Combien de tragèdies un être-humain est-il capable de supporter ?
Est-il possible de se réveiller chaque matin et de continuer à vivre après avoir été privé, à deux reprises, de ceux que l'on aimait le plus au monde ?
Assis à ma table plus tard cette nui-là, j'ai tenté en vain de me concentrer sur mon travail, mais la scène du balcon continuait à défiler dans ma tête, le visage de Margit occupait mes pensées. Six heures après notre premier contact physique, je sentais toujours son parfum épicé, comme s'il avait pénétré mes vêtements, ma peau. Je gardais son goût dans ma bouche et sa voix grave, chaude, résonnait encore dans mes oreilles.
J'ai dû ressortir sa carte de visite une dizaine de fois pour la contempler. Par crainte de la perdre ou de l'égarer, j'ai noté son numéro de téléphone dans mon agenda et le bloc-notes que j'avais à côté de mon ordinateur portable. J'ai essayé de me plier à ma discipline des cinq cents mots quotidiens.
En vain : j'étais trop distrait, trop ensorcelé.
Tous les hommes sont égaux devant la mort. Une fois passé dans l’au-delà, on ne laisse sa véritable histoire qu’à quelques proches. Et quand eux-mêmes auront disparu… Plus rien ne compte, et c’est justement pour cela que tout compte : il faut lutter contre l’insignifiance fondamentale de nos accomplissements en se persuadant qu’ils ont tout de même une signification… Sinon il ne reste qu’une vérité désespérante : « Quand je serai mort, aucune des forces qui auront animé et modelé ma vie – colère, convoitise, ambition, besoin d’amour, regrets, erreurs irréparables, poursuite vaine de ce que l’on appelle bonheur – n’aura la moindre valeur. »
"C'est arrivé l'année où mon existence s'est écroulée. L'année où je suis venu vivre à Paris.
J'avais débarqué quelques jours après Noël, par un matin gris et humide. Le ciel avait une couleur de craie sale et la pluie était une brume envahissante lorsque mon avion s'était posé, à l'aube. Je n'avais pas fermé l'oeil durant toutes ces longues heures au-dessus de l'Atlantique, un épisode insomniaque qui venait s'ajouter à la succession de nuits sans sommeil par laquelle je venais de passer.
En retrouvant la terre ferme, j'ai soudain basculé dans un état de désarroi complet, et j'ai perdu tous mes moyens devant le flic du contrôle des passeports qui me demandait combien de temps je comptais rester en France.
- J'sais pas exactement, ai-je marmonné sans réfléchir. D m'a observé avec d'autant plus d'attention que je m'étais exprimé en français.
- Quoi, vous savez pas ?
- Quinze jours, me suis-je hâté de lancer.
- Vous avez un billet de retour pour les Etats-Unis ? - J'ai hoché la tête. - Montrez-le-moi, s'il vous plaît.
Je le lui ai tendu. Il a cherché des yeux la date de mon vol dans l'autre sens : 10 janvier."
"Accepter la logique cartesienne de deux univers distincts dans une seule vie..."
Découverte de cet auteur via "la femme du V°" . Belle histoire d'amour et dénouement parfait. Une fois arrivé à la fin du livre on veut le lire une seconde fois pour mieux assimilé l'interprétation de l'auteur. Depuis j'ai lu les autres romans avec une degrés de satisfaction pas toujours identique
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. »
París est plein d’Anglophones qui n’ont jamais pris la peine d’apprendre le français. Paris s’en arrange, parce que Paris est très arrangeant.
Tout ce qu’elle avait dit au commissaire était vrai,
mais il arrive que rien ne soit plus faux que la vérité.
Le début :
C'est arrivé l'année où mon existence s'est écroulée. L'année où je suis venu vivre à Paris.
J'avais débarqué quelques jours après Noël, par un matin gris et humide. Le ciel avait une couleur de craie sale et la pluie était une brume envahissante lorsque mon avion s'était posé, à l'aube.