Tout d'abord je remercie les Éditions des Deux terres pour m'avoir confié la lecture du nouveau roman de
Jesse Kellerman.
Ce roman, écrit à la première personne, est le récit de la vie de Joseph, de sa déchéance. L'auteur accorde 2 chapitres au passé de Joseph. Deux chapitres particulièrement intéressant parce qu'il nous révèle les fêlures du personnage. Après avoir planté le décor et ses personnages, nous voilà ramené au présent et à sa première rencontre avec Alma. Alma est une femme surprenante, vive d'esprit. L'intérêt pour la philosophie la lie tout de suite à Joseph. En effet, elle-même a rédigé une thèse, qui n'a jamais été publiée. Ce roman est très axé sur la philosophie et l'auteur s'est documenté. Pour ce qui est la teneur des conversations entre Alma et Joseph, elle est centrée sur le libre-arbitre notamment. Sans écrire ces dialogues philosophiques, l'auteur nous en dévoile la teneur dans les descriptions. le petit plus ici est qu'il fait référence à des concepts qu'il définit, des thèses de philosophes qu'il cite.
Assez vite, Joseph est invité à loger chez Alma. Leur proximité ne fait que s'accroitre. Si bien que l'arrivée d'un mystérieux neveu dont elle n'avait jamais parlé (Eric) sème le trouble dans l'esprit de Jospeh. Il se croit évinscé en les entendant rire aux éclats, il s'attend à être expulsé, mais il n'en sera rien. Lorsqu'il saisit la teneur de la relation entre Alma et Eric, Joseph le prend définitivement en grippe. Eric réclame régulièrement de l'argent à Alma. A partir de ce moment, je me suis dit, il va se passer un drame. Une menace latente est légèrement perceptible mais on ne sait pas d'où elle viendra. A ce moment on est à peu près au milieu du roman est le suspens ne se fait pas trop sentir. Avec l'arrivée d'Eric, la tranquillité, la quiétude du récit s'évapore, mais ne laisse pas place à un suspens à couper le souffle. L'auteur insinue les choses au fur et à mesure. Ainsi quand on apprend le décés d'Alma, que la question de l'héritage apparait et que Joseph empoche une bonne part de celui-ci. Il bascule alors dans une paranoïa, dans une sorte de folie. Il a par exemple l'impression d'être observé dans la maison. On se rend particulièrmeent compte p.210 à 216 lorsqu'il semble ivre (pas dans le sens où il est ivre d'avoir bu) à l'idée d'être propriétaire de cette maison. Sa soudaine fortune semble lui tourner la tête. Il n'arrête pas de répéter ma maison, ma ceci, mon cela. C'est plus une tension psychologique, un processus de basculement dans une folie meurtrière que décrit
Jesse Kellerman ici et c'est réussi.
C'est pour cela que j'insiste sur le fait que c'est un livre différent du précédent
Jusqu'à la folie, où je me rappelle avoir ressenti une tension, une menace plus palpable, plus directe. On était plus dans l'action alors qu'ici, le lecteur est plus spectateur. A un moment, la première personne est abandonné pour le deuxième du pluriel. Ainsi au lieu de dire : ce que je suis devenu en ces quelques instants me sidère, il dit "Ce que vous êtres devenu en ces quelques instants vous sidère". Il nous embarque avec lui dans cet enchaînement d'évènements, et l'effet sur le lecteur est réussi.
Dernier point important aussi, c'est la thématique du libre-arbitre, abordé lors des conversations entre Alma et Joseph, est largement développée jusqu'à la fin du roman. En effet, au regard des actes commis par Joseph, une réflexion peut s'engager sur son libre-arbitre. Est-il l'initiateur du meurtre ou bien le meurtre découle-t-il d'une suite d'évènements l'y ayant mené ? Je vous laisse vous faire votre propre jugement à la lecture de ce roman...
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