Le lion de
Joseph Kessel, c'est d'abord un voyage.
Un voyage en terre d'Afrique, où l'on peut ressentir le soleil cogner sur nos têtes comme le calme et le silence parmi la grandeur des plaines, les narines humant la brousse et les yeux fixés sur la splendeur du Kilimandjaro au petit matin. Où l'auteur dépeint si bien les traits du grand fauve que l'on peut ressentir le souffle de son mufle sur notre main tout en démêlant de l'autre sa crinière drue, ses yeux d'or fixés sur Patricia, la petite fille qui l'a élevé, qu'il considère comme souveraine en son royaume.
Le lion, c'est aussi une gomme féroce, qui estompe une frontière entre les mondes, humain comme animal, entre Bullit, sa famille et les Masaï, entre Patricia et King, entre notre cher visiteur et cet étrange mélange de cultures et de traditions, entre l'être humain et la nature, rendant comme seule langue universelle, l'amour ou l'adoration folle que peut porter un être humain à un animal, que ce soit pour le plaisir de maîtriser un animal aussi majestueux, dans la vie comme dans la mort.
Un ode à la nature comme à sa barbarie, King luttant pour sa vie contre un Masaï, la mort d'un lion élevant le rang du tueur au statut de vainqueur, tué par un ancien chasseur de tête flairant le goût du sang et retrouvant ses instincts primaires, un déchirement dans le coeur de Patricia, son souhait de tourner le dos à la vie qu'elle idolâtrait, faisant tomber le manteau de l'enfance sans un regard en arrière.
Une lecture envoûtante et déchirante.