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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1627 , en Islande, des corsaires de Salé attaquent les villages des fjords de l'est et des îles Vestmann et y capturent 400 hommes, femmes et enfants qu'ils partent vendre au Maghreb.
Parmi les prisonniers, une femme, Gudridur, tente de survivre à la traversée avec son jeune fils. Jeune et belle, elle est vendue à un Dey, et se retrouve enfermée dans une demeure d'Alger, au service de ses quatre épouses. Son fils, vif d'esprit, est quant à lui envoyé dans une médersa pour y étudier.
Gudridur n'a qu'une obsession, racheter sa liberté et repartir en Islande avec son enfant auprès de son époux dont elle ignore le sort. Son salut réside dans une lettre qu'elle rêve de pouvoir écrire et d'adresser à ceux qui rachètent les captifs. Mais Gudridur, femme de pécheur, est pauvre, et n'a personne pour payer sa rançon.

L'esclave islandaise, de l'auteure Steinunn Jóhannesdóttir, s'inspire du destin mouvementé de Guðríður Símonardóttir (1598 -1682), actrice bien malgré elle d'un épisode de l'histoire islandaise connu sous le nom d'« enlèvements turcs en Islande ». Seuls quelques captifs réussiront à être rachetés par le roi du Danemark Christian IV.
Le propos de l'auteure s'inscrit davantage dans une démarche historique que romanesque. Je m'attendais à une grande saga romantique dans la veine de La Nuit du sérail ou de La Grande sultane, il n'en est rien.
Cet épisode historique a laissé de nombreux traces dans la mémoire collective, dans la toponymie et surtout dans les archives, où l'on trouve des témoignages directs, de la correspondance, des listes, des suppliques… La romancière les a d'ailleurs insérés dans son ouvrage, avec des reproductions de gravures d'époque, ce qui lui permet de retracer avec précision le parcours de quelques hommes et femmes.
Car tous ne connaîtront pas le sort de Gudridur qui s'accroche désespérément à son passé, à sa langue et surtout à sa religion. Des Islandaises refusant d'abjurer leur foi seront torturées et brûlées, des hommes ayant commis des erreurs dans leurs tâches quotidiennes mutilés. Certains pour survivre s'accommoderont de leur sort, comme la belle Anna qui se convertit à l'Islam et fonde une famille avec son très riche maître.
Les lignes les plus intéressantes sont celles qui narrent le « choc culturel » des Islandais arrivant au Maghreb, qui supportent difficilement le climat, ne comprennent pas la religion, s'étonnent devant la diversité de la population, eux qui dans le Nord n'avaient pour coutume que de commercer avec des Danois, ou d'apercevoir des équipages anglais ou allemands y faisant escale: « Cette ville (Alger) abritait des milliers d'esclaves confrontés à la durete impitoyable de leurs maîtres et à des conditions de vie effroyables, du reste, c'était une époque troublée. Même s'il n'avait aucune certitude, Jon pensait qu'il n'y avait ici que très peu d'esclaves venus des pays du Nord à l'exception des Islandais. On y trouvait en revanche une foule d'Allemands, de Hollandais, d'Anglais, de Flamands, de Français et de Wallons, mais la plupart étaient originaires d'Espagne ou du Portugal. »

L'esclave islandaise est une lecture très dépaysante quand on ne connaît rien comme moi à ce pays. Connaissant davantage le sort du captif le plus célèbre, Miguel de Cervantes, enlevé au large des Saintes-Maries-de-la-Mer et qui demeura esclave à Alger pendant presque cinq années, j'imaginais les pays nordiques comme des envahisseurs razziant les côtes européennes, et ignorais qu'ils en furent aussi victimes.
J'ai aussi beaucoup apprécié l'introduction de l'auteure qui raconte ses préparatifs et son séjour en Algérie, sur les pas de ses infortunés compatriotes. L'odyssée de Gudridur se poursuit d'ailleurs dans un second volume, qui contient une bibliographie et une post-face des plus intéressantes.
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Si l'Irlande est célèbre pour ses sagas, il faudra désormais ranger "L'esclave islandaise" parmi les livres d'aventures de ces îliens.
Steinunn Johannesdottir a voulu dans ce roman nous éclairer sur le passé de son pays, victime des razzias turques.
S'enrichir par la traîte des hommes était le but ultime de ces raids qui profitaient non seulement aux écumeurs des mers mais surtout aux marchands d'esclaves du bassin méditerranéen.
Avec enthousiasme, j'ai lu la vie des captifs islandais détenus à Alger du temps des Barbaresques.
En 1627, des navires accostent sur les îles Vestmann pour alimenter le marché aux esclaves d'Alger.
L'étonnement est grand de savoir des ravisseurs s'éloigner considérablement de la méditerranée pour trouver des otages, promesses d'enrichissement.
Avec d'autres compatriotes Gudridur et son fils font parties de ces victimes vendues, humiliées et battues sur le sol musulman.
Séparée de son fils, Gudridur est vendue au bagne d'Ali Pégelin où elle travaille dur dans la teinturerie au point d'user son corps meurtri par les coups.
La langue est au début un obstacle de taille qui contribue à accentuer le désespoir.
Pourtant grâce au petit pécule qu'elle obtient par ses ventes au marché, Grudidur participera à la rançon demandé par ses maîtres.
Neuf ans d'esclavage pour recouvrer la liberté sera nécessaire avec l'appui du roi de Danemark et de son émissaire hollandais.

"Libérée, délivrée..." l'absence de son fils est le prix de sa liberté.

Grâce aux détails de la captivité , l'auteure a retracé avec minutie et même des longueurs ces faits historiques authentiques.
Mis à part le sort malheureux de ces islandais, Johannesdottir s'attarde sur une civilisation orientale inconnue par les captifs.
A la fois Gudridur est fascinée par le raffinement de ses maîtres autant elle souffre de son dépaysement et de la séparation avec les siens.
J'ai regretté cependant certains aspects du récit. D'abord peu familière des noms islandais, retenir les personnages très nombreux a été un défi.
Un style trop factuel à mon goût et surtout le puritanisme de ces islandais m'ont fortement dérangé.

Pourtant l'enrichissement personnel que je retire de ce livre m'incite à poursuivre la saga ; le voyage de retour augure bien des surprises.

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Ce roman raconte l'histoire de centaines d'Islandais enlevés au XVIIè siècle et vendus en esclavage en Algérie. Parmi eux,

Guðríður Símonardóttir, jeune femme arrachée à son mari, mère d'un petit garçon de 5 ans. Après l'enlèvement, Guðríður doit supporter la traversée, la mise aux enchères, l'éloignement, la perte (au moins de vue) des amis enlevés avec elle, mais aussi l'esclavage, les taches pénibles et des maîtres possessifs.

Évidemment en France, c'est un événement historique dont on ne connaît quasiment rien. Apparemment Guðríður est la plus célèbre de ces esclaves (son nom apparaît dans des documents officiels, on a retrouvé une partie d'une lettre envoyée à son époux), mais d'après certaines sources, elle aurait été esclave sexuelle et aurait fait des choses qui l'ont mises au ban de la société. Néanmoins, l'auteur prend le parti d'en faire une femme très humaine, victime d'événements qui la dépassent, fidèle dans sa foi et ses valeurs. Qu'elle ressemble ou non à la Guðríður historique, le personnage est attachant. Son amour pour son fils et son mari très présent et sa ténacité force l'admiration.

Le roman est bien mené, malgré les années d'esclavage, on ne s'ennuie pas, il y a des éclipses bien amenées. J'ai juste trouvé quelques petits défauts (peut-être dus à la traduction au moins pour l'un d'eux), des passages où on ne comprend pas exactement si une personne est vivante ou morte et il faut attendre plusieurs pages avant d'en avoir le coeur net.

Mais j'ai été transporté d'Islande en Algérie, j'ai appris plein de choses sur cette période et ces cultures, en bref, j'ai passé un excellent moment avec ce roman !
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1627. Sur les îles Vestmann, ces terres islandaises sous domination danoise, Gudridur mène une vie simple, rude, auprès de son époux, pêcheur. Elle prend soin de cet homme, de leur fils, de leur demeure. 
Lorsque les turcs débarquent sur ces terres, le chaos survient. 
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Quelle belle histoire que celle de Gudridur et de ses compatriotes, arrachés à leurs terres !
Ces quatre-cents islandais vont passer du vent, du froid, de la pêche, du bonheur et de Jésus à la moiteur, l'étouffement, le fouet, Allah et l'asservissement. Passer d'une l'île soumise au vent, à Alger en Barbarie.
J'ai ressenti de la compassion, de la peine pour eux.
Comme Gudridur, subir cette moiteur, cette faim, ses maîtres, les coups, l'absence de son mari libre, là-bas, si loin. L'impression d'être son amie, témoin impuissante de son quotidien.
J'ai espéré, me suis demandé qui viendrait les délivrer. Reverront-ils seulement un jour leur contrée ? 
En plus de l'histoire, le livre est agrémenté de croquis, gravures qui renseignent sur la topographie de la ville, les vêtements, les esclaves.
Ce fut une très belle découverte qui m'a enchantée et une émotion majeure à la fin du roman. J'ai hâte de lire la suite de cette histoire dont je ne connaissais rien, pour découvrir ce qui va advenir de l'héroïne.
Je ne m'étais pas trompée en le choisissant et je ne peux que vous recommander cette lecture.
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17 ème siècle : l'Islande : un pays rude, un climat hostile,. Pourtant, Gudridur vit heureuse avec son mari et son petit garçon. Mais, des pirates débarquent : ils enlèvent des hommes, des femmes et des enfants. Ils sont embarqués vers une destination inconnue. Finalement, Gudridur est vendue comme esclave sur un marché d'Alger. Sa chance : ne pas être séparée de son fils. le travail est pénible. Les coups pleuvent souvent. le temps passe avec comme seul espoir , être racheté.
L'Esclave islandaise est un récit passionnant tiré de faits historiques authentiques. Sans pathos, sans romanesque, il décrit les conditions d'un esclavage souvent ignoré , celui qui a sévi sur les côtes Sud de l'Europe et la Méditerranée jusque à la fin du 19 ème siècle. Ce récit pose aussi des questions importantes . Comment de ne pas résister à l'attrait, à la séduction même d'une civilisation plus raffinée, plus brillante que la sienne ? Comment résister à la tentation de la conversion à l' Islam quand celle ci peut vous apporter une vie meilleure ? le retour est-il possible ? Qui attend encore Gudridur et ses compagnons d'esclavage sur les côtes islandaises ?
Nous laissons Gudridur avec ses interrogations. La suite est dans le livre 2. Précipitez vous dans cette saga qui vous emmènera dans des mondes mal connus et vous fera voyager loin, très loin.
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En 1627, un raid de Turcs barbaresques attaque les côtes de l'Islande. Les habitants qui résistent sont tués, les autres sont emmenés comme captifs à bord de trois bateaux. Hommes, femmes et enfants, 400 Islandais en tout, de Keflavik, de Grindavik, des îles Vestmann ou des fjords de l'est. C'est de cet épisode historique véridique que s'est inspirée Steinunn Jóhannesdóttir pour raconter l'histoire de Guðriður Simonardóttir, enlevée avec son fils Sölmundur âgé de quatre ans. Après un long voyage, les captifs débarquent à Alger où ils sont vendus comme esclaves. On estime qu'à l'époque les esclaves formaient 25 % de la population de cette ville de 100 000 habitants.

Steinunn Jóhannesdóttir montre bien l'étendue du choc vécu par les captifs. Choc psychologique, bien sûr. Guðriður est arrachée à son cadre de vie habituel et à ceux qu'elle aime. Elle qui était une femme libre va subir la dure condition d'esclave. Enfin elle ignore tout de ce qu'il est advenu de son mari. A-t-il été tué ? A-t-il pu se cacher ou fuir ? A-t-il tenté de la secourir ou a-t-il avant tout pensé à lui-même ? Les questions sont nombreuses et sans réponses. le roman suit le périple de l'héroïne et le lecteur n'en sait donc pas plus qu'elle.

Choc thermique auquel ne survivent pas certains captifs qui meurent de maladies exotiques après leur arrivée.

Choc culturel avec la découverte de nouvelles langues (arabe, turc, franco), d'une religion forcément hérétique puisqu'elle n'est pas celle enseignée par les pasteurs, de nouveaux modes de vie, de la ville pour ces paysans qui vivaient auparavant dans des fermes en tourbe.

Au passage je découvre quelques éléments de l'histoire de l'Islande qui me donnent envie d'en savoir plus sur ce pays, beaucoup plus lointain pour moi que l'Algérie. Au 17° siècle elle dépendait de la couronne danoise. La distance permettait manifestement une certaine autonomie des communautés villageoises. Les pasteurs semblent constituer l'autorité principale. En théorie les commerçants danois avaient le monopole des échanges avec les îles mais on pratiquait la contrebande avec des marins britanniques. Je suis surprise de constater que Guðriður sait lire et écrire malgré son statut relativement modeste. Avantage sans doute du protestantisme sur le catholicisme : il faut pouvoir lire la Bible et les psaumes qui tiennent une grande place dans la liturgie.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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