Julia Kerninon a un don pour faire parler les femmes. Ici, C'est Helen qui s'adresse à Franck alors qu'ils sont tous les deux octogénaires. Ils ont tout partagé, depuis l'enfance, elle fille d'Ambassadeur, lui d'un conseillé d'Ambassade et surtout partagé leur solitude face à des parents peu aimant et pour Helen, des frères abusifs. Comment se construire avec une telle enfance ? Forcément que cette dernière va tisser entre eux des liens indéfectibles mais aussi ravageurs.
Helen depuis toujours éprise des livres (refuge), va devenir éditrice pendant que le beau Franck va se chercher pour, à 28 ans, percer dans la peinture et devenir très vite, le Franck Appledore qu'il faut avoir sur ses murs. Et alors ? et alors, nous avons un portrait à l'aide de chapitres très courts, d'une passion, non déclarée, avec parfois même un ménage à trois, beaucoup d'acceptation et pourtant des ruptures dont la dernière de 23 ans. Parce qu'Helen accepte, partage, est sérieuse et si elle se marie avec un autre et part pour Boston, c'est parce que les frasques de Franck deviennent insupportables. Franck, c'est le
James Dean contemporain, beau gosse, doué mais mal dans sa peau et quand il aura l'occasion de changer avec son fils, c'est le drame qui là, sera maitre de son destin.
De l'amour donc, mais… en est-ce vraiment ? ils s'accrochent l'un à l'autre comme une moule à un rocher, ils vivent certes des moments fusionnels, mais Franck cherche visiblement autre chose dans le corps d'autres femmes, dans sa peinture. Helen, oui, l'aime, pour moi, mal, car aimer, ce n'est pas tout accepter de l'autre, encore une fois, pour aimer, il faut s'aimer et là, aucun des deux n'est en mesure de le dire.
Un beau livre avec une toujours aussi belle écriture sensible. Une auteure à suivre.