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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Par le prisme de la lignée d'Ailey, jeune Noire originaire de Georgie, Honorée Fanonne Jeffers trace 400 ans d'histoire américaine, marquée par l'esclavage, la ségrégation raciale et la lutte pour les droits civiques.
Ce roman est impressionnant de par sa taille d'une part (900 pages tout de même, sans doute ma brique de l'année !), et de par sa richesse démultipliée d'un autre côté : richesse en personnages, en époques, en situations…

L'auteur nous narre tour à tour l'appropriation des terres des Creeks par les Blancs, la mise en esclavage de Noirs Africains et leurs abominables conditions de vie (j'ai été très crispée à la lecture de certaines parties du récit), puis les mouvements d'émancipation du 20ème siècle. Ailey, née dans son dernier quart, cherche sa place dans une société en mouvement : s'il est attendu d'elle qu'elle suive la tradition familiale en devenant médecin, c'est pour l'histoire de son pays, qu'elle lie à sa propre généalogie, qu'elle se passionne.
Le récit n'est pas linéaire et alterne passé et époque contemporaine, à travers une lignée « multi-métissée » longtemps à la recherche d'une place dans une société organisée en quasi castes.
Je ne m'essaye même pas à résumer un roman si dense. Il est question de quête et d'appartenance, de racisme, de féminisme et de résilience, et du meilleur et du pire de l'Homme. Qu'est ce que le chemin vers l'acceptation de ses racines peut être dur !

J'ai été complètement transportée par certains passages, qui m'ont sidérée, révoltée ou émue, d'autres m'ont paru très longs : ma lecture a été assez inégale, ce qui est sans doute inévitable sur un roman d'une telle ampleur. En le refermant, j'ai eu l'image d'un horizon qui s'éloignait, me permettant de voir beaucoup plus loin, de mieux comprendre l'histoire afro américaine.
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Le roman débute au XVIII° siècle dans le sud-est des États-Unis. A l'époque, ces contrées sont habitées par des Creeks et portent des noms imagés comme Lieu-au-milieu-des-grands-arbres.
C'est l'histoire de ces terres qui nous est contée ici : les Creeks qui se verront privés de leurs terres, l'arrivée des hommes blancs condamnés dans leur pays qui, une fois devenus propriétaires, exploiteront, aviliront et violeront les esclaves africains.
« Aux yeux de ces hommes, même les animaux nous étaient supérieurs, dans la mesure où notre peuple ne pouvait assouvir leur faim ni les réchauffer avec nos peaux ».

Ailey est une jeune femme noire, descendante des lignées enchevêtrées des habitants de ces terres géorgiennes. D'ailleurs qu'est-ce qu'être Noir quand autant de sang blanc issu des viols coule dans ses veines ? C'est sur l'histoire de sa famille qu'Ailey va se pencher dans le cadre de ses études.
Des viols donc, beaucoup, des histoires d'amour malgré tout, à une époque où les couples mixtes étaient illégaux, des relations incestueuses, dont celle de son grand-père « un médecin arborant costume et cravate et qui parlait comme un Blanc plus blanc que blanc », le racisme, la place des femmes noires dans la société, la discrimination positive « ils [les Blancs] adorent accuser les Noirs de leur piquer leur place. Même s'il n'y a qu'une place pour l'un des nôtres et cinquante pour eux, ils continuent de vouloir nous la prendre. »

Au-delà de l'aspect historique sur l'histoire de l'esclavage, c'est le quotidien de ces hommes et de ces femmes que l'autrice nous donne à voir ici. L'éducation, les croyances issues des tribus ancestrales, la violence des hommes, la résilience parfois et surtout un regard profondément féministe de la part de cette autrice afro-américaine.

Chaque chapitre s'ouvre avec un extrait d'un des ouvrages De W.E.B. du Bois, premier Nègre à obtenir un doctorat à Harvard university, tous plus fort et évocateur les uns que les autres . le roman est une alternance de récit historique et de la façon dont Ailey évolue au XXI° siècle avec son regard de jeune femme tant sur ses ancêtres que sur ses contemporains.

Je me suis parfois perdue dans ces lignées enchevêtrées (et malgré l'arbre généalogique au début de cet ouvrage de plus de 900 pages), il y a des longueurs, des redondances, mais j'ai malgré tout poursuivi ma lecture avec beaucoup de plaisir et d'intérêt.

Un grand merci aux éditions Les Escales et à Babelio pour m'avoir fait découvrir cette fresque historique.
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Ce roman est une énorme fresque retraçant l'histoire de la population noire et creek aux États Unis, de l'esclavage à nos jours. L'écriture est parfois poétique, évoquant Toni Morrison, parfois plus ancrée dans le réel. On découvre des destins de femmes surtout, toujours passionnants, voire déchirants à lire. On se sent révoltée, on vit, on vibre avec les personnages on leur souhaite le meilleur tout en craignant le pire. Ailey est un personnage extrêmement attachant qui rend le récit réaliste et proche de nous, comme si on lisait les tourments d'une amie qu'on veut aider. J'en ressors mieux informée et éclairée et admirative du travail de mémoire et d'hommage ainsi que de dénonciation, qu'a réalisé l'autrice.
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Honorée Fanonne Jeffers nous raconte la vie d'Ailey Pearl Garfield, qui sera la première jeune femme noire de Géorgie à obtenir un doctorat d'histoire dans une université du Sud . Nous la suivons de son enfance à sa vie d'adulte, dans sa famille, avec ses amis, dans ses études à l'école puis à l'université.
Ailey vient d'un bon milieu, père chirurgien, mère professeur, d'autres parents professeurs d'université. Elle est très entourée et semble heureuse, même si une blessure d'enfance progressivement révélée la paralyse et même si, être une femme, noire, désirant faire des études dans un état du sud des USA au racisme banalisé reste un parcours éprouvant.
Pour nous permettre de mieux comprendre le contexte de ce Sud profond, l'auteur ajoute à l'histoire contemporaine d'Ailey, celle, plus ancienne, des habitants successifs de « Wood Place », site proche de la ville (imaginaire) de Chicasetta, berceau de sa famille. 1ers occupants indiens chassés par les 1ers colons blancs, colons blancs qui introduisent les 1ers groupes d'esclaves noirs sur leur plantation, esclaves qui donnent la communauté noire libres qui vivra après la guerre de Sécession sur le territoire de Wood Place.
Cette longue fresque mettant particulièrement en lumière la souffrance des Afro-Américains soumis à la cruauté et aux abus sexuels de leurs maîtres, rejoint progressivement les notes de la thèse d'Ailey et l'histoire de sa famille, pour lui révéler, in fine, des secrets oubliés.
Ce livre militant (féministe et noir) est long, très long (900 pages), les personnages sont nombreux, désignés tantôt par leurs noms, leurs prénoms ou leurs surnoms, ce qui rend le récit déroutant (malgré 3 pages de généalogie !) et... parfois répétitif. Mais il fait vivre cette communauté du XIXe au début du XXIe et nous fait ressentir le poids de son malheurs, la force de sa résilience et de ses traditions. Il nous fait aussi découvrir d'autres aspects comme ce racisme qui la divise entre « clairs » et « foncés », ce machisme plus ou moins encouragé qui caractérise nombre de ses représentants mâles , ou sa défiance compréhensible et son mépris profond pour les blancs qui la pousse dans un certain communautarisme. Un livre puissant qui demande de la patience pour les 200 ou 300 premières pages (!) mais qui ensuite peut vous emporter et vous émouvoir.
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Waouh ! Quelle lecture !
D'abord de par son ampleur et sa densité, et par sa longueur aussi (900 pages !)
J'ai donc mis un certain temps à venir à bout de ce pavé (heureusement lu en version numérique, merci pour mes bras !), mais je ne le regrette pas du tout.

J'avais sollicité ce roman car son résumé (une fresque historique retraçant l'histoire d'une famille africaine-américaine, de l'esclavage à aujourd'hui) m'a fait penser au magnifique "Racines" d'Alex Haley, lu lorsque j'étais adolescente, et qui m'avait alors durablement marquée.

J'ai cependant douté au début, car deux récits, aux styles différents (mais pertinents), se mêlent : le récit des ancêtres, dans une langue plus lyrique (mais très pertinente), comme un chant, un récit conté, et le récit de la vie de l'héroïne principale, Ailey, descendante d'une famille d'esclaves, dont une partie habite toujours en Georgie, sur les lieux de l'ancienne plantation, dans une narration plus linéaire et plus simple.
L'alternance de ces deux récits, ajoutée à la multiplicité des personnages, avec des noms, surnoms et interactions multiples, ne rend pas facile l'entrée dans le roman.
Pourtant, passé un certain cap, je n'ai plus rien lâché !

Au-delà des trajectoires des personnages, très intéressantes, des combats pour la survie, bref de tout ce qu'on connait de l'horreur de l'esclavagisme, de la déportation, de l'exploitation d'humains par d'autres humains, j'ai découvert des facettes qui m'étaient complètement inconnues.
Par exemple, le racisme-sexisme de la communauté noire, quand on parle des différentes nuances de couleur de peau. de par ma condition de femme blanche occidentale, c'est quelque chose que je ne soupçonnais pas, en tout cas à ce point.
Il est aussi beaucoup question des populations autochtones, les tribus Creeks notamment, et du mélange de tous ces peuples, africains-américains, européens, indiens, impliquant des liens familiaux entre des familles et personnes qui se détestent...
Comme je le mentionnais, j'ai lu ce roman en version numérique, merci à l'éditeur et à NetGalley pour ce partenariat non rémunéré, et sur des épreuves non corrigées. Il y a avait donc pas mal de coquilles, erreurs, et maladresses d'expressions, qui sont un peu perturbantes.
Le texte présente quelques longueurs, répétitions, qui auraient pu économiser une centaine de pages.
Malgré mon manque de références sur les auteurs et les combats majeurs des Noirs américains, mon "pataugeage" parfois au milieu des personnages, j'ai beaucoup aimé !
Voici un premier roman très intéressant à découvrir, et je le recommande à tou.te.s celles et ceux qui ne seront pas effrayés par son ampleur !

@lesescales @NetGalleyFrance
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