Force est de constater que pour cette critique, me voilà dubitatif.
Ce troisième tome de la saga "Les Etoiles de Noss Head" ne m'inspirait guère confiance. Au même titre que les ouvrages précédents, par ailleurs. Si vous avez suivi un peu mes critiques, vous connaissez mon aversion pour tout ce qui se rapproche de la bit-litt. Ce n'est pourtant pas une haine profonde, et désolé si je me répète: cela fait toujours plaisir de voir le fantastique réveiller les ardeurs des lecteurs actuels. le gros problème, c'est le suivant: à quoi bon mettre le fantastique en avant si c'est pour le plomber de navets sans nom, et seulement de navets sans nom?
Parce qu'il faut être bien clair, à l'époque de "Twilight", je n'avais strictement aucun grief contre la bit-litt. Twilight n'était certes pas bon, mais je ne voyais pas en quoi quatre romans à grand succès allait détruire le fantastique, au contraire. Mais j'avoue avoir été surpris, même si c'était prévisible, par l'avalanche de nanars puants qui ont déboulé à la suite. Et ce fut douloureux. Cela s'estompe petit à petit (j'ai l'impression, en tous cas), mais fut un temps où tout ce que l'on aurait pu trouver au rayon fantastique d'une librairie lambda se résumait à la biblio de
Stephen King (excellente, certes, mais ne compilant heureusement pas un genre), Dracula et de la bit-litt. J'en avais des sueurs froides.
Comment me suis-je donc retrouvé à lire "Les Etoiles de Noss Head", me questionnerez-vous? C'est une affaire d'alcool et de Dijon (les deux s'entremêlant bien souvent dans mon cas). Je ne vous referai pas tout le récit, mais je me suis retrouvé en lendemain de soirée, dans la fraîcheur du petit matin, à aller à la Librairie Grangier (lieu d'apaisement miraculeux) et, sûrement en cours dégondé par la bière, j'ai cru le joyeux post-it sur le premier tome de la saga, qui vantait "un roman fantastique qui révolutionne le genre". Bon, je n'avais pas vraiment pigé ce sur quoi je venais de mettre la main, mais je l'ai lu sans trop d'a priori. C'était un pur plagiat de Twilight, un peu branlé pour que ça semble différent, mais qui n'irait jamais jusqu'au désagréable. L'auteure n'est effectivement pas une grande écrivaine, mais difficile de trouver sa plume désagréable au prime abords.
Le tome 2 n'était pas si mal non plus: on continuait sur du Twilight pur jus, mais cette fois-ci, on était presque prévenus. Et je me rappelle de la fin du livre qui se démarquait, enfin, par une originalité fort bienvenue.
Alors excusez-moi pour toutes ces digressions, mais cela me semblait nécessaire pour vous exposer la suite. Pour la troisième fois, j'ai effectué le cycle soirée-lendemain difficile-achat de ce bouquin. Et cette troisième fut toute particulière, parce qu'alors ça n'a vraiment pas eu le même goût que pour les deux premiers tomes. Ce troisième tome est-il particulièrement nauséabond ou est-ce moi qui ai tant changé?
Je n'avais pourtant pas de rancoeur envers
Sophie Jomain. Cette "saga" n'a jamais rien eu du chef-d'oeuvre, mais on ne peut franchement pas la condamner pour ce qu'elle n'a jamais prétendu être. J'ai bien l'impression que dans ce volume, j'ai atteint un écoeurement si profond et révulsant qu'il me fut réellement difficile de finir ces quelques centaines de pages.
Jamais le personnage de Hannah ne m'a semblé aussi puéril et étonnant. Etonnant par sa débilité et son constant effet qu'elle me faisait: l'encéphale qui éclate à chacune de ses phrases. A mi-chemin entre le mollusque philosophe et la bobo écologiste militante, Hannah se fera un plaisir de vous faire découvrir ses névroses et sa psyché toujours à fleur de peau. Dans ce tome, elle parviendra à s'étonner d'un peu près tout ce qu'il entoure et à ponctuer chaque action d'une phrase, pensée ou aphorisme vomitif de circonstance. On ne lui reprochera pas ses dialogues avec Leith, qui est carrément devenu un héros de l'absurde à lui tout seul.
En fait, je préfère vous l'avouer dès maintenant: tous les personnages sont subitement devenus à chier. On passera rapidement sur le loup-garou qui, littéralement, ne sert à rien mis à part être une érection ambulante. Darius est à hurler de rire: le bonhomme est censé avoir plusieurs années derrière lui, et se révèle juste être un puceau centenaire (ce que je pensais être une figure de légende urbaine). Gwen, sa gonze, complètement dévergondée à la limite de la décence, passe elle aussi son temps à philosopher sur la manière d'attirer un vampire dans son lit. Probablement le pire personnage du roman, qui se démarque des autres par ses réactions caricaturales ulcérantes. En bref, tout est loupé.
L'histoire quant à elle est une resucée de Twilight, et file l'impression d'une gueule de bois instantanée. En gros, Hannah ne sait pas quoi faire ni au début du livre, si au milieu, ni à la fin. On se contentera de la voir errer au hasard sur les jolies terres d'Ecosse, en se questionnant sur le sens de la vie et son amour éternel pour l'érection ambulante que l'on appellera Leith.
Le tout est servi par un écriture laborieuse, qui dans les autres tomes semblait presque agréable. Je ne pense pas vraiment que
Sophie Jomain ait changé de style entre les deux tomes, mais si la recette ne marche pas ici, c'est probablement dû au néant qu'elle dessert. On ne peut s'empêcher de penser que c'était le tome de trop, qui étire une histoire qui aurait pu se contenter de deux cents pages. Mais bon.
Concluons en déconseillant poliment la lecture de ce troisième tome. Seuls les plus acharnés y trouveront leur bonheur, et encore faudra-t-il survivre à ces trois cents pages de bouillie fade et révulsante.