J'ai horreur du vendredi. Filet de cabillaud et pommes de terre bouillies.
Cette ingérence des nazis dans le programme du Festspiele est inadmissible. Révoltante. Faire du festival un vulgaire outil de propagande, un amusement troupier, c’est un comble. Prendre Mozart en otage. L’avilir ainsi. N’y a-t-il donc personne pour empêcher un tel outrage ?
Curieusement, Karajan sera absent du Festspiele. Un grand concert à Berlin, m’a dit Hans. Karajan est le protégé de Hitler, après tout. Pas des gauleiters autrichiens.
[…] une partition ne vaut rien tant qu’elle n’a pas été jouée.
Au début, ça a été dur, très dur. Ça l’est encore. Un apprentissage de chaque instant, un combat au corps à corps. Mon corps. Car je lutte contre elle sans cesse, la maladie. Je ne la subis pas. Le problème c’est qu’elle n’a pas de visage, pas de nom. Pas même celui de Tuberculose. C’est pourtant avec elle que je vis, jour après jour. Et que je me bats. Sans casque ni fusil. C’est un ennemi de taille, elle. Pas un dictateur d’opérette.
Nous sommes tous esclaves des mots.
Du Beethoven en ouverture, pour chauffer le public avant de lui asséner la Septième Symphonie de Bruckner, en mi majeur. Mahler aimait beaucoup la musique de Bruckner. Il a dit de lui qu’il était “mi-simplet, mi-dieu”. N’est-ce pas ainsi que les Allemands voient Hitler ?
Le génie musical, c’est le souffle qui traverse La Flûte enchantée avant même qu’elle n’émette un seul son. L’attente qui précède l’entente. C’est le geste, l’attitude, l’émotion. Rien à voir avec les notes.
J’espère que ma sœur est en Amérique. Je la vois mal contribuer à l’effort de guerre. Ses ongles manucurés, sa coiffure soignée, ses airs de grande dame…
Mais enfin, Le Bourgeois gentilhomme ? […] Ce rustre qui se dandine avec des mimiques de grand seigneur, ce Monsieur Jourdain, imbu de lui-même, qui vocifère bien haut pour se donner des airs de tribun, n’est-ce pas un peu Hitler ?