La plage ne me disait rien. Mes amis dispersés, le sable brûlant ne savait plus me raconter les délices du farniente et les vagues éteignaient une à une mes rêveries maintenant que je n'avais plus personne avec qui les partager.
Si la ville était une illusion, la campagne serait une émotion sans cesse grandissante ; chaque jour qui s'y lève rappelle l'aube de l'humanité, chaque soir s'y amène comme une paix définitive.
Seul l'amour est capable de nous venger des coups bas de la vie
Ce n'est pas seulement un être, une mère, même unique, ou bien une époque ; une mère, c'est une présence que ni l'érosion du temps ni les défaillances de la mémoire ne peuvent altérer.
Comment avais je pu me passer de cette partie de moi-même? j'aurais dû venir régulièrement par ici colmater mes fissures, forger mes certitudes. Maintenant que RioSalado ne me tenait plus le même langage, quelle langue me fallait-il adopter? je me rendis compte que je m'étais menti sur toute la ligne. Qui avais je été à Rio? Jonas ou Younes ? Pourquoi, lorsque mes camarades rigolaient franchement, mon rire traînaillait-il derrière le leur ? Pourquoi avais-je constamment l'impression de me tailler une place parmi mes amis, d'être coupable de quelque chose lorsque le regard deJelloul rattrapait le mien ? Avais-je été toléré, intégré, apprivoisé ? Qu'est ce qui m'empêchait d'être pleinement moi, d'incarner le monde dans lequel j'évoluais, de m'identifier à lui tandis que je tournais le dos aux miens? Une ombre. J'étais une ombre, indécise , à l'affut d'un reproche ou d'une insinuation que parfois j'inventais, semblable à un orphelin dans une famille d'accueil, plus attentif aux maladresses de ses parents adoptifs quà leur dévouement. En même temps, en essayant de me racheter aux yeux de Médine j'dida, je me demandais si je ne continuais pas de me mentir, de fuir mes responsabilités en tentant de faire porter le chapeau aux autres ? A qui la faute si Emilie m'avait échappé des mains? à Rio Salado?, à Mme Cazenave, à Jean-Chrisophe, à Simon? tout compte fait, je crois que mon tort était de ne pas avoir eu le courage de mes convictions. Je pouvais me trouver toutes les excuses du monde, aucune d'elles ne me donnerait raison. En réalité maintenant que j'avais perdu la face , je me cherchais un masque. Pareil à un défiguré, je me cachais derrière mes pansements qui me servaient aussi de moucharabiehs. Je regardais en cachette la vérité des autres, en abusais pour distancer la mienne
Il ne faut pas avoir honte de ses sentiments quand ils sont beaux, même lorsqu'ils nous semblent injustes.
Si une femme t 'aimait , Younès ,si une femme t 'aimait profondément , si tu avais la présence d 'esprit de mesurer l 'étendue de ce privilège , aucune divinité ne t 'arriverait à la cheville .
Il avait la chance de trouver l' aisance jusque dans la frugalité .Il vivait au
rythme des saisons , convaincu que c' est dans la simplicité des choses que résidait l' essence des quiétudes .
... Je n'en pouvais plus de me languir d'elle, je n'en pouvais plus de tendre la main vers elle et de ne rencontrer que son absence au bout de mes doigts. Je me disais: Elle va te repousser, elle va te dire des mots très durs, elle va te faire tomber le ciel sur la tête; cela ne me dissuadait pas. Je ne craignais plus de résilier les serments, de broyer mon âme dans l'étreinte de mon poing; je ne craignais plus d'offenser les dieux, d'incarner l'opprobre jusqu’à la fin des âges.
Ce que le jour Doit à la Nuit ou comment traîner un roman pendant un mois parce que tout simplement, on a pas du tout envie de le refermer
Je l'ai lu quelque mois après avoir lu Cousine K (qui m'a énormément déplu d'ailleurs) , et franchement tout comme plein d'amis à moi, ça a été une magnifique découverte. Merci Yasmina Khadra pour tous ces beaux moments. Magnifique et irréprochable style, forte émotion. J'ai vécu tous les moments du roman avec la même compassion, le même amour...