En lisant un article sur la censure qui s'abat sur les bibliothèques publiques américaines (je vous conseille au passage l'excellent dossier d'Actualitté sur ce sujet), je découvre que certaines oeuvres de Toni Morrisson, de
Margaret Atwood et d'autres auteur·rices que je ne connais pas (dont
Rupi Kaur) sont dans le viseur des conservateurs, tirant à vue sur les livres qui évoquent de près ou de loin les luttes antiracistes, féministes ou LGBTQI.
Intrigué, je fais quelques recherches sur
Rupi Kaur, et découvre que cette jeune canadienne d'origine indienne a percé grâce à un réseau social très connu (dont je ne ferai pas la pub) et a déjà publié plusieurs recueils de poésie dans lesquels elle partage ses pensées féministes (ce qui explique pourquoi les conservateurs veulent la censurer), ou encore ses expériences de vie (amour, deuil, dépression, immigration, etc).
Succès éditorial, tournée mondiale de lectures de ses textes, femme de moins de 30 ans parmi les plus influentes du monde, je découvre avec quelques années de retard le phénomène de
Rupi Kaur.
Ni une, ni deux, je me rends en librairie pour acquérir un de ses recueils, et je commence par
le soleil et ses fleurs.
Je n'ai pas eu besoin de bien longtemps pour me rendre compte du talent de la poétsse, tant ses textes sont éblouissants, engagés, ou lumineux, même lorsqu'elle évoque des sujets aussi dur que les violences sexuelles, le deuil, ou l'immigration. Découpé en plusieurs parties (se faner, tomber
pourrir, se redresser, fleurir) on suit l'autrice depuis les profondeurs de la noirceur de l'âme jusqu'à la lumière de l'espoir et la célébration de la vie. C'est difficile, beau, et cela montre que rien n'est permanent, même la douleur. J'apprécie la littérature qui nous aide à vivre, à résister, à continuer d'espérer, et c'est pour cela qui j'ai beaucoup aimé
le soleil et ses fleurs .
Deux particularités dans la forme et la présentation des poèmes m'ont interpellé. Tout d'abord, les dessins qui illustrent de nombreux vers (la mère de
Rupi Kaur l'a incité très jeune à exprimer ses émotions par dessins) et m'ont rappelé ceux de
Jean Cocteau : trait noir fin, dessin simple et tellement évocateur. Ensuite, l'absence de majuscules : en faisant une recherche rapide sur Wikipédia, on apprend qu'elle s'inspire de sa culture d'origine et notamment de l'écriture gurmukhi, alphabet le plus utilisé en Inde.
Je vais me plonger rapidement dans la lecture des autres recueils de poésie de
Rupi Kaur, et faire découvrir son travail à mes connaissances. Encore une fois, on pourra affirmer que la censure est le meilleur outil de promotion d'un livre...