Sur une idée de départ originale, un homme qui décide de se lancer dans le ménage nu,
Pascal Juan écrit un livre non dénué de longueurs -si je puis m'exprimer ainsi eu égard aux malheureux déboires de
Conchito-, mais doté de belles qualités -bon, c'est pareil, évitons toute allusion.
Les longueurs sont au milieu du bouquin où l'on sent que Patrick/
Conchito tourne un peu en rond et que le livre n'avance plus. Mésaventures et malheurs s'amoncellent sans que l'on ait vraiment d'empathie pour lui. Mais la fin redonne un peu de couleurs au personnage et d'intérêt à la lecture.
Les belles qualités dont je parlais se révèlent dans la description de la descente de Patrick : sa dépression vient lentement mais sûrement et il touche le fond assez vite, toujours lucide, du moins le croit-il. C'est un homme qui a toujours tout raté et qui continue à rater admirablement ce qu'il tente et à ne pas tenter ce qu'il est sûr de rater.
Mais ce que je retiens surtout ce sont les qualités de l'écriture de
Pascal Juan. Pas de fioriture, pas de tentative de "faire du style". Les phrases sont simples, directes, franches et pleines d'humour, d'ironie, de références à des maximes célèbres, à des slogans publicitaires (peut-être même en ai-je raté quelques unes). Au risque de rouvrir un débat -jamais clos d'ailleurs, conséquemment toujours ouvert, donc je fais une faute en disant "rouvrir", car peut-on rouvrir quelque chose qui n'est pas fermé ? Je vous laisse à vos réflexions, et hop, j'en profite pour revenir dans mon propos, ni vu ni connu, bien embrouillés que je vous ai laissés- ce livre est sans doute destiné à un lectorat masculin. Tout tourne autour du sexe et particulièrement autour de celui qui rétrécit. Ça me rappelle l'histoire de José Artur entendue sur la radio cette semaine :
" Un petit garçon qui s'ausculte précautionneusement les bourses demande à sa maman :
- Dis maman, c'est là mon cerveau ?
- Pas encore, répond sa maman !"
Là, c'est un peu pareil, Patrick a placé dans son instrument tout son avenir, et lorsque celui-ci flanche, Patrick ne peut plus raisonner, penser, réfléchir : il sombre, diminue à ses propres yeux, comme son pénis.
Néanmoins malgré quelques plaisanteries ou tournures de phrases très ciblées, la lecture n'est point du tout à réserver à un public averti. Je ne sais pas si mesdames, vous vous retrouverez dans ce roman, mais je suis curieux de connaître vos réactions : achetez-le pour vos maris et lisez-le -comme ils font avec vos magazines féminins-, juste pour voir et pour combler ma curiosité.
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