« Mes rendez-vous avec Margit [...] me donnaient le sentiment d'échapper à la banalité de ma vie. Rien d'étonnant à ce que nous soyons tous à la recherche d'intimité. Non seulement elle nous permet de nous accrocher à quelqu'un et de nous convaincre que nous ne sommes pas seuls au monde mais elle offre aussi une échappatoire à la routine prosaïque de notre existence. »
C’est affreux, comme nous pouvons être durs avec les gens qui comptent le plus pour nous, en sachant souvent que l’on fait une erreur, mais juste pour exprimer des frustrations qui ne tiennent qu’à nous-mêmes…
Toute existence est à la fois banale, prévisible et extraordinaire.
Lorsqu'on a été privé de tout ce qui comptait auparavant, quel intérêt y avait-il à se poser trop de questions et à craindre de tomber encore plus bas ? Rien ne compte : quelle idée libératrice ! Et quand rien ne compte, on peut tout risquer. Surtout si l'argent vient à manquer.
L’alcool ne rend pas le passé « plus tolérable ». Il l’abolit… Jusqu’au lendemain matin. Rien ne devient « plus tolérable ». Jamais.
- Enfin, on a tout de même pris un café sur le campus et je dois avouer que le courant est tout de suite passé. C'est surtout sa maturité intellectuelle qui m'a fasciné...
- Oui, c'est ce que disent toujours les hommes, quand ils sont attirés par un fille beaucoup plus jeune : "Hier encore elle jouait avec ses Barbie, mais sa connaissance de Dostoïesvski est renversante... "
Est-ce que l’on peut « guérir », quand le sort s’acharne sur vous ?
Lorsqu’on a été privé de tout ce qui « comptait » auparavant, quel intérêt y avait-il à se poser trop de questions et à craindre de tomber encore plus bas ? « Rien ne compte » : quelle idée libératrice ! Et quand rien ne compte, on peut tout risquer.
J'ai claqué la porte derrière moi. En cinq minutes j'avais déballé mes bagages sur le sol. Je me suis assis sur le matelas crasseux, sentant la fièvre me reprendre peu à peu. J'ai lentement regardé le décor autour de moi, et je me suis dit : "Bienvenue au fond du trou".
Mais vous n’allez quand même pas abandonner l’écriture de manière définitive ?
- Non. Je travaille à autre chose.
- Un autre roman ?
- Non. Ce ne sera pas une œuvre de fiction… même si tout le monde va penser le contraire.
Il a réfléchi un instant.
- Et votre « amie » ? La femme du Ve ? Vous la fréquentez toujours ?
- Tous les trois jours, sans faute.
Il a levé les sourcils, secoué la tête. Prenant une nouvelle cigarette, il l’a allumée et a tiré dessus pendant une bonne minute tout en me considérant d’un œil froidement professionnel. Finalement, d’un ton presque perplexe :
- Elle vous hante…
Je plaide coupable.