«
A moi pour toujours ».
Voilà le petit mot que Sherry Seymour trouve dans son casier le jour de la Saint-Valentin. Ce billet est un petit coup de peps dans son existence plutôt terne. Sherry est une femme d'une quarantaine d'années, mariée depuis vingt ans au même homme et mère d'un fils, maintenant à l'université. Elle occupe un poste de professeur dans lequel elle se sent bien mais depuis quelques années, la routine semble être la composante essentielle de ces journées.
Alors ce petit mot arrive au bon moment, elle se sent flattée. Cependant, elle n'y attachera pas tant d'importance que ça. Jusqu'au jour où d'autres mots arrivent. Des mots pleins de tendresse, de douceur. Les mots d'un homme qui aime sans rien demander en retour.
Elle se sent à nouveau « femme », elle se sent revivre.
Sherry va alors parler de tout ça à son mari, comme un jeu. Ces petits mots anodins venant d'un admirateur secret vont également mettre un peu de folie dans leur vie de couple. Etant jeunes, ils avaient plusieurs fantasmes : faire l'amour avec d'autres personnes, regarder sa femme se mouvoir avec un autre homme. Mais cela ne restait que des fantasmes, histoire de mettre un peu de piment dans leurs ébats. C'est à ce moment que la situation devient troublante. le mari de Sherry va alors la pousser à trouver cet admirateur secret, à avoir une relation avec lui.
Où est le vrai ? Où est le faux ?
C'est une question que l'on se pose souvent à la lecture de ce roman.
La confusion entre dans la tête du lecteur. Est-on toujours dans le fantasme ou bien la réalité ?
Est-ce vraiment ce qu'il désire ou bien est-ce seulement pour se sentir à nouveau vivant ?
Ce dont je viens de vous parler n'est qu'une infime partie du livre, le reste étant bien plus complexe, bien plus profond.
Laura Kasischke nous peint des personnages plus vrais que nature, avec leur part sombre. Il est incroyable comme un simple mot peut prendre des proportions énormes. Et pourtant, rien d'extraordinaire dans ce roman, juste des moments qui s'enchaînent et se déchaînent. Des moments dus à des sentiments purement humains : jalousie, ressentiment…
D'ordinaire, je n'apprécie pas les romans où s'installe une ambiance malsaine. Mais avec
Laura Kasischke, je ne le ressens absolument pas de la même manière. On se laisse entraîner comme ses personnages. On perd le contrôle et on se raccroche aux pages pour tenter de retrouver un équilibre.
Un très bon roman. C'est ma deuxième lecture avec cet auteur et ce ne sera pas la dernière. Elle a une écriture particulière à laquelle on s'attache. Ses livres ne nous laissent pas du tout un sentiment de bien-être mais ils sont vrais, justes. Ce sont des livres humains. Et vous savez comme la nature humaine n'est pas toujours douce.