Il devient difficile de justifier l'achat de bit-lit. La dernière fois, j'avais accusé sans vergogne un post-it d'une libraire, m'ayant soi-disant plongé dans l'erreur. Des fois, je tente aussi le moment d'absence ("Ah oui, je n'avais pas vu, c'est marqué derrière? Une romance fantastique sans équivalent? AH OUI?") ou la naïveté ("Je m'attendais à quelque chose de SERIEUX, il y a marqué UNE REVOLUTION DU GENRE!"). La vérité étant que je me délecte de la bit-lit comme d'un hamburger en fin de soirée. C'est pour moi un équivalent moindre des comédies romantiques américaines faciles à regarder, qui me remontent le moral comme peu de films peuvent le faire.
Une chose est claire: en lisant ce genre de bouquins, je ne m'attends pas à vivre une intrigue afutée comme une lame de rasoir ou à profiter d'une écriture de boxeur, travaillant au corps de manière chirurgicale. C'est donc ici que j'arrête les détracteurs trop nombreux de Twilight: ces bouquins ne sont pas bons, et je n'en doute pas une seconde. Je le sais, et m'en contente pour ce qu'ils sont: des bouquins "entre-deux", qui permettent un reboot agréable, en faisant vivre quelques scènes vibrantes au passage. Alors oui, c'est souvent niais. Oui, c'est pas vraiment original. Mais ça me suffit.
Le premier tome des Etoiles de Noss Head n'était pas si mauvais. le principal problème résidait dans sa structure (l'histoire, c'était Twilight en Ecosse un peu branlée pour que les loup-garous apparaissent en premier) identique à la saga de Meyer, et du caractère ultra-supra-prévisible de l'histoire, qui se devinait deux-cents pages à l'avance. Je n'avais pas une envie irrésistible d'acheter le tome suivant, mais je vous le jure: dans cette fameuse librairie-phare de Dijon, on avait exposé ce tome avec - malheur! - un nouveau post-it: "Encore meilleur que le premier!". Des souvenirs, une faiblesse d'esprit, et je suis reparti pour l'étrange ville de Wicks.
Saint-Andrews, plutôt, dans ce tome, puisqu'Hannah va à la fac: elle devient grande et apparemment sexuée. Sa relation avec Leith va plus loin physiquement, ce qui fut pour moi très rassurant, me confortant dans l'idée que les loup-garous ne sont pas d'éternels puceaux.
Que dire de l'intrigue de
Sophie Jomain? Je la trouve bien plus convaincante que celle du premier tome, s'écartant peut-être un peu des clichés du genre sans pour autant nous livrer une fournée originale. La vie de fac, et l'ambiance régnant dans la ville est fort sympathique, mais il fallait bien ternir ce petit tableau avec le détail qui tue: les vampires. Et que l'on soit bien clair: leur foutre des ailes et les appeler les "Anges Noirs" ne change pas grand-chose. Evidemment, ils n'aiment pas les loup-garous, et évidemment, ça va se fritter. Quel dommage de retomber dans ce travers actuel aussi incompréhensible que fade. Entre Underworld, Twilight et tous ses rejetons ennuyeux, j'aurais espéré Jomain assez intelligente pour éviter cet écueil actuel incontournable. Dommage.
Reste que je peux affirmer avec prudence que ces fameux "anges noirs" ne sont pas trop loupés. Ils apportent pour ainsi dire un peu de mouvement dans cette histoire qui aurait pu s'ankyloser très vite autour de la relation déjà banale de Leith et Hannah. La relation que ces anges entretiennent avec Hannah est joliment construite, évitant les scène trop lourdes et trop prévisibles.
L'énorme problème, encore une fois, c'est cette manie d'une pénibilité inouïe de créer encore et encore la même héroïne de bit-lit (et je vous le donne en mille: BELLA SWAN). Ici, Hannah va naturellement se retrouver liée dans chacun des camps, s'interposant à la même lutte ancestrale que l'on retrouve dans tous ces bouquins horripilant. Alors voilà, personne ne carre pourquoi Hannah est adorée par tout le monde, personne ne carre pourquoi les loups n'aiment pas les anges, mais on s'en branle. Les tentatives pour rendre la lutte garou/vampire originale sont loupées et ne servent qu'à installer cette haine inexplicable qui semblerait presque moralisatrice par moments. Alors bon. Je ne vais pas faire le procès de cette histoire rabâchéer mille fois, tant pis...
On n'enlèvera pas au livre de Jomain ce côté "facile à lire", "relax", qui est extrêmement plaisant. A bien des égards, le roman remplit ses objectifs. Et, je suis bien obligé d'en glisser un mot: la fin du bouquin est aussi surprenante que bienvenue. Je ne vais pas spoiler, mais me contentai de dire que cet éclat final d'un tragique peu clément m'a pris à contrepied pour mon plus grand plaisir. J'ai prié pour un peu d'originalité, Jomain, sur les dix dernières pages, me l'a fournie. Merci!
On en arrive à une conclusion assez optimiste sur ce bouquin qui, sans prétention, fait passer un bon moment sous cette chaleur caniculaire. Evidemment, tous les post-its des libraires étaient faux: aucune révolution dans cette histoire. Mais on ne fait pas que changer les noms; avec ce tome, Jomain étoffe son univers et s'écarte petit à petit des standards du genre. Et les dernières pages nous laissent deviner une témérité de l'auteure que l'on n'imaginait pas et qui je l'espère, sera encouragée pour la suite.
NB: J'ai oublié un petit détail: c'est encore tristement très prévisible. Enfin...