Nous sommes dans un pays pas vraiment défini, mais qu'importe. Dans cette dictature, les habitants doivent donner tous les matins un récit de leur rêve. Rêve qui est collecté, sélectionné ou jeté, interprété s'il en vaut la peine, et considéré peut être comme un Maitre Rêve qui peut orienter la politique du Sultan. Mark Alem que nous suivons tout au long de cette allégorie, fait partie de la très puissante famille des Quprili, avec le fameux Q marqué sur les portières de leur voiture, symbole de leur pouvoir. Mark Alem lui ne sait pas trop quoi faire et comme il est fils de... il se retrouve à travailler au fameux palais des rêves, et déjà à la Sélection. Là, nous sommes dans Kafka. une administration labyrinthique, où notre héros ne se retrouve qu'avec peine, avec des salariés falots, et dont beaucoup, comme Mark, ne savent pas vraiment ce qu'ils doivent faire et le font "à taton". Il subit, et monte en grade sans comprendre. Il va devoir interpréter des rêves sans aucune clé, le but étant de débusquer le fameux Maitre rêve. Mais et si le Maitre rêve était fabriqué et ainsi être un moyen de manipulation de la population ? Parce que le Maitre Rêve qui pourra mettre en péril les Qprili va permettre aussi d'amener Mark au sommet de
la pyramide... lui qui n'osera pas comprendre. Manipulation encore. C'est bien sûr terrifiant. L'idée est excellente, fait frissonner et est une dénonciation déguisée du totalitarisme qu'a vécu l'auteur avec un texte agréable à lire, sans lourdeur, simple et redoutablement efficace. Et si on remplace "rêve" par "information de délation" ...non n'y pensez même pas...