Citations sur Un sac de billes (152)
J'étais jeune, très jeune, mais je crois que même plus jeune que je ne l'étais, j'aurais compris que ces deux vieux se regardaient comme des gens qui ont vécu ensemble toute leur vie et qui savent que l'on va les séparer et que sans doute ils feront seuls, chacun de leur côté, le bout de chemin qui reste à faire.
Un frère est quelqu'un à qui on rend la dernière bille qu'on vient de lui gagner.
- A ton tour, Jo.
Je m'approche mon veston à la main. Il est huit heures et c'est encore la nuit complète dehors. Maman est assise sur la chaise derrière la table. Elle a un dé, du fil noir et ses mains tremblent. Elle sourit avec ses lèvres seulement. Je me retourne. Sous l'abat-jour de la lampe, Maurice est immobile. Du plat de la paume il lisse sur son revers gauche l'étoile jaune cousue à gros points: JUIF
Maurice me regarde.
- Pleure pas, tu vas l'avoir aussi ta médaille.
J'ai traîné un peu, ce qui n'était pas mon genre et je me suis placé derrière, à la queue de la file. On est entrés deux par deux devant le père Boulier et j'ai gagné ma place à côté de Zerati. La première heure c'était la géo. Ça faisait longtemps qu'il m'avait plus interrogé et j'avais un peu la trouille, j'étais sûr d'y passer. Il a promené son regard sur nous comme tous les matins mais il ne s'est pas arrêté sur moi, ses yeux ont glissé et c'est Raffard finalement qui est allé au tableau pour se ramasser sa bulle.
Derrière les vitrines, malgré les reflets, j'aperçois Albert, il coiffe. Derrière lui, Henri manie le balai. J'ai déjà vu maman. J'ai vu aussi que papa n'était plus là, j'ai compris qu'il n'y serait jamais plus... C'en était fini des belles histoires contées le soir à la lumière verte de l'abat-jour.
Un livre avec plein de sentiments forts et puissants. On a envie de vivre avec lui ses peines ses joies ses peurs ses bonheurs. Il nous enmennes dans un monde d'adultes malgré son age il apprend a survivre et c'est formidable d'avoir tellement d'éspoir de savoir vivre. J'ai beaucoup aimer.
Dans le salon, dans le silence le plus intense que jamais sans doute salon de coiffure ait pu connaître, deux S.S. têtes de mort attendaient genoux joints au milieu des clients juifs de confier leur nuques à mon père juif ou à mes frères juifs.
Dehors se gondolent deux petits Juifs.
Papa est là.
Inutile de feindre, il ne se laisse jamais avoir par nos truquages.
- Suite de l'histoire, annonce-t-il.
Ça c'est formidable, c'est la plus chic chose qui puisse arriver.
De tous mes souvenirs d'enfance, mais on verra qu'elle fut courte, voici l'un des meilleurs. (p.23-24)
Je ne tiens au fond peut-être plus guerre à la vie, seulement la machine est lancée, le jeu continue, il est de règle que le gibier coure toujours devant le chasseur et je me sens encore du souffle, je ferai tout pour qu'ils n'aient pas le plaisir de m'avoir.
" Un frère est quelqu'un à qui on rend la dernière bille qu'on vient de lui gagner."