Déjà, admirons cette splendide couverture, sans laquelle je n'aurais sans doute pas ouvert ce bouquin. C'était la remarque superficielle du jour, mais elle a quand même son intérêt. Très honnêtement, avec une couverture pareille, je n'avais qu'une envie : me lancer à corps perdu dans ce thriller psychologique qui s'annonçait original et prenant.
De ce point de vue là, mes impressions étaient bonnes.
Parfaite est un thriller pas comme les autres, puisqu'il tourne principalement autour d'une histoire d'amour (qui aura ou n'aura pas lieu, on ne sait pas). A ce propos, autant être clair tout de suite : si vous détestez ces histoires interminables où les gens se tournent autour, si les scènes de sexe dans les livres vous rebutent complètement, laissez tomber. Vous risquez d'être très, très déçus. Et ça n'est évidemment pas le but.
Joe est un libraire new-yorkais un brin psychopathe sur les bords. Lorsque Beck rentre dans sa librairie, il a le coup de foudre, mais pas dans le genre niaiseux au possible. C'est plutôt une sorte de
rage sourde qui le prend, une excitation folle qui le pousse à vouloir tout connaître d'elle, maîtriser sa vie pour qu'ils finissent ensemble. Parce que Joe, au-delà d'être un grand malade un brin caustique, est aussi totalement fleur bleue. C'est qu'il pense déjà mariage, le Joe. Mais il n'est pas au bout de ses surprises, dans la mesure où Beck est insupportable, insaisissable, et ses fréquentations à son image. Qu'à cela ne tienne, Joe fera tout ce qu'il peut, et le lecteur va le suivre dans cette quête pour le moins originale, celle d'une proie new-yorkaise bien peu farouche, accro à Twitter et à son coussin vert sur lequel elle se masturbe dix fois par jour (on vous avait prévenus…). J'avais ouvert ce livre en librairie il y a quelques temps – notamment parce que j'avais vu qu'il avait été traduit par
Camille de Peretti et vous savez combien j'aime l'auteur – et la première chose qui m'avait attirée était l'écriture de l'auteur. Rapide, rythmée, jeune (vive les hashtags partout), presque vulgaire parfois. le narrateur (Joe) est un peu un gros
rageux et il s'adresse du début à la fin du roman à sa proie, Beck. J'ai apprécié ce choix de narration, un peu risqué, très original, qui fonctionne très bien ici. C'est prenant, Joe est incroyablement énervé contre le monde, et ça en devient drôle. (Enfin, pour moi c'était drôle.) Je me suis vraiment laissée porter par ce roman totalement hybride, entre thriller et romance, mais totalement déjanté. La psychologie des personnes est très bien décrite, Joe aurait presque l'air sain d'esprit, et Beck à côté de la plaque (en même temps elle l'est un peu quand même). L'auteur nous offre aussi une critique très drôle des riches new-yorkais, entre leur addiction à Twitter et au jus de kale vegan sans gluten sans paraben sans amoniaque sans goût sans rien. Elle se moque de ces étudiants et de leurs discussions souvent stériles, pseudo-intellectuelles, mais aussi de ces lecteurs de
Stephen King, que Joe ne supporte pas, et de plein d'autres choses qui font l'Amérique. C'est parfois légèrement cruel, mais bien tourné, et toujours terriblement caustique.
Mon seul regret concerne sans doute les longueurs au sein de ce livre – il y en avait vraiment trop sur la fin et j'ai un peu décroché. Si le début de l'histoire était vraiment prenant, il y a eu un moment où j'ai eu envie de claquer Joe et de claquer Beck et de les jeter dans l'Hudson River.
Néanmoins, cela reste une belle découverte et un thriller/romance fort sympathique, qui m'a parfois un peu agacée, mais surtout fait sourire. Disponible aux éditions Kero et chez Pocket depuis mars 2016 !
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