Itinéraire des Pyrénées

Gavarnie devient de plus en plus le Chamonix des Pyrénées : un excellent hôtel, très agrandi et amélioré en 1881, permet d'y séjourner, même l'hiver, comme le font déjà quelques chasseurs. En outre, les guides à pied jouissent d'une réputation méritée : Henri Passet et Célestin Passet sont des guides de sommets de 1e ordre, connaissant tous les grans pics des Pyrénées françaises et espagnoles, et aussi des Alpes.
[...]
Gavarnie, v. de 310 hab., à 1,350 mèt, doit sa réputation plus qu'européenne au Cirque qui porte son nom. Autrefois, sous le nom de La Madeleine, c'était une propriété de l'ordre du Temple, qui y construisit une église, une petite commanderie, un hôpital. En 1307, lors de la destruction de l'ordre, 16 ou 17 Templiers, restés à leur hôpital de Sainte-Madeleine, furent conduits à Auch pour y être brûlés vifs.

Les Basques sont remarquables surtout par l'élasticité de leur démarche et de leurs mouvements ; on dirait que leurs membres sont doués de ressorts particuliers, tant ils se meuvent avec grâce et légèreté. Quand on les voit descendre du haut de leurs rochers avec leur veste de velours, leur ceinture de soie, leur béret rouge ou bleu posé sur de longs cheveux flottants, ou mieux encore quand on les voit l’œil ardent, la poitrine frémissante, saisir au vol la balle du jeu de paume, ils semblent plutôt rebondir que marcher ou courir.
Page LXX

Humbolt et Ritter, se fondant sur la remarquable continuité de la crête pyrénéenne, avaient cru pouvoir établir que la hauteur moyenne de ces montagnes dépassait d'environ 100 mèt. Celles des Alpes, bien qu'elles ne présentent que des sommets sensiblement moins élevés. Il est probable qu'ils n'avaient pas bien tenu compte dans leur calculs de tous les grands chaînons secondaires des Alpes, et qu'en réalité la hauteur moyenne des Pyrénées égale tout au plus celle des massifs alpestres. Quoi qu'il en soit, les Pyrénées sont remarquablement trapues, et font songer à des vallées creusées dans une masse primitive, plutôt qu'à des élancements de roches vers le ciel.
Page XXXII

L'homme ne peut que se sentir d'une petitesse infinie dans ces cirques vastes et déserts où croissent à peine quelques plantes, où de rares bestiaux semblent perdus dans l'étendue des pâturages, où les seules voix sont le grondement des avalanches et le lointain murmure des cascades qui s'élancent de plusieurs centaines de mètres de hauteur.
Page XLIX