AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 317 notes
5
44 avis
4
48 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Depuis que son père a tué sa mère devant lui avant de se suicider, Aiden McCall vit avec Thad et sa mère, April. Devenus comme deux frères, les deux gamins grandissent ensemble dans un mobile home, juste à côté de la maison d'April et son compagnon d'alors. La vie va cahin-caha pour les deux amis. Thad, combattant au Moyen-Orient, revient handicapé et traumatisé. le chômage ne cesse de toucher la population suite à la crise économique. Aiden et Thad se démerdent comme ils peuvent, de petites embrouilles, notamment le trafic de cuivre, leur permettent de quoi s'acheter de l'alcool et de la came. Un jour, alors qu'ils se trouvent chez leur dealer, ce dernier, s'amusant avec son flingue, se met une balle en pleine tête. Évidemment, sa maison regorge d'un attirant pactole : fric, dope et armes. Une découverte qui pourrait bien les aider à s'en sortir et quitter Little Canada...


L'un est orphelin et a fui son foyer d'accueil. L'autre est rejeté par le compagnon de sa mère qui, elle-même, ne semble guère réussir à l'aimer. Ces deux âmes solitaires et cabossées par la vie sont devenues inséparables. Aujourd'hui âgés de 25 ans, Thad et Aiden tentent de s'en sortir dans ce village de Little Canada où le chômage sévit. Aussi, lorsque tout cet argent et cette dope leur tombent presque du ciel, comment ne pas résister à l'envie de le garder pour enfin quitter les Appalaches. C'est sans compter évidemment que toute cette thune allait en attirer plus d'un. À travers le portrait de ces deux amis, David Joy dépeint avec noirceur et cynisme une Amérique profonde, désenchantée et miséreuse. Entre espoir fou et désillusions, ce roman nous plonge dans une atmosphère accablante, pessimiste et terriblement sombre au coeur de laquelle les personnages, profondément humains et à fleur de peau, espèrent entr'apercevoir la moindre lueur. Un roman violent, saisissant, d'une intensité rare portée par une plume percutante.
Commenter  J’apprécie          960
Les trois personnages principaux , Thad , Aiden et April vont vous marquer à jamais dans un roman d'une éblouissante noirceur, un très beau roman dont le cadre se situe dans les Appalaches, au coeur d'une Amérique qui fait peut -être rêver mais rappelle que ce rêve s'est souvent transformé en perpétuelle "descente aux enfers " pour tous ces gens marqués par une histoire si compliquée qu'elle ne laissait jamais entrevoir que des situations chaque fois un peu plus dramatiques . En pénétrant dans ce récit
on pénètre dans une zone d'ombre où jamais le moindre rayon de soleil ne parvient à rendre la situation optimiste , au mieux de la brume ,ou du brouillard ,mais plus encore une sorte de nuit perpétuelle dans laquelle se meuvent des esprits dont on ne peut craindre que le pire.Du grand art , vraiment , que cette plume âpre , rugueuse , précise qui campe devant nous une situation et des personnages à l'unisson , sans jamais nous laisser vraiment croire à une possibilité de s'en sortir.C'est brutal , abrupt , sans concession , voire très violent dans certains passages .Du roman noir , du vrai , bien maîtrisé avec un talent incontestable et si c'est le premier ouvrage de cet auteur que je découvre ,mon intuition me dit que ce ne sera pas le dernier.
Par contre , âmes sensibles , passez votre tour , personnes sensibles au désespoir, tournez - vous vers d'autres textes plus légers , ici , vraiment , " noir , c'est noir , il ne reste plus d'espoir ".
Les amateurs du genre ne peuvent pas rester dans l'ignorance , c'est un incontournable , rien à dire de plus , si ce n'est " bienvenue....on ne sait trop où mais...bienvenue quand même dans les tréfonds de l'âme humaine ...et à bientôt , peut - être.
Commenter  J’apprécie          8111
Encore une fois, David Joy gagne par knock out.
Je suis par terre cherchant mon air.
Comment cet auteur peut-il aussi puissamment évoquer cette lourde noirceur, cette opacité écrasante sans y avoir touché lui-même ? Voilà le talent! Cette puissance évocatrice des mots qui touchent, qui marquent et qui cicatrisent peu.
Des personnages hantés à jamais par leur vécu, des hommes pour qui la culpabilité donne des sueurs froides et où la petite lueur d'espoir au fond de l'oeil peine à rester allumer et finit par s'éteindre.
Pour les trois principaux personnages, Aiden, Thad et April c'est le poids du monde accablant dès la naissance. C'est la colère rentrée, la survie , la fuite dans des paradis plus qu'artificiels, c'est LA fatalité qui n'entrevoit aucune rédemption.
David Joy nous parle d'une Amérique de paumés, d'êtres affligés, d'une fraternité de looser avec une sincère franchise . Il nous parle d'une tragédie mais heureusement, je sens qu'il me tient la main.
Commenter  J’apprécie          590
Aiden McCall a douze ans lorsqu'il voit son père tuer sa mère, retourner son revolver dans sa bouche et s'exploser la boite crânienne. Placé dans un foyer, il s'en échappe et est recueilli par Thad Broom, un ami. La mère de ce dernier, April, n'a jamais aimé Thad, il est le fruit du viol dont elle a été victime dans sa jeunesse. Il vit relégué dans un bungalow au fond du jardin en totale autarcie.
Douze années se sont écoulées. Thad est revenu traumatisé de son séjour en Afghanistan comme marines. Lui et Aiden passent leurs journées à fumer, boire et se shooter à la meth. Un jour qu'ils rendent visite à leur dealer, Wayne Bryson, celui-ci fait un faux mouvement avec son arme et se tire une balle dans la tête. Son argent, sa dope sont à leur disposition…
« le poids du monde » de David Joy est un abîme sans fond vers lequel tous ses personnages vont se perdre tour à tour. La noirceur de ce roman ne connait aucune limite et la rédemption n'y a pas sa place. Les personnages sont maudits, leur destinée est marquée du sceau du malheur.
« le poids du monde » est un roman qui sort des sentiers battus, une histoire qui n'a pas de fin, comme une légende effrayante que l'on pourrait se transmettre pour qu'elle serve la moral des gens « biens ».
Un très bon roman qui remue les tripes et à la lecture addictive.
Traduction de Fabrice Pointeau.
Editions Sonatine, 10 :18, 309 pages.
Commenter  J’apprécie          580
Ce que j'ai ressenti:
…Un nuage de désespoir…
Parce que le ciel est d'un gris sinistre et que la pluie de malchance a déjà déversée plusieurs fois son lot de désolations sur le destin de ces deux paumés des Appalaches, tout le poids du monde m'est tombé dessus, comme un seau d'eau glacée. A vivre ainsi, dans une caravane, au gré des intempéries et des tumultes de la vie, Aiden et Thad, deviennent des frères de misère, pour lutter contre l'acharnement des cieux. Quelle est triste leur vie, à en pleurer des larmes de sang, parce qu'il n'est pas concevable que cette agonie d'immobilité forcée et tous ses rêves étouffés soit, le quotidien de jeunes de 24 ans…

Troublant. Electrique. Désespérant.

On le voit s'amonceler ce mauvais temps, ce maudit karma des laisser-pour-comptes. On aimerait leur tendre un parapluie de mille couleurs, pour contrer un tant soit peu, cette tempête de noirceur qui semble s'accrocher à eux…Mais malheureusement, pour certains, la vie est un rebut de l'enfer…

« La seule chose qui différenciait une personne d'une autre, c'était le fait d'avoir quelqu'un pour sauter à l'eau et vous empêcher de vous noyer. »

…Et le ciel s'obscurcit encore…
« L'argent ne fait pas le bonheur, mais il contribue…« …Foutaises, que ce dicton! Si le sang t'a marqué et que l'argent tombe du ciel, il est plus que probable que c'est encore un mauvais tour du destin, une bonne vieille blague du diable, tiens! Déjà qu'ils les accumulaient les emmerdes, Aiden et Thad dans un effet boule de neige dramatique, alors là, ça ne va pas s'arranger de sitôt, avec cette malchance poisseuse…La malédiction du sang entache irrémédiablement leurs galères et même, s'ils sont si près de toucher un peu du doigt cet espoir d'envol, la chute n'en sera que plus lourde, plus fracassante encore que tous les coups de tonnerre du monde.

Éclair de feu. Tempête d'adrénaline. Brouillard de blanche.

Jouer avec les démons n'a jamais été aussi dangereux et ne pas suivre le bon chemin dans ces montagnes, peut vous emmener vite, sur les chemins de la perdition….Il sonne comme une urgence dans ce roman, mais face aux résonances de l'alcool, de la violence et de la drogue, rien ne semble pouvoir laisser entendre les plaintes dissimulées dans les failles de chacun…Et il te reste, à la fin de ses pages, un goût de fer en bouche…

« Au bout du compte , c'est toujours le sang qui parle. »

…Pour un roman des plus Noirs…
C'était le roman que j'attendais avec le plus d'impatience en cette rentrée littéraire! le roman que je souhaitais lire le plus ardemment, après l'excellent Là où les lumières se perdent. Et c'est donc le roman qui m'aura le plus captivée pendant ses derniers jours, tellement il a une aura de désespérance, une noirceur pesante qui annihile tout futur lumineux…Alors, il ne tient qu'à nous de lire ce roman, parce que ensemble et unis, porter le poids du monde, ne devrait plus être un si lourd fardeau…. Enjoy for David Joy! Faites tourner l'immense talent de cet auteur, portez le aux nues!

« J'essaie juste de survivre chaque jour sans me tirer une balle. »

Ma note Plaisir de Lecture 9/10
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          570
Est-ce que les choses sont écrites par avance ? Est-ce qu'elles peuvent s'inverser ou non ? Par-delà les principes d'égalité qui peuvent participer à la constitution d'un pays démocratique, au hasard la constitution des États-Unis, participer aussi à faire vivre cet esprit d'égalité dans la durée, il n'empêche que dans la vie, la vraie vie, la vie au quotidien, la vie dans sa profondeur, celle la plus glauque, la plus moite, la plus sordide aussi, ces choses-là s'apprécient d'une toute autre manière.
Est-ce qu'on naît tous pareils ? Tous égaux ? Pas forcément nous dit effroyablement ce roman.
Fatalité, me direz-vous ? Non les personnages dans cette histoire, comme tant d'autres histoires presque similaires, ont parfois aussi le choix, celui d'appuyer ou de ne pas appuyer sur une gâchette, le canon de l'arme posé sur leur tempe, celui aussi de partir ou de ne pas partir. Quelle belle liberté finalement !
Voici un couple qui bat un peu de l'aile, comme tant d'autres peut-être. Nous sommes dans l'Amérique des Appalaches. Sans doute ici il y a de l'alcool, de la drogue, de la violence quotidienne. L'endroit est misérable, il est difficile de joindre les deux bouts comme on dit. La mère est là avec son fils, il est tout jeune, tout petit encore. L'instant présent est un instant de bonheur comme tant d'autres entre une mère et son fils, que l'on soit en France, dans les Appalaches, au Sri Lanka ou au fin fond de la Sibérie...
Le père qui surgit fait de cet instant quelque chose d'effroyable, c'est un homme sans doute sans espoir, sans doute il n'est pas dans son état normal. Il y a la fois un geste désespéré, un cri d'amour, un cri de haine aussi, lorsque le père devant l'enfant ahuri décharge son arme sur la mère de l'enfant puis la retourne sur lui. L'enfant s'appelle Aiden McCall.
À partir de ce geste et de cet héritage, Aiden McCall va tâcher de se reconstruire tant bien que mal. Voilà l'ambiance dans laquelle démarre ce roman de David Joy, ma première incursion dans son univers, et je dois vous avouer que les premières pages sont violentes, sidérantes.
Tous les personnages de ce récit ne rêvent que d'une seule chose, quitter cette montagne. Quitter cette montagne, affirmer que cet endroit n'est pas assez grand pour eux, où la frontière entre le bien et le mal est aussi ténue qu'un cheveu. Alors, comment leur accorder ce rêve ultime ?
La suite est tout d'abord une magnifique amitié qui nous est offerte, celle d'Adien, de Thad et celle d'April aussi, la mère de Thad, par ailleurs parfois l'amante d'Adien...
Thad, revenu de la guerre, celle de l'Afghanistan, est à cran... Il n'est pas revenu indemne de là-bas. Souvent des images le hantent, celle par exemple d'une petite fille en pleurs effrayée au coin d'une rue, qui s'approche, des cris brusquement, sous ses vêtements la petite fille a le torse bourré d'explosifs, on le saura très vite... Des cris, un seul tir car l'enfant dans son innocence devient un danger, une explosion... On ne revient jamais indemne des guerres...
Les pages qui suivent sont tout aussi violentes, désespérées, mais elles laissent venir à nous des rais de lumière qui permettent l'espérance...
Ici, les lumières d'un mobile home brillent comme des lucioles dans la nuit. On voudrait s'en approcher, on serait à notre tour comme des insectes nocturnes, des phalènes attirées par la flamme d'une bougie, on voudrait s'en approcher, brûler nos ailes fragiles peut-être...
Adien et Thad, ces deux-là ne s'abandonneraient pour rien au monde, ne se trahiraient jamais, prêts à se serrer les coudes jusqu'à la fin des temps... Mais voilà, un événement qui leur offre presque une occasion de rêver un peu va les porter dans un cruel dilemme, celui de se questionner : est-ce la manne de Dieu ou bien celle du diable, cette opportunité dont ils se saisissent sans trop réfléchir... La suite de l'histoire leur apportera peut-être une réponse...
Voici le poids du monde, le poids d'un monde, plutôt le poids d'un certain monde. Comment puis-je porter ce monde à mon tour sur mes épaules, sur mes ailes, le porter vers vous ?
Je ressors de ce roman totalement lessivé, anéanti. Il est rare qu'un livre qui se passe dans les Appalaches me mette dans cet état proche de l'Ohio.
Parfois le monde de ce récit semble aller de plus en plus vite, avec comme des accélérations brusques. J'avais tellement de mal en moi, tellement de douleurs à suivre les personnages, parfois j'aurais voulu les retenir : non, pas là ! surtout pas là ! Mais voilà, ils y allaient, ils y allèrent, malgré moi, malgré le vent ou les étoiles qui leur disaient de ne pas y aller...
Ici il y a une violence à fleur de peau, les gens sont prêts à péter un plomb à chaque seconde, à chaque minute, à chaque heure qui parfois s'exprime comme une déflagration. Parfois les déflagrations viennent, alors...
L'immobilité soudaine de la nuit jette nos pas de lecteur comme au bord d'un précipice.
Parfois dans cette noirceur excessive s'invite une part d'humanité à sa manière, des fous rires, des élans de fraternité, une main posée sur le coeur pour oublier un instant, un bref instant, qu'il n'y a peut-être pas de lumière au bout du tunnel et que ce n'est pas un tunnel mais un gouffre sans fond.
Les moments de lumière de ce récit ressemblent à la voix magnifique de Dolly Parton qu'aime écouter April à longueur de jour et peut-être de nuit. Its too late to love me now... Rien que le titre est beau comme une déclaration d'amour presque désespérée, comme une manière de déchirer le rideau de la nuit pour respirer un peu, parce que là-bas au fond de cette montagne, dans ce trou sordide, on étouffe carrément.
It's too late
You say you want me, and it's too late
Once my love for you was so great
But it's too late to love me now
It's too bad
You say you need me, and it's too bad
I know the feelin' and it's so sad
But it's too late to love me now
It's too late to love me now
Commenter  J’apprécie          449
Certains livres sont difficiles à classer. Pour celui-ci aucune hésitation c'est la case roman noir, mais alors vraiment très noir, genre café serré spécial gueule de bois. Dès la première page le ton est donné et inutile d'espérer une éclaircie. Épargnez vous cette peine et résignez vous. On alterne entre désespoir et ... ben désespoir. Thad et Aiden sont tombés dedans quand ils étaient petits et pour ces 2 là, la nuit ne semble jamais vouloir faire place au jour. Qu'à ce la ne tienne, si ni les adultes ni la chance ne se décident à leur tendre la main ils feront front ensemble. Seuls contre tous ils se débrouillent et maintiennent la tête hors de l'eau comme ils peuvent, chacun servant de planche de salut à l'autre. Une belle histoire d'amitié aux accents tragiques prend vie sous la plume de David Joy.

L'espoir d'une vie meilleure? Thad a laissé tombé, c'est pour les autres, ceux qui ont quelque chose à quoi s'accrocher: une famille, de l'argent, un travail, la foi... peut importe mais quelque chose. Lui depuis qu'il est revenu d'Afghanistan a perdu le peu de foi en l'Homme qui lui restait et puis il y a ces souvenirs. Des choses à oublier mais dont la noirceur le submerge dès qu'il dort. Parce que comme tous les monstres, ceux-là attendent toujours la nuit pour le plonger dans les ténèbres. Alors Thad tient le sommeil à distance à coup de drogues et de médocs. Même Aiden semble ne plus tout à fait le comprendre, pourtant lui aussi a ses propres démons. Mais la différence c'est qu'Aiden a encore de l'espoir, un tout petit peu. Juste assez pour vouloir se tirer du trou pourri ou il survit depuis sa naissance et trouver un moyen honnête de gagner sa vie, mais pas sans Thad. Pour ça il faut du fric et pour une fois madame la chance semble avoir eu pitié d'eux, ... enfin à sa façon. Mais certaines vies tournent en rond et se répètent et ces deux là n'ont pas les codes pour mener une vie normale, faire les bons choix. Alors leurs existences ressemblent à des sables mouvants, plus ils se battent plus ils s'enlisent. Inexorablement.

De manque de chance en coups durs et de désespoirs en trahison rien n'éclaire ce récit et pourtant c'est beau, c'est vrai. Cru, sans détour et sans fioriture, ce roman noir au goût amer ressemble à un chocolat très corsé. C'est bon mais c'est fort et ça fait parfois grimacer. Pour les amateurs du genre, c'est un vrai régal.
Commenter  J’apprécie          394
Bienvenue dans l'Amérique des déshérités, des laissés pour compte, des marginaux. En Caroline du Nord, sur les contreforts des blue ridge mountains, dans la partie orientale des Appalaches, c'est le coin de David Joy, là où il situe ses romans, là où les habitants se cament à la meth et ont toujours une arme à portée de main.
En trois romans, le jeune romancier David Joy s'est construit une réputation de spécialiste du roman noir américain contemporain. Dans un style lyrique et précis il décrit le monde rural et desanchanté de cette Amérique blanche, raciste, violente et addicte aux drogues dures.
Thad et Aiden vivent là, ils survivent plutôt de petits trafics. Thad revient du Moyen Orient, blessé et traumatisé par ses souvenirs de guerre. Détesté par sa mère April car il est le fruit d'un viol, elle l'a rejeté dès sa naissance . Il vit dans un mobile home, en contrebas de la maison de sa mère avec Aiden, orphelin qui a vu son père se tirer une balle dans la tête après avoir tuer sa mère quand il était enfant.
Nos deux amis vont trouver de l'argent et une grosse quantité de meth chez leur dealer, mort accidentellement. Ils décident de revendre cette came et d'en tirer un bon prix pour se donner une chance dans la vie. Mais, Thad, toujours poursuivi par ses vieux démons, consomme de fortes quantités de drogue pour amortir ses douleurs physiques et psychologiques, et il va droit dans le mur. Aiden essaie de le préserver et joue les gardes fou mais en vain.
Le poids du monde c'est ce que porte les trois personnages sur leurs épaules. Trois humains, malheureux, cabossés par la vie qui ne les a pas épargnés. Portrait d'une Amérique où le rêve américain n'existe plus, où on n'échappe pas à son destin.
Des trois romans de David Joy, celui-ci est mon préféré.
Commenter  J’apprécie          379
On ne ressort pas indemne de cette lecture !

Un roman d'une rare intensité, qui nous embarque dans l'Amérique des Appalaches, un cadre idyllique, qui va pourtant être le théâtre d'une descente aux enfers.

Comment s'en sortir, lorsque la vie se charge de nous trainer plus bas que terre…

L'auteur nous fait toucher le fond, le fond de la crasse et de l'humiliation… Un fond tellement sombre que rien ne vient jamais réchauffer ces êtres humains qui ont tout perdu…

A chaque fois que l'on pense pouvoir respirer et sortir sa tête de l'eau, l'auteur nous fait boire, encore plus la tasse…

David Joy dépeint avec noirceur et cynisme une Amérique, désenchantée et où la misère a toute sa place.

Une plume ciselée, rude, âpre, et précise, qui dépeint des personnages qui n'ont aucune possibilité de s'en sortir…

C'est brutal, c'est fort, c'est beau et triste à la fois.

L'auteur, maîtrise son art à la perfection en entrainant son lecteur dans les tréfonds de l'âme humaine.

Lien : https://julitlesmots.com/
Commenter  J’apprécie          350
Titre : le poids du monde
Auteur : David Joy
Editeur : Sonatine
Année : 2018
Résumé : Thad et Aiden sont amis depuis toujours. Au coeur des Appalaches, ils subsistent tant bien que mal, dans une région rongée par la misère et le chômage. Thad s'en est revenu d'Afghanistan avec des plaies béantes au coeur et l'envie d'en découdre avec le monde entier. Aiden, de son côté, a trouvé en April - qui n'est autre que la mère de son camarade - un refuge et une raison de survivre malgré les démons qui le hantent. Lorsque les deux garçons se retrouvent en possession d'une importante quantité de drogue et d'argent, leurs vies basculent soudain.
Mon humble avis : Il y a quelques années - en 2016 exactement - je découvrais un jeune auteur américain du nom de David Joy. Un seul roman à son actif, mais quel roman ! Là où les lumières se perdent était un texte sombre, désespéré, servi par une plume précise et une trame impitoyable. Deux ans plus tard je retrouvais donc un nouvel opus de Joy, dont le titre et la couverture laissait à penser qu'une nouvelle fois, je devais me préparer à plonger dans la noirceur d'une histoire sans espoir ni concession. Ce fut le cas et rarement le monde ne m'a paru plus sombre qu'à la lecture quasi-apnéique de ce roman. Un bouquin où les personnages traînent leur passé comme un fardeau et où de lourds nuages, annonciateurs de tempête, stagnent sur une histoire qui, on le devine dès les premières pages, ne sera que désespoir et vies brisées. David Joy n'est donc pas un plaisantin, loin s'en faut, mais quel écrivain ! Rarement un livre n'aura si bien porté son titre, le poids du monde est omniprésent dans ces pages, les personnages se démènent comme ils peuvent entre un présent précaire et un avenir bouché et la palette de l'auteur qui va du gris foncé au noir, nous emmène inexorablement vers un final forcément tragique. En lisant ce rural noir comment ne pas penser au génial White Lightin' , film marquant et injustement mésestimé de Dominic Murphy ? Les Appalaches sont décidément le décor parfait pour ces histoires de rednecks paumés et violents. Si les paysages montagneux jouent un rôle primordial dans cette histoire, il est également à souligner que Joy n'est jamais aussi bon qu'au plus près de ses personnages : dans les méandres de la psyché de Aidan et Thad, l'auteur excelle. Ainsi au bout de seulement quelques pages, le lecteur sait que l'espoir de se réinventer ailleurs n'est qu'un leurre, et malgré la violence et le sang, il s'attache peu à peu à ces personnages, à leurs fêlures béantes et exècre ce déterminisme social qui ne leur laisse aucune chance. C'est beau, c'est tragique, c'est du David Joy.
J'achète ? : Oui sans hésiter. Un roman sombre, une histoire de violence, de désespérance, d'amitié aussi, mais avant tout une tragédie implacable et des personnages qui resteront dans ta mémoire. Longtemps.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          320




Lecteurs (669) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}