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EAN : 9782362290947
128 pages
Editions Bruno Doucey (19/02/2016)
3.38/5   84 notes
Résumé :
17 mars 1916. Guillaume Apollinaire est atteint par un éclat d'obus dans une tranchée, alors qu'il lit une revue littéraire qui vient, selon l'auteur, d'être retrouvée en Bavière. Retour sur les vingt-quatre heures qui ont précédé l'impact, sur le drame humain qui se joue et le regard d'Apollinaire sur ses hommes, la guerre et la création littéraire.
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Attirée par la photo d'Apollinaire, avec son bandage autour de la tête, j'ai aussitôt saisi le livre, dont je ne connaissais l'auteur que de nom.

Tout ce qui se rapporte à mon poète préféré me passionne, et j'ai beaucoup apprécié cette lecture. L'auteur imagine , dans ce court roman, les derniers moments, en fait les deux derniers jours d'Apollinaire sur le front, durant la première guerre mondiale, avant qu'il soit atteint par un éclat d'obus. C'est-à-dire le 16 et le 17 mars 1916.On sait qu'il a été ensuite trépané, et qu'affaibli par cette terrible blessure à la tempe, il succombera à la grippe espagnole , en 1918.

L'auteur a choisi d'adopter un rythme rapide, les phrases sont courtes, souvent nominales et cela s'harmonise bien avec le découpage des chapitres, brefs aussi, qui se présentent comme un compte à rebours jusqu'à l'instant fatal, ponctués par des citations de vers du poète.

Le style m'a plu, mots lapidaires et saisissants de réalisme et de lyrisme à la fois. Les compagnons de guerre sont décrits avec tendresse, l'atmosphère d'ennui et de peur bien rendue. Cointreau-whisky - surnom du poète- est rêvé par l'auteur, certes, c'est sa vision, mais je trouve qu'elle s'approche de la réalité, d'ailleurs la bibliographie citée à la fin montre qu'il s'est beaucoup documenté sur cette période de la vie d'Apollinaire.

On imagine bien le poète, en train d'écrire fébrilement des lettres, du fond de sa tranchée, porté par sa passion des mots, de la vie, et c'est d'ailleurs au moment où il griffonne quelques vers sur la revue " le Mercure de France" qu'il sera blessé ...

" Hommes de l'avenir, souvenez-vous de moi", écrivait-il . Oui, cher Guillaume, nous te gardons précieusement dans notre coeur...


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Dans ce court roman, Raphaël Jerusalmy évoque les 24 heures qui ont précédé la blessure par un éclat d'obus de Guillaume Apollinaire.

Nous sommes le 17 mars 1916 dans une tranchée du Bois des buttes, le sous-lieutenant Kostrowizky, alias Cointreau-Whisky noircit des pages avec de la suie diluée, faute d'encre, tandis que ses camarades Dontacte, le Père Ubu, Trouillebleu ou Jojo la fanfare peinent à trouver quelques mots pour remplir une demie feuille. le zeppelin de 16 h 15 est toujours aussi ponctuel.
Attablés bien loin de là, Picasso et Jean Cocteau commentent ces lettres sur une terrasse ensoleillée autour d'un verre de vin.

J'ai aimé ce roman, l'écriture de l'auteur est agréable et précise, mais je le referme en me posant bien des questions, notamment sur la convalescence et la reconstruction de Guillaume Apollinaire. J'ai dû me diriger vers wikipedia pour en savoir plus.
Ça reste cependant une lecture très intéressante.
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Le livre relate heure par heure la vie dans une tranchée les 16 et 17 mars 1916. Ce sont les heures qui ont précédées l'impact qui blessera Guillaume Apollinaire. Car le sous-lieutenant Cointreau-Whisky, ainsi nommé en raison de son goût immodéré pour les alcools n'est autre que le grand poète. Il s'est porté volontaire pour combattre aux côtés du caporal Dontacte, du père Ubu, de Trouillebleu, de Jojo la fanfare. On les a rebaptisés car les prénoms, les noms de famille, on préfère les laisser à la maison, ne pas les prononcer pour ne pas convoquer le malheur.
Là où les hommes doivent se creuser la cervelle pour trouver un début d'idée pour réussir à écrire quelques lignes de convenance à la famille, Apollinaire noircit à l'encre diluée, des feuilles et des feuilles qu'il remet ensuite au vaguemestre qui se chargera de les expédier à Paris, à Londres, à Madrid…
Heure par heure le lecteur attend et partage le quotidien des poilus. le passage espéré du vaguemestre, les poux, la boue, le froid, la peur de l'ennemi posté juste en face, la camaraderie et le supplément alimentaire partagé.
Le poète veut vivre la guerre de l'intérieur, partager le quotidien des poilus, sans privilèges et trouver ainsi l'inspiration et les mots qui perceront ses poèmes.
Un court livre passionnant entrecoupé de lettres, de poèmes et rythmé par le balancé de la pendule qui égrène les heures du drame à venir.
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La Feuille Volante n° 1099
LES OBUS JOUAIENT A PIGEON VOLERaphaël Jerusalmy - Édition Bruno Doucey.

Étonnant ce sous-lieutenant étranger, citoyen russe par sa naissance, engagé volontaire dans l'armée française au tout début de la guerre en demandant sa nationalité qui n'interviendra que lorsqu'il sera au feu, sous l'uniforme. Cet engagement il l'aurait contracté par amour de la France ou peut-être pour impressionner Lou, une demi-mondaine dont il est amoureux. Son nom imprononçable l'a fait baptisé Kostro qui est le raccourci de son vrai patronyme mais, dans la tranchée on le connaît sous le pseudonyme évocateur de Cointeau-Whisky. Il tranche en effet un peu sur les autres, lui qui, incorporé dans l'artillerie a demandé à combattre dans l'infanterie où l'espérance de vie des officiers subalternes est des plus courtes. Recherche de la gloire ou de la mort, prestige de l'uniforme, aura du combattant, besoin d'être différent des autres artistes... Allez savoir ! Que peut-on lire dans la sourire énigmatique de Guillaume Apollinaire ? La mort il la trouvera, mais pas dans la tranchée où pourtant il recevra un éclat d'obus dans la tête. Son « étoile de sang » l'arrachera à l'enfer des combats, le conduira à la trépanation mais c'est de la grippe espagnole qui fit plus de morts que cette guerre sanglante qui aura raison de sa vie, il avait trente huit ans ! Quand ses camarades peinent parfois à écrire à leur famille, lui inonde le vaguemestre de lettres à des femmes, à Lou, mais aussi à Madeleine Pagès rencontrée par hasard, de poèmes écrits pour elles, de textes à ses amis partis à l'étranger ou restés à l'arrière, pour la préface d'un ballet de Diaghilev...  Ça doit affoler les gars de la censure une telle boulimie d'écriture. C'est qu'il est poète, connu déjà sous le nom de Guillaume Apollinaire, précurseur de la poésie moderne, quelqu'un dont l'armée devrait se méfier, un marginal qui manie si bien les mots quand les messages militaires en sont si économes, pratiquent les codes et le secret. Un poète ça a horreur de la routine, des règlements, de l'autorité, ça ne demande pas à tenir un fusil et pourtant Kostro est là, parmi les hommes de sa section qui ont peur face à cette guerre qui fauche les espoirs et les rêves, face aux obus qui volent et brisent leurs vies et leurs envies des femmes. Guillaume, lui, tresse les mots dans sa tête, des mots qui n'auront peut-être pas le temps d'être écrits, des mots qui, bizarrement célèbrent la beauté de son quotidien guerrier, des mots qui disent sa liberté toute neuve, cette liberté d'écrire différemment, cette faculté d'emmener avec lui la poésie dans la bataille ! Ils sont loin le pont Mirabeau et la Seine et les hommes ici ont parfois la tête éclatée des tableaux de Picasso. Pour l'ennemi en face, c'est pareil, la même trouille, la même boue, la même merde, la même vermine, la même folie, celle d'être vivant à l'instant et un cadavre percé de balles juste après parce que la mort rôde et que les généraux jouent avec eux comme des enfants avec leurs soldats de plomb.
Bizarre aussi le titre de ce livre qui s'inspire d' un vers d' Apollinaire et qui le met en scène les dernières vingt quatre heures avant sa blessure à la tête, lui que ses camarades aiment bien, même s'ils ne comprendraient pas forcement les poèmes qu'il a écrits pour rien ni pour personne. Ce ne sont que des mots de hasard comme ceux qu'il a griffonnés sur le Mercure qui porte aussi quelques gouttes de son sang.

© Hervé GAUTIER – Décembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Sous ce titre reprenant un vers de Guillaume Apollinaire, Raphaël Jerusalmy nous invite à vivre, à rebours, les heures qui précédèrent la blessure du lieutenant Wilhelm de Kostrowitzky le 17 mars 1916 dans une tranchée du bois des Buttes, secteur situé entre Picardie et Champagne.
On vit ainsi au rythme de la section de cet officier qui, artilleur au début de la guerre, a sollicité une affectation dans l'infanterie, se trouvant ainsi en première ligne.
Autour de celui que l'on surnomme Cointreau-Whisky, se mêlent les voix du caporal Dontacte, notaire, du père Ubu, fort de la halle aux poissons de Marseille, de Trouillebleu et de Jojo la Fanfare, jeune bleuet de la classe 1916.
Heure par heure, on partage la vie de ces hommes, et surtout les réflexions et les pensées dans lesquelles se perd Apollinaire.
C'est ainsi qu'il nous permet de partager la naissance d'un poème au tréfonds de ses pensées, d'un vers qui se met à danser et à se lier avec d'autres mots jusqu'à sourdre comme une fontaine.
Puis c'est l'impact, auquel Kostro survivra. La mort l'attend pour le faucher deux années plus tard, deux jours avant l'armistice de 1918 où c'est la grippe espagnole qui l'emportera, à 38 ans.
Ce court récit nous permet de mieux comprendre cette période de la vie du poète tout en nous expliquant le sens de ce qu'il écrivit dans les tranchées.
Un voyage à faire en compagnie de cet aventurier de l'art moderne.
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critiques presse (2)
Bibliobs
07 avril 2016
Dans un petit livre déflagrant, Raphaël Jerusalmy se glisse dans la tranchée avec le sous-lieutenant Kostrowitzky.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
04 février 2016
Raphaël Jerusalmy retrace les vingt-quatre heures de la vie du sous-lieutenant Kostro, plus connu sous son nom de plume, Guillaume Apollinaire, avant l'impact qui manqua de le tuer le 17 mars 1916.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
(p. 107)

Dans sa tête, un début de strophe danse dans la ronde. Les mots se tiennent par la main puis la lâchent, sortant du cercle, y revenant, invitant d’autres à y entrer. Qui se tiennent timides, indécis, sur le côté. Les quadrilles se font, se défont, se reforment. Exécutant à chaque fois de nouvelles figures. Pas toujours en accord avec la musique. Ou est-ce la musique qui a du mal à les suivre ?
C’est le meilleur moment. Le plus beau. Ces fautes de pas, ces variations maladroites, ces demi-pointes. Quand le poème balbutie encore. Toute cette dérive.
La phrase flotte. Elle ondule, elle frétille. Elle se dandine. Se regarde dans la glace en faisant la coquette. Ou la fofolle. Elle voudrait tant être parfaite. Parfaitement belle.
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- Il n'a pas souffert, dit Dontacte, une fois les brancardiers partis.
- La ferme ! lui crie Père Ubu, exaspéré.
C'est pourtant vrai. Jojo avait le visage paisible. Pas une tête de poisson crevé, comme ceux qui morflent du gaz moutarde. Et son corps n'a pas été amoché. Déchiqueté par une mitrailleuse. Criblé de trous de shrapnell. Le petit s'en est allé comme il est venu. Jeune. Bien bâti. La joue encore rose. D'une mort propre. Presque décente.
Sans faire de manières.

L'un des boches, en face, est bien embêté. D'avoir laissé une balle partir en tripotant son fusil. Ça fait désordre. Il va se faire passer un savon.
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Dans la tranchée, chacun a son sobriquet. Tel le caporal Dontacte. Qui est notaire à Vaugneray. Près de Lyon. Personne, ici, n'appelle les autres par leurs "petits noms". Les Jean, les Raymond, les Michel, ils les ont laissés derrière, à la maison. Avec les costumes et les chemises à col. Dans les armoires. Jean Pommay , Raymond Garcin , Michel Barraud. Des appellations d'état -civil qui puent la naphtaline. Des inscriptions sur des tombes. Les prononcer porte la poisse.
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Trouillebleu se rase au canif. Avec un peu de terre mouillée pour crème à barbe. Dondacte époussette son calot. Jojo sent mauvais. Il va falloir lui trouver un pantalon de rechange. Les entrepôts de l’intendance sont loin. A deux kilomètres.
Ça pue.
Ça pue la sueur, les haleines, les déchets qui s'entassent, le trou à uriner qui déborde, l’essence et la chaux. Alors les gaz, ce n’est jamais qu'une sale odeur de plus. Les Boches en ont balancé au nord, pas ici. Mais les effluves se propagent à la ronde.
Il n'y a que le tabac qui sente bon.
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Au début, il s'est dit : comment chantera-tu la liberté, si tu ne t'es pas battu pour elle , C'est ce que tout le monde dit, au début. et puis, il 'est trouvé d'autres excuses. Il y en a toujours. Avant d'admettre qu'il aimait "ça"
"ça" a commencé par l'uniforme. qui lui sied à ravir. Et les insignes. Qui disent tout sur un homme. Tout ce qu'il faut en savoir. et puis "ça" a continué avec le parler régimentaire. Irrésistible pour un écrivain. Des phrases courtes. qui vont à l'essentiel. (Actes Sud, coll. Babel, janvier 2018, p. 46-47)
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Vidéo de Raphaël Jerusalmy
« Bernstein remplit la coupe de son invitée. Il est franchement déçu. Pourquoi, diable, lui offre-t-elle une descente de croix ? » Raphaël Jerusalmy, **In Absentia**
Plus d'informations sur ce roman : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/absentia
#littérature #histoire
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