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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une misère plus que noire au fin fond des Appalaches
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Connaissez-vous un roman noir rural au bord de l'asphyxie, qui vous entraîne au fond d'une spirale dont vous ne pourrez pas remonter à la surface? Oui, je l'ai trouvé! C'est le second roman de David Joy, un jeune auteur qui a déjà secoué le lectorat avec son premier opus "Là où les lumières se perdent" .
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Il m'a terriblement remué "au fond de mes tripes". Clairement ! Je préfère vous le dire: ne le lisez pas en hiver, quand le peu de lumière a du mal à se faufiler à travers les nuages gris. Mais préférez les jours de grand soleil, munissez-vous d'un transat, lunettes, soda, une dose d'optimisme, et , plongez.....
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C'est l'histoire de trois personnages cabossés par la vie. Trois êtres en quête de bonheur et de "bonne fortune". Un jeu de mots qui s'apparente soit à de la chance, soit à de l'argent pour....trouver son bonheur? Oui, de la chance, qu'est-ce donc dans ce coin paumé des Appalaches, qui renie les "laissés-pour-compte" ?
Pour Thad, jeune vétéran de retour dans sa caravane, qui tente d'oublier ses démons. Pour Aiden, son ami meurtri, l'espoir d'une vie ailleurs. Et pour April, la mère de Thad, c'est se fabriquer un meilleur souvenir, partir vers un nouvel Eldorado et panser ses blessures.
Forcer leur destin, est-ce bien la meilleure solution? Les deux jeunes hommes courent à leur perte; une folle poursuite qui aura des répercussions terribles et dévastatrices.
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"Qu'un homme soit né d'un côté ou de l'autre, il finissait toujours par faire des choses qui le hantaient pour le restant de sa vie. Les gens commettaient des erreurs qui ne pouvaient pas être réparées,..."
Voici une des pensées de Thad, dans un moment de pur désespoir ou alors de lucidité? Et c'est bien là tout le paradoxe. A force de vouloir s'élever et s'en sortir, la guigne le rattrape plus vite qu'il n'éternue!
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Une écriture désespérée et violente qui nous montre les dures réalités de ce petit microcosme américain. Pour ma part, en touriste qui a vadrouillé un petit peu dans ce coin (le comté d'Asheville), j'ai apprécié de voir "l'autre revers de la médaille" ici. C'est cru, c'est terrible, c'est brutal mais c'est surtout leurs vies.

Je me suis attachée à ces personnes , notamment Aiden, cherchant des opportunités d'avenir (vente de drogues).
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On assiste à une véritable descente aux enfers. On ne lâche pas le livre, on veut savoir, on veut aider. Et on se retrouve sur le carreau. Net, sans bavures. Le coeur en miettes.....
Question de survie: on se dit que ce n'est que de la fiction. Ah oui? C'est tellement bien écrit que cela paraît réel. Vous croyez? Un monde violent, glauque, à la limite du supportable, rempli de vengeance mais aussi de regrets. Allez, on ne fait pas l'autruche, on sait que cela existe .....et on n'en sort pas indemne....Pas complètement.
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Mr Joy, vous avez un réel talent de conteur et vous gagnez votre place dans le genre "roman noir sociétal".
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PS: Rendez-vous sur le #Picaboriverbookclub sur FB où l'on en discute.
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Comment peut-on pondre des bouquins d'une telle noirceur avec un blaze pareil ?
Je ne sache...

Le poids du monde se veut particulièrement écrasant pour tous les protagonistes de cette fable désespérée sise dans les Appalaches, coin prêtant peu au ravissement béat.

Récits sordides de trajectoires funestes tracées par avance.
De celles vouées à une nuit sans fin.
Cherchez pas l'éclaircie au bout du tunnel, y a pas de tunnel.
Ne restent que les rêves de grandeur déchus et les envies d'ailleurs à l'état de projet éternel.

C'est l'histoire de deux potes qui se seront brûlés les ailes à grands coups de traumas guerriers, de substances illicites et d'amour irrésolu.
C'est, itou, le récit d'une mère courage qui aura eu pour seul bagage une détermination sans faille à défaut d'une fée protectrice qui se serait allègrement penchée sur son berceau en lui promettant monts et merveilles.
De là à affirmer que les fées sont rien que des menteuses, il n'y a qu'un pas que je franchis tout de go.

L'écriture de David Joy se veut aussi ravissante que charbonneuse.
Trempée dans un bain de désolation perpétuel, elle retranscrit idéalement les affres que traversent nos anti-héros du quotidien sans jamais tomber dans l'excès ni la caricature.

Là où les lumières se perdent, premier titre de l'auteur, conviendrait parfaitement à ce nouvel opus où amour, gloire et beauté ne se vivent que par écran interposé.

Grand moment, encore...
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Deuxième incursion réussie au coeur des Appalaches avec David Joy. Alors que Là où les lumières se perdent m'avait légèrement laissé sur ma faim, le poids du monde – traduit par Fabrice Pointeau – m'a convaincu : on tient là un futur grand du roman noir américain.

Joy nous invite à passer quelques jours en compagnie de Thad et Aiden, deux potes d'enfances devenus adultes mais restés inséparables depuis leur auto-éducation commune due à une carence parentale involontaire pour l'un, assumée pour l'autre.

Survivant dans un mobil-home en bout de terrain de la maison d'April, la mère de Thad, leur quotidien est fait de petits larcins qui suffisent tout juste à payer l'herbe ou la meth qui leur permet de s'échapper artificiellement de leur misère sans issue.
Partir, fuir, tenter sa chance ailleurs ? Thad a bien essayé en s'engageant en Afghanistan, mais il en est revenu encore plus abîmé, résigné, désabusé. Et mauvais. Lorsqu'un de leur deal tourne mal et se finit dans le sang mais avec une fortune potentielle, l'espoir d'une autre vie semble d'un seul coup possible. En apparence en tout cas…

Le poids du monde réunit tout ce que j'aime dans le noir : une intrigue simple mais crédible et tenue tout au long du livre ; des personnages particulièrement travaillés, générant rapidement une empathie qui va crescendo ; un travail remarquable des lieux et notamment de ces montagnes qui permettent à la fois de cacher de la vue de tous, les bicoques de ces oubliés de l'Amérique, tout en les plaçant dans des espaces naturels où le poids du monde peut – un peu – s'alléger et offrir un peu de repos.

David Joy est le peintre de cette Amérique fatale où le rêve est définitivement passé, où le sursaut n'est quasi-plus une option, où la survie au jour le jour fait office de projet. C'est sombre, souvent désespéré, laissant – au contraire de beaucoup d'autres auteurs de noir - peu de place à tout espoir d'alternative, mais c'est rudement bien ficelé !
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On choisit pas ses parents... Mais ses amis, oui. Heureusement pour Thad et Aiden qui, venant de familles défectueuses, se retrouvent très jeunes à partager leur vie dans un vieux mobile home cradingue, connaissant leur unique séparation lorsque Thad est envoyé combattre en Afghanistan. A son retour, fatalement, le Thad qui rentre au pays n'est plus tout à fait le même que celui qui est parti mais malgré tout l'amitié est toujours aussi forte et leurs activités communes restent indéboulonnables : fumer, boire et se paner les narines jusqu'aux gencives. C'est d'ailleurs lors d'une opération « ramener la poudre à la maison » qu'un bête accident se produit et que l'occasion leur est donnée d'embarquer la drogue et l'artillerie de leur chouchou de dealer pour pas un rond... Alléchant ! En tout cas jusqu'à ce que ne débutent les ennuis qui vont en découler et qu'on devine sans peine.

Parlant de vétérans de guerre qui essaient « juste de survivre chaque jour sans se tirer une balle », de familles qui ne le sont que par la force des choses et surtout pas par choix et encore moins par amour, du rejet des white trash, de la pauvreté, de la presque impossibilité de s'en sortir quand dès la naissance la distribution des cartes est faisandée, David Joy, d'une écriture aussi rugueuse que les situations qu'il décrit sont dramatiques, nous raconte la vie de ces losers magnifiques que tout prédisposait à devenir violent et qui sont donc devenus... violents, parce que la vie et les événements ne leur ont pas laissé d'autres choix. Thad n'était pas un tendre mais Aiden si, et malgré tout, tous les deux n'aspiraient qu'à une vie tranquille. Désolé les gars, c'est pas ce qui était prévu sur votre feuille de route.

Un roman noir, dérangeant, brutal (et pourtant, parfois, on se dit que cette violence est méritée, ô combien... une pensée à Loretta Lynn) avec des personnages profondément bien construits et attachants. C'était mon premier David Joy et j'avoue y avoir surtout cédé bicoz la couverture, mais maintenant pas de doute, Là où les Lumières se perdent va se voir englouti dans pas longtemps.
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Un jour qui pourrait être comme n'importe quel autre, Thad et Aiden, deux amis d'enfance voient leur quotidien bouleversé par la soudaine acquisition de drogue et d'argent en grande quantité. Cela pourrait être l'occasion pour eux de prendre leur revanche sur la Vie qui ne les a pas épargnés dans ce coin pommé de Caroline du Nord. Il pourrait être là ce rêve américain, à portée de main pour ces deux 'white trash' que l'Amérique enterrent dans des milieux ruraux et isolés.
Mais une fois n'est pas coutume... Si cet événement marque bien le début d'aventures pour ces deux jeunes hommes, ce n'est sans doute pas celles auxquelles ils s'attendaient. Avec un plus grand pouvoir viennent plus de responsabilités, et n'est pas donné à qui veut de pouvoir les assumer - ou les encaisser - ....

David Joy dresse des portraits de personnages et d'un milieu d'une manière extrêmement saisissante avec une atmosphère très étouffante qui traduit bien le carcan social.
On découvre dans ce roman le visage de l'envahissant désespoir de ces "white trash" - ces blancs pauvres des Etats-Unis - dans un néant d'humanité. Elle existe bien, mais on la balaye sous des montagnes de belles images brillantes et divertissantes. En cela, le jeune romancier accompli pleinement son devoir en donnant des voix, une visibilité à ces oubliés de la société de consommation.
Le proverbe le dit bien : tout ce qui brille n'est pas de l'or. Mais dans cet endroit décrit par David Joy, même les rêves ne brillent plus. le quotidien n'est qu'une longue et lancinante répétition de gestes, de faits, de vacuité vertigineuse dont on s'échappe comme on peut. Ici, dans ce coin des Appalaches - cette barrière géographique aussi bien que symbolique -, les dernières lueurs de foi en un monde perfectible ne sont plus, les idéaux et les belles promesses de la morale ne valent plus rien. Et cela chez tous les habitants : chômeurs, visiteurs d'autres Etats, hommes d'église, hommes de loi, ...

Ce roman a été pour moi un vrai coup de poing. Par la violence sociale et morale qui s'en dégagent mais pas seulement. C'est un tout qu'il est difficile d'expliquer. Ce roman sombre et pesant m'a rappelé une chanson des Offspring, 'The Kids Aren't Alright', avec la même colère, le trash social et la violence détaillée en plus.
Les personnages de ce roman vont me hanter encore longtemps, c'est sûr. Des personnages complètement brisés entourés de personnages encore plus brisés et nihilistes qu'eux. Des personnages dont le seul but est de respirer une journée de plus, sans qu'ils sachent vraiment pourquoi car rien ne les motive. Peut-être parce que leur simple existence est un doigt d'honneur à cette vie qui les a trahi...

Je remercie Babelio et les éditions Sonatine pour leur confiance dans ce partenariat Masse Critique.
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♫ On vous souhaite tout le bonheur du monde ♪ Et que quelqu'un vous tende la main ♪ Que votre chemin évite les bombes ♫ Qu'il mène vers de calmes jardins ♪ On vous souhaite tout le bonheur du monde ♪ Pour aujourd'hui, comme pour demain ♫

M'est avis que dans le fin fond des Appalaches, les gentils souhaits de Sinsemilia ne sont pas arrivés.

Sans doute la chaine des montagnes qui les a empêchés de passer, parce que ici, on vit dans la misère noire et crasse, coincé entre le chômage, l'alcool, les drogues et la crise des subprimes de l'été 2007 qui a laissé certaines villes dévastés.

Et oui, le décor des Appalaches est toujours propice à des romans que l'on dit « ruraux » et « noirs » parsemés de purs rednecks et white trash paumés et violents.

Aiden et son ami Thad sont eux-mêmes des dévastés : Thad s'en revenant d'Afghanistan (il est militaire) et Aiden ayant perdu tout espoir de trouver un job puisque tout le monde cherche de la main-d'oeuvre bon marché et donc, des immigrés. Ajoutons à cela que son père a tué sa mère avant de se suicider

Les deux vivent dans une vieille caravane au fond du jardin de la mère de Thad qui elle aussi a trinqué dans sa vie et n'a pas connu beaucoup de bonheur depuis ses 19 ans.

L'auteur n'est pas tendre avec ses personnages principaux, ils ont déjà été malmenés et ils le seront encore, jusqu'au bout ils souffriront d'avoir fait de mauvais choix et jusqu'au bout ils porteront leur passé comme on traine un fardeau, un boulet.

Pourtant, nous sommes dans une réalité et pas dans de la fiction tant le côté social est bien décrit, dans ce cercle vicieux qui veut que les gens possédant peu d'argent le dépensent en alcool et en drogues et s'enfoncent de plus en plus dans la misère.

Pas besoin d'avoir une maîtrise en psychologie ou une boule de cristal planquée sous la table pour se douter, dès les premières pages, qu'on va aller droit dans le mur, enfin, pas nous, mais les personnages et qu'un happy end est proscrit, impossible, inimaginable.

Comme de juste, on va s'enfoncer tout doucement dans du noir de chez noir et aller de plus en plus loin dans la violence et les situations qui ne laisseront aucune issue à nos deux jeunes hommes, leur route n'étant pavée que de coups du sort, de chausses-trapes, croche-pieds et autre saloperies, à croire que la Chance ne leur sourira jamais ou que la Vie leur en veut.

Malgré tout, on tombe assez vite sous le charme de Thad et Aiden, car leur portrait est bien réalisé, leurs fêlures sont décrites avec justesse, sans trop en faire et l'environnement dans lequel ils progressent, dévasté par l'éclatement de la bulle immobilière, vous donne l'impression d'y être et de voir défiler devant vos yeux ces maisons à moitié construites mais tout à fait abandonnées.

Un roman noir serré, sans une once de luminosité (heureusement que je l'ai lu quand il y avait deux jours de soleil parce qu'en ces périodes de grisailles…), avec des personnages écorchés vifs, blessés au plus profond de leurs êtres et à qui la vie, cette hyène, n'a jamais fait de cadeau et qui essaient de vivre au jour le jour.

Un roman noir qui tire à boulets rouges sur cette Amérique à plusieurs vitesse et sur le système social qui, au lieu de leur sortir la tête de l'eau, se complait à la leur enfoncer en leur proposant zéro débouchés ou bien de ceux aux antipodes de leurs objectifs.

Même si tout le monde m'a dit que son dernier roman était encore plus mieux que son premier, ma préférence à moi (♫) restera pour l'excellentissime Là où les lumières se perdent qui m'avait bien plus ému.

Attention, le poids du monde le talonne à une étoile près.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Si vous chercher un livre feel gold, passez votre chemin, David JOY, dont c'est le deuxième roman, pratique plutôt les ambiances sombres, le no future et la tragédie sur fond de drogues et d'alcools.
Il installe tout son petit monde dans une petite ville écrasée par ses chères montagnes de Caroline du Nord. Si tu nais ici, tu mourras ici.
L'histoire tourne autour de Thad, de sa mère April, et de son meilleur pote Aiden. Tous trois étant nés et ayant grandi dans cette petite ville. Tous trois, cassés par des drames personnels, vivent sur la propriété d'April.
April aspire à s'enfuir de cette ville qui ne lui a jamais rien donné de bon. Thad, est revenu du Moyen Orient avec les horreurs de la guerre et il se noie dans la drogue et l'alcool. Et Aiden, une enfance normale fracassée par les actes de son père, et qui, à 12 ans s'est raccroché à Thad. Thad et sa mère l'ont adopté comme on adopte un animal avec bienveillance.
L'auteur décrit les méandres de ses personnages qui rêvent de changer leur vie par tous les moyens et de fuir ces montagnes écrasantes. Certaines opportunités s'offrent à eux mais ils hésitent par manque de courage ou de volonté, ou ils loupent le coche et se retrouvent condamnés à vie. La malchance semble aussi hélas s'accrocher à leurs basques, il fait croire qu'elle les poursuit depuis leur naissance.
Un auteur toujours aussi intéressant à lire, qui me rappelle Ron Rash par cette ambiance particulière que l'on retrouve dans ces montagnes immenses, cette fatalité qui régit la vie de ses habitants.

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Le poids du monde David Joy Sonatine 30/08/2018.
Little Canada, Caroline du Nord, deux amis Thad et Aiden ,25 ans, vivent dans une vieille caravane installée à l'extrémité de la propriété d'April, la mère de Thad. La vie est difficile pour les deux amis, depuis la crise le bâtiment est au point mort, Aiden n'a plus de boulot, pareil pour Thad depuis son retour d'Afghanistan, seuls exutoires: alcool et dope mais voilà pour s'en procurer faut de la tune ....Le sort semble enfin leur sourire suite à la mort de leur dealer ils se retrouvent pourvu.Cadeau inespéré, Cadeau empoisonné?
David Joy est sans aucun doute un auteur de grand talent mais quelle noirceur, quel désespoir! "Noir c'est noir , il n'y plus d'espoir" .... le monde rural de cette Amérique profonde est au bord de l'asphyxie , quelques uns s'en sortent les autres survivent difficilement. le monde que nous dépeint Davis Joy est sans concession La place de l'Eglise est primordiale , toute brebis galeuse est inéluctablement écartée du troupeau par crainte de la contagion et doit vivre en dehors de la communauté . Et puis il y a tous ces gars qui sont rentrés après avoir arpenté les zones de conflits armés. Et c'est toujours le même scénario , même s'ils sont revenus physiquement indemnes ils sont depuis leur retour complètement perdus et traumatisés.
Un roman qui ne peut être lâché malgré ses nombreuses pages à la limite du supportable , en tous cas un roman que je n'ai pas lâché!
Merci aux éditions Sonatine via NetGalley pour ce partage
#LePoidsDuMonde #NetGalleyFrance
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L'auteur porte un patronyme trompeur. Ce n'est vraiment pas la joie dans ce trou perdu des Appalaches. le poids du monde est un digne représentant de cette mouvance du rural noir qui déferle sur les USA.

Deux jeunes hommes, dans les 25 ans, davantage que des amis, mieux que des frères. Liés par leurs enfances difficiles. Dans ce coin des États-Unis, leurs liens auraient pu les sauver. Mais est-ce possible dans une région où les habitudes semblent immuables, et où la drogue fait des ravages sur un terrain dévasté par la crise des subprimes….

David Joy décrit ce pays profond, loin du rêve américain. Des vies tombées en décrépitude, en dégénérescence. Comment croire encore en l'avenir quand vous ne savez même pas comment aller au bout de la journée ? Comment trouver un sens à des existences qui se sont perdues en chemin ? Destins tout tracés, où la survie est le maître mot et le désespoir l'aigre soupe à avaler au quotidien.

Ce roman est l'histoire de cet accablement, à travers trois personnages décrits sans manichéisme. Deux amis / frères qui dérivent vers les ténèbres, et la mère d'un d'entre eux qui tente de surnager. Ils traînent tous les trois de grosses casseroles dont les bruits résonnent en cascade. La pesante masse de leurs univers est un fardeau qui les tirent toujours plus bas, sans qu'ils ne demandent rien d'autre que de résister à une échéance fatale.

L'écrivain a un très joli talent pour créer décrire ces contrées désenchantées et ces personnages marqués au fer rouge. Sur 300 pages, il ne nous préserve de rien, ni de leurs passés meurtris, ni de la violence de leur quotidien. Souffrance, brutalité intrinsèques et extrinsèques (il faut dire qu'un des deux revient du Moyen-Orient et souffre de stress post-traumatique).

Certaines scènes sont particulièrement dures, sans que jamais l'auteur ne tombe dans la surenchère gratuite. Il faut dire que les rais de lumières sont tellement rares dans ces vies brisées qu'ils passent presque inaperçus.

Nous, lecteurs, sommes les témoins extérieurs de ces destins, nous détenons certaines clés que les protagonistes ne possèdent pas. Elle servent à entrevoir les raisons, mais surtout à ne pas juger trop facilement ces excès de violence, d'alcool et de drogues.

David Joy dépeint avec talent cette Amérique profonde en pleine déliquescence. Il brosse un tableau plus vrai que nature de ces destins brisés et de leurs descentes aux enfers. Il est difficile de survivre quand on à l'impression de devoir porter au quotidien le poids du monde sur ses épaules. Violent et saisissant, voilà un roman noir qui vient des tripes et qui décrit parfaitement ce que peut être le désespoir.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Après le très bon "Là où les lumières se perdent", mon premier David JOY, j'avais hâte de lire "Le poids du monde".
L'auteur reste dans la région des Appalaches, nous montrant une face des Etats-Unis très noire, où il est plus question de survie que de vie.
Thad et son meilleur ami Aiden sont inséparables. le premier revient de la guerre au moyen-orient, le second n'est jamais parti du trou où ils vivent. Mais Thad n'est plus vraiment lui-même depuis son retour et Aiden a du mal à gérer le comportement de son ami.
Au fur et à mesure de la lecture ils vont aller de galère en galère, se mettant toujours un peu plus dans une situation qui ne pourra pas s'arranger.
Ce sont des compagnons de misère, beaucoup de tristesse, de violence, de drogue... et si peu d'amour.
Je pense que l'auteur nous brosse un portrait assez réaliste des gens qui vivent dans la "campagne" américaine. Il aborde le syndrome de stress post-traumatique des soldats mais aussi la présence importante des drogues dures qui ravagent les Etats-Unis.
On part de situations familiales bancales qui ne donnent pas les meilleurs chances pour réussir sa vie. Des enfants malheureux qui deviennent des adultes tristes et sans vraiment de but dans la vie. Un cadre de vie qui à lui seul donne envie de se mettre une balle dans le crâne. On s'en prend plein la tête. Il n'y a jamais de happy end dans ces histoires là.
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