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Citations sur Aïon : Etudes sur la phénoménologie du soi (94)

Que le lecteur ne se laisse pas égarer par l'abondance de ces images, mais qu'il garde toujours à l'esprit que toute nouvelle image représente simplement un autre aspect du mystère divin inhérent à toutes les créatures. Ma liste des symboles gnostiques équivaut à l'amplification d'une seule idée transcendantale qui est tellement vaste et obscure en elle-même qu'elle nécessite de multiples expressions diverses pour décrire sa multiplicité.
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(...), l'idée de l'agnosia de Dieu ou de l'anennoetos theos est psychologiquement de la plus haute importance dans la mesure où elle assimile l'identité de la divinité à la numinosité de l'inconscient, ce dont témoignent la philosophie de l'Atman et du Purusha en Orient, et, comme nous l'avons vu, Maître Eckhart en Occident.
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La théologie de Maître Eckhart connaît une "divinité" dont on ne peut affirmer aucune propriété excepté celle de l'unité et de l'être, elle "devient", elle n'est pas encore le Seigneur de soi-même et elle représente une absolue coincidence d'opposés : "Mais sa nature simple est informe de formes, sans devenir de devenir, sans être d'êtres", etc.
Une conjonction des opposés est synonyme d'inconscience, si loin que puisse atteindre la logique humaine, car la conscience suppose une discrimination en même temps qu'une relation entre le sujet et l'objet. La possibilité de conscience cesse là où il n'y a pas encore "un autre". C'est seulement le Père "s'écoulant" de la divinité, à savoir Dieu, qui "se remarque", devient "conscient de lui-même" et "s'oppose à lui-même en tant que personne". Ainsi le Fils naît du Père en tant que premier concept de son essence propre. Dans son unité originelle "il ne reconnaît rien" que le "surréellement"" Un qu'il est.
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Les alchimistes qui, à leur manière, en savaient plus que nous, modernes, sur l'essence du processus d'individuation, ont, depuis des siècles, exprimé cet état de fait paradoxal à travers le serpent qui se mord la queue.
Le même savoir, quoique formulé différemment en fonction de l'époque, se retrouve également chez les gnostiques. Le concept d'inconscient ne leur est pas étranger. On lit dans un extrait d'une lettre de Valentin cité par Epiphane : "Depuis le commencement, l'Autopator contient en lui-même tout ce qui est lui-même dans l'inconscient (littéralement : dans l'inconnaissance)." (...)
Le "Père" est donc lui-même non seulement inconscient et sans qualité d'être, mais aussi nirdvandva = sans dualité, c'est-à-dire sans qualité et par suite inconnaissable. Il y a là une description de l'état de l'inconscient. Le texte valentinien confère à l'Autopator des propriétés plus positives : "Certains l'appelèrent l'Aeon sans âge, éternellement jeune, masculin-féminin, celui qui contient le tout en tous lieux et n'est lui-même contenu par rien."
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Le poisson et le serpent sont en effet des symboles de choix pour décrire des mouvements ou des événements psychiques terrifiants ou salvateurs, qui jaillissent à l'improviste de l'inconscient, ce qui explique qu'ils soient si souvent exprimés par le thème des animaux secourables .
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Le conte et le mythe expriment des processus inconscients, et leur récit en opère chaque fois une réactivation et une évolution, et renouvelle ainsi le lien entre la conscience et l'inconscient. Ce que signifie la séparation des deux moitiés psychiques, le médecin est bien placé pour le savoir. Il la connaît en tant que dissociation de la personnalité, fondement de toutes les névroses : la conscience va à droite et l'inconscient à gauche. Comme les opposés ne peuvent pas s'unir à leur propre niveau (tertium non datur!), il faut un troisième élément supérieur où les parties puissent se rencontrer.
Dans la mesure où le symbole provient aussi bien de la conscience que de l'inconscient, il est capable de les unir tous deux, par sa forme, dans leur opposition idéelle et, par sa numinosité, dans leur opposition émotionnelle.
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Il paraîtra peut-être étrange au lecteur que, médecin et psychologue, j'insiste sur le dogme. Il me faut y mettre l'accent, et cela pour les mêmes raisons qui ont jadis déterminé l'alchimiste à conférer un poids particulier à la "théorie". La doctrine contient la quintessence du symbolisme des processus inconscients à la façon dont les dogmes représentent une condensation ou un distillat de l' "histoire du salut", à savoir du mythe de l'être et de l'agir divins depuis l'origine des temps. Si nous voulons comprendre ce que signifie la doctrine alchimique, nous devons recourir à la phénoménologie tant historique qu'individuelle des symboles et, si nous voulons approcher la compréhension du dogme, nous devons nécessairement prendre en considération le monde mythique de l'Asie antérieure qui est à la base du christianisme, ainsi que la mythologie générale en tant qu'expression d'une disposition humaine universelle.
(...), car il s'agit partout de certaines formes complexes de représentations, des archétypes que l'on doit supposer être les facteurs d'arrangement inconscients des représentations.
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On néglige malheureusement de façon totale le fait que l'homme d'aujourd'hui est placé devant des exigences beaucoup plus grandes que celui des temps apostoliques : ce dernier n'avait aucune peine à croire à la naissance virginale du héros et du demi-dieu, et Justin pouvait encore utiliser cet argument dans son Apologie; de même, l'idée d'un homme-dieu rédempteur n'avait rien d'inoui, (...). Mais nous ignorons tout désormais de la grâce divine qui oignait la personne des rois. Les récits merveilleux des évangiles qui entraînaient aisément la conviction des hommes de jadis seraient une pierre d'achoppement dans une biographie contemporaine, et produiraient le contraire de la foi. La nature merveilleuse et prodigieuse des dieux allait de soi dans le mythe encore vivant, et elle avait une signification toute spéciale et propre à convaincre, dans le raffinement philosophique de celui-ci. (...)
Mais pour l'homme moderne cette croyance est un mystère inaccessible ou une curiosité historique, et le plus souvent cette dernière hypothèse prévaut. L'homme de l'Antiquité ne voyait aucune énormité dans la vertu de l'eau bénite ou la métamorphose des substances, car il y avait aussi des sources médicinales dont les effets étaient incompréhensibles, et des modifications chimiques dont la nature apparaissait comme merveilleuse.
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Pour les gnostiques -c'est en cela que réside proprement leur secret- la psyché existait comme source de connaissance, tout comme pour les alchimistes. La psychologie de l'inconscient mise à part, la science et la philosophie de notre époque ne savent rien que de l'extérieur, et la foi, de l'intérieur, et cela uniquement sous cette forme que lui ont donnée les premiers siècles chrétiens, à commencer par Paul et l'évangile de Jean. La foi est absolue, au même titre que l'idée reçue de l'objectivité de la science, et c'est pourquoi ni la foi et la connaissance, ni les chrétiens ne peuvent s'unir entre eux.
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Ces recherches devaient toutefois échouer devant la connaissance insuffisante des processus naturels. c'est ainsi que naquit au XVIIIe siècle l'affirmation bien connue de l'incompatibilité entre la foi et la science. A la foi il manquait l'expérience, et à la science, l'âme. La science croyait en une objectivité absolue et omettait délibérément de voir la difficulté de principe qui provient de ce que le porteur et créateur du savoir est proprement la psyché et que c'est précisément sur elle que, depuis toujours, on en savait le moins. Elle était un symptôme de réactions chimiques, un épiphénomène de processus biologiques cellulaires dans le cerveau; bref, il y eut une époque où elle était totalement inconsciente du fait qu'elle se servait en quelque sorte pour ses observations d'un appareil de photographie dont, en pratique, elle ignorait totalement la nature et la structure et dont, souvent, elle ne voulait même pas admettre l'existence. La prise en compte de la réalité objective du facteur psychique est une acquisition très moderne.
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