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Ce recueil de 9 contes par le scénariste/dessinateur turc Ersin Karabulut sur le thème de l'anticipation et de la dystopie a tout pour plaire à un public amateur de BD et de science-fiction. le style graphique, la narration, l'humour mais aussi la curiosité de découvrir un auteur d'une autre culture m'ont tout à fait conquis.
J'ai trouvé particulièrement brillants, par ordre décroissant, les contes "• Dot", "Le Monde d'Ali", et "L'âge de Pierre" (qui orne la couverture de l'album).
En revanche, sur les 9 histoires j'en recense 2 qui n'ont pas vraiment leur place dans ce recueil car elles ne relèvent pas vraiment de la thématique abordée: "Deux en un" et "Le fils de son père" qui sont du niveau du magazine Fluide Glacial (c'est amusant mais sans plus). Voilà seulement pour le côté négatif.
Attiré par la couverture, par la thématique du recueil d'histoires et de l'extrait mis à disposition sur le site officiel de l'éditeur, j'ai reçu mon exemplaire grace à MC de Babelio (et à l'éditeur que je remercie).
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Ersin Karabulut est un dessinateur turc qui s'est lancé en 2018 dans la bande dessinée avec ces premiers « Contes ordinaires », des récits d'anticipations illustrés interrogeant notre société et notre rapport à la technologie, à la politique ou tout simplement aux autres. La démarche est la même dans « Jusqu'ici tout allait bien » qui regroupe neuf nouveaux contes mettant en scène des gens ordinaires dont la vie va être bouleversée par un événement totalement inattendu. Ce peut être une petite fille qui décide de ne plus se soumettre aux règles imposées par la société, ou une femme dont l'enfant grandit en son sein sans pouvoir sortir, ou encore un homme qui découvre que son fils lui ressemble décidément beaucoup trop. le ton est cru, la morale souvent cruelle, et l'intrigue comme les illustrations provoquent l'un et l'autre un profond sentiment de malaise chez le lecteur. Un sentiment dont sont familiers les spectateurs de « Black mirror », série télévisée à succès basé sur le même principe : des petites nouvelles de science-fiction mettant en scène un futur à la fois familier et inquiétant dans lequel les nouvelles technologies occupent généralement une place prépondérante. Les contes d'Ersin Karabulut présentent ainsi de nombreux traits communs avec la série, qu'il s'agisse de la volonté de s'emparer de sujets de société, mais aussi de mettre en scène des personnages ambigus et à la moralité douteuse, ou encore de proposer des conclusions profondément dérangeantes. Les dessins sont à l'avenant puisque les personnages ne sont vraiment pas à leur avantage et sont représentés un peu comme des caricatures (gros nez, bouche ridiculement petite, coiffures ou vêtements démodés ou informes…). Loin de rebuter, ce choix participe lui aussi à la fascination un peu malsaine du lecteur qui voit évoluer avec un mélange de curiosité et de dégoût ces protagonistes souvent très ordinaires dont le rôle alterne entre celui de victime et de bourreau.

Certains récits abordent la question des relations familiales, notamment celle entretenue entre parent et enfant, mais absolument pas d'un point de vue attendrissant ou consensuel. Dans « Deux en un », l'auteur met en scène un enfant coincé dans le ventre de sa mère (qui ne possède pas d'orifice pour le faire sortir) et qui va volontairement lui faire vivre un calvaire, tandis que dans « Le fils de son père » on assiste à l'implosion d'une famille dans laquelle le fils veut (et peut) prendre la place du père. Les propos de l'auteur sont cela dit plus souvent politiques, ce qui l'amène à traiter de sujets d'actualité tels que la servitude volontaire, le conditionnement, le contrôle de plus en plus important qu'exercent sur nous et nos sociétés les géants du numérique, ou encore la montée inquiétante du conservatisme. Pour aborder ces thématiques, Ersin Karabulut mobilise la science-fiction et imagine aussi bien des sociétés futuristes sur le point de basculer que des individus révoltés broyés par le poids des obsessions de leurs concitoyens. Dans le bouleversant « Sans gravité », l'auteur met en scène un monde dans lequel tout à été privatisé, de l'air à l'eau, en passant par le poids des individus : tout ce qu'il reste à ceux n'ayant pas la chance de pouvoir s'acheter une vie, c'est de la perdre tous ensemble. Dans « Dot », on suit cette fois une jeune femme de plus en plus agacée par le fait que son mari dénigre sa marque préférée et refuse tous les gadgets technologiques à la mode dont elle raffole. Ça tombe bien, « Dot » propose justement à ses fidèles clients de s'occuper de leur entourage récalcitrant, et se lance même dans le gouvernement d'états en sous-traitance ! « L'âge de pierre », conte chargé d'ouvrir le recueil est finalement celui qui résume le mieux l'ensemble de l'ouvrage puisqu'on y retrouve tout ce qui fait son charme et sa force : un propos politique intelligemment amené et une intrigue qui éveille une multitude d'émotions chez le lecteur, de la tristesse au dégoût en passant par la colère et l'effarement. Un vrai tour de force !

Ersin Karabulut signe avec ces nouveaux « contes ordinaires » un ouvrage qui s'apparente pour le lecteur à un véritable uppercut. Difficile en effet de rester de marbre à l'évocation de ces futurs dérangeants et de ces révolté(e)s brisé(e)s. Tour à tour loufoques ou émouvants, improbables ou réalistes, les neufs contes au sommaire ne laissent en tout cas jamais indifférents et poussent le lecteur à réfléchir à des sujets et des comportements déplaisants mais sur lesquels il est parfois urgent de se pencher. Voilà une lecture à ne pas rater pour les amateurs de bande dessinée comme de science-fiction !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Je savais que la bande dessinée "Jusqu'ici tout allait bien" allait me sortir de ma zone de confort, étant donné qu'il est rare pour moi de lire des BD.
Finalement, j'ai apprécié la lecture des quelques histoires dont Ersin Karabulut nous fait part.

Elles s'imprègnent des thèmes de notre société actuelle en appuyant parfois sur les aspects négatifs, je pense notamment au quatrième conte ".DOT".
C'est l'une des histoires que j'ai préférées car elle se concentre sur une sorte d'addiction à la recherche de toujours avoir plus que nécessaire au sein des nouvelles technologies.
C'est déboussolant de se rendre compte que notre société actuelle y ressemble, de manière beaucoup moins exagérée, certes, mais qui y ressemble tout de même.

Ainsi, les passages humoristiques se succèdent sur une trame de fond étrange, voire parfois déstabilisante.
Le point que j'ai particulièrement apprécié est la façon dont la plupart de ces contes se "terminent". Oui, j'ai écrit cela entre guillemets puisque ces histoires ne se terminent pas réellement, le lecteur sait que le déroulement du conte va se perpétuer et continuer dans ce même contexte amer.

Je remercie Babelio et les Éditions Fluide Glacial pour cette superbe découverte.
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Neuf contes glaçants sous forme de BD. Neuf histoires qui épinglent les travers de nos sociétés.

Quand l'individu s'efface il ne reste plus qu'une masse ; une grosse pierre que l'on porte à bout de bras comme un fardeau. Ou bien c'est le piège des réseaux sociaux qui nous happent sur nos écrans. Que deviennent la liberté, la légèreté, la solidarité, l'art, ou tout simplement la vie quand on ne sait plus ouvrir les yeux ?

On frissonne en regardant les dessins d'Ersin Karabulut et en lisant ses dialogues coupants. Et en même temps on se dit tant mieux, la liberté de son art arrive à transpercer la glace, malgré les bâtons qu'elle trouve sur sa route, dans bien des pays où la parole se voudrait monochrome. Sombre.

Et, même là où l'on se pense si libre, les réseaux sociaux nous enferment, comme des moutons dans un pré gris. On ne pense plus que par troupeaux, on ne s'exprime plus que par un pouce. À force on pourrait bien devenir une simple donnée, lavée de toute réflexion autonome. On achète, on pense, on vote ce qu'on nous incite à penser, acheter, voter.

Alors lisez, lisez, lisez encore et encore ce qui vous tombe sur le coeur, au fil de vos voyages sur Babelio, là où, espérons-le, la publicité ne nous avalera pas tout crus.

Je ne connaissais ni l'Éditeur Fluide Glacial ni l'auteur Ersin Karabulut. Une bonne découverte.
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Cet album est composé de plusieurs histoires, où les grands maux de notre société sont poussés à l'extrême. Dans le premier récit le narrateur raconte les les premiers questionnements de sa soeur Bethy, elle trouve que cette pierre que tout un chacun se doit de porter est bien lourde alors pourquoi ne pas la poser un instant au sol? Mais la foudre s'abat sur elle, son frère ne la comprends pas, sa mère lui annonce qu'un certain nombre d'ennuis s'abattraient sur la famille si elle faisait ça. Quant à son père il a lui aussi voulu poser sa pierre, il n'a évidemment pas survécu. Pourtant Bethy continu de se demander pourquoi faut-il garder cette pierre à longueur de temps, alors elle sort dans la rue prête à déposer son fardeau sur le trottoir mais la foule l'entoure et l'invective.

Nous découvrons l'histoire d'un homme aujourd'hui marié et qui retrouve dans une pièce cachée de son appartement son ex-petite amie, puis d'autres personnes qui s'y installe sans qu'il ne sache par où ils entrent. Puis celle d'un couple désireux d'avoir un enfant, mais cet enfant refuse de sortir du entre de sa mère et grandit à l'intérieur jusqu'à rendre la vie de sa génitrice totalement compliquée.

Chacun des personnage se retrouve confronté à un manque de liberté, ils perdent le contrôle de leur vie. A partir de situations ordinaires chaque récit d'anticipation livre une société dirigée par un mal: un régime politique, des croyances particulières, l'importance des moyens de communication, ou qu'est ce qui sépare le paradis de l'enfer?
Il est un récit où un homme qui refuse de voir sa vie dirigée par les moyens de communication comme le smartphone, se voit dénoncé par sa compagne à une "milice" chargée de vous "remettre les idées en place".
J'ai été parfois choquée notamment par le premier récit ou celui d'un père et de son fils qui finiront par se ressembler comme deux gouttes d'eau, j'ai flottée dans l'incompréhension mais je me suis surtout posée beaucoup de questions. Jusqu'où pouvons nous aller dans la destruction de notre propre liberté? Jusqu'où ira l'humain pour détruire l'humain?
Pourtant il y en a bien un qui m'a surprise puisqu'il est en opposition au reste de l'album: un jeune en complète adéquation avec son environnement urbain arrive toutefois à se sortir de cet assujettissement et vivre sa vie.

Chaque récit à un graphisme particulier, un peu comme si neuf illustrateurs s'étaient relayés. Chaque message est bien passé, avec brutalité ou avec émotion. C'est un album qui m'aura tout de même marqué.

Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Je savais que je sortirais de ma zone de confort lorsque j'ai placé ce titre sur la liste de la MC graphique. Et en effet, je vous le confirme.

Tout d'abord, je pensais avoir une histoire en main. Mais finalement c'est un recueil de 9 courtes histoires dont les thèmes sont fort et dérangeants. Brrrr...j'ai refermé cet ouvrage avec un sentiment de malaise.

C'est une bd de qualité, même si ce n'est pas mon style, je dois reconnaitre que le graphisme est impressionnant !
Pour les histoires, entre dénonciations de faits de sociétés et absurdes, il y en a pour tous les gouts.

Je n'ai pas du tout aimé "Deux en un", "Le fils de son père". Trop étranges.

Par contre, "L'âge de pierre", "La chambre secrète", ".Dot" et "Le Monde d'Ali" sont intéressantes, même si elles font froid dans le dos. Entre critique du poids de la religion, des nouvelles technologies, des secrets dans le couple ou de la pensée unique, chacune à sa manière dénonce ces travers et ne peuvent laisser indifférent.

Les deux dernières "Pile ou face" et "Sans gravité" m'ont moins marquées.

Je me sens bien incapable de mettre une note. Je n'ai pas vraiment aimé, parce que ces histoires mettent mal à l'aise, mais en même temps, je ne peux que reconnaitre le travail de l'auteur tant dans le dessin que dans la diversité des thèmes abordés.

Merci à Fluide glaciale et à Babelio pour cette MC graphique.
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Ersin Karabulut auteur turc signe un album graphique fait de plusieurs nouvelles aussi géniales que terrifiantes. Il s'empare de thèmes qui font résonance avec notre époque. Une justesse de ton qui provoque réflexion et admiration, tant chaque histoire nous interpelle, nous touche ou nous horrifie. Publié par Fluide Glacial, "Jusqu'ici tout allait bien" est une vraie réussite. Découvrez cet auteur qui m'a saisit avec brio et force.
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Une très bonne découverte ! Je recommande vivement cet auteur
Si certains contes provoquent une gêne ou un malaise, ils apportent tous une très bonne base de réflexion sur certaines problématiques
Le premier conte sur l'obscurantisme "L'âge de pierre' est un vrai choc.
Excellent !
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Un livre somme toute décevant. Prometteur mais inachevé. 9 histoires, 9 points de départ intéressants mais l'auteur ne semble pas s'être donné la peine d'exploiter pleinement ses idées. Dommage, développées ces idées dystopiques auraient pu donner lieu à des contes réellement anxiogènes plutôt qu'à ces ébauches d'histoires.
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Je suis ravi de découvrir le travail d'Ersin Karabulut avec Jusqu'ici tout allait bien qui est son deuxième recueil de contes d'anticipations parfois cruels, parfois absurdes après un premier album sorti en 2018 Contes d'une société résignée et également publié chez Fluide Glacial. Je ne connaissais donc pas le travail de ce dessinateur turc co-fondateur d'une revue satyrique et, justement, dans le domaine de la satire, Ersin Karabulut n'est ni plus ni moins qu'un orfévre

Alors autant prévenir, c'est tout de même radical. Il ne faut pas se fier à l'identité "fluide glacial", la bd d'Ersin Karabulut peut manier un certain humour noir mais c'est avant tout une redoutable brique de désespoir et de rage qui nous tombe sur la figure. Ses contes sont des contes amers, parfois tragiques. le ton est à la fois tranchant, stylé et intelligent. Fluide glacial a déjà manier de l'humour noir dans l'ensemble mais dans ces contes, l'humeur n'est pas vraiment au rire ou alors c'est un rire gêné et délicieusement grinçant pas vraiment porté sur le gag grossier.

Pour poser ses intrigues, Karabulut joue étroitement la carte de l'absurde , il fissure la frontière entre réalité et métaphore. Par exemple, le premier conte nous raconte une société dont chaque membre porte à bout de bras une pierre, un poids qui est vénéré et qui accompagne chaque personne du début à la fin. La curiosité, l'humour absurde qui ouvre ce premier conte laisse rapidement la place à une critique, une satire audacieuse contre un régime totalitaire et ce à travers les yeux d'une jeune fille qui souhaite déposer sa pierre. le final n'en est que plus glacial.

Les autres contes n'en sont pas moins percutants. On peut relever le chapitre" le monde d'Ali" qui est un pamphlet contre le régime conservateur avec une curieuse maladie "l'alification" qui uniformise physiquement les gens dans une espèce de caricature de réactionnaire ou encore l'excellent chapitre " Histoire pour enfants" qui joue étroitement avec le style de dessin pour mieux mettre en relief des personnages en 2D et montrer leur évolution. Non content d'être un redoutable conteur, Ersin Karabulut est aussi un dessinateur au style soigné. Les traits des personnages sont assez captivants oscillant entre de la caricature, du grotesque tout en étant net. le dessinateur propose un dessin expressif , tantôt désespéré, tantôt grimaçant qui s'harmonise parfaitement avec la folie de ces contes amères, de ces pamphlets graphiques sur les tares d'une société. C'est également un style pluriel. On le voit sur certains chapitres comme Pile ou Face dans lequel l'auteur avec une opposition entre deux mondes grâce à deux palettes de couleurs différentes ou le dessin plus cartoonesque d'Histoires pour enfants qui devient plus précis et sophistiqué par la suite. Il en demeure une colorisation que j'ai trouvé assez froide voire livide dans l'ensemble mais qui renforce justement l'amertume de ces contes satiriques.

Avec Jusqu'ici tout allait bien, c'est tout simplement la découverte d'un auteur satyrique et contestataire ultra-talentueux.... Ce recueil de courtes histoires est mordant et grinçant du début à la fin. L'humour noir et l'absurde s'éclipsent facilement devant ces récits d'anticipations allégoriques menés de main de maître par ce génial auteur turc Ersin Karabulut.

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