Lundi 4 décembre 1939
Hibernation totale. Les carreaux sont couverts de givre. Le radiateur marche mal. Il siffle. Je suis descendu au réfectoire pour la première fois depuis une dizaine de jours. Le nouveau m’a adressé un petit sourire. Il a beaucoup maigri.
La TSF parle des Russes, des Italiens, des Britanniques. Tout est devenu énorme. Millions d’hommes, centaines de bombes, milliards de deutschemarks. Ça ne veut plus rien dire.
Ai reçu une lettre de ma locataire. Son mari a été enrôlé. Il conduit des trains vers l’est. Elle n’a plus de quoi payer le loyer. J’ai jeté la lettre à la poubelle.
A quel clan se rattachent les tuberculeux ? Quelle idéologie ? Les grands malades forment aussi une caste. Très égalitaire. Mais de quel bord sont-ils ? Ont-ils seulement un programme ?
Je suis autrichien de confession phtisique. Et fier de l’être...
Je me souviens de centaines d’airs, des paroles de tous les grands opéras, en italien, en allemand, en français, des noms des maestros et des divas, des applaudissements. Ils résonnent dans ma tête. Ils me battent les tympans. S’ils me prennent la musique… Non, pas ça ! Je ne les laisserai pas.
Un chrétien, c'est un juif qui délire.
Les juifs, les gitans, quel rapport?Ils n'ont rien en commun.A part l'errance peut-être.
Faire du festival un vulgaire outil de propagande, un amusement troupier, c’est un comble. Prendre Mozart en otage. L’avilir ainsi ? N’y a-t-il donc personne pour empêcher un tel outrage ?
A quel clan se rattachent les tuberculeux ? Quelle idéologie ? Les grands malades forment aussi une caste. Très égalitaire. Mais de quel bord sont-ils ? Ont-ils seulement un programme ?
Je suis autrichien de confession phtisique. Et fier de l’être... p 131
Pouvoir tuer qui on veut, quand on veut. Tant de gens ont ce pouvoir. Les généraux, les infirmières, les conducteurs de tram qui roulent trop vite. Rien de plus banal qu'un homicide. C'est à la portée de tout le monde. Un motif n'est pas toujours nécessaire. Plutôt un état d'esprit. Une envie. p 58
e me souviens de centaines d’airs, des paroles de tous les grands opéras, en italien, en allemand, en français, des noms des maestros et des divas, des applaudissements. Ils résonnent dans ma tête. Ils me battent les tympans
Freud est mort hier. Euthanasie.