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Citations sur Le droit de mentir (6)

Celui qui accepte la demande qu'un autre lui adresse, de répondre si, dans la déclara- tion qu'il va avoir à faire, il a ou non l'inten- tion d'être véridique, celui, dis-je, qui accepte cette demande sans se montrer offensé du soupçon qu' on exprime devant lui sur sa véracité, mais qui réclame la per- mission de réfléchir d'abord sur la possibilité d'une exception, celu1-là est déjà un menteur (in potenti car il montre par là qu'il ne Tegarde pas la veracité comme un devoir n en soi, mais qu il se réserve de faire des exceptions a ue régle qui par son essence même n' est susceptible d'aucune exception, puisque autrement elle se contredirait elle- meme. Tous les principes juridiquement pra tiques doivent renfermer des vérités rigoureuses, et ceux qu' on appelle ici des principes intermédiaires ne peuvent que déterminer d'une maniere plus précise leur application aux cas qui se presentent (suivant les règles de la politique), mais ils ne elles détruiraient l'universali à laquell om de principes. peuvent jamais y appOrter d exceptions, car elles détruirait l'universalité à laquelle Seule ils doivent leur nom de principes.
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Le « philosophe allemand » ne prendra donc pas pour principe cette proposition (p. 124) : « Dire la vérité n'est un devoir qu' envers ceux qui ont droit à la vérité ». d'abord parce que c'est là une mauvaise for- mule, la vérité n'étant pas une propriété sur laquelle on puiSse accorder des droits à l'un et en refuser à lautre, et ensuite surtout parce que le devoir de la véracité (le seul dont il soit ici question) n'admet pas cette distinction entre certaines personnes envers qui l'on aurait à le remplir, et d'autres à T'égard desquelles on pourrait s'en affran- chir, mais que cest un devoir absolu qui s'applique dans tous les cas.
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M. Benjamin Constant, ou, pour parler comme lui, « le philosophe français», a confondu l'acte par lequel quelqu'un nuit (nocet) à un autre, en disant la vérité dont il ne peut éviter l'aveu, avec celui par lequel il commet une injustce à son égard (ledit). Ce n'est que par l'effet du hasard (casus) que la véracité de la declaration a pu tre nuisible à celui qui s'était réfugié dans la maison; ce n'est pas l'effet d'un acte volon- taire (dans le sems juridique). En effet, nous attribuer le droit d'exiger d'un autre qu'il mente à notre profit, ce serait une préten- tion contraire à toute légalité. Ce n'est pas seulement le droit de tout homme, c'est aussi son devoir le plus strict de dire la vérité dans les déclarations qu'il ne peut ev ter, quand mëme elles devraient nuire à lui ou à d' autres. A proprement parler, il n'est donc pas lui-même lauteur du dommage éprouvé par celui qui souffre par suite de sa conduite, mais c'est le hasard qui en est la cause. IIn'est pas du tout libre en cela de choisir, puisque la veracité (lorsqu'il est une fois forcé de parler) est un devoir absolu.
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Le mensonge bien intentionné, dont il est ici question, peut d'ailleurs, par un effet du hasard (casus), devenir punissable aux yeux des lois civiles. Or, ce qui n'échappe à la sanctiot que par l'effet du hasard peut être aussi jugé une injustice d'après des lois exté rieures. Avez-vous arrêté par un mensonge quelqu un qui méditait alors un meurtre, Vous êtes juridiquement responsable de Ont er toutes les consequences qu1 pourr résulter; mais etes-vous resté dans Ia en vérité, la justice publique ne saurait . s' stricte prendre à vous, quelles que puissent être les conséquences imprevues qui en resultent. I est possible qu'apres que vous avez lovale ment répondu oui au meurtrier qui voue demandait si son ennemi était dans la mai son, celui-ci en sorte inaperçu et échappe ainsi aux mains de l'assassin, de telle sorte que le crime n'ait pas lieu; mais, si vous avez menti en disant qu'il n'était pas à la maison et qu'étant réellement sorti (à votre insu), il Soit rencontré par le meurtrier, qul com- mette son crime sur lui, alors vous pouvez etre justement accusé d'avoir causé sa mort. En effet, si vous aviez dit la vérité, comme vous la saviez, peut-être le meurtrier, en cher chant son ennemi dans la maison, eût-il ete saisi par des voisins accourus à temps, et le crime n'aurait-il pas eu lieu. Celui donc qu ment, quelque gënéreuse que puisse ètre son intention, doit, même devant le tribunal Civil, encourir la resposabilité de son mensonge et porter la peine des Conséquences. si imprévues qu' elles puissent être. C'est que la véracité est un devoir qui doit ètre regardéé comme la base de tous les devoirs fondés sur un contrat, et que, si l'on admet la moindre exception dans la loi de ces devoirs, on la rend chancelante et inutile. C'est donc un commandement sacré de la raison, un commandement qui n'admet pas de condition, et qu'aucun inconvénient ne saurait restreindre, que celui qui nous pres- crit d'être véridiques (loyaux) dans toutes nos déclarations..
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Dire la vérité est un devoir. Qu' est-ce qu'un devoir? Lidée de devoir est insépa rable de celle de droits: un devoir est ce qui, dans un être, Correspond aux droits d'un autre. Là où il n'y a pas de droits, il n'y a pas de devoirs. Dire la vérité n'est donc un devoir qu'en- vers ceUx qui ont droit à la vérité. Or nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui.
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[...] pour arriver le plus vite et le plus sûrement possible à la solution de la question de savoirs'il est légi- time de faire une promesse trompeuse, je me demande si je verrais avec satisfaction ma maxime (me tirer dembarras par un mensonge) érigée en loi universelle (pour moi comme pour les autres), et si je pour- rais admettre ce principe selon lequel cha- cun peut faire une fausse promesse, quand il se trouve dans un embarras dont il ne peut se tirer autrement? Je reconnais aussitot que je puis bien vouloir le mensonge, mais que je ne puis vouloir en faire une loi universelle". En effet, avec une telle loi, il n'y aurait plus à proprement parler de promesse; car à quoi me servirait-il d' annoncer mes intentions pour l'avenir à des hommes qui ne croiraient plus à ma parole, ou qui, s'ils y ajoutaient foi légèrement, pourraient bien, revenus de leur erreur, me payer en retour de la même monnaie. Ainsi ma maxime ne peut devenir loi générale sans se detruire elle-même.
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