C’est à Salzbourg qu’il revient de rédimer Mozart. Puisqu’il l’a trahi. Le prochain Festspiele est notre dernière chance. Pas de sauver notre âme, il est trop tard, mais la sienne. Et celle de la musique tout entière. Elle doit y être jouée, et non exécutée.
Étrange que les Allemands soient mélomanes. La musique est éternelle approximation.
« Je n’ai jamais aussi bien compris la musique depuis que je n’en écoute plus… Pas besoin de gramophone. Ni de partition. Le génie musical, c’est le souffle qui traverse La Flûte enchantée avant même qu’elle n’émette un seul son. L’attente qui précède l’entente. C’est le geste, l’attitude, l’émotion. Rien à voir avec les notes. »
Vendredi 7 juillet 1939
J’ai horreur du vendredi. Filet de cabillaud et
pommes de terre bouillies. Le fils du concierge
est allé m’acheter deux cents grammes de cer-
velas. En catimini. Je festoie dans ma chambre.
Dehors, il fait gris. La lumière est triste.
Je n’ai jamais tenu de journal. Avant. Je ne suis
pas sûr que ce soit une bonne idée.