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Citations sur La Voie du Tarot : Une structure de l'âme (9)

Meme s'il est difficile à l'esprit rationnel d'accepter que rien n'est accidentel dans la nature, que tout ce qui arrive dans l'univers est causé par une loi pré-établie, que certains événements sont inscrits dans le futur et que l'effet précède la cause (...).
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[À propos de la lame n°16 « La Maison Dieu » du Tarot de Marseille de Jodorowsky et Camoin]

Le message de cette carte est d’un grand réconfort spirituel. Cependant, jusqu’à la restauration du Tarot de Marseille, on voyait généralement dans l’Arcane XVI une référence à la tour de Babel. Les interprétations les plus courantes parlaient de châtiment de l’orgueil, de catastrophe, de divorce, de castration, de tremblement de terre et de ruine. Oswald Wirth, le créateur du Tarot des Imagiers du Moyen Âge, a imaginé un roi et une reine tombant d’une tour et ajouté une brique qui fracassait la tête de la femme…

Si on lit avec attention le passage de la Bible qui évoque la tour de Babel, on s’aperçoit que sa signification est bien loin d’une catastrophe. Plutôt qu’un châtiment, la destruction de la tour est la solution à un problème : le déluge venant de se terminer, toute la planète, abondamment irriguée, est devenue fertile. Il reste très peu d’êtres humains. Au lieu de se disperser pour cultiver les terres, ils se rassemblent afin de construire une tour qui, montant vers le ciel, arriverait jusqu’à Dieu. En principe, cette construction se veut un acte d’amour, un désir de connaître le royaume du Créateur. Or celui-ci, sachant que ce projet est irréalisable, ne fodroie pas la tour, ne fait chuter aucun de ses habitants. Il crée seulement la diversité des langues pour séparer ceux-ci. Il s’agit d’une bénédiction plutôt que d’un châtiment. les hommes repartent à la conquête de la terre et se mettent à la labourer.

Dans les différentes versions du Tarot, la tour n’avait pas de porte. le travail de restauration a permis de retrouver non seulement la porte de la tour, mais aussi les trois échelons initiatiques qui y conduisent. Dans d’anciennes gravures alchimiques et sur les documents maçonniques, on retrouve cette tour pourvue d’une porte et de ces degrés qui y mènent, parfois au nombre de sept, parfois au nombre de trois. L'initié doit d’abord accepter la nouvelle connaissance, symbole de la création divine, puis savoir la conserver, et troisièmement lâcher prise. C’est le moment où la porte verte, symbole d’éternité, ornée d’une lune emblématique de la réceptivité totale, s’ouvre, révélant l’intérieur de la tour. Cette tour a parfois été comparée à l’anathor alchimique, le four où la matière première devient la pierre philosophale.

La Maison Dieu n’est pas la maison de Dieu. Le Tarot nous indique très clairement, avec des briques couleur chair, que cette tour est notre corps, et que notre corps contient la divinité. La porte entrouverte laisse échapper une lumière jaune : le corps est empli de la lumière de la Conscience. Les personnages ne sont pas en train de tomber, bien au contraire. Leur chevelure est jaune, symbole de l’illumination, et de la main ils touchent les plantes vertes qui poussent sur le sol. En réalité ils honorent la puissance de la terre. Ils ont la tête en bas, comme le Pendu de l’Arcane XII, car ils voient le monde d’une façon nouvelle. L’intellect, l’esprit regarde directement la nature. L’un des personnages à les pieds orientés vers le ciel : ses pas le conduisent vers l’esprit.

Les deux diablotins de l’arcane XV se sont humanisés et ils ont réalisé leur ascension. Sur le sol, les taches jaunes peuvent être interprétées comme des offrandes au temple, deux pépites d’or. Les personnages sont remontés de la caverne de l’inconscient pour honorer la Terre de leurs offrandes et aider la nature. Ils apportent la Conscience au monde, en imprègnent le terrain. Par leur action, le paysage se colore de bleu ciel, d’orange et de vert foncé.

L’entité fulgurante qui émerge de la tour ou pénètre en elle, flamme, oiseau de feu ou éclair, est unie à la couronne de créneaux : il n’y a pas de destruction, mais la transformation du pouvoir matériel en fulgurance spirituelle. L’androgyne diabolique de l’Arcane XV est devenu une flamme qui s’est élevée tout le long de la colonne vertébrale et a ouvert le centre nerveux coronaire pour s’élancer vers le cosmos. Cette entité porte toutes les couleurs de la terre (jaune, rouge, vert, chair). C’est une assomption. On y distingue une forme foetale couleur chair qui symbolise le germe d’une nouvelle conscience, l’apport de la race humaine au développement de l’univers. La création d’un être nouveau s’annonce, qui se concrétisera dans l’Etoile (XVII). Le sol enrichi de couleurs s’unit aux personnages qui sortent de la tour, de même que la « flamme » s’unit à la couronne.

Du degré 6 comme L’Amoureux, La Maison Dieu évoque le thème de l’union - ici, si l’on veut bien accepter l’homophonie, l’union de « l’âme et son Dieu ». (…)
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Je me suis rendu compte que si quelqu’un pouvait m’apprendre à le déchiffrer [le Tarot], ce n’était pas un maître de chair et d’os, mais le Tarot lui-même. Tout ce que je voulais savoir était là, entre mes mains, devant mes yeux, dans les cartes. Il était essentiel d’arrêter d’écouter les explications fondées sur la « tradition », les concordances, les mythes, les explications parapsychologiques, et de laisser parler les Arcanes… Pour l’intégrer à ma vie, outre le mémoriser, je réalisai avec lui quelques actes que les esprits rationnels considéreront sans doute puérils. Par exemple, j’ai dormi chaque nuit avec une carte différente sous mon oreiller, ou passé toute la journée avec l’une d’elles dans ma poche. j’ai frotté mon corps avec les cartes; j’ai parlé en leur nom, imaginant le rythme et le ton de leur voix; j’ai visualisé chaque personnage nu, imaginé ses symboles couvrant le ciel, complété les dessins qui semblent disparaître dans le cadre : j’ai donné un corps entier à l’animal qui accompagne Le Mat et aux acolytes du Pape, prolongé la table du Bateleur jusqu’à trouver dans l’invisible son quatrième pied, imaginé d’où pendait le voile de la Papesse, vu vers quel océan coulait le fleuve qui nourrissait la femme de l’Etoile et jusqu’où allait le bassin de La Lune. J’imaginai ce que Le Mat avait dans sa poche et le Bateleur dans son sac, le linge de corps de La Papesse, la vulve de L’Impératrice et le phallus de L’Empereur, ce que Le Pendu cachait dans ses mains, à qui appartenait les têtes coupées de l’Arcane XIII, etc. J’ai imaginé les pensées, les émotions, la sexualité et les actions de chaque personnage. Je les ai fait prier, injurier, faire l’amour, déclamer des poèmes, guérir.
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J'imaginai que le tarot me répondait : "Tu dois seulement acquérir le pouvoir d'aider. Un art qui ne sert pas à guérir n'est pas un art."
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c'est cela la séduction : un manque transmué en force par le désir
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Personne ne sais qui créa le Tarot, ni où, ni quand.
Personne ne sait ce que ce mot signifie ni à quelle langue il appartient.
On ne sait pas non plus s'il est à l'origine du jeu de cartes ou s'il ne que l'aboutissement d'une lente évolution qui aurait commencé par la création d'un jeu appelé "naïbbe" (cartes) et auquel serait venu s'ajouter au cours des ans les ARCANES MAJEURS et les FIGURES.
Premier de point de repère certain, l'interdiction en 1376 à Berne du jeu de cartes.
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Bien que [Paul Marteau] poursuive le véritable chemin de l’étude du Tarot (…), il commet deux erreurs. D’une part son jeu n’est qu’une approche de l’original. Ses dessins sont la copie exacte du Tarot de Besançon édité par Grimaud à la fin du XIXème siècle, qui reproduisait lui-même un autre tarot de Besançon édité par Lequart et signé « Arnoult 1748 ». Il se permet aussi de modifier certain détails, peut-être pour en faire sa propriété et pouvoir ainsi le commercialiser et toucher des droits d’auteur. D’autre part, il conserve les quatre couleurs de base imposées par les machines de l’imprimerie au lieu de respecter les anciennes couleurs, plus variées, des exemplaires peint à la main…
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[ Jodorowsky évoque ici sa restauration du Tarot de Marseille exécutée conjointement avec Philippe Camoin, s’inspirant de leur trouvaille - un exemplaire rare peint à la main - dont les dessins et les couleurs s’avéraient, semble-t-il, plus proches d’un Tarot « originel ». Il dut, pour se faire, se résoudre à oublier le Tarot de Paul Marteau - version la plus répandue du Tarot - qu’il avait passé plus de 30 ans à mémoriser et à enseigner autour de lui. ]

Au fond, le travail de restauration exigeait qu’une partie de moi-même au nom de la mutation, accepte de mourir.

Les deux dés du Bateleur du Tarot de Paul Marteau (…) en se transformant dans la version restaurée en trois dés (…) faisaient changer ces symboles en d’autres absolument différents qui m’obligeaient à faire des efforts mentaux épuisants pour les substituer à ceux qui m’étaient si chers.

La même chose m’advint avec les chaussures blanches de l’Empereur : j’avais pris l’habitude de penser que le puissant monarque faisait des pas d’une irréprochable pureté, aussi pleins de sagesse que sa barbe blanche. Mais en réalité les chaussures étaient rouges et la barbe bleu ciel : des pas d’une activité conquérante, semblables à la croix du sceptre qui impose sa marque sur le monde et une barbe d’homme sensible, spirituel, réceptif, plus intuitif qu’intelligent. Dans l’Amoureux, je dus, à mon grand chagrin oublier le parallèle que je faisais entre le personnage central, que Marteau montrait nu-pieds, et Moïse qui se déchausse pour entendre la voix du Très-Haut dans le buisson ardent. Il fut douloureux d’admettre que ce personnage avait des chaussures rouges, aussi actives que celles de L’Empereur et du Mat, ce qui donnait à son amour un aspect moins divin et plus terrestre. (…) Dans La Maison Dieu apparurent trois marches initiatiques et une porte, ce qui impliquait que les deux personnages ne tombaient pas mais sortaient joyeusement, de leur propre volonté…
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Et si l'Etoile parlait.
Dans l'infinie multiplicité des êtres et des choses, j'ai trouvé ma place, dans le monde et en moi-même, car c'est la même chose. Je n'ai plus besoin de chercher, je n'ai plus aucune image de moi-même, je suis à ma place. Ici, et partout, volontairement attachée.
Je suis dans chaque particule de poussière, dans chaque territoire, dans chaque cours d'eau, chaque étoile, chaque partie de mon corps. Et comment ne respecterai-je pas le monde, et mes os et ma chair? toute cette matière n'est pas à moi , elle m'a été prêtée, rien que pour un fragment de temps.
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