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Citations sur Aïon : Etudes sur la phénoménologie du soi (94)

Toute mère, pourtant a commencé par être une fille; il en a été de même pour l'alchimie : son essence propre émane de ses systèmes gnostiques où Hippolyte voyait à bon droit des visions philosophiques (de la nature). Il y eut des tentatives, hautement intéressantes pour des yeux modernes, mettant en oeuvre à la fois la philosophie grecque classique et la mythologie de la Grèce, de l'Egypte et de l'Asie antérieure alliées au dogme chrétien et à la kabbale juive. Le but en était de parvenir à une vaste conception du monde où l'univers physique (physika) jouait un rôle à égalité avec l'univers "mystique" (mystika) . Si cet effort avait abouti, l'humanité n'aurait pas vécu le drame singulier de deux visions du monde simultanées se développant côte à côte, sans pouvoir ou vouloir rien savoir l'une de l'autre.
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La Mater Alchimia n'est pas un point de départ, mais une époque dont le début coincide à peu près avec celui du christianisme. Elle a engendré l'âge scientifique aux XVIe et XVIIe siècles, avant de se flétrir dans la méconnaissance et les malentendus et de s'engloutir dans le fleuve des siècles comme un temps révolu.
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Dorn est sans doute le premier de tous les alchimistes à tirer la conclusion de la plénitude des termes symboliques et à exprimer clairement ce qui fut de tout temps le thème moteur de l'alchimie philosophique. Il est remarquable que ce penseur, qui dépasse de beaucoup en clarté un Jacob Boehme, venu après lui, soit demeuré jusqu'à nos jours caché à l'histoire de la philosophie. Il ne fait ainsi que partager le destin de l'hermétisme qui, sans la connaissance de la psychologie moderne de l'inconscient, demeure un livre scellé de sept sceaux. Mais ce livre doit être ouvert, si nous voulons parvenir à la compréhension de la situation spirituelle de notre temps, car l'alchimie est la mère des contenus essentiels de la pensée, et de la pensée substantielle de la science moderne, (...).
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Pour l'alchimiste, il est un fait certain que le "centre", c'est-à-dire le Soi, ne réside en aucun cas dans la conscience du moi, mais à l'extérieur de celle-ci, "en nous", sans que soit "dans notre esprit" (in mente nostra), mais bien davantage dans ce que nous sommes d'une façon qui nous est encore incoonue, donc dans ce qui quid que, selon Dorn, il nous faut encore identifier. De nos jours nous appelons cela l'inconscient, et nous y distinguons un inconscient personnel, qui nous permet la connaissance de notre "ombre" propre, et un inconscient impersonnel que le symbole archétypique du Soi nous fait connaître. Comme cette conception n'était pas encore accessible à l'alchimiste, il n'avait donc aucune idée d'une théorie de la connaissance et devait par suite projeter normalement son archétype dans l'espace, c'est-à-dire en l'occurrence dans la matière, quoiqu'il sentît, comme le firent indubitablement Dorn et d'autres encore, que le centre résidait paradoxalement dans l'homme et en même temps à l'extérieur de celui-ci.
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Sans concepts conscients déjà préexistants l'aperception est, comme on le sait, impossible. Ainsi s'expliquent de nombreux troubles névrotiques qui reposent pour l'essentiel sur le fait que certains contenus qui ne peuvent pas être accueillis dans la conscience faute de concepts (de concipio : saisir) sont constellés dans l'inconscient. C'est pourquoi il est de la plus haute importance que des contes et des légendes soient racontés aux enfants et que des concepts religieux (dogmes) soient enseignés aux adultes, car ils représentent des symboles instrumentaux au moyen desquels de contenus inconscients peuvent être acheminés dans la conscience et y être interprétés et intégrés. Si en effet il n'en est pas ainsi, leur énergie souvent considérable s'écoule en des contenus conscients normalement peu accentués, et en élève l'intensité jusqu'à un degré pathologique. De là naissent des phobies et des obsessions sans fondement apparent, tels que des idées extravagantes, idiosyncrasies, imaginations hypocondriaques et perversités intellectuelles, qui se camouflent, selon le cas, sous des masques religieux ou politiques.
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Le Soi n'est pas immédiatement conscient en tant que tel, mais il a depuis toujours été enseigné au travers d'une tradition de la connaissance, s'il en est (par exemple la doctrine de l'Atman-Purusha). (...)
En outre, le Soi est un archétype qui représente toujours une situation dans laquelle le moi est contenu. Le Soi ne peut donc, comme c'est le cas pour tout archétype, être localisé dans l'espace d'une conscience du moi, mais il se comporte comme une atmosphère entourant l'homme, dont l'étendue spatiale aussi bien que temporelle ne peut être délimitée que de façon vague (d'où les phénomènes synchronistiques très souvent liés aux archétypes).
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C'est chez Dorn, donc chez un auteur de la seconde moitié du XVIe siècle, que nous trouvons le plus clairement exprimée la valeur déterminante de la connaissance de soi pour le processus de transformation alchimique.. Toutefois l'idée en elle-même est beaucoup plus ancienne et se rencontre déjà chez Morien le Romain (VIIe et VIIIe siècles) dans la sentence qu'il écrivit, selon son récit, sur le rebord du vase hermétique : "Tous ceux qui ont tout avec eux n'ont en aucune manière besoin d'une aide étrangère." Il ne s'agit pas là de la possession de toutes les substances chimiques nécessaires, mais d'une affaire "morale", ainsi qu'il ressort clairement du texte.
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Partant de ces réflexions, Dorn parvient à l'idée que la connaissance de soi est d'une importance fondamentale. "Efforce-toi donc, dit-il, de devenir tel que tu veux que soit l'oeuvre à laquelle tu aspires." (...)
L'enseignement exprime donc l'expérience intérieure ou dépend essentiellement d'elle. "Puisse-t-il connaître que le plus grand trésor de l'homme existe dans l'homme et non hors de lui. De lui procède à l'intérieur ce par quoi est réalisé ce qui est extérieur qu'il voit de ses yeux. Donc, s'il n'est pas spirituellement aveugle, il verra, c'est-à-dire il comprendra, qui et quel il est à l'intérieur, et il se connaîtra lui-même à travers les choses extérieures par la lumière de la nature."
L'arcane se trouve d'abord dans l'homme, c'est son Soi qu'il ne connaît pas encore, mais qu'il découvre par expérience à l'extérieur. C'est pourquoi Dorn exige e l'alchimiste :: "Apprends aussi à partir de toi-même à connaître tout ce qui est dans le ciel comme sur la terre, afin que tu deviennes sage en toutes choses. Ignores-tu que le ciel et les éléments furent tout d'abord un et qu'ils furent séparés l'un de l'autre par un acte de création divine, afin de pouvoir engendrer et toi-même et toutes choses?"
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Dorn est le penseur qui a reconnu le premier et le plus clairement le prodigieux dilemme de l'alchimie. La substance mystérieuse est une et identique, qu'elle se trouve à l'intérieur ou à l'extérieur de l'homme. Le processus "alchymique" a lieu au-dedans et au-dehors. Celui qui ne sait pas libérer la "vérité" de ses chaînes dans son âmes ne réussira pas non plus l'opus physique, et celui qui sait faire la pierre ne le pourra que sur la base de l'enseignement juste, par lequel il est lui-même transformé, ou qu'il engendre par suite de sa propre transformation.
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Après les cinq mille ans, nous en arrivons à l'an 1239 ap. J.C. Nous parvenons ainsi à une époque caractérisé par l'instabilité spirituelle, les hérésies révolutionnaires et l'attente chiliastique et, en même temps, par la fondation des ordres mendiants qui ont imprimé un nouvel élan au monachisme. Une des voix les plus puissantes et les plus influentes parmi celles qui ont annoncé une nouvelle ère de l'esprit fut celle de Joachim de Flore dont la doctrine fut condamnée au IVe concile de Latan en 1215. Joachim de Flore attendait pour un avenir relativement proche l'ouverture du septième sceau apocalyptique, à savoir le temps de "l'évangie éternel" et le règne de l'intellectus spiritualis (l'intelligence spirituelle), l'ère du Saint-Esprit. Ce troisième âge, selon lui, avait débuté avec saint Benoît, fondateur de l'ordre bénédictin (le premier couvent fut fondé vraisemblablement peu après 529). Un joachinite, le franciscain Gérard de Bogo San Donnino déclara dans son livre paru à Paris en 1254 sous le titre Introductorious in evangelium aeternum, que les trois principaux ouvrages de Joachim représentaient "l'évangile éternel" et que cet évangile remplacerait en 1260 l'évangile de Jésus-Christ. On sait que Joachim voyait dans les ordres monastiques les porteurs authentiques du Saint-Esprit , et c'est pour cette raison qu'il fixe le début secret de la nouvelle ère à l'époque de saint Benoît, qui a donné naissance à l'organisation du monachisme occidental avec la fondation de son ordre.
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