cut avec des vérités crues sur le sort des descendants de ceux que le gouvernement canadien a envoyé dans les pensionnats.
J'ai été totalement captivée par ce récit que j'ai dévoré en deux jours. Non seulement parce qu'il aborde des thèmes qui me touchent particulièrement, mais aussi parce qu'il m'a donné l'impression de revivre ma lecture de Jeu Blanc - une de mes meilleures lectures en 2020 - avec la subtilité que Michel Jean commence son récit là où Richard Wagamese l'a arrêté, en choisissant de parler des descendants et des conséquences du traumatisme subit par leur aïeux sur eux. Familles dysfonctionnelle et hautement toxiques, addiction, violences conjugales, viols, incestes, tout ce que la société occidentale a de pire et que ces tribus n'avaient pas connu avant la colonisation : voilà l'héritage de la mission civilisatrice de l'homme blanc visible encore deux siècles après.
Et pourtant, ce roman reste plein d'espoir et laisse entrevoir la capacité de ces autochtones à la résilience en transformant leur souffrance personnelle et transgénérationnelle pour renaître à eux-même.

Si ce récit m'a parfois pris à la gorge avec ce narrateur omniscient très pertinent (des vacances appréciables de ce "je" narratif trop égocentrique et à la mode depuis quelques années à mon goût), confrontant et cru mais aussi intéressant car j'ai appris des choses sur l'histoire du Canada également. Certaines scènes du roman me révulsent encore (plus de quinze jours après sa lecture!) L'avenir me dira si elles me hanteront encore comme celles du roman de son défunt compatriote anglophone.
J'ai aussi aimé l'écriture directe et travaillée de Michel Jean qui lui donne une place et une voix à part dans le cercle des écrivains autochtones.

Désormais j'ai hâte de découvrir d'autres romans de cet écrivain, et j'ai déjà beaucoup conseillé celui-ci.
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A Montréal, les descendants des indiens autochtones représentent 1% de la population mais 10% des SDF. Désocialisés par l'alcool et la drogue, loin de leurs réserves, ils errent dans cette ville tentaculaire. Condamné à dix ans de prison pour le meurtre de son père très violent, Elie, un jeune Innu, échoue dans les rues de Montréal. Mais aidé par quelques indigents désireux d'échapper à leur condition précaire, il évite les dangers inhérents à sa situation et, encouragé par la fille d'une SDF, reprend des études de droit.
Au-delà du témoignage sur les conditions de vie des sans-abris à Montréal, le parcours d'Elie est une belle leçon de courage et son combat pour retrouver ses racines est touchant.
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Banni par sa communauté, Élie, un innu, se retrouve à Montréal et vit dans la rue avant de s'en sortir graduellement. En soi le sujet est brûlant d'actualité, le portrait que dresse l'auteur de ce cheminement est intéressant et ce livre se lit très facilement. Les chapitres courts vont à l'essentiel, le style est très dépouillé, tout en respectant une certaine pudeur, une certaine retenue ce qui constitue, bizarrement, à la fois une force et une faiblesse. Force car rien ne braque le lecteur malgré un certain regard manichéen (autochtones plus ou moins toujours victimes des méchants blancs) et en même temps convient parfaitement aux nombreuses évocations de la culture innue, présentée ici, à juste titre, comme une bouée de sauvetage. Par contre cette réserve occulte la rudesse des conditions de vie des itinérants; oui on mentionne prostitution, piqueries et beuveries mais sans s'attarder au quotidien souvent conflictuels des rapports avec le société ni sur la violence omniprésente au sein des sans abris.

Mais ces bémols sont mineurs par rapport aux plaisirs que m'ont procuré cette lecture. J'ai particulièrement aimé l'effet apaisant du retour en nature, l'idée centrale que malgré des obstacles énormes on puisse reprendre en main sa destinée et que même si la complicité qui transcende l'appartenance à une race est complexe à établir, elle donne de bon résultats lorsqu'on y parvient. En somme un livre qui vaut vraiment la peine.
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Tiohtia:ke, (à prononcer « Djiodjiagué ») c'est le nom de Montréal pour les mohawks. C'est là que Élie Mestenapeo descend du train pour commencer une nouvelle vie. Après dix ans de prison pour parricide, il ne peut pas rejoindre sa communauté innu de la Côte-Nord, dont il est banni à vie. Cette double condamnation est dure pour le jeune homme, mais il l'accepte. La ville, et le visage complètement inconnu qu'elle lui offre, en font une proie facile, mais heureusement il rencontre rapidement Geronimo, qui lui vient en aide, puis d'autres exclus, issus comme lui de différentes nations autochtones.

De Michel Jean, j'ai déjà lu Kukum, un beau roman plein de sobriété inspiré de la vie de l'arrière-grand-mère de l'auteur. J'ai retrouvé avec plaisir son empathie pour tous, ici pour les nombreux habitants du square Cabot, anonymes aux yeux de beaucoup, devenus de belles personnalités sous sa plume.
L'entraide existant entre les sans-abris est mise en avant par Michel Jean, plutôt que les agressions et les vols, même s'il n'occulte pas les difficultés, le froid, la faim, le manque de toutes les commodités les plus élémentaires. On pourrait lui reprocher d'embellir un peu les bons côtés, d'accorder à Élie quelques circonstances favorables. Personnellement, je ne me plains pas de ce bon tempérament de l'auteur qui lui fait éviter d'écrire des romans trop sombres sur des sujets déjà difficiles. Il n'occulte pas les drames, il les laisse un peu à la marge, il ne s'appesantit pas.
L'émotion n'est pas absente pour autant, au contraire, la grâce et la concision de l'écriture rendent le roman de plus en plus émouvant au fil des pages. Si vous avez aimé Kukum ou d'autres romans de Michel Jean, le parcours d'Élie et de ses compagnons du square Cabot ne devrait pas vous décevoir.

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Elie Mestenapeo, un jeune Innu de la Côte-Nord, au Québec, a tué son père alcoolique et violent dans une crise de rage. Pour ce meurtre il a fait 10 ans de prison. À sa sortie, il est rejeté par les siens, exclu de sa communauté. Un bannissement à vie, même s'il a payé sa dette envers la société selon le droit des blancs. Il prend la direction de Montréal, Tiojtia :ke dans sa langue. À peine arrivé il se fait voler son sac et toutes ses affaires. Il rejoint alors une nouvelle communauté : celle des Autochtones SDF, invisibles parmi les invisibles

Michel Jean nous plonge au coeur du quotidien de ces laissés-pour-compte. Un quotidien dominé par la solitude et la solidarité, la peur, la précarité, la violence. Une société en marge de la société, avec ses propres règles, ses codes, où la mort rode, omniprésente. Une communauté à la fois soudée et autonome, où les femmes disparaissent, sont assassinées, des hommes meurent de froid dans l'indifférence générale. Ont-ils - ont-elles une chance de s'en sortir ?

Comme d'autres avant lui, Elie va apprendre la survie, faire des rencontres. Il y a Jimmy et sa soupe populaire, les jumelles Nappatuk qui vivent dans la rue depuis 30 ans, Geronimo, le premier à lui tendre la main, Caya le rockeur, Mafia Doc un vieil itinérant plus ou moins médecin qui refuse de quitter sa tente alors que Montréal plonge dans le froid polaire, et tous ceux et celles arrivés à Montréal par les méandres tumultueux de la vie. Et puis il y a Lisbeth, la fille d'une des jumelles, qui fait des études de médecine. Enfin il y a ce monstre qui se terre au creux du ventre d'Elie, toujours prêt à bondir. Avec l'aide de Lisbeth, de Jimmy et des autres, Elie parviendra-t-il à dompter ce monstre, à faire la paix avec son passé ?

Dans ce roman plein d'humanité, Michel Jean nous raconte le quotidien de ces êtres fracassés, fait d'alcool et de rixes, mais aussi de solidarité, de poésie et d'espoir. Un monde d'humanité au coeur d'une ville qui en manque parfois (souvent).

Les chapitres sont courts. le style est vif, rapide, simple, brut comme la vie de ces hommes et ces femmes. L'auteur va droit au but, sans s'embarrasser de fioritures inutiles. On est rapidement en empathie avec Elie. On s'attache à ses compagnons d'infortune.

Le récit ethno social se double d'une dose de polar, rendant le roman plaisant.

Première incursion dans l'oeuvre de Michel Jean, journaliste et auteur innu, appartenant à la communauté de Mashteuiats.Une belle découverte qui me donne envie de lire les autres oeuvres de cet auteur, dont Kukum, son précédent roman qui a reçu de nombreux prix et connait un succès international. Un grand merci à Netgalley et aux Editions du Seuil et sa collection « Voix autochtones ».
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J'ai été profondément touchée par Kukum, premier livre de Michel Jean que j'ai lu cet été. À travers l'histoire de son arrière grand-mère Amalda, il y décrivait le mode de vie traditionnel des Innus puis leur désastreux passage du statut de nomade à la sédentarisation dans les réserves « indiennes ». J'avais donc hâte d'en savoir davantage sur la réalité de ces communautés.
Dans Tiohtia :ke, - c'est ainsi qu'est désignée Montréal » en langue mohawk -nous nous retrouvons deux générations plus tard à la sortie de prison d'Élie Mestenapeo, un jeune Innu de Nutashkuan qui aurait tué son père, un homme alcoolique et violent. Nous savons que la violence physique et sexuelle sévit dans beaucoup réserves et le roman nous amène à mieux comprendre les racines de ces fléaux. La génération d'Élie subit les contrecoups non seulement de la sédentarisation mais aussi celle de l'arrachement de leurs parents - alors qu'ils étaient enfants- à leur communauté pour être placés dans les pensionnats indiens où le mandat pédagogique était de tuer le sauvage en eux et où les abus physiques, sexuels et psychologiques constitueront des « dommages collatéraux » des plus fréquents.

Aujourd'hui, la psychologie et la neuropsychologie (voir les livres de Muriel Salmona à ce sujet) nous apporte de précieuses connaissances pour comprendre la mémoire traumatique ou les états de stress post-traumatiques et leurs répercussions qui vont jusqu'à hypothéquer une vie entière.
Nous assistons, impuissants, aux ravages que ces traumatismes entraînent chez Élie et d'autres jeunes et moins jeunes autochtones avec qui il fraternise au square Cabot : exclusion, itinérance, haine de soi, alcool, toxicomanie, prostitution.
Tous cherchent à survivre dans une jungle où ils n'ont aucun repère et c'est dans la solidarité et l'entraide qu'ils ancreront leur résilience et forceront notre admiration.
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Troisième livre que je lis dans cette collection, troisième très belle lecture, très bien écrite, très émouvante....

L'histoire se passe à Montréal ou Tiohtiá:ke comme l'appellent les autochtones. L'histoire, celle d'Elie, commence à sa sortie de prison. Il a été emprisonné à la fin de l'adolescence, pour le meurtre de son père, un ivrogne. Après sa sortie, il n'a nulle part où aller, alors il se retrouve à la rue. Comme le dit bien la préface, les autochtones sont surreprésentés dans la communauté sans abri de la ville. Elie, très solitaire, va nouer des liens avec Mary et Tracy, deux soeurs jumelles et Jimmy, qui tient une petit stand de café pour les sans abris...

L'histoire de la reconstruction d'Elie, dont je ne vais rien dévoiler, et très très émouvante. J'ai vraiment énormément aimé ce livre.
Merci à Netgalley et Seuil Voix Autochtones pour cette lecture.
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Elie Mestenapeo est un Innus , c'est à dire un Autochtone qui vivait dans l'immense forêt canadienne. Il a commis l'irréparable : le meurtre de son père, un homme ultra violent qui battait sa femme. Elie est définitivement banni de son clan et fait 10 ans de prison. Sa seule solution c'est de venir à Montréal vivre au milieu des Autochtones qui pour des raison variées deviennent SDF dans cette grande ville. Ils peuvent être Chris, Atikamekw, Anishinabe, Innus, Inuit, Mikmaks, Mohawks tous ont en commun un parcours fait de douleurs, d'alcool, de drogue et de violences subies ou exercées. Ce roman décrit avec une délicatesse surprenante le parcours d'Elie au milieu de ceux qui vont l'aider à se reconstruire. Les horreurs traversées par ces adultes qui, enfants, ont été arrachés à leur famille pour être élevés dans des pensionnat religieux où ils ont connu tant de sévices sont sous-entendues mais jamais décrites.
C'est la force de ce roman, c'est un livre tout en douceur mais c'est au lecteur de supposer (et ce n'est pas si difficile ! ) ce qui s'est passé pour que le père d'Elie devienne alcoolique et si violent. Un jour, le grand père d'Elie lui raconte que son fils était un chasseur remarquable avec lequel il avait un grand plaisir à se promener dans la forêt immense. Mais hélas le gouvernement lui a enlevé son fils, pour le mettre pendant de longues années dans un pensionnat tenu par des frères. Il lui est revenu tellement triste et alcoolique. C'est tout ce que nous saurons sur ce père tué un soir de beuverie par un fils qui le hait profondément. Mais il en veut à sa mère aussi, car elle buvait autant que son père et surtout n'a jamais cherché à le revoir. On comprendra à la fin du roman pourquoi.

À travers l'histoire de son père, j'espère vous faire comprendre comment est construit ce récit, on sait peu de choses sur les difficultés qui ont amené ces êtres à choisir la rue plutôt qu'une vie plus agréable mais on le comprend trop bien. Et aujourd'hui ? ce qui est terrible c'est que ce n'est guère mieux. Les jeunes s'ennuient souvent dans les réserves. Car les territoires des Autochtones se réduit sans cesse , et surtout ce qui faisait la valeur de la transmission c'était le fait de savoir chercher la nourriture dans un lieu hostiles. Aujourd'hui tout le monde fait ses courses au supermarché du coin mais, alors, que peuvent transmettre les pères à leurs enfants ?

L'histoire d'Elie se termine bien, trop peut-être ? pour la réalité mais un peu de bonheur m'a fait du bien.


Lien : https://luocine.fr/?p=17696
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