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3,43

sur 611 notes
Ouf, j'ai fini ce livre ! Un livre dense, lourd, complexe... Deux histoires se superposent. Celle d'un ancien officier para qui a bourlingué depuis les derniers jours de la guerre jusqu'à la fin de la guerre d'Algérie et qui vit maintenant dans une banlieue de Lyon (Bron ? Vaulx en Velin ?) avec ses souvenirs.
Et puis l'histoire d'un homme, dont on sait peu de choses, qui a abandonné son foyer et vit en marge de la société (avant de rencontrer un nouvel amour). Les deux hommes se croisent et de chapitre en chapitre, nous vivons d'une part l'art français de la guerre et de l'autre une réflexion sur la société d'aujourd'hui (avec un goût pour les hommes costauds, une idée de la force, un regard dur sur l'immigration et la faiblesse de la société civile à ce sujet).
De belles pages sur la guerre, les injustices, l'amitié, l'héroïsme et en parallèle des divagations sur l'état de la France aujourd'hui, notre mollesse...
Un livre à la fois attachant et repoussant, passionnant par moment et ennuyeux à d'autres.
Et tout cela a eu un prix Goncourt. J'en reviens sur ma critique de « Au revoir là haut ». Etait-ce réellement le meilleur livre de l'année ?
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Alexis Jenni est un jeune auteur, au sens où c'est son premier roman publié. Mais ce prof de sciences-nat de 48 ans n'a rien d'un jeune premier (sans vouloir offenser les profs de SVT ou les quadra pré quinqua...)

Le roman s'articule comme un double miroir (oui, j'ai envie de faire dans la métaphore) (pardon, je ne digresserai plus, à copier 20 fois) un miroir qui renvoi les reflets de deux générations, de diverses périodes de troubles et de deux hommes au milieu de l'Histoire, telle qu'elle s'écrit.

Le narrateur est un presque marginal, invisible parmi les invisibles des laissés pour compte de notre société, plus prompte à rassurer les marchés que ses citoyens. Revenu de tout, il se tourne vers la peinture comme nouveau projet. Par hasard il tombe sur Victorien Salagnon, un vieux peintre qui vend ses toiles sur un marché. le narrateur demande à apprendre la peinture avec lui. Victorien accepte, en échange de quoi le jeune homme devra écrire l'histoire de Victorien Salagnon.

Commence ainsi un récit, en miroir. Treize chapitres qui alterneront entre la biographie du vétéran militaire Victorien Salagnon, et le commentaire actualisé des nouvelles formes de guerres.

Car le coeur de l'histoire est là. La guerre est au coeur de tout. La guerre sur les différents fronts, vécue par Salagnon est un écho ancien aux nouvelles guerres, sociales, économiques, pétrolières, qu'on vit aujourd'hui. Les émeutes des « banlieues » françaises, et les émeutes de la Casbah d' Alger, les sales guerres se répètent dans des miroirs trop répétitifs.

Les chapitres sur Victorien et ses expériences militaires, sont parfois difficiles, étouffants, moites, le réalisme d'un soldat au fond du trou est incroyablement retranscris. Rien n'est oublié ou pardonné : le pathétique de certaines situation, le sordide, le sale. On a dit réalisme. J'ai aimé ce réalisme.

Les chapitres de « réflexion », sont quand même mes favoris. le narrateur fait à voix haute l'analyse et le procès d'une société en dérive. La dérive de la nation, de l'identité et de la transmission. Il fait le procès du mythe de la Grandeur. Qu'est ce que la grandeur d'un pays ? Quels principes et quel héritage, et quelle image souhaite-t-on transmettre aux autres, à ses citoyens et au monde ? Quelle est la force de notre identité, et que recouvre-t-elle ? Ce sont autant de questions que le narrateur explore et les quelques réponses qu'il donne sont celles d'un homme désabusé certes, mais aussi plein de fierté pour ce est vraiment l'honneur et la beauté de toute nation : sa langue, sa culture.

J'ai aimé ce souffle épique qui animait les propos du narrateur, cette volonté d'explorer, de donner un avis et de s'engager. Quitte à être parfois péremptoire, voire un peu répétitif.

Un grand roman !
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Si j'avais pu mettre 6 étoiles, je les aurais mises. Il s'agit d'un livre d'une rare puissance qui a le pouvoir de changer une vie. L'auteur y fait des déclarations d'amour à la langue française qui m'ont profondément touché. Réussir à tirer des guerres françaises du XXème siècle - qui ne sont pourtant pas fameuses - de telles leçons de vie révèle un esprit vaste qui embrasse plusieurs paramètres, sociologiques, artistiques, etc. le livre est ambitieux, quelquefois long, mais il vaut la peine de s'y attaquer !
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Et l'art français du roman ?
Je ne comprends pas forcément bien pourquoi je suis ressorti un peu énervé de la lecture de ce roman. Mais j'ai quand même quelques pistes...
Des romans à thèse, j'en ai lu et parfois j'adore. Zola, Kundera par exemple comptent parmi mes écrivains préférés. Et des films à thèse pareil. Pour citer une référence très seventies, j'aime bien les films d'Yves Boisset, certes un peu appuyés mais très bien joués...
En revanche, le roman d'Alexis Jenni m'est sorti par les yeux car je trouve que tout, absolument tout, est au service de sa thèse, peu subtile par ailleurs. Cela signifie qu' on lit une histoire qui, aux yeux de son auteur, n'est qu'un vaste prétexte pour faire tout un bilan de l'histoire militaire, coloniale, sociale de la France contemporaine...Mais si c'est un prétexte pourquoi s'y intéresserait-on, à tous ces personnages, et à leurs dialogues chargés de sens ?
J'ai lu le livre jusqu'au bout, mais de ce fut bien fastidieux, car je n'ai pas apprécié l'intrigue, ni le style de l'auteur. Je ne comprends pas pourquoi on a autant d'auteurs français spécialisés dans le roman à thèse désincarné. Ici on est dans la famille de Bégaudeau, en un peu moins arrogant quand même (le challenge était jouable !) et un poil moins abstrait qu'Aurélien Bellanger (faire plus aurait été fort méritoire). Mais bon, cela rend envieux des auteurs anglais comme par exemple Jonathan Coe qui sur un sujet tout aussi politique parvient à faire un roman tellement vivant et incarné.
Une question me taraude : pourquoi écrire un roman quand on n'aime pas spécialement le genre du roman ? Pourquoi ne pas faire un essai ? (Vous me direz toutefois que l' on a suffisamment de bons historiens pour livre des analyses dans des champs similaires, G. Noiriel, R. Branche.... Pas faux, mais je n'ai pas mieux à proposer, c'est juste pout aider...).
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Un roman lu à contre temps puisqu'il a été primé au Goncourt il y a dix ans, mais il n'est jamais trop tard.
Cette histoire de 600 pages repart dans les méandres de la post 2nde guerre mondiale: un ensemble de processus de décolonisation non pacifistes, engagés par la France. On suit le parcours d'un jeune lyonnais, Victorien Salagnon, entré au Chantier de Jeunesse pendant la 2nde guerre mondiale qui s'enfilera, à la suite, la guerre d'Indochine et celle d'Algérie. Il raconte son histoire alors qu'il va bientôt mourrir, à un jeune homme croisé dans un bar et sur lequel il jette son dévolu. Il souhaite initier ce plus jeune à la peinture dont il a parfait la maîtrise en pleine guerre d'Indochine. Tout part donc d'une rencontre liée à la transmission d'un savoir. Cet homme, plus jeune, erre, dans une sorte d'apathie. Croiser Salagnon donne de l'"exotisme" à sa petite existence.

Le roman 5, entièrement dédié aux conditions de vie des soldats durant le guerre d'Indochine et aux exactions faites au peuple autochtone est terrifiant. Ce qui y est raconté ressemble de près à tout ce qui a déjà été montré dans des films sur la guerre du Vietnam (Voyage au bout de l'enfer, Rangoon, Apocalypse Now etc...). On ne peut plus douter, après cette lecture, des ravages de ces guerres où rien ne fut loyal, et où les tribunaux de guerre n'ont jamais rien acté, dénoncé, interdit, puni... La loi de la jungle régnait dans tous les rangs, à tous les étages. On oublie l'idée d'une "guerre régulière".
Toutefois, je doute assez fortement qu'on puisse revenir "l'esprit posé et tranquille", vivre dans un HLM ou un pavillon de banlieue pour y faire sa vie, après avoir donné vingt ans de celle-ci aux pires infamies... comme Salagnon. Qui plus est avec l'envie, au seuil de sa mort, de transmettre le goût de la peinture à un gamin inconnu. J'ai plutôt tendance à croire qu'on rentre "un brin" fêlé, comme Mariani, l'ami de Salagnon. D'excellents documentaires, édifiants, ont été faits sur le devenir des vétérans du Vietnam et autant dire qu'on est loin des fins de vie pépères ! le roman nous laisse penser qu'on peut continuer de mener une existence à peu près saine, équilibrée, normale voire humaniste. Soit, mais j'en doute...
Même si j'ai été emportée par les détails des récits de guerre, prenants et très bien écrits, je n'ai pas été convaincu par le personnage de Salagnon. Par ailleurs l'auteur s'abandonne à des digressions qui n'apportent pas grand chose au récit et m'ont fait perdre, certains chapitres, le fil et le rythme de l'histoire.
J'aurais préféré un roman plus ramassé, moins étalé dans le verbiage et les histoires annexes, à mon sens inutiles. Je ne regrette pas cette lecture, l'évocation des guerres de décolonisation est relativement rare dans la littérature française, c'est un roman que je garderai en mémoire bien que je ne le trouve pas sans failles.
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Un texte qui fait dialoguer deux hommes autour de leur histoire, des guerres que l'un a traversés, des émeutes que l'autre croise, et surtout de cette perte d'humanité que la France subit, crée et encense avec cette croyance qu'en étant plus fort, encore un peu plus fort, on vaincra l'autre qui est soi-même mais qu'on ne reconnaît pas. Toutes ces inégalités que l'on se cache et où on espère se retrouver entre soi, dans la grandeur de la France.
Un très beau texte, dense, où la peinture à l'encre de Chine permet de survivre à la mort et de trouver l'amour.
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J'ai donné la note maximale à ce livre, non pas parce qu'il est parfait mais parce qu'il touche par moments fugaces et capricieux le plus profond de l'être et donne un plaisir de lecture rare.
Ce livre est imparfait : il est trop long et l'auteur se regarde écrire par moment. Il a un goût immodéré pour la métaphore épique et organique.
Mais de cette imperfection sort une certaine grâce qui vaut largement une lecture attentive ; la guerre dans tous ses états (collective, individuelle, sociale, civile, intérieure,intime), maladie du XXème siècle, grille de lecture lucide de nos sociétés modernes, en même temps repoussoir et fascination. Un roman total avec un souffle et une identité forte.
Merci pour ce moment de littérature et le questionnement qui reste et qui ne veut pas s'effacer.
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L'ART OU LA GUERRE



Je viens de terminer la lecture de cet indigeste pavé qu'est L'art français de la guerre d'Alexis Jenni, Prix Goncourt 2011.. Verbeux aussi, à se demander s'il y a encore des comités de lecture dans ces grands machines éditoriales. Á mon avis, voilà un ouvrage qui aurait pu être réduit de moitié, ce qui aurait constitué un beau geste écologique. Combien d'exemplaires ?
On l'a compris. Je n'ai pas aimé. Je n'ai pas aimé le style alourdi par les répétitions (au n-ième « nuage en duvet de cygne », on éternue) par cette étrange concordance des temps prise.. à contretemps. Quant au fond, quelques vérités sur la bêtise coloniale et la dégénérescence induite sur les consciences ne m'apportent pas grand-chose : il y a longtemps que je me suis fait une opinion sur toutes ces « guerres » françaises qui n'osent pas toujours dire leur nom.
Sans aucune portée philosophique, ce roman n'a guère de portée pédagogique non plus. Il ne dénonce pas et, mis à part quelques éclats velléitaires du narrateur (l'auteur ?) il reste dans un flou « tous bourreaux, tous victimes »… J'allais écrire « tous héros ». Mais non ! C'est là que les genres se différencient : les héros (à l'image du personnage Salagnon) sont du côté des paras, de ceux qui ont fait l'Indochine, qui ont fait l'Algérie, la fine fleur de notre belle Armée Française. Alors que les exactions des autres (d'eux) sont complaisamment détaillées, les abominations commises au nom de la pacification, elles, sont seulement suggérées (et encore… des massacres pourtant historiquement établis passés sous silence). le héros parachutiste Salagnon est toujours droit dans ses bottes, bien sanglé dans son uniforme léopard ; il survit à ses opérations et peint pour oublier ses états d'âme… Ce n'est que dans les dernières pages que sont glissées sans s'attarder, presque négligemment, comme si elles n'avaient pas grande importance ces phrases terribles :
« Ce monde nous avons accepté de le défendre, il n'y a pas de saloperie que nous n'ayons faite pour le maintenir. » et « Il ne fallait pas venir ; je suis venu. »

Comment peut-on ^peindre et torturer ? Comment peut-on se dire poète et piloter un avion bombardier ? Comment peut-on se dire « chrétien » et bénir les armes ? Ces interrogations me sont personnelles. Elles ne figurent pas dans le livre…

Lien : http://patpantin.over-blog.com
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Désolée, vraiment désolée…
Plus de 200 pages lues, des citations relevées mais…
Le style est superbe, parfait de simplicité, d'élégance et de réalisme lors des descriptions. Cela coule limpidement !
L'histoire est à la fois un récit de guerre et un essai pamphlétaire, mais … Moi qui me cache les yeux lors de films de guerre, qui a des hauts le coeur pendant les infos, alors que suis-je venue chercher dans « L'art français de la guerre » ?
A la lecture de la quatrième de couverture, j'avais comme un goût étrange, particulier et inhabituel qui m'a accompagné tout au long de la découverte d'une partie de ce livre.
Mais, voilà, c'est trop long, vraiment trop long !
Tant pis pour le Goncourt 2011, je suis passée à côté…
Suis-je la seule ?

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Des Goncourt, j'en ai lus quelques uns. Et je n'ai pas toujours été séduit, et de fois loin de là.
Mais celui-ci, quelle claque. Et c'était un premier roman en plus.
Un style musclé, d'inspiration naturaliste et très enlevé.
On se ballade dans les anciennes colonies françaises, avec un héros qui a combattu en Indochine et en Algérie.
Les causes devenant confuses, il y a laissé, comme tant d'autres, ses illusions et ses forces car souvent, à la guerre, il n'y a quasiment que des perdants !
Un livre passionnant, tout en nuances de brumes mais aussi de couleurs parfois mais surtout une galerie de personnages rarement rencontrés: des gradés désabusés, des colons crétins, des aviateurs bizarroïdes. Et que dire des "décors": Lyon, Bab el Oued, un fort fait de bambous, la forêt vierge , le désert.
Tout simplement remarquable pour le lecteur / lectrice qui n'est pas effrayé par la longueur du roman. Foisonnant et qui peut parfois vous laisser KO debout.
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