Quand l'actualité vire au dramatique, sous le coup d'une tragédie, d'une guerre ou d'un attentat, l'idée de l'humanité me tente, j'en viens presque à me dire que l'homme est le fruit d'une communauté fragile, unique, rassemblée. Mais très vite tout ça m'écoeure, l'idée que la fraternité soit le sort des découragés, de toute façon je n'ai jamais supporté ça, le sentiment de penser ensemble, d'être d'accord ensemble, de marcher ensemble, se rassembler, rien que l'idée...
La vie est un monologue sans cesse parasité par la conversation des autres.
Est-il plus louable de mourir pour une idée que de vivre tout simplement pour soi? En m'épargnant ces questions, l'Histoire aura fait de moi une ombre perdue dans sa propre paix, en quête de sa propre paix. Un partisan de l'espoir personnel, mais certainement pas un homme en paix.
C’est toujours favorable d’avoir un ami riche, on en escompte une forme de contamination,on s’en imprègne comme d’une émanation. L’ami riche c’est le répit du fauché, rien que de le voir ça rassure sur son compte, ça ferait même dire que c’est possible, que si le monde est mal fait il a ses largesses tout de même.
Le monde n'est que la banlieue d'une zone inhabitée.
... Le Tigre épuisait sa source dans l'algue des nudités qui s'y rafraîchissaient, sa plaine fertile arrosait les santés, on y disait les mots d'une langue nouvellement couchée, on gelait le temps dans l'histoire, on ne se doutait pas qu'un jour on ne serait plus qu'un passé, qu'il n'y aurait plus de passé, rien que des avenues trop grandes, des espaces désolés dans le tumulte des chars, un feu d'artifice à même le corps, des mômes de vingt ans tirant sur des mômes de vingt ans.
dans l'esprit du gouvernement américain, l'équation est simple, pour détruire les armes de destruction massive en Irak, on détruit massivement l'Irak à coups d'armes massives.
Elle marche devant, je la regarde sans rien faire, je la suis. Elle parle allemand comme un guide, elle commente le quai, la passerelle des Arts, j'aime cette langue dans la bouche d'une femme, cette âpreté élégante, elle parle mais je ne comprends rien. J'aimais ça. De toute façon j'ai de plus en plus souvent cette sensation-là. Pas uniquement avec Hannah. Pas uniquement avec l'allemand. Elle repart demain, vers ce pays que je situe un peu mieux sur la carte, mais qui reste totalement improbable. Après, elle ira en Allemagne , puis au Danemark, dont je n'ai que de vagues souvenirs de Hamlet. Une guerre se précise de plus en plus au sud, et cette fille n'en finit pas de remonter vers le nord, vers le froid. En ce moment j'ai l'Irak en tête d'une façon démesurée, irrationnelle.
_ Qu'est-ce que tu racontes ?
_ Non, rien, je pensais à l'Irak, tu crois qu'il y aura la guerre?
_ Bien sûr que non.
Elle m'embrasse, elle me prend la bouche à deux mains, puis elle marche à nouveau devant moi. Je sais d'avance que demain je ne serai plus très sûr de l'avoir vue, ni même qu'elle ait réellement existé. Cette fille-là je me dis que je devrais la suivre, et que pour ça il faudrait être léger.
Tellement NOSTALIQUE et d'un autre temps... Sublime !
Le soir, on allume sa télé comme on demande de l'aide, et souvent c'est l'inverse qui se produit.
C'est énorme d'obtenir le portable de quelqu'un, c'est toucher le code de son intimité, qui permettra de s'y connecter à tout moment, n'importe où.