Histoire banale ou simple, celle d'un autre lieu , d'un autre temps que celle racontée dans ‘J'ai entendu la voix de l'eau'. Celle de Miyakô, la grande soeur qui à la mort de sa mère d'un cancer revient habiter avec son frère la maison de leur enfance. Demeure qui fait resurgir les souvenirs de sa mère, de son enfance sur une période de plus de trente ans.
La narratrice Miyakô fait le récit empreint de souvenirs de l'enfance jusqu'à l'âge adulte de ces deux enfants Miyakô et de Ryô. Souvenir des relations privilégiées qu'elle entretenait avec sa mère, qui tel un astre illuminait son quotidien par sa façon de vivre.
Chaque fois que je tirais les moustiquaires, que je fermais les volets ou tournais la poignée de la porte qui séparait le séjour de la cuisine, je sentais de façon palpable le temps de mon enfance où je gambadais dans la maison
Mais aussi de la relation avec leur père, en fait leur oncle. L'ombre du père est mystérieuse et voilée. Leur oncle se faisant appeler papa. Mais c'est aussi une histoire dont l'amour tient une grande part, que ce soit de l'amour envers leur mère, ou de l'amour entre Miyakô et Ryô (un peu incestueux). Il reste une part de discrétion dans tous les souvenirs. Une façon pudique de voir les choses, de ne pas les analyser, mais juste de les contempler, de s'en étonner et de s'en émouvoir.
Je me souviens très bien des choses qu'elle laissait tomber dans un murmure. Moi, je ne voudrais pour rien au monde connaître tout d'un être. D'ailleurs, j'aurais tout aussi peur de connaître tout de moi-même ! Non merci, très peu pour moi.
La vie semble coulée doucement, mais des accrocs interviennent : tremblement de terre, souvenirs de la guerre. Et pour le frère de la narratrice Ryô qui échappe de justesse à l'attentat au sarin du métro de Tokyo en 1995 un évènement qui va bouleverser sa vie, lui permettre de voir la mort, d'appréhender la fragilité de la vie.
Nous ne sommes pas constitués de la signification que revêtent les événements, les choses qui se sont passées. Nous existons simplement au gré de ce qui nous arrive, nous sommes ce que nous sommes par hasard (ça aurait pu être autrement, c'est tout), pas la peine d'aller chercher plus loin, non ?
Histoire simple de souvenirs écrits sans fard, mais avec pudeur qui conserve des zones d'ombre. Un style fluide et plaisant, ou l'on ressent la nostalgie flottée autour des êtres et des choses, de la réflexion sur les choses en général . La voix de l'eau est un peu l'écho de la voix de l'âme de la narratrice Miyakô.
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