Aïon : Etudes sur la phénoménologie du soi

Le Christ illustre l'archétype du Soi. Il représente une totalité de nature divine ou céleste, un homme glorifié, un Fils de Dieu sine macula peccati (non souillé par le péché). En tant qu'Adam secundus il constitue un homologue du premier Adam avant la chute, lorsque celui-ci possédait encore la ressemblance divine, (...).

Le lecteur se demandera pourquoi je parle ici du Christ et de sa contrepartie, l'Antéchrist. Il doit nécessairement être question du Christ, car il constitue le mythe encore vivant de notre civilisation. Il est notre héros civilisateur qui, indépendamment de son existence historique, incarne le mythe de l'homme primordial divin, l'Adam mystique. C'est lui qui occupe le centre du mandala chrétien, il est le Seigneur du tétramorphe, du symbole des quatre évangélistes qui sont comme les quatre colonnes de son trône. Il est en nous et nous en lui. Son royaume est la perle précieuse, le trésor caché dans le champ, le petit grain de sénevé qui devient un grand arbre, la cité céleste. Tout comme le Christ est en nous, il en va de même de son royaume céleste.

La déchristianisation de notre monde, le développement luciférien de la science et de la technique et les monstrueuses destructions matérielles et morales que la Seconde Guerre mondiale a laissées après elle ont déjà été plus d'une fois comparées aux événements de la fin des temps prédits dans le Nouveau Testament. Il s'agit là, comme on sait, de l'attente de l'Atéchrist : "Hic est Antichristus qui negat Patrem et Filium" (Celui-là est l'Antéchrist qui nie le Père et le Fils. 1Jean, II, 22.). On lit dans 1 Jean, IV, 3 : "Tout esprit qui renie Jésus (...) est l'Antéchrist dont vous avez entendu dire qu'il vient ". L'Apocalypse est remplie de l'attente de choses effrayantes qui doivent se produire à la fin des temps avant les noces de l'Agneau. Cela montre clairement comment l'anima christiana contient non seulement une connaissance de l'existence d'un adversaire, mais aussi une conscience de se future "usurpation".

L'ombre est un problème moral qui défie l'ensemble de la personnalité du moi, car nul ne peut réaliser l'ombre sans un déploiement considérable de fermeté morale. Cette réalisation consiste à reconnaître l'existence réelle des aspects obscurs de la personnalité. Cet acte est le fondement indispensable de tout mode de connaissance de soi et, par suite, se heurte, en règle générale, à une résistance considérable. Si la connaissance de soi constitue une mesure psychothérapique, elle signifie souvent un travail, elle signifie souvent un travail pénible qui peut s'étendre sur de longues années.

Les contenus de l'inconscient personnel sont des acquisitions de la vie individuelle, tandis que ceux de l'inconscient collectif sont des archétypes qui ont une existence permanente et a priori. (...)
Les archétypes caractérisés avec la plus grande précision sur le plan empirique sont ceux qui influencent, voire perturbent le moi le plus souvent et le plus intensément, à savoir l'ombre, l'anima et l'animus. L'ombre est la figure la plus facilement accessible à l'expérience, car sa nature se laisse déduire dans une large mesure des contenus de l'inconscient personnel.

D’un point de vue positif aussi bien que négatif, la relation anima-animus est toujours empreinte d’ « animosité », c’est-à-dire émotionnelle et donc collective. Des affects abaissent le niveau de la relation et la rapprochent du fondement instinctif universel, lequel n’offre plus rien d’individuel. Il n’est donc pas rare que la relation passe par-dessus la tête de ses protagonistes humains qui, plus tard, ne sauront pas ce qui leur est arrivé.

On serait tenté d’admettre que ces projections […] appartiennent également au domaine de l’ombre, c’est-à-dire du côté du négatif de la personnalité individuelle. Mais cette hypothèse est, d’un certain point de vue, insoutenable, puisque les symboles qui surgissent alors renvoient non pas au même sexe, mais au sexe opposé, à la femme chez l’homme, et vice versa. Ce n’est donc plus l’ombre du même sexe qui est la source des projections, mais le sexe opposé. On rencontre ici l’animus de la femme et l’anima de l’homme, deux archétypes se répondant l’un à l’autre, dont l’autonomie et la nature inconsciente expliquent l’opiniâtreté de leurs projections. […] c’est précisément par son aptitude à se laisser plus aisément discerner et réaliser qu’elle [l’ombre] se différencie de l’animus et de l’anima, lesquels sont nettement plus éloignés de la conscience et ne sont donc, dans les circonstances habituelles, que rarement, sinon jamais perçus.

Tandis que les traits spécifiques de l’ombre peuvent être admis sans trop de peine comme étant des propriétés de la personnalité, le discernement aussi bien que la volonté font ici [dans la projection] défaut, car la cause de l’émotion semble indubitablement située chez le partenaire.

L’étude approfondie du symbolisme des poissons, ou celui de l’astrologie comme système d’opposés, fait apparaître que le refoulement de cet aspect double – ou, dirions-nous, de la dualitude – porte la responsabilité d’un dualisme néfaste que la psychologie cherche – aujourd’hui encore, en 1982 – à surmonter.

[Avant-propos d’Antoine Faivre et Frédérick Tristan]

le centre de l'ame ou centre interieur peut etre vu comme un soleil interieur ou cœur central , nous pouvons lui donner le chiffre symbolique suivant : 42624 .ce nombre est divisible par 37 ...