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Ayant lu plusieurs livres provenant de la littérature autochtone et ayant vécu avec le peuple innu, je désirais lire ce livre depuis un bon petit bout déjà. Me plonger dans la pensée d'une autochtone ayant vécu de façon traditionnelle et ayant vécu - connu des gens qui ont vécu- l'arrivée des "blancs". Je ne fus pas déçue, ce livre est cru, franc et sans concession. Il montre bien combien les peuples indigènes ont été tassés, placés dans un coin pour ne pas déranger et surtout ne pas nuire aux projets mercantiles des différents hommes d'affaires. Leurs vies ont été bouleversées, chamboulées alors qu'ils se suffisaient à eux-mêmes avant l'arrivée de l'homme "blanc". Des besoins ont été créés, des vices sont apparus (consommation d'alcool, entre autres) les laissant démunis et sans repères stables. Tout cela est d'une tristesse sans nom et sans retour.

An Antane Kapesh s'est exprimé de façon claire, sans nuance ni gants blancs - sans vouloir faire un mauvais jeu de mots- et c'était nécessaire afin que soit entendu sa voix, compris son message. Je ne sais pas si nous sommes rendus là, collectivement, mais dans un cadre où plusieurs d'entre nous voulons la réconciliation, certaines façons d'exprimer les choses devraient être modifiées. Par exemple, lorsqu'elle dit que: " Si mes enfants vont dans une école (...) c'est Le Blanc qui les a contraints, uniquement pour les gâcher et faire de l'argent avec eux". Ce genre de pensée est dangereuse. Bien-sûr, c'est une tare de l'esprit de l'homme de toujours se croire supérieur à différent de lui; c'est ce que le "Blanc" a démontré encore dans ce cas-ci. Mais de croire qu'il voulait gâcher l'indien et que c'était son seul but ; non ce n'est pas possible. L'indien dérangeait de par ses va et viens sur le territoire, oui, tout à fait, l'homme "blanc" devant la différence s'est cru supérieur, oui absolument, mais de généraliser ces comportements aux hommes "blancs", je crois que c'est néfaste, car cela amène des pensées polarisantes qui ne soutiennent pas la réconciliation et entretiennent la haine. En tout cas, encore une fois, je salue le travail d'An Antane Kapesh à cette époque, mais la reproduction de ce discours sans nuances, peut être dangereuse aujourd'hui.
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Livre intéressant car issu d'un vécu et non pas d'une retranscription, mais pour le reste, le livre est moyen. D'abord, parce qu'on n'y apprend pas grand chose : malheureusement, on sait que les autochtones sont très mal vus et souvent maltraités, quand ils ne sont pas parqués dans les zones qu'on ne veut pas. Mais que peut-on faire à notre niveau ?
Ensuite, parce que la lecture est assez pénible, les éléments sont très souvent répétés, la narration n'est vraiment pas terrible. Certes, l'auteure étant indienne, et leur culture n'étant pas basée sur l'écriture, c'est déjà exceptionnel qu'elle ait pu produire ce livre, mais il n'en reste pas moins que le livre est assez redondant et assez pénible à lire.
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An Antane Kapesh (1926-2004) est la première Autochtone publiée en français et en innu au Canada.

En 1953 le Gouvernement s'empare des terres de sa famille. Sa vie bascule. Elle décide d'utiliser l'instrument du "savoir Blanc" pour militer. Un instrument redoutable, puisqu'il laisse des traces : l'écriture.

Dans cet essai rédigé en langue innue à gauche et en langue française à droite, l'auteure dénonce vivement les abus du système colonial dans le Nord. de l'arrivée des Blancs à la destruction de la culture innue, en passant par la réécriture de l'Histoire et la création des clichés et stéréotypes.

Dépassant l'oralité traditionnelle de sa culture, l'auteure expose les effets du quatuor gagnant des colons : Bars - Police - Hôpitaux - Tribunaux. Elle dénonce les violences policière, l'introduction de l'alcool dans le quotidien, la construction des écoles, les pensionnats, le racisme, le mépris, les mensonges et les injustices. Elle explique comment le "progrès" crée la honte et la sédentarisation forcée, détruit la cohésion sociale ancestrale et pollue l'environnement.

Avec cette réédition Naomi Fontaine fait de nouveau entendre la voix de Kapesh et offre ainsi un précieux instrument d'empowerment à la Nation Innue.
À nous, elle offre l'accès à la mémoire, à L Histoire effacée du récit national, tut par les colons et leurs descendants.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Terrible réquisitoire, lucide et intelligemment mené, d'une amérindienne innue contre ce que le "Blanc" a fait - et fait encore - à son peuple et à son territoire (Nord du Québec) ; l'écriture n'est pas violente mais la démonstration implacable...
Point par point, cette "maudite sauvagesse" raconte : leur vie d'avant, elle a vécu jusqu'en 1953 dans "le bois" et "sous la tente", leur culture, leur nourriture, leurs comportements ; tout ce que l'homme blanc s'est acharné à détruire, et qui entraîne à présent des agissements que la société actuelle ne pardonne pas.

L'exemple de l'alcool est très parlant : pas d'alcool dans la vie que menaient les "Indiens" avant l'arrivée du Blanc.
Extrait p 101 : " Autrefois le marchand d'alcool est venu ici à l'intérieur des terres pour chercher de quoi gagner sa vie. Alors il a commencé par construire un bar... Quand il eût terminé et qu'on eût permis à l'Indien de boire de l'alcool, les Blancs et les Indiens buvaient ensemble au bar." Mais cela n'a pas duré, très vite on a servi les Indiens dans des verres différents, une fois les Indiens arrivés on ouvrait les fenêtres et c'est dans la cave finalement qu'on les a servi.
" Après son arrivée ici dans notre territoire, dans le Nord, Le Blanc a tout fait pour que nous suivions, nous aussi les Indiens, son mode de vie : il nous a maltraités et il a fait de l'argent avec nous." (p 109)
" C'est vraiment dommage n'est-ce pas, qu'aujourd'hui les jeunes Indiens soient si bons pour causer des problèmes ? Mais cela vient du Blanc, n'est-ce pas ? Il y a quarante ans, nous n'avions jamais vu de Blancs ici à l'intérieur des terres, et les jeunes Indiens ne posaient pas de problèmes, lui ai-je dit... Les bars non plus, il y a quarante ans, nous n'en avions jamais vu ici ; le bar ne causait pas de problèmes à l'Indien et l'Indien ne causait pas de problèmes au marchand d'alcool." ( p 115)

L'exemple de la scolarisation forcée, et donc de la perte de la culture et surtout de la langue, est tout aussi bouleversant ; An Antane Kapesh se demande comment il se fait qu'elle ne comprenne pas ses propres enfants et que ceux-ci ne comprennent pas leur mère ! Il faudrait qu'ils soient d'abord instruits dans leur propre langue, avant de l'être en français.

C'est une femme en colère qui écrit, d'une façon parfois un peu naïve, comme un enfant qui cherche à appréhender le monde dans lequel il est arrivé, une mère qui n'a pas pu élever ses enfants comme elle le souhaitait avec son mari, une épouse contrariée que son homme doive travailler en usine ; avant les hommes chassaient et en vivaient.

On apprend beaucoup en lisant ce livre indispensable pour comprendre les problèmes des amérindiens ; c'est la loi des plus forts et des plus nombreux et ce n'est pas simple d'admettre que parfois les "hommes blancs" se comportent comme de vrais sauvages...

Dans ce livre, le récit en français est imprimé sur les pages de droite et sur celles de gauche, se trouve le récit en langue innue.
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Oh mon dieu que ce texte est fort. Phare, même!
Quel coup de poing et grand merci à Mémoire D'Encrier de l'avoir republié.
Pamphlet écrit presque comme une incantation avec rythme et répétitions, et regard incisif sur le mode de vie des blancs imposé aux Innus.
Je suis reconnaissant du privilège qu'on m'a donné de faire la lecture de tout un chapitre sur ma chaine YouTube - alors si vous voulez entendre résonner quelques mots d'An Antane Kapesh (dans la bouche d'un homme blanc - j'espère l'avoir fait en hommage plus qu'en appropriation - allez voir sur ma chaîne.)
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Oh mon dieu que ce texte est fort. Phare, même!
Quel coup de poing et grand merci à Mémoire D encrier de l'avoir republié.
Pamphlet écrit presque comme une incantation avec rythme et répétitions, et regard incisif sur le mode de vie des blancs imposé aux Innus.
Je suis reconnaissant du privilège qu'on m'a donné de faire la lecture de tout un chapitre sur ma chaine YouTube - alors si vous voulez entendre résonner quelques mots d'An Antane Kapesh (dans la bouche d'un homme blanc - j'espère l'avoir fait en hommage plus qu'en appropriation - allez voir sur ma chaîne.)

Lien : https://youtu.be/KTYsrQjupVI
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La seule et unique fois où j'ai entendu parler de An Antane Kapesh, c'est dans le dernier récit de Naomi Fontaine SHUNI. A la fin de cette lecture, ce fut comme une évidence, je devais à tout prix lire JE SUIS UNE MAUDITE SAUVAGESSE. Hasard de la vie, depuis fin août, les éditions Mémoire d'Encrier propose à ses lectrices et lecteurs une nouvelle édition et une nouvelle traduction de ce récit.


Un récit terriblement percutant et accaparant d'une justesse rude et d'une honnêteté essentielle.


Les mots tels des lames acérées et des larmes de colère, An Antane Kapesh exprime le désarroi de tout un peuple déraciné violemment de leur Terre. Elle élève leur voix unique et solidaire dans le but sacré et irrévérencieux de raconter aux nouvelles générations leur héritage volé dans le but, essentiel, que ces dernières n'errent plus.

Un témoignage magistral dans lequel résonne la force d'un peuple détrôné, désoeuvré, désillusionné. Un témoignage poignant et déchirant contre la cruauté Blanche et cette idée absurde que leur société est meilleure que celle des Innus. Un témoignage alarmant et désopilant. Un cri du coeur au profit d'un peuple qui a perdu son identité.


Comment ne pas avoir de profonds sentiments envers ce récit ? Comment ne pas se sentir petit face à ses mots ? Comment ne pas se sentir lamentable face à ses constats, à ses vérités ? Comment ne pas se sentir humain ? Comment ne rien dire face à un tel discours ? Des questions qui amènent tant de question. An Antane Kapesh porte-parole et bienfaitrice de son peuple. Que ses mots résonnent pour l'éternité afin de ne jamais oublier.


L'innue est avant tout une langue orale. La traduction est juste merveilleuse. On y retrouve la force, la conviction, le courage qui animent An Antane Kapesh, conférant à son récit un discours fédérateur, franc et sans ambiguïté.


Un livre qui doit rejoindre votre bibliothèque sans hésitation !
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Témoignage difficile à lire, tellement c'est frustrant de constater à quel point les « Blancs » ont ravagé la vie des Autochtones. C'est une histoire d'intimidation, d'humiliation, de violences à répétition et d'étroitesse d'esprit de la part des « Blancs » qui ont agi tels de grands colonisateurs, avec un regard ethnocentrique face au peuple qui les a accueillis. N'ayons pas peur de mots, il s'agit bien d'un génocide culturel. C'est une lourde histoire qui s'étale sur des centaines d'années. Aujourd'hui, je me questionne sur comment me détacher de cette étiquette de « Blanche » malgré la couleur de ma peau? Que puis-je faire concrètement pour participer au processus de réconciliation entre les Allochtones et les Autochtones? J'imagine que lire cet essai biographique fait sûrement partie des actions à poser pour y arriver…
Dans un autre ordre d'idées, j'ai trouvé intéressant que l'autrice transcende la tradition orale de son peuple en utilisant l'écriture (rappelons-nous que ce livre fut écrit initialement en 1975). Cette oeuvre littéraire se fait témoin de l'émergence d'une « néo-oralité » chez les Autochtones au Québec. Comme le rapporte l'anthropologue Louis-Jacques Dorais, l'utilisation de l'écriture chez les écrivains autochtones leur permet de s'affirmer sur le plan identitaire, tout en maintenant un contact avec la pensée de leurs ancêtres. le fait que l'autrice ait écrit dans sa langue maternelle vient d'autant plus renforcer cette position.
Dernière observation, j'ai trouvé étonnant qu'An Antane Kapesh ne parle pratiquement jamais de l'entrée de la religion catholique dans les communautés autochtones. C'est tout de même une religion qui provenait des Blancs… Néanmoins, par ses écrits, on peut en déduire qu'elle croit en Dieu et qu'elle ne conteste pas l'évolution des croyances spirituelles et religieuses des Autochtones à la suite de leurs contacts avec les Blancs.
C'est définitivement un livre à faire lire à tout notre entourage! Il devrait même se trouver dans les lectures du cours d'histoire à l'école secondaire...
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Ce n'est pas un livre c'est un témoignage, non, un cri du coeur devant l'injustice. Mais surtout, c'est une dénonciation. Aujourd'hui, nous Autochtones, ne pouvons que décrire les conséquences de la colonisation, ses suites. An Antane Kapesh raconte comment elle et les siens l'ont vécue. Ce qui m'a particulièrement frappé, c'est sa colère. Les Innus l'expriment si rarement.... Merci.
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Initialement publié en 1982, puis réédité en 2008, ce livre est pratiquement introuvable aujourd'hui.

Ce n'est pas un roman, mais un témoignage court et intense écrit à la base en langue montagnaise, avec quelques redondances.
En toute simplicité, la « Maudite Sauvagesse » nous raconte sa fierté d'être indienne, son combat pour conserver son identité culturelle et son refus de vivre à la manière des Blancs. Son livre a été écrit à la fois pour défendre la culture indienne et l'expliquer aux côlons blancs.

An Antane Kapesh débute son récit au moment où Le Blanc arrive en territoire indien, et se termine sur la question de savoir comment il considérera les Autochtones à l'avenir. Elle aborde également la découverte du minerai dans le Nord, l'éducation blanche, la police, ainsi que les tribunaux et d'autres sujets encore.

Ajout du 5 avril 2023 :
Les éditions Mémoire D encrier ont réédité ce livre le 17/09/2020. On peut le trouver plus facilement à présent, dans les librairies physiques et en ligne.
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