Nazimiljardairs

+++ MILLIARDAIRES NAZIS : La sombre histoire des familles les plus riches d'Allemagne +++

L'auteur, David de Jong, un journaliste néerlandais spécialisé dans des dossiers financiers, a entrepris une recherche sur cinq familles richissimes allemandes qui sont parvenus à élargir leur fortune en collaborant avec le régime nazi et qui ont réussi à préserver cette fortune quasiment intacte après-guerre.

Les familles retenues pour l'enquête approfondie sont les
- Quant : actuellement actionnaires majeurs d'entre autres BMW ;
- Flick : détenteurs d'un conglomérat d'entreprises ;
- von Finck : assureurs ("Allianz"), banquiers et investisseurs ;
- Porsche et Piëch : du groupe Volkswagen-Porsche et
- Oetker : empire de produits alimentaires et hôtels.

Pendant 4 ans à Berlin, David de Jong a patiemment vérifié l'origine de la richesse de ces familles de milliardaires allemands, leur attitude pendant les années du régime nazi (1930-1945) et dans l'après-guerre par rapport à des activités de collaboration avec le pouvoir hitlérien et leur situation financière actuelle.

Les deux torts principaux qu'il reproche à certains membres de ces familles sont :
1) l'aryanisation des entreprises juives ou en d'autres termes la reprise des sociétés appartenant à des familles juives pour des prix parfois scandaleusement en dessous de leur valeur réelle ;
2) l'emploi dans leurs entreprises, dans des conditions souvent déplorables et carrément lamentables, de prisonniers ou réfugiés étrangers.

De son analyse il ressort qu'un seul de ces tycoons, Friedrich Flick, essentiellement pour la deuxième raison, a été condamné, en 1947, à une peine de prison de 7 ans.

Ce n'est qu'entre 2001 et 2006 qu'une somme de 4,4 milliards d'euros a été payé à environ 1,66 million d'anciens esclaves par ces familles par l'intermédiaire d'une organisation créée à cet effet, la EVZ ("Erinnerung, Verantwortung & Zukunft" soit souvenir, responsabilité et avenir).

Plusieurs familles, tels les Quant par exemple, ont, le plus souvent à la suite d'articles dénonciateurs dans la presse, chargé des historiens établis à étudier les faits et gestes de leurs parents et grands-parents pendant l'ère nazie, sur la base des archives officielles et familiales.
Ces évaluations n'ont fait que confirmer les résultats de la longue et minutieuse recherche de notre auteur.

L'ouvrage compte tout juste 400 pages, dont 22 pages de notes, un index fort utile de 16 pages, des cartes géographiques, les arbres généalogiques des 5 familles et toute une série de photos des membres et descendants de ces familles.
Il s'agit d'une étude consciencieuse et approfondie remarquablement instructif, mais qui demande du lecteur un minimum de concentration.

J'ai lu la version néerlandaise, ignorant que l'original a été publié chez William Collins aux États-Unis en Anglais "Nazi Billionaires", le 14 octobre 2021. Il existe des traductions en Allemand ("Braunes Erbe") et en Espagnol ("Dinero e poder en el Reich"), mais malheureusement pas encore en Français.

Je termine par une anecdote curieuse : Fin 2019, David de Jong visitait avec sa compagne le Musée d'Art de Tel Aviv et a été estomaqué de noter sur un tableau des 'Amis du Musée' les noms de Gabriele Quandt, petite-fille de Günther Quandt et Magda Goebbels (comme épouse de Joseph Goebbels, la première dame du Troisième Reich) et Ingrid Flick, petite-fille du condamné Friedrich Flick.