La végétarienne

Mon premier livre d'une autrice coréenne. Je souhaitais depuis longtemps m'intéresser à la littérature de ce pays. Et cette première expérience fût déroutante ...

J'avais un a priori sur ce roman à cause de son titre, je pensais qu'on allait y parler des raisons du végétarisme, de spécisme et même pourquoi pas d'écologie.

Mais rien à voir. C'est une exploration de la folie, solitaire ou partagée et de la déliquescence des liens familiaux, amoureux et sociaux en général.

C'était expérimental et j'ai apprécié cette expérience littéraire !
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Contrairement à la littérature africaine, j'ai beaucoup de mal avec la mentalité asiatique dans ses oeuvres...des oeuvres froides qui établissent une distance avec le lecteur, trop d'érotisme....un rapport aux ancêtres à l'invisible et parfois à la folie...la folie , la psyché est pourtant mon thème de prédilection...même si ici on parle plutôt d'une autodestruction dans l'indifférence familiale, la solitude dans la souffrance

La Végétarienne est un recueil de trois nouvelles écrit par Han Kang: La Végétarienne, La Tache mongole, et L'Arbre en feu (Namu bulkkot). Il a été dit que Han fut obsédée durant ses années universitaires par la poésie de Yi Sang et notamment ce vers : « Je pense que les humains devraient être des plantes », pensant que ce vers fut écrit en réaction face à la colonisation japonaise.
Trois nouvelles qui sont écrites d'un point de vue différents et qui éclairent une même histoire,celle d'une femme qui décide un beau jour de ne plus manger de viande: Yonghye est une Coréenne d'une bonne vingtaine d'années, mariée depuis 5 ans. Une nuit, son mari la trouve pieds nus dans la cuisine, devant le réfrigérateur ouvert dont elle sort toute la viande. Dès qu'elle dort elle rêve de scènes de boucheries atroces où se mêlent cadavres humains et animaux. Yonghye devient alors végétarienne et sa vie bascule complètement.

Ce petit roman de quelque 200 pages est divisé en trois parties dont chacune a un narrateur différent : le mari de Yonghye, le mari de Inhye et enfin Inhye, la soeur de Yonghye. Derrière une simple tranche de vie d'une famille coréenne, l'auteur aborde une multitude de questions sociales qui reflètent bien la société coréenne: la difficulté à ne pas adopter un comportement ,une pensée non-conventionnelle,le pouvoir de la famille, être sans arrêt sous le regard inquisiteur de l'autre qui juge , qui exclut violemment si on ne rentre pas dans le rang. Ce livre montre montre comment, de manière métaphorique , refuser de manger de la viande ,c'est refuser la violence des hommes,leur cruauté mais les conséquences sont lourdes. Pas de pathos mais des constats par touches légères.
J'ai adoré ce roman qui, par son écriture délicate et raffinée, nous fait sentir le rapport à la nature, à la vie , à la mort , à la normalité comme si le monde végétal laissait plus d'échappatoire que le monde humain ou animal. C'est un constat très pessimiste sur l'existence en Corée. C'est un très beau livre sur les corps, sur la sensualité.
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J'ai lu la Végétarienne avec un sentiment de malaise et de fascination dont il m'a été impossible de me dépêtrer.
C'est l'histoire d'une femme qui pète un câble dans une société coréenne asphyxiante, où il est impératif de suivre la norme et de jouer le rôle que l'on s'est vu attribué. C'est l'histoire d'une famille qui se heurte à un mur d'incompréhension quand leur soeur, leur fille, leur femme, refuse de suivre ces normes. C'est l'histoire d'une maladie qui se révèle sans crier gare. C'est l'histoire d'une femme qui devient enfin elle-même. Difficile de démêler le vrai du faux quand le personnage principal s'enferme dans un mutisme tel que se sont ses proches qui racontent son histoire. Des points de vus différents, parfois répugnants, parfois émouvants mais qui interrogent presque autant que l'étrange folie qui s'empare de l'héroïne : finalement, lequel est le plus fou ? Ce récit est, même après l'avoir refermé il y a plusieurs semaines, un gros points d'interrogation qui bouscule le lecteur. Et c'est tant mieux.

Ici nous est contée la plongée de cette femme coréenne dans la folie, la peur de la viande, son désir intense de devenir végétale... Selon le point de vue des autres personnages... L'écriture peut être belle comme crue et dérangeante... Malgré quelques moments poétiques qui peuvent séduire, ce roman ne m'a pas enveloppée...

Etonnant roman qui mélange trois histoires en une, qui montre trois personnages un peu perdus. Les deux soeurs reliées par leur relation à un même hommes sont désemparées (l'une par la viande et sa soeur par elle qui se transforme en végétal) et mériteraient sans doute une bonne psychanalyse... Il est difficile de comprendre bien ce roman car la voix du personnage principal, la végétarienne, ne se fait presque pas entendre (ou si peu). Si son désir de devenir végétarienne peut se comprendre au début du roman, on est étonné par le manque de compréhension de sa famille et même des psychiatres qui ne font pas vraiment d'effort pour la guérir vraiment. Son malaise profond (qui se transforme peu à peu en folie autodestructrice), partagé par sa soeur, qui semble a priori avoir une vie plus normale, est sans doute explicable par son histoire familiale et sentimentale. Pourtant l'auteur n'aborde pas la question et se contente de faire le portrait de ses personnages perdus, sans que la fin ouverte ne leur apporte un quelconque salut. Un roman un peu frustrant donc...