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EAN : 9782226478344
352 pages
Albin Michel (23/08/2023)
3.79/5   621 notes
Résumé :
Ceci est un roman total.
Entrelaçant l'histoire du monde et une histoire de famille, il embrasse notre présent et nos fautes passées.

En quelques semaines, du début du mois de janvier 2020 à la fin du mois de mars, le quotidien d'une famille française va basculer en même temps que l'humanité.

Fuyant le confinement urbain, Vanessa, Caroline et Agathe se réfugient aux Bertranges, une ferme du Lot entre les collines et la rivière, o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (117) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 621 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 # 8 °°°

C'est l'histoire d'une famille qui se réunit, qui se retrouve. Cette famille, on la connait, c'est celle de Nature humaine. le Lot, la vallée de la Rauze. Des agriculteurs à la retraite. Quatre grands enfants, quadra, quinqua. Alexandre, le fils « loyal » qui a repris l'exploitation familiale, la ferme des Bertranges. Trois filles qui sont parties à la ville, Toulouse, Rodez, Paris, et sont en froid avec leur frère pour une histoire de terres cédées pour y installer des éoliennes et un centre de maintenance pour une société d'autoroutes. 

Il fallait trouver le catalyseur pour lancer la mécanique des retrouvailles. Très pertinemment, Serge Joncour choisit la crise COVID et son confinement qui pousse les soeurs à venir se réfugier aux Bertranges, exposant ainsi les rancunes familiales pour les placer à l'heure des règlements de compte. Ceci étant, ce n'est pas un roman sur le COVID même si le livre permet de regarder dans le rétroviseur cette période, et qu'il est impossible de ne pas se reconnaître dans les comportements décrits.

Comme à chaque fois, Serge Joncour puise la force de sa narration en ses personnages, tous magnifiquement caractérisés, tous humains, terriblement humains. D'abord, Alexandre qui semble insubmersible ; alors que le monde entier plonge dans la dépression, lui va étonnamment bien sur ses terres, la pandémie a validé ses choix, prouvant qu'il avait eu raison de miser sur une pratique agraire respectueuse de la nature. Puis Constanze, sa compagne, militante écologiste apaisée qui vit dans une réserve biologique protégée en Corrèze.

Et puis les soeurs, les urbaines, qui voient leurs certitudes bousculées par la crise. Serge Joncour a l'art de scruter les consciences, dévoilant subtilement les changements qui s'opèrent en elles alors que c'est si difficile de se comprendre après plus des années de silence lorsqu'on a rien en commun ni aucune expérience à partager :

« En le regardant faire, elle se demandait comment elle avait pu lui en vouloir autant. A l'époque, elle lui reprochait de ne pas avoir d'autre rêve que de vivre ici, de s'en tenir à ça. Elle estimait peu glorieux ce manque d'imagination pour un adolescent. Alors qu'elle aurait dû le bénir, en tout cas le remercier d'assurer la pérennité de ces terres, sans quoi les parents n'auraient pas pu garder la ferme, et ici il n'y aurait plus rien eu, sinon des ruines. Il y avait trente ans, elle le tenait pour un homme du passé, mais en fin de compte c'était bien lui le mur porteur, le socle renouvelé de la famille, à tel point qu'en ce moment même, pour trouver refuge, c'est vers lui qu'elle s'était tournée. »

Le titre l'indique bien, il est question d'hommes mais la faune et la flore sont au coeur du mouvement qui anime les personnages et leur évolution, dès les premières phrases, magnifiques, qui décrivent la joie des vaches à retrouver les pâtures lors de la mise à l'herbe hivernale. On sent l'engagement de l'auteur lorsqu'il célèbre la beauté de la nature qui respire lorsque les activités humaines se mettent en pause, lorsqu'il introduit dans l'intrigue trois chiots bichons comme symbole de cette nature à protéger, ou lorsqu'il dénonce les dérives de l'agriculture productiviste à l'ère du dérèglement climatique.

Engagé, oui, mais jamais donneur de leçons. C'est cette humilité, alliée à une véritable hauteur de vue dénuée de cynisme, que j'ai particulièrement appréciée dans cette fable tendre et humaniste. Finalement, la chronique familiale, radiographie juste d'une époque, se transforme en chant louant le lien retrouvé entre les corps et la nature, sans naïveté mais avec un optimisme qui fait du bien à l'âme.

« La vie va d'une peur à l'autre, d'un péril à l'autre, en conséquence il convient de s'abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif. »
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Quelle heureuse idée a eu Serge Joncour de nous faire retrouver Alexandre, aux Bertranges, dans le Lot, où il continue à élever ses vaches ! Sous le soleil de janvier 2020, le printemps a deux mois d'avance mais Constanze est là et cela le comble de bonheur.
L'auteur de L'amour sans le faire, L'écrivain national, Repose-toi sur moi et Chien-Loup, livres qui m'ont beaucoup plu, poursuit donc Nature humaine (Prix Femina 2020) et il me régale à nouveau.
Voilà qu'il cite alors Caroline, Agathe et Vanessa, les trois soeurs d'Alexandre parties vivre loin de la ferme familiale. Sont-elles là ? Non, car Alexandre nomme ainsi les trois éoliennes qui dominent le paysage et qui ont pu être installées parce que les frangines ont accepté de vendre leurs terrains. D'ailleurs un autre de ces terrains a été cédé à la société d'autoroute pour l'installation d'un centre de maintenance.
Heureusement, il reste suffisamment de terres pour faire paître les vaches dans les meilleures conditions possibles. Âgé de 57 ans, Alexandre veille aussi sur Angèle et Jean, ses parents qui vivent un peu plus bas et se consacrent au maraichage.
Nous sommes donc début 2020 et, à la télé, on parle d'un mystérieux virus chinois et cela me rappelle vite quelques souvenirs… Comme pour nous tous, ce fameux virus va profondément modifier la vie de toute la famille d'Alexandre.
Petit à petit, alors que personne n'y croit, que les autorités se veulent toujours rassurantes, le coronavirus se répand et les restrictions s'aggravent. Serge Joncour écrit toujours aussi bien, sait parfaitement raconter et saupoudre son récit d'un humour toujours bienvenu. Son style est vivant, imagé et m'emmène au coeur de la vie paysanne, vie qu'il connaît bien et sait parfaitement mettre en valeur.
Voici maintenant les trois soeurs, chacune dans sa vie personnelle, vie qu'elles ont choisie pour fuir la ferme, ce monde rural qu'elles détestent. D'ailleurs, dans la famille, les fâcheries persistent et bloquent les rapports, ce qui est toujours triste et arrive trop souvent hélas.
Caroline vit seule à Toulouse. Agathe s'est installée à Rodez avec Greg, son mari, qui fut un gilet jaune virulent. Ils ont deux ados très différents, Kevin et Mathéo. Enfin, Vanessa mène la belle vie à Paris.
Les parents d'Alexandre sont aidés par Frédo qui débarque un jour avec trois chiots, des bichons qui vont bouleverser la vie familiale et apporter plusieurs surprises rendant l'histoire palpitante et parfois stressante.
J'ajoute enfin, car c'est important, que les Bertranges, cette ferme familiale que seul Alexandre maintient vivante, va devenir un refuge providentiel, un bel hommage pour celles et ceux qui donnent beaucoup afin de garder un peu de vie dans nos campagnes. Accessoirement, ils nous permettent de manger des produits sains grâce à ces circuits courts devenus indispensables. de son côté, Constanze, à la Reviva – réserve biologique de l'ONF - se consacre à la sauvegarde de la forêt qu'il faut impérativement préserver.
Avec Chaleur humaine, excellent titre, Serge Joncour a réussi un autre très bon roman qu'il faut lire car il témoigne en même temps d'une époque très proche que nous avons tendance à oublier, et nous rappelle qu'il existe une vie en dehors des grands ensembles ou des villes où la vie se concentre artificiellement.

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La famille est dans le pré.
Ne pas se fier au titre du roman, il n'est pas question de sudation mais d'un récit de confinement en famille à la campagne. D'un autre côté, les aventures d'un gérant de hammam ou de sauna dans un bled paumé du Lot qui propose une alternative au bain mensuel dans l'abreuvoir aurait peut-être déclenché chez moi plus d'enthousiasme qu'un rembobinage sur ce Printemps 2020 qui n'est pas encore passé au noir et blanc dans ma boîte à souvenirs.
Depuis 3 ans, je fuis comme la peste, ou plutôt comme la Covid, les carnets de bords et récits des confinés inoccupés qui n'étaient pas bricoleurs ou tricoteurs. Je suis donc rentré dans cette suite de « Nature Humaine » un peu en marche arrière mais pour connaître un peu l'étroitesse des routes vallonnées du Lot, je vous conseille de ne pas commencer par la fin.
Fuyant le confinement urbain, la promiscuité, le travail pour certains et le virus, Vanessa, Caroline et Agathe se réfugient aux « Bertranges » dans la ferme des parents. Les trois soeurs, une célibataire, une divorcée et une dernière en couple avec un beauf version premium, retrouvent sur place Alexandre, le frérot agriculteur resté à demeure. Pilier de la famille, ce dernier n'a pas besoin de Karine Lemarchand et de ses mélodies lacrymales d'ascenseurs puisqu'il est casé avec une autre amoureuse de la nature et des pulls qui grattent. Alexandre n'est pas ravi de voir revenir ses soeurs avec lesquelles les contacts se limitaient aux enterrements et aux voeux de bonne année depuis l'exode urbain et quelques histoires d'héritage. Côté éoliennes et passage d'autoroute au voisinage de ses terres, il a la digestion un peu difficile.
Tout ce petit monde va arriver avec ses valises, ses problèmes et va être obligé de tomber les masques (j'étais obligé de la faire !).
Les récits de Serge Joncour ressemblent à des week-ends à la campagne. Ils sont capiteux, moelleux, prennent leur temps sans le perdre, ils sont écrits pour être lus à la belle étoile et pourtant ils ne penchent jamais du côté des romans du terroir qui sentent le pâté de campagne et confondent histoire et traditions.
Il n'y avait donc que la plume de Serge Joncour pour parvenir à nous rappeler avec finesse et sans tomber dans le convenu, nos petites habitudes de confinés scotchés devant les JT, les transhumances de citadins accueillis à la fourche par les autochtones, nos débats intrafamiliaux dignes d'un réveillon trop arrosé, nos soudaines vocations d'épidémiologistes de zinc, les collections de papier toilette et surtout nos dénis, angoisses et incertitudes.
J'ai lu que Serge Joncour se décrivait lui-même comme un écrivain du dehors et la nature occupe effectivement une place de plus en plus importante dans son oeuvre depuis « Chien loup ». Si le confinement a arrêté un peu le temps, mis nos vies en pause, le roman décrit très bien que pendant cet entracte, la nature a profité de ses vacances et repris ses droits. L'auteur emprunte aussi l'oeil de son agriculteur de héros pour observer le changement climatique et le dérèglement des saisons dans son activité. Y'a plus de saison comme au bon vieux temps, ma bonne dame !
Ce roman est une réussite même si j'avais trouvé « Nature humaine » plus abouti et ambitieux, peut-être parce qu'il s'inscrivait dans un temps plus long qu'un écouvillon.
Allez Un petit pari sur le titre du prochain roman :
Chair humaine ? Chaîne Humaine ? Surhumaine ? Energumène ?
Tiens, c'est déjà ma 300 ème.
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Avec Chaleur humaine, nous voilà revenus aux Bertranges dans le Lot, dans cette ferme familiale isolée entre collines et rivière. Les parents ont vieilli et des quatre enfants, seul Alexandre est resté au bercail, reprenant l'exploitation familiale, ses trois soeurs ont réalisé leur rêve de partir vivre en ville, en appartement à Paris, Toulouse et Rodez. Lors du partage, elles n'avaient pas hésité à céder leur part pour l'installation d'éoliennes et la construction par la société d'autoroute d'un centre de maintenance. Aussi, depuis quinze ans, les relations sont pour le moins tendues entre Alexandre et ses trois soeurs, entre eux demeure une incompréhension définitive.
Si, en ce samedi 25 janvier 2020, le printemps ayant quasiment deux mois d'avance, Alexandre et Constanze éprouvent un grand plaisir à conduire les jeunes veaux, les broutards, pour rejoindre le troupeau après deux mois d'abri : le vrai premier jour de l'année à la ferme, c'était le matin de la mise en herbe, symbole de la vie qui renaît !
Mais voilà, nous sommes début 2020 et une pandémie a entrepris sa marche funèbre.
Fuyant le confinement urbain, Caroline, puis Agathe, son mari et leurs deux garçons et enfin Vanessa viennent se réfugier aux Bertranges.
Nous voilà plongés alors dans un huis-clos d'une rare intensité, en pleine nature !
Comme dans son précédent roman, Nature humaine, j'ai une nouvelle fois été éblouie par les descriptions pleines de poésie que fait Serge Joncour de ce reste de nature préservée et par le portrait qu'il brosse de cet Alexandre amoureux de sa terre qu'il connaît si bien, qu'il a réussi à préserver jusqu'ici des affres du réchauffement climatique grâce aux arbres et aux haies qu'il a maintenues autour de ses prés. C'est un pur bonheur de le côtoyer dans son travail, et une satisfaction également de constater que celles qui ont eu la naïveté de croire que la ville était la panacée, éprouvent le besoin de venir se réfugier à la campagne. La difficulté sera de cohabiter, car ils ne sont plus du même monde, un fossé s'est créé entre les urbains et les ruraux.
Les autres personnages sont également particulièrement bien décrits et la diversité de leurs caractères permet d'embrasser un large panel d'opinions.
Si Nature humaine, situé entre 1970 et 2000, évoquait la dislocation des familles, Chaleur humaine tente de les rassembler, de les faire entrer dans une forme de communion en oubliant leurs différends, la campagne redevenant un territoire de liberté, alors qu'elle avait été une sorte de punition pour ceux qui y étaient restés par manque d'ambition et d'imagination comme on se plaisait à le penser.
Le lien entre l'homme et ses racines s'était fortement distendu, et là nous assistons au renversement d'un monde qui semblait immuable.
En entrelaçant l'histoire du monde et une histoire de famille, Serge Joncour nous livre un roman passionnant de bout en bout, non dénué d'humour, dans lequel il inclut à la fois notre présent et nos fautes passées.
Dans un monde qui se dérègle et se déchire, ce chamboulement avec l'arrivée de cette pandémie et le confinement qui s'en est suivi ont permis de retrouver un temps, un peu de chaleur humaine. Une époque toute proche et qui pourtant semble déjà lointaine…
Encore une fois, c'est un énorme coup de coeur que j'ai ressenti à la lecture de Chaleur humaine de Serge Joncour et c'est avec beaucoup de regret que j'ai tourné la dernière page...

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Les aficionados de Serge Joncour se souviennent certainement des propos que l'auteur avait confiés à Livres hebdo, à la sortie de Nature Humaine, en 2020.
Il se disait «  embêté pour la suite, car il avait prévu une catastrophe écologique » or l'actualité l'avait rattrapé. Et d'ajouter : « désormais je ne peux plus faire l'économie du réel. Moi qui voulais inventer une histoire cataclysmique, le réel m'en fournit une encore plus folle ! ». Cette assertion du romancier : « Le présent est toujours le sésame du passé. le passé résonne dans le présent » s'avère on ne peut plus juste. C'est un autre scénario qui s'est invité ! Une période digne d'un thriller.
C'est donc avec d'autant plus d'impatience que l'on aborde la lecture. Que les nouveaux lecteurs soient rassurés, Serge Joncour a glissé dans son quinzième roman un chapitre flashback sur l'année 2000 qui permet de faire la passerelle !

Le titre Chaleur humaine est tout aussi judicieux que celui de Nature humaine , car sujet à diverses interprétations. D'où provient cette « chaleur humaine », quelle en est la source?

La tranche de vie relatée s'étale sur presque deux mois, de janvier à fin mars 2020, année d'un chamboulement abyssal dans nos vies. Une façon de restituer un pan de mémoire collective. le récit est daté comme un journal, on reconnaîtra les dates de vacances scolaires, la date du changement d'heure ( source de confusion pour le père) et surtout l'annonce du confinement due à la pandémie qui, après la sidération, va déclencher chez les urbains la ruée vers le vert.
Bienvenue aux Bertranges où vivent les parents Fabrier , leur fils «  sacrificiel » Alexandre, agriculteur éleveur, resté ancré au terroir, attentif au devenir de la nature soumise au réchauffement climatique.
Une famille toujours rivée au JT de 20 heures, « leur religion », d'autant plus que les annonces du gouvernement se multiplient, se contredisent et génèrent un climat anxiogène.


Le roman débute de façon saisissante. le cameraman Joncour convoque une impressionnante scène d'ouverture à la fois bucolique et panoramique!
Imaginez un travelling, sur la mise en herbe des bêtes. Serge Joncour, en peintre animalier, nous immerge comme un tableau de Rosa Bonheur. Les vaches folâtrent dans les prés, « tambourinent le sol », surprises par la liberté, ivres d'espace, de soleil et d'herbe. On devine le lien viscéral qui unit Alexandre à son troupeau et à ses chiens.


C'est un retour à la terre-mère que les trois soeurs d'Alexandre choisissent. Pourtant brouillées depuis plus de 15 ans, « les trois lumineuses flammèches » décident de renouer avec leur frère , « au caractère souple », au calme olympien et de venir squatter la ferme de leur enfance. Elles s'assurent que le net fonctionne sans aller sous le tilleul ! Elles débarquent avec moult bagages ! Retrouvailles successives /en plusieurs temps. Assez cocasse le trajet en bétaillère pour convoyer Agathe, son mari et les rejetons ados ( dont un problématique). Il faut déjouer les contrôles. Bientôt les attestations de déplacement seront nécessaires.

Comment va se passer la promiscuité de la fratrie agrandie ?
On partage leur quotidien, leurs conversations animées ( ça s'écharpe, tensions) mais aussi leur isolement, la peur de contaminer leurs aînés, en prenant des repas avec eux.
On entend leurs confidences ( couple, travail...).
On baigne dans l'euphorie le jour où l'on sort la grande table pour prendre un repas ensemble, on contemple le ciel incendié au couchant. Vanessa , la photographe capture des instants d'harmonie. Caroline, «  madame le professeur », réclame le calme ! L'ado bricoleur répare une moto et explore les environs, espérant trouver des joints ! Agathe et Greg ont dû fermer leurs établissements.
On consulte les tutos pour fabriquer des masques ! Les effusions , les bises sont bannies, remplacées par les hugs ! On se suspecte au moindre éternuement, on mesure sa saturation d'oxygène… Une communauté sous cloche !

Chaleur humaine grouille de vie. Pléthore de personnages : le commis Fredo, le vétérinaire, la caissière du supermarché et les marginaux, ainsi que les scientifiques et ingénieurs à la Reviva...
Pléthore d'animaux : vaches, chiens, geais, faune sauvage dont les sangliers auxquels vient se greffer l'irruption non programmée de trois chiots. Les parents n'avaient-ils pas juré de ne plus adopter une bête ? N'en dévoilons pas plus ... La présence de ces trois «  touffes frisées » est auréolée de mystère. Toujours est-il que tout le monde s'attache à ces bichons intrépides, qui font des bêtises. Ils sont à la fois source de situations comiques, d'angoisse quand ils tombent malades, de panique quand ils disparaissent . Ont-ils été kidnappés ? Se sont-ils échappés ? le récit prend alors une allure de thriller, car on garde les fusils à proximité, puis on les charge de chevrotine ! le lecteur est tenu en haleine, d'autant plus que la famille détient « un vrai arsenal » !

Dans Chien-Loup, l'auteur a déjà révélé une évidente connaissance des chiens !
Rappelons cette citation : «  Être maître d'un animal c'est devenir Dieu pour lui. »
A nouveau, on sent qu'il les a côtoyés et a observé avec acuité leur comportement.
Comment ne pas craquer pour ces petits animaux «  aux toisons bouclées et cotonneuses », vibrionnants d'énergie, capables de chorégraphies endiablées.
Ces bichons si attendrissants. Vrais pacificateurs. Ces peluches vivantes n'ont-elles pas réussi à réunifier le « cheptel » ? Ces petits fauves ne viennent-ils pas « peupler  la seule patrie qui vaille : l'instant », pour reprendre une formule de Sylvain Tesson ! (1)

On sera également suspendu aux messages SOS de Constanze, la compagne d'Alexandre , qui fait penser au « super plumber » de Repose-toi sur moi, prêt à voler au secours de celle qu'il a toujours aimée, même éloignée géographiquement. Tous deux restent « soudés par l'indéfectible lien » de ceux qui s'en tiennent à l'essentiel, « une fraternité d'âme qui les hissait au-delà de l'amour ».

L'auteur , à la fibre écolo, offre une bouffée d'air, une parenthèse verte de sérénité avec le personnage de Constanze, cette militante écologiste qui vit à la Reviva, réserve biologique protégée, isolée, en Corrèze. Comme Erri de Luca, elle est attachée à toute forme de vie, au règne animal, si bien que tuer la moindre bestiole devient sacrilège. Pourtant Alexandre voudrait bien éradiquer un frelon asiatique. Ce sanctuaire végétal n'est pas à l'abri des virus, des maladies et on entend la tronçonneuse et les arbres tomber.
La belle blonde sportive s'avère une digne héritière du paysan Crayssac à qui Alexandre rendait visite, conscient qu'il détenait une forme de sagesse.

C'est d'ailleurs dans ce site naturel sauvage, fief de Constanze, que Serge Joncour réunit tout le clan pour le tableau final nocturne rassérénant ! Pas besoin de feu d'artifice, « la nuit tomba sur un brasier encore géant », incandescent.
La Reviva leur offre une parenthèse inédite proche du nirvana , un havre de paix, d'apaisement.

Dans ce roman, Serge Joncour , en gardien de la mémoire, nous replonge dans les affres de la Covid ( premiers malades, quarantaine des rapatriés de Wuhan...), un moment de l'histoire que chacun a vécu avec ses angoisses, ses colères, sa révolte( le hashtag « on n'oubliera pas »)… et en distanciel.

L'auteur ne manque pas d'épingler le gouvernement quant à la gestion de la crise sanitaire (le coup de poignard du 49,3) , dénonce de façon cinglante tous les trolls de Twitter (pour qui le virus n'est qu'une grippette !) Il pointe le désert médical , ainsi que la pénurie de Doliprane. On recourt au véto faute de toubib.

Il ne cache pas ses préoccupations concernant la crise climatique, soulignant l'impact sur la gestion des bêtes. Bientôt, « au lieu de les rentrer l'hiver pour les protéger du froid, on les rentrerait l'été parce qu'il ferait trop chaud ».
L'écrivain fait d'ailleurs remarquer la précocité de la nature : «  le printemps est en hiver ».

Parmi les autres thèmes de prédilection développés :les maladies des arbres et des animaux, les éoliennes, son aversion pour les avions !

Serge Joncour nous immerge dans un huis clos rural avec des trouées sur la forêt, les pâturages ,des plages de silence, qui contrastent avec les conversations animées de la fratrie, les pétarades de mobylette, le feulement des éoliennes, les aboiements, les glapissements...
Son écriture cinématographique indéniable fait défiler certaines scènes avec intensité et son talent pour décrire les paysages restitue, tel un peintre, l'éveil de la nature. On ne peut rester insensible aux fulgurances poétiques !

Chaleur humaine est un cocktail explosif, pétri d'adrénaline, de stress avec beaucoup de fraternité, de tendresse , d'amour et une pointe d'humour, au coeur d'une végétation étonnamment précoce. Un 15ème opus prenant, intergénérationnel (dans la même communion, on ne récolte plus le safran mais on plante les pommes de terre).
L'écrivain s'impose par sa plume qui trempe à la fois dans le rural et l'urbain ainsi que dans les rumeurs du monde et des réseaux sociaux. Un univers mixte d'une riche variété : le nectar de la maturité ! A savourer avec les cinq sens, loin des masques ,du gel hydroalcoolique et en « s'abreuvant du moindre répit, de la moindre paix ». Laisser vous draper dans cette lénifiante chaleur humaine !

(1) Les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
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critiques presse (7)
LeJournaldeQuebec
09 janvier 2024
Serge Joncour, dans Chaleur humaine, aborde [...] l’impact psychologique de la pandémie et du confinement sur la dynamique familiale.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
10 novembre 2023
Plutôt qu’une dramaturgie specta­culaire, Joncour opte pour un rythme lent, et brasse très large.[...] L’ensemble est traversé par l’omniprésence de la nature et les surprises qu’­elle impose aux humains.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
23 octobre 2023
Pour échapper au Covid et au confinement, trois sœurs décident de se réfugier dans le Lot où vit leur frère. Un huis clos familial qui pose aussi la question de la place de l’être humain dans la nature.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Culturebox
06 septembre 2023
"Chaleur humaine" est un roman construit comme un miroir de ce qu'est la nature humaine, avec ses joies, ses peines et ses dualités.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LesEchos
04 septembre 2023
Personnages hauts en couleur, réflexions fines sur la fragilité et la résilience de la nature et des humains… un grand roman contemporain aussi chaleureux que rafraîchissant.
Lire la critique sur le site : LesEchos
SudOuestPresse
04 septembre 2023
Toujours narquois, Joncour ménage quelques moments cocasses. Il raille, comme déjà dans « Chien-loup », sur l’immutabilité des clichés sur la campagne.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LaTribuneDeGeneve
01 septembre 2023
Un roman plein d’une malicieuse humanité.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (152) Voir plus Ajouter une citation
En le regardant faire, elle se demandait comment elle avait pu lui en vouloir autant. A l'époque, elle lui reprochait de ne pas avoir d'autre rêve que de vivre ici, de s'en tenir à ça. Elle estimait peu glorieux ce manque d'imagination pour un adolescent. Alors qu'elle aurait dû le bénir, en tous cas le remercier d'assurer la pérennité de ces terres, sans quoi les parents n'auraient pas pu garder la ferme, et ici il n'y aurait plus rien eu, sinon des ruines.Il y avait trente ans, elle le tenait pour un homme du passé, mais en fin de compte c'était bien lui le mur porteur, le socle renouvelé de la famille.
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Tous ces humains assujettis à la consigne, ces milliards d'êtres confinés chacun dans son enclos, ils répondaient à rien de moins qu'à l'ultime instinct de sauver sa peau, parce qu'une épidémie c'est fait pour éclaircir le troupeau, pour réguler l'espèce, bien souvent en éliminant les plus fragiles.
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Bien souvent, les enfants bouchent la vue, à travers eux on ne voit pas au-delà de quelques décennies. On reste focalisé sur l’infime parenthèse d’une nature à l’équilibre, à l’échelle d’une vie ou deux, alors que la terre relève d’un tout autre rythme.
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Depuis le confinement on croyait le monde à l’arrêt, alors que toutes les vies non humaines retrouvaient dans cette pause une terre à nouveau libre, en cessant leurs activités les hommes libéraient toutes les autres formes de vie, les canards et les hérissons pouvaient de nouveau longer les chemins, les sangliers fourrageaient dans les fossés, les chevreuils ne s’exposaient plus à la mort en traversant les routes et les villes elles-mêmes se laissaient gagner par une faune qui se réappropriait l’espace.
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(Les premières pages du livre)
Samedi 25 janvier 2020
Les bêtes se jetaient sur le chemin comme des gamins à l’eau, elles s’ébattaient entre les haies avec une gaieté folle. Effrayés par ces cavalcades, les geais giclèrent des hauts arbres avec des cris rageurs, furieux de devoir partager l’espace avec ces créatures gigantesques. Les vaches soudain légères tambourinaient le sol et remettaient ce qu’il faut de vie dans cette nature tout juste réveillée. Dans les auges au milieu des prés, les poissons rouges tournoyaient dans une lumière sans ombre, d’ici peu les mufles humides plongeraient dans l’onde claire sans les atteindre et les jours reprendraient le dessus sur les nuits. Ce soleil de fin janvier étrennait ses premiers feux, et il y allait franchement, il faisait presque peur à taper aussi fort, décrétant le printemps avec deux mois d’avance. En se retournant, Alexandre nota que Constanze ôtait son pull pour le passer autour de la taille, elle fermait la route à l’arrière auprès des veaux étourdis. Elle venait chaque année pour l’occasion, voir le spectacle de ces jeunes bêtes qui rejoignaient le troupeau après deux mois d’abri. Comme Alexandre, elle goûtait cette folie qui prenaient les animaux, même s’ils se disaient qu’un jour, au lieu de les rentrer l’hiver pour les protéger du froid, on les rentrerait l’été parce qu’il ferait trop chaud.
Constanze s’amusait à relancer les nonchalants. Sans même élever la voix, elle attisait les traînards qui découvraient le trèfle neuf des bas-côtés et ce que c’était que courir, lancer ses muscles à l’assaut du dehors. Pour la première fois de leur vie ils se retrouvaient dans un monde fait d’herbe, d’arbres et de buissons. Pendant dix mois ils se perdraient dans une mer de collines de laquelle ils tireraient une sève généreuse comme un lait maternel.
Le vrai premier jour de l’année aux Bertranges, c’était ce matin de la mise à l’herbe, le jour qui disait que la vie recommençait. Alexandre dut presser le pas pour ne pas se faire doubler par les bêtes. Dans le regard des chiens aussi on sentait une gaieté, celle de manier de nouveau ce troupeau. En longeant le dévers, Alexandre jeta un regard à ses trois sœurs qui culminaient de l’autre côté du vallon. Sur la colline d’en face, Caroline, Agathe et Vanessa tournaient lentement. Leurs pales brassaient un air neuf, une bise mollassonne leur soutirait deux ou trois mégawatts tout au plus, alors que la tempête Gloria, deux jours auparavant, avait soufflé tellement fort que leurs longs bras s’étaient figés, cloués par les rafales comme par la peur. Cela faisait dix ans qu’Alexandre avait donné à ces éoliennes les prénoms de ses sœurs. Trois frangines de plus de cent tonnes chacune, qu’il saluait parfois avec moins d’ironie que d’amertume, mais que celles-là au moins il continuait à voir.
Les vaches tournèrent à droite et entrèrent d’instinct dans le pré, des sifflements montaient des branches nues, rouges-gorges, pinsons et chardonnerets devaient croire que l’hiver était fini pour de bon, le long de la haie les pruniers sauvages étaient prêts à dégoupiller leurs bourgeons, dans une poignée de jours ils lanceraient leurs fleurs blanches à l’assaut du grand air.
D’année en année, la nature était un peu plus en avance, les arbres se dépêchaient pour dresser des ombres.
Une fois dans le pré, les veaux retrouvèrent leurs aînées, le coup de folie était passé. Ils reprenaient leur rythme méthodique d’herbivores avec une application d’artisan. Chaque vache se sent investie de la mission de brouter le pré entier, elle voue sa vie à cette tâche infinie. C’était reposant à voir.
Constanze s’approcha d’Alexandre et passa ses bras autour de sa taille, tous deux regardaient ce tableau, soudés par l’indéfectible lien de ceux qui avancent dans la vie avec la certitude douce-amère de s’en tenir à l’essentiel. Cette fraternité d’âme les hissait bien au-delà de l’amour et leur permettait de voir le monde avec le détachement des vrais sages, ceux qui ne désirent rien d’autre que ce qu’ils ont.
Constanze voulait repartir avant le déjeuner pour être de retour à la forêt en début d’après-midi. Par la nationale, elle en avait pour une heure et demie. Ils retournèrent vers la ferme en se tenant par la main, suivis par les deux chiens un peu déçus que la manœuvre soit déjà finie. Au moment de se quitter, c’était chaque fois pareil, ils ne se disaient rien de spécial, se parler en se séparant, «ça rend triste et ça porte malheur», c’est ce qu’elle avait retenu des pêcheurs de Madagascar, les Vezos, qui ne disent jamais au revoir lorsqu’ils prennent la mer, pour être sûrs de revenir.

À cinquante-sept ans ses parents lui parlaient parfois comme s’il en avait seize. Cette manie l’avait énervé pendant des années, mais depuis longtemps Alexandre s’en était accommodé, il avait même pris le parti de trouver cela touchant. Il évitait cependant de dîner trop souvent avec eux. Maintenant qu’ils étaient âgés, ils avaient dû embaucher le grand Fredo, un original qui rêvait de les faire passer en bio, si bien qu’ils se sentaient un peu largués face à leur employé, d’autant que le Fredo avait des relations bizarres, c’était le bon gars, mais dans ce camping abandonné qu’il squattait, on parlait de types pas très nets qui traînaient avec des voitures immatriculées à l’étranger.
Ces temps-ci, le père tenait parfois des raisonnements un peu étranges, et la mère avait de soudaines absences. Alexandre n’avait jamais vécu loin d’eux, il les voyait presque tous les jours. De la même façon qu’on ne voit pas ses enfants grandir, demeurer auprès de ses parents au quotidien empêche de les sentir vieillir, sinon par à-coups. La main droite d’Angèle trahissait par moments un léger tremblement qu’elle attribuait à la fatigue, à l’énervement, un jour elle en parlerait au médecin, seulement, comme elle disait : «Manouvrier ne donne plus de consultations depuis qu’il est mort», et médecin par ici, comme maréchal-ferrant ou rempailleur, ça faisait partie des métiers oubliés.
– Alors, elle est repartie, la miss ?
– Oui, ce midi.
– Elle revient quand ?
– C’est moi qui irai la semaine prochaine.
– Chacun son tour, c’est bien comme ça.
– Oui, c’est bien comme ça.

Le son de la télé était encore trop fort, les parents avaient la religion du journal de 20 heures et Alexandre se débrouillait toujours pour baisser le volume mine de rien.
Ce soir-là, il sentait bien que ses parents le recevaient un peu fraîchement, ils lui faisaient la tête parce qu’il venait de remettre toutes les bêtes au pré, alors qu’en Dordogne, juste à côté, le département était passé en alerte rouge à cause de la tuberculose bovine. Voilà trois semaines qu’ils ne lui parlaient que de ça.
Plus de quatre-vingts troupeaux étaient surveillés par les autorités sanitaires, depuis novembre on avait déjà procédé à des dizaines d’abattages diagnostics, on tuait l’animal avant même de s’assurer qu’il était malade en lui fouillant les entrailles, et si c’était le cas, on plaçait tout le cheptel à l’isolement.
– Tu sais ce que c’est que d’avoir à tester tout un troupeau ?
– Mais papa, on n’en est pas là.
– T’aurais quand même pu attendre avant de les ressortir.
– Toi-même tu dis qu’il faut s’adapter à la nature, qu’il faut suivre le mouvement.
– Pour les cultures, oui. Mais pour les bêtes c’est différent, on ne les sort pas juste parce qu’il fait beau.
– L’herbe a déjà bien poussé à l’ouest, ça servirait à quoi d’attendre ?
– Tu veux enrichir le vétérinaire ou quoi ? Et puis tu vois le bazar que ce serait si tu devais les dépister une à une, les empoigner pour l’intradermo et reporter le tout sur le carnet, t’en aurais pour un quart d’heure par tête, ça prendrait des jours !
– Mais le premier élevage est à vingt kilomètres, elles risquent pas d’être contaminées.
– Et les sangliers ? Et les renards ? C’est comme ça que ça s’est répandu en Dordogne.
– Les sangliers ne montent pas aux Bertranges, au contraire ils descendent vers la vallée, c’est plutôt toi qui devrais grillager tes poireaux et tes asperges.
– Les asperges ne chopent pas la tuberculose, que je sache.
– Pas encore !

La mère ne voulait pas intervenir, depuis longtemps elle avait décidé que la ferme là-haut, ce n’était plus leur affaire, d’ailleurs ils n’y mettaient plus les pieds, déjà parce qu’ils y avaient vécu cinquante ans, mais surtout parce qu’ils ne comprenaient plus les façons de travailler de leur fils, ils ne croyaient pas à ces pâtures sans fin, à ces magasins de producteurs, à ces histoires de vente à la ferme, toutes ces complications c’était du temps perdu. Et puis ils ne voulaient plus entendre parler de bêtes, et surtout ne jamais plus en avoir, pas même une perruche ou un chat.
Ils continuèrent à dîner en silence. À l’écran, des centaines de pelleteuses et de tractopelles de toutes les couleurs manœuvraient bord à bord, produisant un ballet fascinant de pelles hydrauliques. Alexandre remonta le son pour en savoir plus sur ce miracle de génie civil. En Chine on construisait deux hôpitaux en dix jours, deux hôpitaux de mille places chacun, alors qu’ici ça faisait cinq ans qu’on attendait une maison médicale dont les fondations n’étaient toujours pas creusées.
Delahousse annonça qu’à Paris, deux malades semblaient avoir été touchés par le mystérieux virus chinois, mais qu’ils allaient bien. Une brochette de médecins en blouse blanche étaient interviewés devant un grand hôpital, ils assuraient que tout était rentré dans l’ordre. Il s’agissait seulement de comprendre comment ces deux personnes avaient attrapé ce virus et de retrouver l’individu qui les avait contaminées, il y aurait donc une troisième personne touchée. Mais déjà on repartait en Turquie où un tremblement de terre avait fait des dizaines de morts, des répliques étaient redoutées dans les prochains jours ou mois.
Ils finissaient le fromage et le monde entier avait défilé devant eux, ils jetèrent une dose de café soluble dans leur tasse avec un curieux
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